Trophée des plumes 2022 - (Pour l’amour de mon père...)
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Trophée des plumes 2022 - (Pour l’amour de mon père...) , livre ebook

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Description

Après avoir vécu les affres de la guerre, Furaha, une jeune fille de dix-sept ans tente de se reconstruire en se lançant dans une quête invraisemblable: retrouver son géniteur à Kinshasa.
Comment trouver l’équilibre après avoir vécu tant de traumatismes ? Et surtout comment retrouver un père qu’on a jamais connu en pleine capitale congolaise ?
Seule face à son destin, Furaha va s’embarquer dans une folle aventure, guidée par son amour pour ce père fantôme qu’elle finira par retrouver... ou pas !

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2022
Nombre de lectures 110
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Trophée des plumes 2022:Pour l’amour de mon père
 Un sourire factice sur des lèvres moites, dissimulant à peine les abysses d’un cœur lontemps tailladé. Un bonheur de façade, une âme meurtrie par les assauts de la vie. Un esprit tourmenté qui ne cherche qu’à s’évader le temps d’un clignement d’yeux , à voguer dans des sphères paradisiaques pour oublier le poids insupportable d’une vie dichotomique.
 Je m’appelle Furaha. Mon nom est censé signiIer la joie, mais ma vie est loin d’être joyeuse. Une oxymore plutôt cocace, un paradoxe saississant. Du haut de mes dix-sept ans, mon histoire n’est qu’un entrelacs de mésaventures saupoudrées de tragi-comédie.
 Quand on est seule survivante d’une guerre qui a décimé toute sa famille, sa conception de la vie change. L’espoir d’un meilleur lendemain devient utopique et on s’accroche à tout ce qu’on peut pour continuer à vivre. Entre traumatismes et lugubres souvenirs, la reconstructiion personnelle est un déI surhumain.
 En quittant mon village natal pour Kin, j’espérais trouver un hâvre de paix, un doux refuge pour mon âme en proie à la hantise des démons du passé. Mais un autre combat m’attendait. Celui de ma vie et de mon aîrmation. Je me suis vite rendue compte que j’étais seule au monde, seule face à mon destin. Et j’avais le choix entre baisser les bras, m’avouer vaincue, déposer les armes; et relever le front, bomber le torse, prendre mon destin en mains et me battre pour un avenir meilleur.
 Mais j’étais consciente que pour gagner cette rude bataille, je devais premièrement vaincre mes popres tourments. Le premier combat étant intrinsèque, je devais trouver un certain équilibre en mon for intérieur.
 J’étais tiraillée de toutes parts,déchirée au plus profond de moi-même. Et pour prendre ma revanche sur la vie, j’avais l’obligation de soigner ces maux. Avant de conquérir le monde, il faut se conquérir soi-même. ïl me fallait donc trouver cet équilibre au plus profond de moi-même. Entre les blessures de la guerre, la solitude, l’extrême pauvreté, le vide laissé par un père volatilisé dans la nature, mon déséquilibre émotionnel était à son paroxysme.
 Un beau matin, à mon réveil après une énième nuit passée à la belle étoile, je pris une ferme résolution : retrouver mon père. Cet homme dont la semence m’avait engendrée et que mes yeux n’avaient jamais vu sinon dans un album photo. Depuis petite, ma mère m’en parlait comme s’il s’agissait d’un héros. Et face à tous ces éloges de ma mère, une seule question me taraudait l’esprit et me brûlait les lèvres, une question que je n’avais jamais eu le courage de demander et dont je redoutais moi-même la réponse : pourquoi était-il parti?
 Avant de mourir avec le reste de mes frères et sœurs, ma mère m’avait remis une photographie de mon père en murmurant un seul nom : Kinshasa. Une manière pour elle de me donner une piste sur la localisation de mon géniteur. Mais tout comme moi, elle ignorait tout de cette mégalopole cosmopolite, de ses beautés envoûtantes, de ses laideurs et de ses tourmentes…
Chercher en pleine capitale un homme avec qui je n’avais aucun contact, autant chercher une aiguille dans une botte de foin!
 Pour dire vrai, j’ai été happée par la grandeur de cette ville-monde; dépaysée dans ses rues spacieuses et bruyantes; perdue dans la hideur de ses fades profondeurs. Kin, cette ville si énigmatique, avec une dualité mi-ange, mi-démon; une ville à la fois si suave et si sauvage; si belle et si laide avec son métissage culturel, sa diversité ethnique, ses scandales, ses bruits et ses silences, ses lumières et ses ténèbres.
 Ses nuits ensoleillées vibrent au rythme de la rumba et du Ndombolo; et baignent dans un ot d’alcool enivrant. Pas de danse, vacarmes,cris de liesse, klaxons de véhicules et musiques de bars, les euves de viandes grillées et de sauces fumantes pimentées; un tourbillon de volupté et de félicité au milieu duquel chacun essaie d’oublier les sourances quotidiennes.
