Trophée des plumes 2022 - L enfant et l attitude
3 pages
Français

Trophée des plumes 2022 - L'enfant et l'attitude , livre ebook

-

YouScribe est heureux de vous offrir cette publication
3 pages
Français
YouScribe est heureux de vous offrir cette publication

Description

Texte narratif et fictif qui émet et prise de conscience d'un manque et une volonté de recherche d’équilibre en s’inspirant de réalités probables de vraies personnes.

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2022
Nombre de lectures 68
Langue Français

Extrait

Qui suis-je ?
C'est clair que la vie de fait pas de cadeau, c'est pourquoi il faut profiter de ce qu'elle nous donne, car soit c’est prépayer ou c'est à payer plus tard, le pire avec le second cas c'est que plus tard peut être n'importe quand.
J’ai dû payer plus tard ! Alors que les diplômés se plaignaient de manque d’emploi, j’ai eu la chance, quand j’étais encore sur le banc, d’avoir des propositions d’emplois, que j’ai bien entendu saisi. Dans l’euphorie du moment, j’étais à fond dans mes projections. Mon extraversion ou mon innocence m’a poussé à me fixer pour objectifs, “apporter la vie à l’entreprise”. J’ai cru pouvoir lutter contre un système, toute seule!! C’est drôle, quand j’y repense, je me suis juste essoufflée au bout de plusieurs tentatives et 8 mois après, j’ai dû quitter ce boulot pour un autre, non parce que je ne faisais pas bien mon travail, mais parce que “je n’avais pas l’attitude” selon mon responsable hiérarchique…
Mon prochain boulot fut rude, pas dans l’accomplissement de mes taches, mais dans la lutte contre ma nature. On m’a fait comprendre que l’enfant en moi n’avait pas sa place en entreprise, que ma façon excessive de tout vivre pourrait me couter mon emploi, que je ne dois plus rigoler de tout et de rien sinon je serais jugée inapte à diriger une équipe, donc je ne monterais pas en grade, que mes collaborateurs ne me prendraient pas au sérieux, d’autant plus que je suis petite de taille, que le fait de sauter partout ne laisse pas une bonne image de moi, que mon rire à gorge déployée était dérangeant, que je deviens comique aux yeux de ceux que je fais rire lors de nos pauses déjeuner…
Chaque matin j’allais au travail avec un challenge " je ne ferais pas telle bêtise aujourd'hui ", et à la fin de la journée, si j'y suis parvenue, alors je me promets que plus jamais je ne reviendrai sur cette bêtise. Le paradoxe, c'est que je me les interdits pour "savoir-vivre" en entreprise. Je souffrais dans ma chaire de ne pas être moi!! Ainsi chaque soir je me sens de plus en plus incomplète !! J'ai tué ma spontanéité à sauter partout, même sur les gens ; J’ai commencé à calculer tous mes faits et dires…
Aujourd'hui c’était mon anniversaire, j’ai 27 ans et j’assure un post de responsabilité dans la boite, ah oui, j’ai finalement eu l’attitude. Un collègue m’a fait des souhaits, en gros pour lui “ je suis grincheuse, froide, et j’en passe” ça ne m’a pas blessé, au contraire. J'en ai ris, parce que ce n’est pas nouveau, et je n’ai pas à me justifier tant que le boulot est fait, et bien fait.
Le soir, j’ai reçu un call de tous mes amis, pour me souhaiter bon anniversaire, prendre des nouvelles les uns des autres et rigoler comme au vieux temps. L'initiative était belle, à un moment, l'un à préciser que c'est d'ailleurs tout le temps par mon canal qu'on se revoit ou se parle. C'était bien, on en a rigolé et moi j'en étais heureuse, car dieu sait combien ils comptent pour moi. De discussion à discussion, j'ai commencé à rappeler nos bails. Des anecdotes liées à chacun, des histoires les plus drôles aux plus bêtes. Les uns se rappelaient une partie, d'autres non, certains ne se rappelaient rien. Là, également, sur un ton confiant, l’un a dit " tu es l'archive de la classe, tu devrais en faire un livre comme tu aimes écrire et puis tu es douée". Un autre a répliqué “oui elle se rappelle toutes les histoires, comment pouvais-tu être bien en classe, avec la majorité de ta mémoire allouée aux histoires débiles des cons que nous sommes”. Mais savent ils que ma vraie passion était l'étude d'archive que je menais sur eux ? Moi-même je l’avais oublié. Toujours dans la discussion, on a dépassé l'étape lycée et université, pour parler de nos vies après la fac, enfin, eux, ils