Trophée des plumes 2022 - (Dipita ou l'espoir)

Thierry Arnaud Lonla Modi

Description

'LSLWD RX O¶HVSRLU Son univers s'effondrait ! Le monde se dissipait sous ses pieds ! Elle ne croyait pas ce qui lui arrivait. Elle essayait en vain de retrouver son souffle. - Seigneur, dis-moi que je rêve et que je vais bientôt me réveiller ! Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Pourquoi m'infliges-tu toute cette souffrance ? Ainsi sanglotait Dipita sous une rengaine monocorde, assise à même le sol dans sa chambre. Son mal était profond et venait d'une série d'épreuves qui échappaient à son contrôle. Qu'allait-elle devenir à présent, toute seule, abandonnée à ellemême ? L'unique personne en qui elle avait déposé toute sa confiance et dont elle croyait supporter et partager son fardeau venait de la lâcher. Pourquoi Dika l'abandonnait dans les eaux troubles au beau milieu d'une tempête qui menaçait de faire chavirer son âme ? Tout avait commencé ce soir où, assise dans son salon de coiffure où elle offrait conjointement les services de manucure-pédicule ainsi que des soins de visage, son téléphone de service avait sonné. Au bout du fil, la voix charmanteG¶XQH dame.- Bonjour Madame, suis-je bien au Salon Fashion Diamond and Beauty ? - Oui vous y êtes et je suis la responsable, que pouvons-nous faire pour vous?± Jesuis Madame Nsali, je vous contacte parce que je dois célébrer mon mariage dans trois jours et je souhaite avoir les services complets d'une esthéticienne.-¶DL vuvotre page sur internet et vos réalisations me semblent intéressantes, j'y ai pris votre contact.

Informations

• Publié par: Lonlaarnaud
• Date de parution: 20 mai 2022
• Nombre de lectures: 245
• Langue: Français

Extrait

Dipita ou l’espoir.

Son univers s'effondrait ! Le monde se dissipait sous ses pieds ! Elle ne croyait pas ce qui lui arrivait. Elle essayait en vain de retrouver son souffle. - Seigneur, dis-moi que je rêve et que je vais bientôt me réveiller ! Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Pourquoi m'infliges-tu toute cette souffrance ? Ainsi sanglotait Dipita sous une rengaine monocorde, assise à même le sol dans sa chambre. Son mal était profond et venait d'une série d'épreuves qui échappaient à son contrôle. Qu'allait-elle devenir à présent, toute seule, abandonnée à elle- même ? L'unique personne en qui elle avait déposé toute sa confiance et dont elle croyait supporter et partager son fardeau venait de la lâcher. Pourquoi Dika l'abandonnait dans les eaux troubles au beau milieu d'une tempête qui menaçait de faire chavirer son âme ?

Tout avait commencé ce soir où, assise dans son salon de coiffure où elle offrait conjointement les services de manucure-pédicule ainsi que des soins de visage, son téléphone de service avait sonné. Au bout du fil, la voix charmanted’une dame. - Bonjour Madame, suis-je bien au Salon Fashion Diamond and Beauty ? - Oui vous y êtes et je suis la responsable, que pouvons-nous faire pour vous ?– Je suis Madame Nsali, je vous contacte parce que je dois célébrer mon mariage dans trois jours et je souhaite avoir les services complets d'une esthéticienne.J’ai vu votre page sur internet et vos réalisations me semblent intéressantes, j'y ai pris votre contact. - D'accord Madame, nous vous remercions déjà pour l'intérêt que vous portez à notre salon. Nous sommes situées au quartier Bonamoussadi en face de Super U, veuillez passer dans nos locaux pour qu'on discute des modalités nécessaires.

Après ce coup de fil, Dipita sourit, heureuse de la femme qu'elle était devenue, de son business qui prospérait progressivement. Elle en profita pour rêver un tout petit peu, de ce qu'elle serait dans une dizaine d'années si les choses continuaient dans la même lancée. Sa vie était un soleil qui resplendissait et illuminait les quatre coins de l'univers. Elle était accomplie, épanouie ! Elle avait un boulot, louait un studio, et avait un fiancé qui l'aimait et qui l'épouserait bientôt.Concilier autonomie financière et indépendance, être respectée et avoir un mari à ses côtés était le défi de toutes les femmes africaines de ce XXIe siècle où les misogynes détestaient de plus en plus les femmes autonomes et épanouies.

Elle était loin de s'imaginer que le coup de fil qu'elle venait de recevoir était la porte ouverte à un long cauchemar. Les portes de l'enfer s'ouvraient pour la consumer mais elle ne se doutait de rien. Madame Nsali avait pu convaincre Dipita de lui rendre ces services à son domicile au quartier Yassa, à la sortie Est de la ville de Douala, d’abord la veille, puisle jour du mariage proprement dit, moyennant une somme de cinq cent mil francs qu’elle encaisserait à la fin du travail. Tout ce passa comme convenu. Le travail de Dipita devait s'achever par le dernier maquillage de la mariée pour la soirée festive qui devait se poursuivrejusqu’à l’aube. Elle le réalisa à vingt-deux heures. Conformément à leur accord, Madame Nsali lui remit une somme de cinq cents mil francs pour les services rendus. Avant de se retirer, Dipita s'excusa auprès des mariés et regrettait de ne pas pouvoir les accompagner à la soirée.

Madame Nsali appartenait à un gang de bandits soigneusement formés qui opéraient dans le secteur depuis quelques années. Elle avait monté un sale coup avec ces derniers et leur

avait indiqué le montant qu'elle avait remis à Dipita. Ils s'étaient ainsi dissimulés dans les buissons en attendant leur proie. Et la proie vint à passer ! Comme prévu, ils surgirent spontanément auprès d'elle, la muselèrent et l'entraînèrent dans les hautes herbes. Impuissante et seule dans cet univers désert, Dipita n'opposa aucune résistance. Après avoir récupéré la totalité de l'argent remis par Madame Nsali, ils la dépouillèrent detout ce qu’elle possédait. Malheureusement pour elle, ils ne s'arrêtèrent pas là. Ils la renversèrent et la violèrent copieusement à tour de rôle. Malgré ses supplications, Dipita ne put calmer leurs ardeurs. Leur besogne terminée,ils intimèrent à la jeune femme de s’en aller sansse retourner. Une fois hors de danger, elle émit un long cri strident comme pour se libérer d’unfardeau qui avait longtemps séjourné dans son ventre, puis elle s’écroula...

Elle se réveilla quelques heures plus tard à l'hôpital et vit son fiancé Dika à ses côté. Il avait été informé de la situation. Dipita avait alors reçu une série de médicaments et d'injections visant à la protéger. Elle fut immédiatement mise sur antirétroviraux pour prévenir l'infection au VIH/SIDA et le médecin lui avait fait des injections anti-hépatiques. Dika était son seul confident et elle se sentait assez soulagée du fait qu'il ne l'ait ni jugée ni condamnée, mais l'encourageait plutôt à se remettre de ce désastre.

Trois mois plus tard, Dipita et Dika se rendirent à l'hôpital pourqu’elley fasse son bilan de santé tel que recommandé par le médecin. Parmi les examens effectués, un seul était positif, celui dont le couple redoutait le plus. - Nous avons longuement échangé par rapport à votre situation dernièrement, et je vous ai recommandébeaucoup de courage et de patience… - Docteur, vos longs discours me fatiguent. Puis-je avoir mes résultats ou préférez-vous les garder? Avait spontanément lancé Dipita en l’interrompant. Elleavait fini par perdre patience face aux précautions du médecin.–En effet, je suis navré de vous annoncer que votre test de VIH est positif. Mais sachez que ce n'est pas la fin du monde ! Plusieurs personnes vivent avec le VIHaujourd’hui. Nous sommes désolés que les antirétroviraux que nous vous avons donnés n'aient pu stopper cette infection. Néanmoins, vous poursuivrez le traitement... Pendant que le docteur parlait, Dipita s'effondra en larme. Son fiancé lui aussi s'était mis à pleurer en essayant de la consoler.

Après ce coup, Dipita décida d'aller passer la nuit chez son fiancé pour ne pas être seule face à cette réalité lugubre qui obstruait son univers.Lorsqu’elle retourna chez elle le lendemain, à peine était-elle arrivée à sondomicile qu’elle reçue un message de Dika mettant un terme à leur relation : - Dipita, ma dulcinée, je sais que tu traverses une étape difficile de ta vie et rassure-toi, moi également j'en suis affecté. Au vu de tout ce qui s'est passé, Je suis dans le regret de te dire que je ne peux plus poursuivre cette relation et encore moins concrétiser notre mariage prévu dans un mois. Nous dirons simplement à nos invités que le mariage a été annulé…

Dipita qui était assise sur son lit quand ce message est arrivé se laissa choir au sol. Son univers s'effondrait ! Le monde se dissipait sous ses pieds! Elle ne croyait pas ce qui lui arrivait. Elle essayait en vain de retrouver son souffle. - Seigneur, dis-moi que je rêve…

À même le sol où elle était assise, Dipita ne s'arrêtait pas de sangloter lorsque son amie Ndoki arriva. Ndoki était une amie très proche de Dipita. À son arrivée, la porte du salon

était grandement ouverte. Elle se dirigea directement vers la chambre où les gémissements l’interpellaient. À sa vue, Dipita, sanglota de plus belle, avant de lui conter toute son histoire. Elle lui avoua également que des envies de suicide avaient traversé son esprit à un moment. Cependant, à sa grande surprise, Ndoki éclata de rire. Stupéfaite elle demanda : - Mais qu'est- ce qui t'amuse, crois-tu que je sois en train de tourner une scène hollywoodienne? - Ma chérie calme-toi et essuie tes larmes. Le VIH/SIDA n'est pas ce qu'on nous dit dans les médiats, à l'école et dans les hôpitaux. La vérité n'est pas toujours du côté de la masse. Pour commencer, il y a au moins soixante facteurs qui peuvent rendre un test de VIH positif alors que le dépisté n'a rien de grave. Figure-toi que la simple grippe peut causer un test de VIH positif, les injections anti-hépatiques et bien d’autres.

Sur ces mots, Dipita écarquilla les yeux, interloquée ! - Mais comment est-ce possible ? Est-ce que tu délires? - Puisque je te le dis, crois-moi, n'écoute pas la masse. Les tests de VIH ne détectent aucun virus, aucun laboratoire du monde ne l'a encore vu, même les laboratoires les plus avancés. Ces tests détectent les antigènes, des anticorps ! Et Dieu seul sait combien de facteurs peuvent pousser le corps à produire ces anticorps, surtout chez-nous en Afrique où nos conditions de vie sont parfois déplorables. En plus il y a un long débat autour de la fiabilité de ces tests de dépistage qui varient souvent d'un pays à un autre et produisent des résultats différents pour les mêmes patients. Ne parlons pas de la toxicité surélevée des antirétrovirauxqu’on oblige les gens à consommer...

- Mais Ndoki, arrête ! Qu’as-tu bu? Es-tu devenue folle?T’entends-tu parler ? Quel charlatan t'a endoctrinée? Qui t'a raconté toutes ces absurdités ? Le VIH existe bel et bien et fait de ravage autour de nous ! Regarde autour de toi, tu le vois si bien au quotidienne ! Arrête tes élucubrations et tes fadaises ! - Dipita, tu sais que tu es une amie de longue date que j’estime beaucoup. Je ne saurais m'amuser avec un sujet aussi délicat. Pour dissiper tes doutes, demain je t'amènerai voir un chercheur naturopathe africain qui a consacré toute sa vie à l'étude de ce fameux virus. Tu auras toutes les réponses à tes questions, crois-moi.

Dipita continuait à dévisager son amie comme un mauvais génie tombé du ciel en plein jour. - Maintenant, lève-toi, essuie tes larmes et allons manger un morceau en ville. Vite ! Vite ! Debout !Tu n’as aucun soucimajeur, rassure-toi. Ne reste pas là à te morfondre, la vie est belle ! La vie est courte ! Allons vivre !

Comme si elle était possédée, Dipita sur ces mots bondit telle une tisse et se mit sur ses pieds. Quelques instants plus tard, les deux amies prirent la route d'Akwa pour se rendre au Tchop et Yamo, un snack-bar restaurant de la ville de Douala. En chemin, Dipita eu une lueur d'espoir. Elle voulait croire à son amie, elle voulait trouver son équilibre au milieu de tous ces tourments. Elle voulait retrouver sa vie d'avant et y tenait fortement. Malgré le fait qu’un doute subsistait au fond d'elle et qu’elle craignait qu'au lieu de la tirer de cette situation son amie l'enfonce plutôt dans un gouffre fatal, une lumière éclaira son visage et elle sourit.