 Les yeux hagards,frappés d’ébahissement, le cœur battant la chamade, je comptemplai ces scènes d’excès et de liesse. ïnstants de folie fugace qui se veulent éternels, joies éphémères qui se dissipent au même rythme que le noir vespéral. Mon ventre poussait de longs gémissements creux. Mes membres tremblotaient. Un ot de sueur ruisselait sur mon front. Ma vision semblait de plus en plus trouble. Voilà une semaine que je déambulais dans les rues kinoises sans savoir véritablement où aller et sans rien mettre sous la dent. Encore un mircale si je pouvais me tenir debout, mais je sentais que ce miracle arrivait à sa date de péremption. Avec mes oripeaux puants, mon teint exsangue, mes lèvres sèches et mon haleine de chacal, je ressemblais plus à un cadavre évadé de son tombeau qu’à une vivante.
 DiIicile de demander de l’aide, personne à Kin ne semblait connatre mon patois villageois. Moi non plus je ne comprenais pas la langue des kinois. Les mains sur les genoux, tout sembait tourbillonner autour de moi comme dans un manège infernal. Mon estomac rugissait tel un lion courroucé tandis que les odeurs de brochettes venaient irter avec mes narines.
 Et en ce moment précis, plus rien d’autre n’avait plus d’importance qu’une brochette bien chaude. À côté, même un gisement d’or avait moins de valeur. À celui qui a faim, un morceau de pain est plus précieux que l’or, dit-on. Et ventre aamé n’a point d’oreilles. Depuis ma tendre enfance, ma mère m’avait élevée avec un certain nombre de principes. Notamment, ne jamais prendre une chose qui ne m’appartient pas sans demander.
 « voler n’est pas bon », j’aurais dû m’en souvenir; surtout dans une ville comme Kinshasa. Hélas les mugissements de mon ventre avaient Ini par dominer ma bonne morale. Je regardai la grosse dame qui grillait des brochettes devant une terrasse. Je m’approchai de la dame et essayai poliment de lui demander une brochette.
- 1000 francs… dit-elle en me toisant.
 Visiblement, elle ne comprenait rien de ce que je lui disais. J’étais déçue et énervée. Fâchée contre la vie, le destin, la guerre, kinshasa, la faim, mon père… et surtout contre moi-même. Je reculai de deux pas. Je pris une profonde inspiration. J’attendis que la dame fût distraite. Et sans rééchir, je sautai sur une brochette et pris mes jambes à mon cou.
- Ô voleuse! Ô voleuse!
 les cris histériques de la grosse dame alerta tout le monde. Et aussitôt une foule de badauds se mit à mes trousses.Un vieux monsieur dont le visage me semblait bizarrement familier en était le chef de Ile. Le cœur battant la chamade, je mobilisai mes dernières forces pour échapper à un destin tragique. Seul le ciel savait ce qu’aurait été mon sort si j’étais tombée entre leurs mains!
 Mais si j’ai pu échapper à la guerre, je n’allais sûrement pas tombée entre les gries de ces citadins.Tout semblait ou autour de moi. Et tout mon corps n’avait qu’un seul désir : s’écrouler.
 Après une longue course erenée et plusieurs bifurcations, je trébuchai et tombai dans la boue. Et cette brochette qui avait mis ma vie en si grand danger, je ne la mangeai Inalement pas. En cet instant, je pleurai toutes les larmes de mon corps. Je maudis le destin de ce qu’il fut aussi odieux avec moi. je ne demandais pas grand-chose à la vie, sinon retrouver mon père. Un homme que je n’avais pas connu mais que j’aimais de tout mon cœur. Le retrouver était devenu le plus grand combat de ma vie. ïl était désormais ma seule famille, le seul homme de ma vie. Et je sentais qu’il allait redonner un sens à mon existence et qu’avec lui j’aurais retrouvé cet équilibre perdu.
- Où es-tu papa? Marmonnai-je tandis qu’une foule d’hommes courroucés venait me donner un châtiment à la hauteur de mon crime.
C’est alors que leur chef de Ile, vieil homme sexagénaire au visage familier, se rapprocha de moi.
- Pitié! Suppliai-je dans ma langue maternelle.
- Voleuse, répliqua-t-elle dans la même langue que moi. comment as-tu osé voler ma femme?
 EnIn, j’avais rencontré un kinois connaissant mon patois. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises.
 Quand mes yeux eurent rencontré ceux du vieux monsieur, mon sang se Igea. Mon cœur It un bond dans ma poitrine. Le temps suspendit son cours et le destin me It un clin d’œil.D’un dernier mouvement, je sortis une photo de mon père de ma poche. Les yeux embués de larmes, je contemplai le visage de mon géniteur dans le clair-obscur. Et à mesure que le vieil inconnu au visage familier approchait, mon appréhension allait crescendo.En ce moment tous les épisodes de ma vie Irent un tour ultrarapide dans ma tête. L’homme continuait à avancer. Et la terrible vérité se dévoilait dans toute sa nudité. Un gros véhicule passa tout près, illuminant le visage du vieil homme de ses phares.
 Et là, je ne sus quel sentiment m’anima. Joie ou tristesse? Colère ou soulagement? Un tourbillon d’émotions que mon âme d’enfant ne put contenir. Son visage me parut clairement. Et non, ce n’était pas une chimère, ni une illusion d’optique. ïl était bien là, devant moi. L’homme de ma vie. Celui que je cherchais de toutes mes forces… le destin avait Ini par me l’apporter sur un plateau d’argent… dans le plus improbable des scénarios…
- PAPA?!
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