ont commencé à parler de la leur, je les écoutais religieusement raconter leurs nouvelles vies, des anecdotes, de fous rires qu'ils ont, avec quelques larmes qui échappaient ma lutte et qui coulaient le long de ma joue pour se mourir sur mes lèvres. Pourtant, moi, la bavarde et l'ambianceuse du groupe, je semblais avoir perdu ma langue. Bien entendu, ils ont insisté pour connaitre la mienne, et certains se sont même aventurés à dire que les collègues avaient de la chance d’avoir une “MOI”, et qu’il est sûr que si je devais partir, ce serait un choc pour la boite… Je me suis excusée avant de quitter l’appel en prétextant le sommeil.
C’est vrai que je me suis plu à garder mémorablement chaque souvenir de mes années d’études. Je m'en suis nourri et ça m'a permis de tenir lorsque le chaos de du travail battait son plein. Lorsque mes émotions voulaient prendre le dessus, mes souvenirs me renvoyaient leurs visages en signe de rétention et mon cerveau me hurlait “ Gardes ton affection pour tes potes” ça permis d’avoir “L’attitude”. Et puis je souriais avant de reprendre la mine serrée.
J'ai essayé de comprendre, j'ai justifié chaque manquement de ma part, j'ai normalisé chacune de mes maladresses. J'ai trouvé des excuses à toutes mes inattentions. J’ai lutté contre ma propre nature en me disant que c’est pour mon bien, c’est pour mon avenir !! Cependant, en les écoutant, même les plus timides de nous sont épanouis aujourd'hui, j'ai réalisé qu'il ne s'agissait plus d’avenir, mais d’hypocrisie envers ma propre personne.
Et, j’ai coulé d’une larme qui se voulait souriante, la larme du déclic ! Je regardais ma vie de ces six dernières années, défilée comme si c’était un film, je n’ai plus de vie extra professionnelle, pas une trace de moi sur les réseaux sociaux, pourtant, aussi loin que je me rappelle, Facebook et Twitter étaient mes vrais délires il y a 7 ans, même les grands restaurants que je visite, c’est à l’occasion de rendez-vous professionnels, ma vie amoureuse est vide, ma vie familiale est fade, je ne discute avec eux que par devoir, je ne me rappelle pas de mes dernières vacances, je ne fais même pas d’arrêt maladie, le dernier poème que j’ai écrit date d’il y a 3 ans… Plus j’y pense, plus je me rends compte combien je me suis perdue dans ma construction de carrière professionnelle, à la limite je commence à croire que je me fuyais, j’avais peur de rester avec la nouvelle moi, cette lâche, parce que toute seule je n’assume pas mes démons ! Et tout ça pourquoi ? Un emploi ? Pour lequel je ne suis même peut-être pas faite.
Toujours dans mon introspection. J'ai compris que l'adulte a gagné le combat sur l'enfant assumé et chéri en moi!! Je me suis retrouvée dans cette étape de ma vie sans le savoir, sans y être préparée, pire sans le souhaiter. J’ai jugé encombrant le bébé que je suis, quelle mère !
Je réalise probablement tard tout ce que je réalise en posant ses mots. Mais je suis bien partie pour revivre uniquement pour moi et être à nouveau l’archive de l’entreprise, parce que j’adore ça ! Ce soir, j'arrête de me voiler la face. Devant mon miroir, je me regardais pleurer pour la première fois la mort de l’enfant en moi, et au bout de l'ixième larme, j’ai éclat de rire, j’ai ri à gorge déployée toute seule et de rien, là, j’ai tiqué, en fait, l’enfant en moi n’est pas mort, il étouffe et est à l’agonie, mais c’est déjà ça, l’urgence est de le sauver ! Alors, je sors mon ordinateur et rédige ma demande de congé immédiate, l’entreprise me doit bien ça, même si elle ne m’a obligée en rien, j’ai fait le choix d’avoir “L’attitude” et je l’assume. Je prendrais mes vacances, pour trouver d’abord un équilibre personnel avant de revenir pour en distribuer au boulot, ou peut-être avant de revenir quitter mon boulot. Je ne sais plus ! Mais, ma mission de vie du moment reste la cohabitation entre la conservation de l’acquis l’“attitude” et l’épanouissement de l'enfant en moi.
La routine du monde professionnel est un vrai vice, il faut éviter de tomber de dans, à défaut, garder une chose dans le quotidien qui nous permet de garder la tête en scelle et ça peut être un être, une activité, un exercice… Bref, n’importe quoi qui nous rappelle qui nous sommes !
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents