Trophée des plumes 2022 - ET TOUT BASCULA DANS MA VIE
3 pages
Français

Trophée des plumes 2022 - ET TOUT BASCULA DANS MA VIE , livre ebook

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
3 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

La nouvelle du déclHQFKHPHQW GH O¶RIIHQVLYH UXVVHfait échos dans tout le pays. Des rues sont en pleine ébullition. Mes pensées se retournent entièrement vers ma fille, ma petite Guylène. Je sors en cascadeGH O¶hôtel où je travaille et cours vers ma maison. Mais, il devient impossibleG¶DYDQFHU. La police quadrille les zones. Tous les services de métro sont interrompus./¶REVFXULWppersécute me -¶HQWHQGVGuylène me crier avec emphase « maman, au secours !». Des détonations pleuvent. Je cours la tête baissée en contournant des policiers. Objectif : sauver mon enfant. Je lance un coup de fil, ça ne sonne pas. Où peut-elle bien être dans ce brouhaha ?Je cours à perdre haleine. Soudain, une intervention du Président Zelensky à la télévision me fait savoir que Kiev est sous la menace. Des âmes y sont en peine. En maudissant la Russie et son Président, je ne cesse de courir. Toute haletante, au petit matin, la IDWLJXH Q¶D SDV HX UDLVRQ GH PRL MonHQIDQW DYDQW WRXW 6RQ SqUH PH O¶DYDLW DEDQGRQQpH 0D responsabilité est donc de la protéger. De loin MH YRLV OHV JHQV VFUXWHU O¶KRUUHXU GHV ERPEHV. La ruine éclabousse les visages. En feu de détresse, je fouille et cafouille les épaves devant moi en criant « Guylène ! Guylène ! ». Un agent de police fait savoir que les enfants sinistrés VRQW j O¶hôpital -¶HQJDJH XQH DXWUH FRXUVH FRQWUH OD PRQWUH YHUV O¶hôpital de référence de Kiev qui a échappé aux attaques. Lit après lit, je guette et soulève les draps. Guylène reste introuvable.

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2022
Nombre de lectures 104
Langue Français

Extrait

La nouvelle du déclenchement de l’offensive russefait échos dans tout le pays. Des rues sont en pleine ébullition. Mes pensées se retournent entièrement vers ma fille, ma petite Guylène. Je sors en cascadede l’hôtel où je travaille et cours vers ma maison. Mais, il devient impossibled’avancer. La police quadrille les zones. Tous les services de métro sont interrompus.L’obscuritépersécute me . J’entendsGuylène me crier avec emphase « maman, au secours !».
Des détonations pleuvent. Je cours la tête baissée en contournant des policiers. Objectif : sauver mon enfant. Je lance un coup de fil, ça ne sonne pas. Où peut-elle bien être dans ce brouhaha ? Je cours à perdre haleine. Soudain, une intervention du Président Zelensky à la télévision me fait savoir que Kiev est sous la menace. Des âmes y sont en peine. En maudissant la Russie et son Président, je ne cesse de courir. Toute haletante, au petit matin, la fatigue n’a pas eu raison de moi.Monenfant avant tout. Son père me l’avait abandonnée. Ma responsabilité est donc de la protéger. De loin, je vois les gens scruter l’horreur des bombes. La ruine éclabousse les visages. En feu de détresse, je fouille et cafouille les épaves devant moi en criant « Guylène ! Guylène ! ». Un agent de police fait savoir que les enfants sinistrés sont à l’hôpital. J’engage une autre course contre la montre vers l’hôpital de référence de Kiev qui a échappé aux attaques. Lit après lit, je guette et soulève les draps. Guylène reste introuvable.
Quelques temps après, un autre quartier subit une agression guerrière. Chacun commence à comprendre la nécessitéde quitter l’Ukraine. Les blancs bénéficient des commodités dignes de leur couleur de peau. Tandis que pour les noirs, un autre calvaire commence. Des cris de Guylène me font paniquer. Mes affolements prennent du volume. Il faut déguerpir de l’Uà pied, en voiture, soit, dans les bennes des camionnettes. Combien de noirskraine, soit ont leur propre voiture ? Et ceux qui en ont, vont-ils accepter se déplacer avec leurs frères africains ? Déguerpir dans la voitured’un blancvaut cinq fois plus cher que dans la benne que je choisis. Dans les rangs, je rencontre Morelle. Elle me dit juste : « Mathilde ! Espérons que cet autre voyage ne sera pas comme celui de la traversée du désert qui nous a fait débarquer ici ». Mes litanies de prièress’amoncèlent en moi et se bagarrent avec mes inquiétudes pour Guylène. Sortie de mes rêvasseriesqui m’offrent lescabreux film du voyage de Douala pour Kiev sept ans avant, je commence à pisser sur moi.La pestilence s’empare du camion en allure.Dans ce camion de la survie, il n’est pas question de croyances ou de nationalité mais question de se mettre à labri des attaques russes.
Lescœurs craquent;l’image de ma fille me matraque. Je veux gifler le monsieur qui, près de moi, ne se lasse de regarder mes fesses. Dans quel monde vivre lorsque des frustrés sexuels et politiques se liguent contre nous ?L’horreuréclipse tout malaise. Deux jours plus tard, me voici en Pologne. Les journaux précisent que la Russie continue ses frappes. En Pologne, je visite le camp prévupour l’accueil desdéplacésvenus d’Ukraine sans y voir Guylène. En deuil, Morelle me tient la main ; elle me demande de la suivre chez son frère. Elle a déjà pris soin d’appelerce dernier. Il vient nous chercher dans sa voiture et nous conduit dans sa maison située de l’autrecôté de la ville. Elle a juste perdu son travail. Or,moi, j’ai perdu ma fille, ma vie. J’entre aux toilettes pour un bainet m’endors dans la baignoire. Morelle,en m’y sortant, j’ai perdu connaissance sous les affres dune noyade inopinée. Je vois Guylène
partout; je cours vers elle et me frappe maintes fois la tête contre le mur. Mes crises s’intensifient. Morelle est contrainte de me conduire dans un centre approprié. Je reprends mes esprits après quelques jours grâceaux soins d’un docteur.
Sortant ducentre, j’aperçois, après hésitation, Paulin, le père de Guylène. Tombée enceinte de luiavant notre voyage pour l’Ukraine, je ne voulus pas le laisser à Douala ;l’idéal pour un enfant étant de grandir avec ses parents. Une fois en Ukraine, il disparut. Inquiét pour lui,j’accouchai par césarienne. Pourtant, il se fut marié avec une riche et vieille blanche rencontrée surFacebook.
-
Paulin ! Paulin ! Criai-je.
Il a envie de fuir sans pouvoir. Il se rapproche de moi, me regarde comme un démon. A cet instant, Morelle débarque. Elle le connait bien et le salue avec frayeur. Il nous invite au restaurant. Sauf que Morelle déclineson offre à cause d’une autre course qu’elle a à faire pour son frère. Elle remet à Paulinl’adresse àlaquelle il devra me déposer à la fin de notre tête à tête. Le diner est intéressant. Mon exm’explique que la mort soudaine de son épouse trop endettéene lui valut qu’un chien. Un huissier le fit déguerpir de cette maison-là ; la rue l’accueillit. Mais, il me montra une photo de Guylènequi me fendit le cœur. Une violence inouïem’évanouitquand je lui explique que les frappes russes ont pris notre enfant.
Il m’ouvreses bras, j’y plonge sans retenue, ni passion.me ramène chez lui dans un Il coin perdu dans lequel il me livre à un homme. Il travaille dans un réseau de proxénétisme. Mon premier client débarque et veut une femme d’une joliesse revigorante.Or, je suis sèche et plate comme le macadam. En pleurs, il paye ma fuite. Je comprends que Paulinm’a encore eu. Pour attirer une femme dans un guêpier,il suffit de l’amadouer. L’inconnu me demande où je niche ; je ne sais quoi lui répondre : Morelle a malheureusement donné les coordonnés à Paulin. Je suis prise au piège à nouveau. Le monsieur, pour éviter des problèmes avec sa femme, ne tient point à me ramener chez lui. Il me remet heureusement quelques billets de banque ets’en va. Je passe la nuit les yeux ouverts sur un banc à une gare. Une étoile brille au-dessus de ma tête. Au petit matin, je retournejusqu’à l’allée où le monsieuret moi sommes séparés. Je le revois dans sa BMW. Il m’accoste avec compassion. Il parle si bien français qu’ils’obstine à me trouver un boulot. Seulement, je ne possède ni dossier, ni diplôme. Il se résout finalement à me présenter à son ami, Alain. Ce dernier està la recherche d’une femme à mesure de « porter » son enfant. En réalité, la femme d’Alain est une célèbre journaliste. Parce qu’un congé de maternité risquerait de tacher sa carrière, elle recherche une mère-porteuse. L’adoption n’ayant rien degénétique, il leur faut un « sujet » devant prendre en son sein leurenfant jusqu’à l’accouchement contre une grosse récompense.
Très vite, jem’informe des conditions liées à ce « travail » que je découvre. La gratuité du toit et de la bouffe charriant un costaud salaire me font accepter.L’implantationde l’embryonse fait sans attendre. Les délices du luxe me donnent un autre goût de vivre. Le temps passe ; jem’attache à cet enfant en moi. Les caresses de mon ventre me comblent de sensations qui me replongent dans des jolis moments de ma précédente grossesse. Une sorte de complicité me relie à cet enfant que je porte. Quel paradoxe de porter un enfant qui n’est pas à soi! Mon cœurmère de m’oblige à aimer cet enfant ; encore queses parents n’auront pointde temps
pour cela. Jai pu envoyer des photos de moi à ma mère ; elle sait que je suis enceinte. Elle insiste voir mon mari mais je trouve toujours des raisons pour justifier son absence. Le luxe console ma génitrice. Mais,comment lui expliquer que je porte un enfant qui n’est pas le mien. En contexte africain, cela n’aaucun sens. Parfois, je décidede m’enfuir avec« mon » enfant. Une autre échographie est faite ; elle confirme que je porte en mon sein une fille. Je me résousà m’enfuir pour garder maGuylènequi m’est revenue sous une autre forme sauf que ma conscience me juge. Après l’accouchement, jeme déciderai à être lababy sitter de cette enfant d’un autre genre dont l’innocence larendra aussi belle que le jour.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents