TROPHEE DES PLUMES 2022 - CE PAYS EST MON SANG
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TROPHEE DES PLUMES 2022 - CE PAYS EST MON SANG , livre ebook

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Description

TROPHEE DES PLUMES 2022 - CE PAYS EST MON SANG Au réveil, on avait découvert trois pays pendus à un arbre. La rencontre entre l'obscurité et la lumière avait eu lieu au bord du fleuve. L'obscurité était un homme d'une élégance froide. La lumière était une femme d'une beauté glaciale. Tous les deux voulaient traverser. Se retrouver de l'autre côté. Ils avaient la même destination : le Congo, un orphelinat où les enfants hurlaient toutes les nuits. Ils étaient nyctophobes. Ils faisaient des cauchemars et n'arrivaient pas à dormir ou étaient attaqués dans leur sommeil par des spectres une fois la nuit tombée. Certains d'entre eux mouraient dans des circonstances inexpliquées. L'obscurité indiqua à son interlocutrice qu'il avait pour mission de se rendre à cet orphelinat pour faire en sorte qu'il y fasse toujours noir là-bas. Parce qu'à chaque fois qu'un enfant mourait de peur, l'économie du pays de son commanditaire était florissante, la monnaie était puissante, les ménages étaient heureux, les routes étaient construites, les médicaments étaient à foison dans les hôpitaux et les pharmacies... La lumière confessa à son tour qu'elle avait aussi pour mission de se rendre au même orphelinat pour faire en sorte que sa clarté illumine toujours chaque recoin des dortoirs pour que les enfants aient un sommeil apaisé chaque nuit.

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2022
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

TROPHEE DES PLUMES 2022 - CE PAYS EST MON SANG
Au réveil, on avait découvert trois pays pendus à un arbre.
La rencontre entre l'obscurité et la lumière avait eu lieu au bord du fleuve. L'obscurité était un homme d'une élégance froide. La lumière était une femme d'une beauté glaciale. Tous les deux voulaient traverser. Se retrouver de l'autre côté. Ils avaient la même destination : le Congo, un orphelinat où les enfants hurlaient toutes les nuits. Ils étaient nyctophobes. Ils faisaient des cauchemars et n'arrivaient pas à dormir ou étaient attaqués dans leur sommeil par des spectres une fois la nuit tombée. Certains d'entre eux mouraient dans des circonstances inexpliquées.
L'obscurité indiqua à son interlocutrice qu'il avait pour mission de se rendre à cet orphelinat pour faire en sorte qu'il y fasse toujours noir là-bas. Parce qu'à chaque fois qu'un enfant mourait de peur, l'économie du pays de son commanditaire était florissante, la monnaie était puissante, les ménages étaient heureux, les routes étaient construites, les médicaments étaient à foison dans les hôpitaux et les pharmacies...
La lumière confessa à son tour qu'elle avait aussi pour mission de se rendre au même orphelinat pour faire en sorte que sa clarté illumine toujours chaque recoin des dortoirs pour que les enfants aient un sommeil apaisé chaque nuit. Parce qu'à chaque fois qu'ils avaient une nuit calme, l'armée du pays de son commanditaire devenait plus puissante, on fabriquait alors des nouvelles armes encore plus meurtrières, on envahissait les pays voisins, on s'emparait de leurs territoires, on les annexait et on s'accaparait de leurs richesses.
L'obscurité et la lumière réalisèrent tout de suite que leurs objectifs respectifs étaient diamétralement opposés. Ils étaient donc ennemis. Ils se jaugèrent un long moment du regard, puis se précipitèrent vers le fleuve. Il n'y avait pas de moyen de transport en vue. Il fallait traverser à la nage. Ils se jetèrent en même temps dans l'eau tiède du fleuve et commencèrent à nager. Rapidement la lumière prit de l'avance sur son adversaire. Puis tout à coup, elle entendit des bruits bizarres derrière elle. Elle se retourna et découvrit avec stupéfaction que l'obscurité était entrain de se noyer. Vraisemblablement, il ne savait pas nager. Sans réfléchir, par réflexe, elle fit demi-tour, plongea dans l'eau pour rattraper le corps inerte de l'obscurité qui descendait inexorablement vers les profondeurs du fleuve. Elle le ramena sur la rive. Elle lui fit un massage cardiaque, le bouche-à-bouche, ce qui expulsa l'eau qui était dans ses poumons. L'obscurité reprit connaissance.
En regardant autour de lui, il comprit que la lumière venait de lui sauver la vie. Il la remercia chaleureusement et la supplia de l'aider à traverser le fleuve. La lumière refusa. Elle ne pouvait pas aider la personne qui avait pour mission de l'empêcher à accomplir la sienne. L'obscurité lui rappela quelle l'avait quand même bien sauvé de la noyade malgré la situation. La lumière lui rétorqua que ce n'était pas la même chose. L'obscurité resta un moment silencieux, puis fit une promesse : il n'allait pas se mettre en travers de sa route. Au contraire il allait l’aider à accomplir sa mission. Étonnée, la lumière lui demanda pourquoi il fera cela. L'obscurité lui répondit que c’était parce qu'il lui devait la vie. Et une vie c'était sacré!
Pendant deux mois, tout était devenu calme à l'orphelinat. Paisible. Aucun enfant ne hurlait plus la nuit. Aucun enfant n'était mort.
Le commanditaire de la lumière était aux anges. Son plan fonctionnait à merveille. Des nouvelles armes étaient fabriquées tous les jours. Les pays voisins étaient attaqués puis annexés. Leurs richesses étaient accaparées. Les populations des pays envahis étaient réduites en esclavage.
Pendant ce temps, le commanditaire de l'obscurité était fou de rage. Comme aucun enfant n'était mort depuis deux mois, l'économie de son pays périclitait. Une inflation galopante s'était installée. Tous les produits de première nécessité étaient hors de prix. Les ménages étaient au bord du gouffre. Une grève généralisée se préparait. Il avait tenté plusieurs fois de contacter l'obscurité sans succès. En plus, chaque jour, il avait la pression de la superpuissance pour qui il travaillait réellement. Au final, les deux pays décidèrent d'envoyer les troupes militaires sur place pour en finir une bonne fois pour toute avec cette histoire.
Lorsque les espions du commanditaire de la lumière lui apprirent la nouvelle, il décida lui aussi d'envoyer les troupes militaires pour défendre la veuve et l'orphelin contre les deux envahisseurs. C'était surtout une occasion inespérée pour lui de tester les nouvelles armes qu'il venait de fabriquer contre les deux pays les plus puissants du monde.
A l'orphelinat, c'était la panique. Tout le monde avait peur que le Congo se transforme en un champ de bataille et surtout qu'à la fin des hostilités entre les trois belligérants, le territoire soit annexé par le vainqueur puis pillé. On comptait sur le duo l'obscurité et la lumière pour trouver une solution à cette situation épineuse. Seulement les deux prétendus héros étaient démunis. Ils ne savaient pas quoi faire ni comment faire.
Le soir précédant le début des combats, l'obscurité et la lumière reçurent la visite d'une vieille femme toute ridée, décharnée et fine comme une feuille de palmier à huile. Elle se présenta sous le nom de Culture et leur dit de ne pas s'en faire, elle allait s'occuper de tout. Ils pouvaient dormir tranquilles. Et au réveil tout rentrera dans l'ordre.
Le lendemain matin, la rumeur s'était répandue comme une traînée de poudre dans tout l'orphelinat. La foule s'était rapidement amassée. Elle était ébahie devant le spectacle. Les trois pays qui devaient livrer bataille étaient pendus au gros arbre qui trônait au milieu de la cour centrale. C'était incroyable. Beaucoup pensaient qu'il s'agissait d'une hallucination collective.
Tout à coup, comme par magie, les trois pays pendus se transformèrent en une bannière tricolore : vert, jaune et rouge. Une légère brise se leva à ce moment-là et le drapeau se mit à flotter. Lentement. Majestueux.
Belle image que le poète immortalisa avec des vers brisés. Au bord du fleuve, sur le chemin de retour, l'obscurité mit un genou à terre, une bague à la main, il leva la tête vers la lumière et lui demanda si elle voulait l'épouser.
Maha Lee Cassy.
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