Trophée des plumes 2022 - (PULA)
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Trophée des plumes 2022 - (PULA) , livre ebook

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Description

À force de chercher l’interdit, une adolescente se trouve un nouvel équilibre.

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2022
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

PULA
Enfin, elle avait trouvé un endroit où se poser.Rien n’avait changé, une fois de plusle clan avait migré. Elle avait marre de migrer au gré du bétail. Sa mère lui ditque c’était leur destin, personnene devrait jamais remettre en question l’ordrechoses, ne jamais douter de la des volonté infaillible des divinités. Mais elle ne voulait plus de cette infatigable obscurité, elle voulait briller. Ellevoulait s’instruire, connaitre ce qu’elle ne s’imaginait pas. Elleressentait que son ignorancel’exposerait un jour ou l’autre.Puisque la tradition ne lui ne permettait pas de se rapprocher de l’éducation étrangère, la tradition se rapprocha d’elle. Les anciennes lui apprirent toutes les ficelles.Elle bouda au début mais finit par s’y résoudre.
Unjour, BERA était au bord de la rivière pour emplir la jarre d’eau courante. Lorsqu’elle entendit un son au loin. Elle abandonna son ustensile ;se laissa entrainer par l’acoustique; traversa les arbustes comme possédée ; trébucha et se releva sans geindre. De son existence d’adolescente,c’était la première fois qu’elle sentait la profondeur d’une mélodie. Plus elle se rapprochait de l’épicentre plus l’hypnose s’amplifiait. Ses yeux scintillèrent, son ouïe parla, sa bouche se tut, son cœur s’ouvrit.Un vieil homme était au pied d’un très grand arbre.Il était si minuscule aux côtés de ce baobab qui grattait le ciel. Ce bout d’homme entremêlé dansdes racines, imposait une prestance surprenante. Une lueur enveloppait son corps tout entier. Il communiait avec une étrange calebasse. Les cordes de celle-ci répondaient à ses caresses. Les notes qui en sortaients’écrivaientdans le ciel et s’inscrivirent en BERA.L’inconnu fascine, affreusement ou avec excitation. Subitement tout prit fin.
N’estaveugle que qui croit voir, dit le vieil homme. Pourquois’approcher tant de ce -quel’on necontrôle point ? Parfois l’ignorance est la connaissance ultime. … vous… musique…après vous a…bulle…e. Je,je… bafouilla BERA. -Moan, reprends ton souffle. -Elles’assit. Puis:
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Nomino, excusez-moi ! Qu’étiez-vous en train de faire ? pourriez-vous m’apprendre ce, cette… ?je suis prête à tout pour devenir comme vous. Je veux devenir comme vous. Accula la petite. Les mots possèdent une âme, gare à celui qui prononcent ceux qu’il nepeut déposséder. Mais toi, je t’attendais. Moi ?Comment ça vous m’attendiez?s’indigna la petite.Oui, toi ! BERA, landélé ndélédu clan.L’unique fille de TZOLI.savais que ton Je tempérament te conduirait à moi, argumenta le vieil homme. D’oùconnaissez-vous mon père ? Vous en voulez à ma famille? vous m’avez lancé un sortilège pour les atteindre ? craintivement, BERA recula de quelques pas. Les ndélé ndélé ne sont pas de mauvaises personnes. Elles cherchent juste leurs voies à haute voix. Leur curiosité les mène sur le chemin des réponses. Tu pourras tétancher dans mes enseignements. Je suis unlidjéhila. Un lidjéhila ?s’étonna BERA.
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Le dernier de notre clan. Je suis le garant de la perpétuité de notre histoire. Je suis le lien entre les ancêtres et les vivants. Je suis celui qui protège le clan, affirma le vieil homme. Mais pourquoi personne ne vous voit ? C’est dans l’ombre que lalumière puise son éclat. Je te transmettrai tout ce que je sais car depuis des décennies je nai trouvé personne avec ta volonté. Tu dois y aller maintenant. À demain.BERA acquiesça d’un geste de la tête.
Le lendemain, elle surprit les rayons du soleil. La journée lui parut la plus longue de sa vie. L’heure arriva. Àpas d’escargot, elle atteignit la rive. Le temps passa, elle espérait ne pas avoir déliré la veille.Pour ne plus se sentir mort souvent on s’invente des fantômes pourse maintenir vivant. Elles’accroupit face à l’eau qui était stable. Elle observait sonvisage, en se disant que la folie n’a pas de préavis, lorsque :
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Tu dois te fier à ton reflet et t’en méfier encore plus. Dit assurément une voixrauque d’homme du troisième âge.
BERAreconnut la voix d’hier. Oui, elle n’étaitpas folle et oui elle était tellement en colère pour oser proférer la moindre désapprobation.
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La patience et la retenue sont les armes nucléaires dans le combat de nos émotions. Quiconque parvient à en user infailliblement vaincra les batailles les plus ardues. Mais qui se tait sans cesse s’enterre sans obsèques. Moan, parle. Nomino quand vous ne me respectez pas ; quand vous ne respectez pas votre parole ; comment espérez-vous que je vous respecte ?Qu’est-ce qui va me motiver à commencer votre enseignement ? Si demain la rivière ne dessine pas le visage de BERA, d’autres visages se dessineront dans la rivière. Le monsieur disparut comme il eut apparu. Quoi ? Nomino, revenez !Mais vous…Nomino !!! hurla-t-elle. Je ne comprends jamais rien à ce que vous dites.
Elle resta figée quelques instants ensuites’en retourna au campement.
Lejour d’après, l’heure de l’apprentissage sonna, elle se trouvait déjà au bord du ruisseau. Cette fois, le vieil homme était ponctuel, bienveillant et lui fit comprendre que « la patience est mère de la persévérance ». Et celui qui persévère longtemps triomphe. Elle posa toutes les questions qui se bousculaient dans sa tête, il y répondit par métaphores. Son nom était : NWANÖ. Il détestaitqu’elle lui rappelle qu’il était unnomino. Tout le monde aime à se sentir jeune ou du moins encore frais. Progressivement ellecomprenait le fond de chaque parole de l’ancien; le courant passait si bien : elle devenait sage. Les cours clandestins avaient lieu tous les jours à la même heure. Ils étaient tous aussi bizarres les uns que les autres. Ils ne faisaient rien de la session ; ils restaient assis au pied du baobab, bouches cousues. Certaines fois, ils parlaient de tout et de rien ; il lui apprenait comment maîtriser sawallaCe n’était pas exactement comme elle l’avait imaginé. Il ne lui avait pas appris à jouer de cet instrument bizarre (c’étaitréservé aux avancés). Elle ne pouvait non plus léviter (aussi réservé aux avancés). Heureusement, elle n’avaitni cartable à porter, ni cahier à remplir, tout resta secret. Garder le silence élimine les futilités de l’esprit.
L’inattendutrouve son sens dans sa signification. Alors qu’elle commençait àaimer sa nouvelle vie, elle surprit une conversation entre son père et les autres hommes du clan. Il fallait décamper car le bétailne parvenait plus à se reproduire et c’est toujours mauvais signe. Labarkadoit être respectée pour empêcher toute migration. Le père de BERA était le chef, il décida : tout le clan bougerait au lever prochain du soleil. Chaque famille devait ainsi préparer ses affaires et son bétail. AprèsIl n’y avait pas dequoi être émotifs, certes cet endroit avait été le plus paisible depuis très longtemps toutefoisc’était aussi dans leur coutume de ne jamais s’installer durablement quelque part. BERA interrompit la palabre - sienragée qu’elle aurait pu rendre une personne malade si elle pouvait mordre. Elle gueula sur son père, maudit les coutumes, leur souhaita la mort à tous pour leur manque d’audace. Elle sanglota puis s’en alla en trombe. Elle se dirigea vers la rivière.Ses larmes se confondirent au cours d’eau.NWANÖ apparut, elle ne put tout raconter mais l’ancien comprit. Il l’implora derester forte, toutn’était pas perdu. Ils étaient du même clan, de ce fait migreraient ensemble. BERA incita le vieux à la raccompagner, question de dévoiler la vérité à tout le monde. Ils’opposa et la convainquit: « a tort qui a raison tôt ». Déçue mais apaisée, elle retourna au camp.
Tous les êtres vivants gisaient inanimés. Elle appela sa mèred’abord à voix basse puis au fur à mesure elle se mit à crier son nom. Cette dernièrene jouait pas à la morte, elle l’était, tout comme ses fils, son mari et ses congénères. BERA sentit son corps faiblir. Pendant que tout l’abandonnait, elleculpabilisa. Les mots lancés contre son père avaient sans doute pris forme. («Les mots possèdent une âme, gare à celui qui prononcent ceux qu’il ne peut déposséder»). C’était la fin. Tout devint sombre.
BERA !tonna une voix dans l’obscurité.-La petite ne put bouger. Elle voulut ouvrir les yeux, impossible, pourtant les larmes continuaient de couler. Uniquement son ouïe répondit. La voixs’exprima:
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Depuis le berceau tu te poses des questionset j’imagine qu’actuellement ton cerveau croule sous les interrogations. Non! tu n’es pasmorte ! Non! tu n’es pas folle! Tu es sur le point de rejoindre tes ancêtres mais tu ne le peux, du moins pas maintenant ! Je suis VAÄNI, le Dieu Zébu, du moins je suis sa représentation (un masque fait de bois avec des traits de zébu parlait). Tu ne peux me voir sinon tu perdais la vue. Tu ne peux me parler sinon tu perdrais la voix. Tu ne peux que m’écouter et tu te dois de m’entendre.Tous les tiens sont décédéset ne reviendront pas. Leur sort n’a rien de naturel. C’est pourquoi je viens te doter de pouvoirs, pas pour les venger ou nourrir unerancœur quelconquemais pour éviter que cela n’arrive à un autre peuple.C’est déjà le passé. Tu dois penser au futur. Je te veux puissante, pacifiste mais pas passive. Défends-toi toujours, n’attaque que pour survivre. Tout le mal que tu feras te sera rendu. Tout abus de tes nouveaux pouvoirs se retournera contre toi. Dorénavant tu es PULA, l’élue. Tu i découvriras qui tu es devenue. N’oublie jamais qui tu étais.Kalile moan,ori ti tzano
i Kalile moan, ori ti tzano : vas-y mon enfant, bénie tu es.
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