Trophée des plumes 2022 - (Je te quitte)
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Trophée des plumes 2022 - (Je te quitte) , livre ebook

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Description

Titre : Je te quitte Le dressing de Laurine était vide, elle avait tout emporté ses chaussures, ses habits, son maquillage, ses livres jusqu’à la brosse à la dent. Même l’enivrante odeur de son «la vie est belle» avait disparu ; à la place ça sentait le renfermé. Signe que l’appartement n’avait pas été ouvert depuis deux semaines au moins.Elle n’avait laissé qu’une lettre au milieu du lit. Bertrand l’avait vu pour la première fois à l’église à la fin d’une réunion de prières. Elle devait être nouvelle ; une beauté pareille ne se loupe pas facilement et l’église était à taille humaine. Un joli visage couronné d’une touffe afro bien entretenue, une belle taille avec des formes là où il faut et comme il faut. Elle était vraiment agréable à regarder.Lorsque leurs yeux se rencontrèrent, le monde s’arrêta ; ils n’étaient plus que tous les deux dans l’espace et le temps face à leur destin. Ce qui se produisit ce jour-là n’était pas seulement un coup de foudre, mais une éclipse. Il ne voyait qu’elle, ne pensait qu’à elle, ne rêvait que d’elle. La chasse était ouverte, il commença à la pister ; à la fin de chaque rencontre de prière, il s’assurait d’être à la porte où il ne pouvait rater personne et où on ne pouvait pas le rater non plus, il s’arrangeait toujours à être disponible pour la raccompagner ou à faire un détour. Il s’intégra petit à petit dans son écosystème, sympathisa avec ses copines et à bonne distance, juste avant la friendzone, il attaqua.

