Trophée des plumes 2022 - Le bonheur sur le fil de la liberté
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Trophée des plumes 2022 - Le bonheur sur le fil de la liberté , livre ebook

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Description

Trophée Des Plumes 2022 Le bonheur sur le fil de la liberté 17 juillet 2015. L'air est frais, les premiers rayons de soleil commencent à pointer le bout de leur nez. Il est 6h exactement, je me dépêche pour atteindre l'oiseau qui va bientôt s'envoler. Je suis excitée, pétulante, impatiente, enthousiaste... Imaginez tous les adjectifs qui rappellent l'excitation de toucher du doigt le bonheur tant rêvé. Car oui, un nouvel horizon se profile et qui dit nouvel horizon dit nouvelles opportunités. C'est ce que je croyais. J'ai vite déchanté. L'illusion avait été trop grande. Cette nouvelle terre que j'avais choisie en laissant derrière celle qui m'avait vue naître était tout sauf arc-en-ciel. Tous sans exception m'avaient pourtant répété : "Tu connaîtras une vie meilleure là-bas". Oh Bwana Yesu ! Comme s'écrierait ma mère. Le réveil était dur. Mais vous savez ce qui l'était encore plus ?Affronter la réalité. De véritables coups de matraque. Et comme si cela ne suffisait pas, un beau matin, la déveine vint frapper à ma porte, m'embrassa et sans préavis décida de s'installer. Je suis certaine qu'au moins une fois dans votre vie vous l'avez côtoyé vous aussi et savez le calvaire que c'est de la traîner partout avec soi. Comme elle peut être lourde des fois !Mais elle a bien finipar me lâcher, en réalité je l'ai forcé à quitter mon modeste studio d'étudiante lorsque Chacha et Paola entrèrent en scène. C'étaient mes voisines de palier. Chacha venait de Libye. Une berbère.

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2022
Nombre de lectures 51
Langue Français

Extrait

Trophée Des Plumes 2022
Le bonheur sur le fil de la liberté
17 juillet 2015. L'air est frais, les premiers rayons de soleil commencent à pointer le bout de leur nez. Il est 6h exactement, je me dépêche pour atteindre l'oiseau qui va bientôt s'envoler. Je suis excitée, pétulante, impatiente, enthousiaste... Imaginez tous les adjectifs qui rappellent l'excitation de toucher du doigt le bonheur tant rêvé. Car oui, un nouvel horizon se profile et qui dit nouvel horizon dit nouvelles opportunités. C'est ce que je croyais. J'ai vite déchanté.
L'illusion avait été trop grande. Cette nouvelle terre que j'avais choisie en laissant derrière celle qui m'avait vue naître était tout sauf arc-en-ciel. Tous sans exception m'avaient pourtant répété : "Tu connaîtras une vie meilleure là-bas". Oh Bwana Yesu ! Comme s'écrierait ma mère. Le réveil était dur. Mais vous savez ce qui l'était encore plus ? Affronter la réalité. De véritables coups de matraque. Et comme si cela ne suffisait pas, un beau matin, la déveine vint frapper à ma porte, m'embrassa et sans préavis décida de s'installer. Je suis certaine qu'au moins une fois dans votre vie vous l'avez côtoyé vous aussi et savez le calvaire que c'est de la traîner partout avec soi. Comme elle peut être lourde des fois ! Mais elle a bien fini par me lâcher, en réalité je l'ai forcé à quitter mon modeste studio d'étudiante lorsque Chacha et Paola entrèrent en scène. C'étaient mes voisines de palier. Chacha venait de Libye. Une berbère. Longue chevelure frisée et yeux de gazelle couleur noisette. Elle était consciente de sa beauté et en usait parfois pour arriver à ses fins. Paola elle, venait d'un petit village en Roumanie. Elle était grande, pétillante et carrément extravertie. On vivait dans une résidence étudiante où la vie semblait agréable, en surface. A notre palier on comptait cinq autres étudiants avec qui l'affinité n'avait jamais dépassé le bonjour courtois accompagné d'un rictus. D'ailleurs jusqu'à ce samedi où je dis adieu à mademoiselle déveine, c’était pareil avec mes deux voisines/nouvelles amies. On ne partageait rien et je fus notamment surprise de voir Paola devant ma porte ce samedi-là.
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Hey tu fais quoi ce soir ? Il y’a un pote qui organise une soirée dansante, on t’embarque. On ? demandai-je en penchant au même moment la tête.
Chacha se trouvait juste à côté, adossée contre le mur, un large sourire aux lèvres. Alors que j’hésitais à répondre, elle ajouta :
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19h précise en bas de la résidence. Sois pas en retard !
Je me dis tout de suite qu’elles s’étaient trompées de porte. Moi à une soirée ? Ça ne risquait pas d’arriver. J’aimais beaucoup trop ma solitude car je pouvais me cacher derrière pour pleurer autant que nécessaire, pleurer jusqu'à soulagement des tensions de mon corps. Celles que greffaient quotidiennement les coups de matraque. A l’approche de l’heure du rendez-vous, je me mis à marcher de long en large réfléchissant à la véritable raison de leur visite lorsque la sonnerie retentit. Et, c’était encore elles.
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Qu’est-ce que tu fous ? Ça fait un moment qu’on t’attend en bas. Tu n’es même pas prête ? Demanda Paola légèrement exaspérée.
Elle entra comme un ouragan dans le studio sans même avoir été invitée, se mit à fouiller dans mon armoire, sortit quelques tenues et me força à en choisir une. Apprêtée, elle me fit tourner sur moi-même puis lança un ‘parfait’ avant de me prendre la main et me traîner vers la sortie. Cette fois encore Chacha attendait à côté, souriante. Je ne regrettai pas que mes voisines eussent été aussi déterminées à me sortir de chez moi ce soir-là car on s’était bien amusé et pour la première fois depuis que j’avais quitté ma terre, mon Ouganda chéri, j’avais souri du cœur. Comme c’était bon de retrouver cette sensation ! Quand je leur demandai pourquoi elles avaient décidé de faire de moi leur nouvelle BFF ‘Best Friend Forever’, Chacha me répondit aussitôt :
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On est toutes dans le même bateau, parties pour fuir une situation précaire avec l’espoir d’en trouver une nouvelle qui nous rendrait plus digne. La solitude on connaît, on est passé par là aussi et il était hors de question de te regarder sombrer sans rien faire.
On refit d’autres soirées par la suite, étudiait souvent ensemble et partageait même désormais des secrets. A l’aurore d’une journée succédant une énième soirée dansante, alors qu’on était avachi dans le canapé jaune safran de Chacha, celle-ci nous confia qu’elle était lasse d’essayer de trouver sa place en cette terre inconnue. Je partageais son sentiment.
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Tu crois qu’on n’est pas assez intelligentes pour cette société ? Demandai-je. Rien à voir m a chère, tu pourrais avoir le QI d’Einstein qu’ils ne verraient toujours que ton ombre. Tu sais ce qui pourrait tout changer ? Le fric. Avec ça du jour au lendemain tu pourrais te construire un pont prestigieux de Kampala à Paris. Tout le monde verrait au-delà de tes jolies boucles d’ébène, ils verraient Margret Chebet, une fille brillante, entreprenante et avec de la volonté à en revendre. Ils te trouveront même des qualités dont tu n’avais connaissance. Moi je sais que ce qui me rendrait vraiment heureuse serait de tomber sur un homme fortuné qui m’apporterait confort et prestige. Et je te promets que là tous, me respecteront. Des fois j’ai la main qui me démange quand je t’entends parler tellement j’ai envie de te mettre une claque. Regarde toi, tu es intelligente, vive, tu pourrais faire ce que tu veux de ta vie, devenir qui tu veux et toi, ton bonheur tu le réduis à ça ? A devenir la poupée d’un homme riche ? Questionna une Paola désappointée. Sache qu’on ne peut pas toutes avoir ton assurance et ta chance. Tout ce que tu fais te réussit comme s’il y avait un ange là-haut qui veillait particulièrement sur toi, répondit Chacha.
Paola sourit. Assise au milieu, elle nous fit signe de nous rapprocher. On s’exécuta jusqu’à coller nos têtes puis elle passa chacun de ses bras autour de nos cous.
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Je vais vous confier un secret, le seul ange qui m’accompagne partout où je vais, c’est celui de la liberté. Trouvez les chaînes qui vous empêchent de connaître l’épanouissement, de goûter au bonheur, de déplacer les barrières pour atteindre l’excellence et brisez les. Vous savez, j’ai grandi avec des parents qui n'avaient rien. Moi aussi, on se contentait de peu et pourtant on était souvent heureux, dis-je. Tu sais pourquoi ? Parce que malgré leur lot, toutes les difficultés du quotidien, ils étaient libres. Leurs coeurs étaient joyeux. La veille de mon départ pour Paris mon grand-père m’a dit : “Là-bas, de l’autre côté, ne va pas chercher de place comme si d’autres en avaient préparé une à l’avance pour toi. Fais toi une place, toute seule. Ce ne sera pas facile mais c’est la seule assurance que tu as de te retrouver à la place que tu mérites et pour ça, tu devras t’assumer premièrement. Tu assumeras ta différence, tes qualités autant que tes manquements car s’assumer c’est se libérer. N’oublie pas, il sera toujours question de liberté”.
Les derniers mots de Paola restèrent gravés dans un coin de ma tête et chaque jour qui suivit cette petite confession matinale, je m’évertuai à chercher les chaînes qui m'empêchaient d’avancer plutôt que de chercher une place. Et l’une après l’autre, je les brisais. Je me sentis ensuite si légère, capable de conquérir le monde. Je n’en étais pas loin ou plutôt on, n’en était pas loin. Paola Pietru avait fini avocate dans un cabinet parisien de renom et elle était brillante. Chacha Khan avait réussi à se frayer un chemin dans le milieu de la mode et défilait désormais pour des grands créateurs. Elle disait que tant qu'à être une poupée elle préférait être la seule aux commandes. Quant à moi, j’écrivais. J’écrivais pour aider les autres à forcer les portes de la liberté et à accéder au bonheur. Mon dernier bouquin intitulé ‘Une vie heureuse’ avait fini best-seller. On l’avait fait. On avait réussi à trouver la formule pour garder tendu le fil qui nous maintiendrait en équilibre.
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