Trophée des plumes 2022 - (Entre l enclume et le marteau)
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Trophée des plumes 2022 - (Entre l'enclume et le marteau) , livre ebook

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2022
Nombre de lectures 92
Langue Français

Extrait

Entre l’enclume et le marteau-Le bon de commande ? Évidemment. Je l’ai devant moi.être Préférez-vous livré Lundi ou plutôt en fin de semaine ?...Lundi ?C’est parfait. Merci…je vous en prie monsieur Sakana. À très bientôt, au revoir.
Elle remet lentement le combiné dans le socle et hausse légèrement les épaules en souriant. « Ouf » fit-elle, soulagée. Elle venait de conclure une autre vente, la dixième de la semaine. Laïla travaille comme commerciale dans une entreprise de fabrication de confiture de lait. Depuis deux semaines, une véritable compétition s’estinstalléeentre tous les commerciaux de l’entreprise. Une promotion en vue. Et celui qui aura réalisé le plus de ventes à la fin du mois sera promu. Un poste de manager et évidemment, une augmentation de salaire qui va avec, tout ce qu’il y a de plusmotivant. La bataille s’annonce rude et tout le monde travaille d’arrache-pied pour mériter cette promotion. Certains, plus déterminés comme Laïla, travaillent même le week-end pour avoir un coup d’avance sur les autres. Est-ce que ça marche ? De tonnerre. Elle a conclu plus de trois ventes, rien que ce samedi. Mais à quel prix ?
Assise sur une chaise, elle se penche vers l’arrière et s’étire paresseusement. Elle jette un coup d’œil hésitant sur sa montre et s’étonne de l’heure qu’il est.« 16h ? Letemps file comme si quelqu’un en avait après lui ». Elle récupère son sac à main sur la table et claque la porte de son bureau dans uncomble d’empressement immodéré. Elle descend les marches des escaliers en courant et ouvre la portière de sa voiture qui démarre sur les chapeaux de roues.
La moitié de son chemin se fit à la raclette. Laïla arrive dans le centre-ville de NGOKO dans un fourmillement agaçant de voitures. Les rues étaient complètement bondées et le passage se négociait difficilement.À l’Ouest, le soleil disparaissait derrière les bâtiments contigus de la périphérie et le crépuscule estival offrait à la capitale une humeur particulièrement apaisante.Laïla s’arrête à un feu.Elle avait l’air particulièrement pressée, et il y avait de quoi. Il se trouve que Laïla a du mal à concilier son travailet le rôle social qu’elle doit jouer en tant que mère et épouse. Et cette course aux promotions rend les choses on ne peut plus compliquées. Elle est obligée de travailler six jours sur sept, etsa vie, c’est un dilemme. Son époux, Cheik,a dû se faire violence pour accepter qu’elle fasse ce job. Elle a dûse montrer très convaincante. Il l’autorise à travailler cinq jours sur septà condition qu’elleremplisse son devoir de femme au foyersans qu’il ait à le lui rappeler. Mais bosser, même le week-end comme elle le fait en ce moment à cause de cette promotion, c’est le genre d’imprudence à lui faire changer d’avis. Et ce soir, au volant de sa voiture, elle avait cette sensation-là. D’avoir commis une imprudence. D’être partie toute la journée d’un samedi. Denepas s’être
occupée de sa famille. De ne pas avoir joué son rôle de femme au foyer. D’avoir violé les termes du contrat. Elle n’était pas pressée, elle était apeurée. Elle craignait avoir choisi, sans le savoir, de sacrifier sa famille au profit de sa promotion. Elle réalise sans doute aussi cet improbable équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée, dans cette société machiste.
Cheikl’attendaitsur le seuil de la porte ; gonflé à bloc. Il tourne en rond comme un zombie. Il se pose un instant sur la chaise et se relève brusquement. Laïla arrive enfin chez elle. Elle se gare sous le petit figuier de la concession et sort de sa voiture. Elle aperçoit son mari. Il était debout,au milieu de l’entrée du salon,visage serré, un regard rigide et muselant. Laïla avance lentement vers son mari. Cheik ne la quitte pas des yeux. Mais elle avance, intrépide, les yeux baissés, la queue entre les jambes. Elle se trouve maintenant à quelques mètres de la porte du salon mais son mari reste planté au beau milieu de l’entrée. Elle s’arrête, inspire et expire. -Bonsoir mon père! C’est une marque de respect. C’est son mari mais c’est également son père, parce qu’il est responsable d’elle. Mais cette phrase, c’était une sorte de mea-culpa. Elle voulait s’excuser.-D’où sors-tu madame ? demande-t-il, furieux. -Mais quelle question ! Je reviens du boulot. -Vraiment ? Du boulot ? Un samedi ? Tu te fous de moi ? -Mais non, évidemment que non. Je ne me fous pas de toi. -Te souviens-tu de ce dont nous étions convenus quand tu as commencé à vendre tes confitures à la con ? -Oui bien-sûr mon chéri. -Tu as vu l’heure qu’il estEst-ce que par hasard tu aurais oublié ? qu’aujourd’hui c’estsamedi et que tu dois t’occuper de ta famille comme le ferait une bonne épouse ? -Je sais que je dois m’occuper de ma famille, mon chéri, je le sais. Ce qui se passe c’est qu’il y abeaucoup de choses en attente au bureau et il fallait que je me rattrape. Je te demande de me comprendre. -Mais je te comprends parfaitement ma chérie. Il esquisse un petit sourire. « En revanche ce que je ne comprends pas,c’est que tu sois persuadée que tu as besoin detravailler autant pour qu’on ait de quoi vivre dans cette maison. Je veuxdire, personne n’a jamais manqué de rien dans cette maisonmême quand tu ne travaillais pas. Je comprends qu’en tant qu’être humain, tu éprouves ce désir d’accomplissement qui nous esttousinhérent, c’est normal.Mais tu as une fille de cinq ans et un mari dont tu dois t’occuper.La gamine a pleuré toute la journée parce que tu avais prévu faire plein de trucs sympas avec elle ce week-end. Mais tu es partiesans même lui préparer le petit déjeuné. J’ai dû
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annulerma consultation pour m’occuper de la petite. Tu comprends ? Ma consultation ». Tu sais, t’as pas besoin de me sermonner comme ça, j’en suis consciente. Je n’en ai pas l’impression. Je croissurtout que tu prends plus plaisir à vendre tes confitures qu’à t’occuper de ta famille. Parce que je ne comprends pas ce que tu cherches à prouver en travaillant même le week-end. Ma condition pour que tu fasses ce job c’est que tu sois capable de trouver un équilibre entre ta vie professionnelle et ta vie privée. Cheik si je travaille aussi dur, c’est justement pour nous garantir un équilibre financier. Nous avons une très grande maison, les charges augmentent tous les jours et le train de vie auquel nous sommes habitués ne peut être maintenu que si je contribue aux charges de cette maison. Mon boulot actuel ne me permet pas de gagner assez mais je pourrais être promue très bientôt. Non, merci. Je peux m’occuper tout seul des dépenses de cette maison.Mais arrêtes, tu n’as pas un boulot régulier, tu es consultantCheik. Ce n’est pas un travail stable. Tu pourrais te retrouver très rapidement au chômage. L’un de nous deux doit avoir untravail stable. Et ce n’est certainement pas toi.Tu as deux options : nous garantir un équilibre financier ou concilier ton travail et ta vie de femme au foyer. Et pour commencer, tu vas prendre ton téléphone, appeler ton chef et lui demander de t’accorder une semaine de congé. La femme de ménagedoit s’absenterun moment pour une affaire familiale. Mais ça tu l’ignorais, pas vrai ? Mais Cheik soit raisonnable.On n’appelle pas son chef au téléphoneun samedi soir pour lui demander de vous accorder une semaine de congé. Il y a toute une procédure à suivre et ça peut prendre du temps. Ce n’est pas comme si je travaillais dans un bar. Eh bien, on va faire comme si tu travaillais dans un bar. Ton job ou ta famille, mais pas les deux, pas maintenant.
Laïla prend son cellulaire et téléphone à son Directeur commercial. Elle sait qu’elle n’a aucune chance avec le Directeur des ressources humaines. Son Directeur commercial lui avait sèchement réponduqu’il compatissaitmais qu’il ne pouvait pas lui accorder de congé. CONFILAIT ne peut pas se permettre de perdre un commercial maintenant. Mais si Laïla décide de prendre quand-même ce congé, elle perdra son job et elle aura fait tous ces efforts pour rien.
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