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2022
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Titre : Je te quitte
Le dressing de Laurine était vide, elle avait tout emporté : ses chaussures, ses habits, son maquillage, ses livres et jusqu’à la brosse à dent. Même l’enivrante odeur de son « la vie est belle » avait disparu ; à la place ça sentait le renfermé. Signe que l’appartement n’avait pas été ouvert depuis deux semaines au moins. Elle n’avait laissé qu’une lettre au milieu du lit.
Bertrand l’avait vu pour la première fois à l’église à la fin d’une réunion de prières. Elle devait être nouvelle ; une beauté pareille ne se loupe pas facilement et l’église était à taille humaine. Un joli visage couronné d’une touffe afro bien entretenue, une belle taille avec des formes là où il faut et comme il faut. Elle était vraiment agréable à regarder. Lorsque leurs yeux se rencontrèrent, le monde s’arrêta ; ils n’étaient plus que tous les deux dans l’espace et le temps face à leur destin. Ce qui se produisit ce jour-là n’était pas seulement un coup de foudre, mais une éclipse. Il ne voyait qu’elle, ne pensait qu’à elle, ne rêvait que d’elle.
La chasse était ouverte, il commença à la pister ; à la fin de chaque rencontre de prière, il s’assurait d’être à la porte où il ne pouvait rater personne et où on ne pouvait pas le rater non plus, il s’arrangeait toujours à être disponible pour la raccompagner ou à faire un détour. Il s’intégra petit à petit dans son écosystème, sympathisa avec ses copines et à bonne distance, juste avant la friendzone, il attaqua. Elle l’avait vu venir c’est vrai mais elle ne savait pas qu’il allait se dévoiler aussi vite. Elle était intéressée par lui, elle l’avouera plus tard, c’est elle qui l’avait remarquée en premier quelques semaines plus tôt mais il semblait très affairé quand il était là et il n’était pas toujours régulier. Il lui expliqua que son métier d’auditeur l’emmenait à voyager très souvent hors de la ville ou du pays, et quand il était là il tenait à donner un coup de main dans l’organisation du culte.
Tout se passa très vite, la découverte, les premiers « je t’aime », la rencontre avec les parents, les baisers volés, les fiançailles et enfin le mariage. Il dût écourter sa lune de miel pour prêter main forte dans une mission ; tous les collaborateurs de son cabinet étaient « staffés ». Il lui avait promis que les missions ne dureraient qu’un temps ; lorsqu’il sera manager dans deux ans tout au plus, il aura beaucoup plus de temps. Elle accepta au début, il faut dire qu’elle appréciait le style de vie que ses revenus leur procuraient : un appartement à Bonapriso, tous les achats en supermarché et
ils se permettaient le luxe d’avoir deux voitures. Son mariage avec Bertrand l’avait fait changé de niveau ; à cause de cela, Laurine était l’une des femmes les plus enviés de l’église, elle avait touché le gros lot, le Boaz dont rêve toutes les femmes de l’église. Même dans sa famille où elle est l’une des dernières nées, les décisions ne se prenaient plus sans qu’elle ne soit consultée.
Mais elle était malheureuse, elle avait cru qu’elle se mariait avec son prince charmant, qu’elle partirait avec lui sur son beau destrier, ils vivraient heureux et auraient beaucoup d’enfants. Déjà il partait seul et elle restait dans une cage même si elle était dorée, et les enfants on en parle même pas. Comment aurait-elle pu concevoir s’il n’était presque jamais là ?
Trois ans étaient passés, mais sa promotion n’avait rien changé ; au contraire, il lui arrivait de piloter plusieurs missions sur plusieurs pays différents pendant plus de deux mois sans passer par la maison. La situation était aussi dur pour lui ; quand il était au loin, il ne pensait qu’à une chose la retrouver, la serrer dans ses bras et lui faire l’amour à n’en plus finir. Mais ils n’allaient pas vivre d’amour et d’eau fraiche ; c’est pour eux qu’il se sacrifiait. Pourquoi ne le comprenait -elle pas ? Elle agissait comme s’il menait une double vie ailleurs, avec une autre femme et des enfants, ou avec de multiples maitresses. Il lui arrivait parfois de demander qu’il crie son nom à elle dans la chambre d’hôtel pour prouver qu’il est seul ou de parcourir toutes les pièces par l’appel vidéo. La confiance régnait.
Ces derniers mois, elle était de moins en moins disponible pour les appels vidéo. Il pouvait se passer des jours sans qu’il n’arrive à la joindre, elle répondait laconiquement aux texto et quand il revenait à la maison, elle était détachée et indifférente. Comme si sa présence ne lui disait plus rien. Elle n’était plus la même, il y’avait quelque chose de changé en elle et il ne savait pas quoi. Il avait d’abord pensé qu’elle avait une liaison, il commença à avoir des pensées intrusives où il la voyait avec d’autres hommes. Etait-ce son ex ? son collègue ? le coach sportif ? Las de ces obsessions, il consulta un psychologue qui lui conseilla de rétablir la communication avec sa femme. Sachant que ça le conduirait vers une discussion difficile dont il ne maitrisait pas l’issue, il préféra s’auto persuader à une évolution de Laurine ; elle avait dû comprendre que tout ce qu’il faisait c’était pour leur bien, elle apprenait simplement à gérer les choses autrement. Du moins il l’espérait.
« Je te quitte Bertrand, je te laisse ce mot sur ce lit déjà trop grand pour deux personnes et où j’ai passé tant de nuits seule, je te laisse avec tout ton argent qui ne peut acheter le bonheur, je te laisse
avec ta maison qui n’est jamais devenu un foyer, elle n’était rien d’autre qu’une prison pour moi et une escale pour toi. Bref je te quitte. »
Il sortit de l’appartement, sortit de l’immeuble sans répondre aux salutations des gardiens. Il avait besoin d’air, d’oxygéner son cerveau. Il déambula jusqu’au boulevard de gaulle. Il ne vit pas arriver la voiture et ….
« Les passagers du vol XXXX Camairco en direction de Douala sont priés de se rapprocher de la porte d’embarquement » ouf ! ce n’était qu’un cauchemar, il était encore à Ndjamena. Il s’était endormi dans le salon VIP.
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 Allo chéri, je suis en train d’embarquer, juste pour te dire que je t’aime. Je t’aime aussi chérie, je t’attends Il était soulagé, elle l’attendait à la maison. Mais jusqu’à quand ?
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