Trophée des plumes 2022 - (Si près... et pourtant jamais)
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Trophée des plumes 2022 - (Si près... et pourtant jamais) , livre ebook

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2022
Nombre de lectures 131
Langue Français

Extrait

SI PRES… ET POURTANT JAMAIS
Je m’appelle Aïda Kamagaté, ‘Aïd’ pour les intimes. Originaire de la ville de Bondoukou j’y ai passé toute mon enfance. Mon père, natif d’un village voisin fut le manœuvre de mon grand-père maternel. Il réussit non sans moult obstacles à conquérir la fillede son patron. Il l’épousât, et nous naquîmes mes quatre frères et moi. Je suis la benjamine et l’unique fille d’une fratrie de cinq enfants. Amlan, ma mère, après la naissance de ses quatre garçons, espérait avoir une fille. Je naquis un 21 mai de l’année 1992 et je grandis dans une famille aimante. Brillante élève, je décrochai à 19 ans mon baccalauréat et je fus orientée à l’Université d’Abidjan Cocody.
A Abidjan, la grande métropole, j’avais quelques appréhensionssur l’année scolaire et ma nouvelle vie d’étudiante, moi qui n’avais jamais quitté mon Bondoukou natal. Je posai mes valises dans la bouillante commune de Yopougon chez tonton Boubacar. Je me retrouvai confronté aux réalités de la ville d’Abidjan. Je fis connaissance avec les transports en commun dès le premier jour de cours. Réveillée à 4h30 - pour ne pas rater le premier départ - je me retrouvai dans un bus bondé qui reliait la commune de Yopougon à celle de Cocody. Dans cet autocar où aucun air frais ne circulait bien que les fenêtres soient grandement ouvertes, les odeurs de parfum de toute sorte se mêlaient à celles de la sueur qui suintait des cheveux des filles et des habits des jeunes hommes pour donner un cocktail de senteurs pestilentiels. Ce fut un calvaire ! je regagnais la maison épuisée. Après une semaine à Abidjan je me débrouillais plutôt pas mal !
De nature introvertie, il m’était difficile de me faire des amis. Un soir, après mon cours de linguistique, rien ne laissait présager que je ferais une rencontre qui bouleverserait ma vie. En effet, m’en allant vers l’arrêt, je voulus étancher une soif ardente qui me dévorait depuis peu. J’ouvris mon sac à la recherche de mon portemonnaie ! Point de portemonnaie ! Je renversai tout le contenu de mon sac. Et, toujours rien ! Comment vais-je rentrer à la maison? Je n’avais même pas d’unités pour espérer passer un appel téléphonique. Angoissée, je sentis mes larmes sur mes joues. Trop timide pour demander de l’aide, les larmes perlaient de plus bel! Soudain, je sentis une main sur mon épaule et une voix me demandant si j’allais bien. Je me retournai et vis un jeune homme me regarder avec tendresse. Mes pleurs furent la réponse à sa question. Entre deux sanglots, je lui expliquai la situation. Avec un sourire affable il m’interrogea sur madestination. Sans répondre à sa question, le visage toujours inondé de larmes, je continuais de le regarder. Filiforme, il était d’un teint très clair caractéristique des peuhls. Il portait une chemise pagne un peu défraichie mais qui lui allait bien. Il était bel homme. Il me regarda de nouveau, sourit puis m’annonça que je m’étais sûrement fait voler et proposa de me payer le transport.
Merci beaucoup monsieur ! Je promets vous rembourser cet argent ! le rassurai-je. -Il me regarda puis se mit à rire et medit qu’il acceptait ma proposition de rembourser son argent. Son rire dévoila une admirable et parfaite denture. Nous fîmes connaissance et ce fut le début d’une belle amitié. J’acceptai ainsi l’aide de cet homme. Je n’avais pas trop le choix de toutes les façons ! J’étais certes d’origine modeste, mais, mes parents ne lésinaient pas sur les moyens pour les études de leur fille. Mes frères, bien que déscolarisés, avaient tous réussi à s’insérer dans le tissu social et gagnaient convenablement leur vie. Mon bienfaiteur et nouvel ami se nommait Yssouf DIABY. Agé de 24 ans, Il était étudiant en licence de droit et habitait également chez un tuteur dans la commune d’Attécoubé. Mais contrairement au mien, le tuteur d’Issouf, un polygame, offrait un seul repas pour la journée que se partageait la maisonnée composée de ses 12 enfants, ses 3 femmes et ses 5 protégés. Ce repas se prenait après la prière de 18h. S’Il arrivait à Youssouf de le rater, il
dormait alors le ventre creux. Orphelin de père depuis l’âge de 11ans et aîné d’une famille de 4 enfants, il avait, à force d’abnégation et de courage, réussi à atteindre ce niveau d’étude. Ses petits frères encore jeunes étaient dans la ville d’agbaou auprès de leur mère. Pour se prendre en charge, il donnait des coursà domicile. Aussi longtemps que je me souvienne, je ne l’ai jamais vu triste. Yssouf était un homme intelligent, éloquent et polyvalent. Il parlait 3 langues couramment : le français, l’anglais et l’allemand. Il devint mon guide et me fit découvrir la ville d’Abidjan. Sociable, j’eus pour amis, grâce à lui, Ella et Bruno qui étaient dans la même faculté que moi.
Ma cousine Zeinab me taquinait sur ma relation avec yssouf. Elle avait désespérément tenté de m’entrainer dans ses virées nocturnes. Lasse, elleme lançait en riant : toi, tes parents sont pauvres, et c’est étudiant tu cherches! Quand en vacances, je regagnais mon Bondoukou natal, Yssouf et moi passions des heures au téléphone. A chaque rentrée universitaire, nous étions toujours heureux de nous retrouver. Cette belle amitié se mua en amour un vendredi du mois de juin, le soir de sa réussite à la maitrise de droit. Heureux, yssouf m’avoua ses sentiments. Surprise et un peu confuse, mais heureuse, je baissai timidement la tête. Comme j’attendais depuis longtemps ce moment magique! Un chaste bisou d’yssouf sur mon front, ce soir-là, scella notre union. Mais, musulmans pieux, nous décidâmes de faire les choses dans les règles de l’art: Nous découvrir après le mariage. J’étais également admise en deuxième année de Lettres Modernes. Son diplôme en poche, Yssouf se mit à la recherche d’un emploi. Et déposa des centaines de demandes infructueuses. J’ouvris ma petite cabine téléphonique afin de l’aider dans le transport et l’établissement de tous dossiersafférents aux concours. A 21 ans, j’étais devenue une belle jeune femme. Mon teint d’ébène et mes courbes callipyges ne laissaient personne indifférent: ce n’est pas le boutiquier du quartier ou mon prof de linguistique qui diront le contraire ; eux quiavaient tenté à maintes reprises de m’arracher un rendez-vous. A chacune de leurs tentatives, je refusais poliment. Yssouf représentait pour moi l’homme idéal. C’était lui et personne d’autre. Nous arrivions, grâce à nos économies, à envoyer de l’argent à nos parents. Quand Yssouf rentrait de ses recherches d’emploi, il passait toujours à la cabine où nous partagions ensemble mon repas du soir. Il restait là avec moi jusqu’à 23 heures, heure de fermeture de mon commerce. Il me raccompagnait toujours devant la porte de notre concession avant d’emprunter un gbaka* pour regagner le domicile de son tuteur.
Un jour pourtant, ses efforts furent enfin payants. On l’appela pour un entretien dans une entreprise. Mais, il n’avait rien à se mettre! J’en ris encore! Cap fut alors mis sur le marché de Kouté où on dénicha un costume de seconde main qui lui allait plutôt bien. Je cassai ma tirelire et lui offrit une paire de chaussures de 30 000 FCFA. Cet entretien fut concluant et se transforma en stage dans le servicejuridique d’une multinationale. Il était tout heureux. Quand il perçut sa première prime de stage de 100000 FCFA, il courut me la présenter et exigea que j’en prenne la moitié. Je refusai. Il insista, et je finis par prendre la symbolique somme de 5000 FCFA. Il s’investissait dans son nouveau travail. Ses patrons ne tardèrent pas à se rendre compte de son efficacité. Il devint rapidement incontournable et fut embauché. Ce jour-là, il m’appela en pleurs!
-
Aïd ma force -c’est comme ça qu’il m’appelait- Allah a entendu nos prières. Je viens de signer mon CDI !
Du haut de ma timidité, je ne pus m’empêcher d’esquisser quelques pas de danse. On s’offrit un repas dans un restaurant pour fêter la nouvelle. Ce soir-là, il me signifia son envie de m’épouser! J’acceptai en pleurant !Il m’informa de son salaire. Je tombai des nues en entendant la somme de 700 000 FCFA comme salaire de départ et une voiture de service 4X4 flambant neuve. Yssouf tenu parole etvint accompagné de son oncle s’enquérir des formalités du mariage. Désormais, au volant
de sa voiture, il me rendait régulièrement visite. Tout le quartier, ainsi que ma cousine Zeinab, nous regardait avec envie. Nous étions cités en exemple.
Le mariage religieux fut fixé pour le jeudi 17 février 2022 et le civil, le lendemain. J’étais si heureuse ! Ma belle-mère et ma mère étaient les organisatrices en chef. Elles voulaient un mariage grandiosealors que je ne partageais pas trop l’idée car je voulais un mariage sobre. Mais, elles m’écoutaient à peine. Yssoufse moquait gentiment de moi et me répétais que je méritais le plus beau des mariages. Une semaine avant la cérémonie, je me rendis à Bondoukou pour les préparatifs. Ella et Bruno, mes amis du campus, firent le déplacement pour me soutenir. Yssouf et ses oncles devaient se mettre en route le 15 février. La veille de son départ, comme à l’accoutumée, nous avons passé des heures au téléphone :
 -Aïd ma force j’ai hâte de t’épouser et faire notre équipe de foot! Mais si tu es sage ce sera une équipe de basket, dit-il en me taquinant. Ces propos d’entrée m’arrachaient un fou rire! Et c’était partie pour une longue discussion sur le droit des femmes. Après de longues et interminables heures à papoter, nous disions au revoir par ces paroles qui étaient devenues des formules de fin :
 -Y je t’aime ne l’oublie jamais!
 -Né bifèMme Diaby ! il est 3 heures du matin allons-nous coucher maintenant. Il faut que je te trouve en beauté demain. Bonne nuit mon cœur.
Le matin du 15 février 2022, après un message pour souhaiter un bon voyage à yssouf, je me rendis chez la coiffeuse et le couturier pour les derniers essayages. En cours de journée, J’essayai de joindre yssouf désespérément. Il était injoignable. Je me convainquis qu’ildevait être en route. Dans ma chambre, nous conversions à tue-tête, Ella, Zeinab et moi. Papa entra dans la chambre suivie de mes tantes. Je pensai que c’était pour me donner les derniers conseils avant le mariage. Soudain, Tante Affoua m’enlaça et je sentis ses larmes sur mon corps. J’étais confuse! Que se passait-il ? J’étais encore à m’interroger lorsque Papa se lança dans un monologue inaudible et finit par m’annoncer la terrible nouvelle: Yssouf, mon yssouf était mort ! Il avait été retrouvé mort, m’a-t-il dit, dans son lit au petit matin. Papa se trompe certainement. Yssouf ne peut pas mourir la veille de notre mariage! Qui plus est, j’ai parlé au téléphone jusqu’à 3h du matin avec lui. Je croyais rêver ! Mais, le cri de Zeinab me rappela que je nerêvais pas. J’entendais les gens pleurer autour de moi. Je restai là, pantoise, sans la moindre réaction! J’étais inerte, comme morte. Yssouf m’avait tuée. Oui Yssouf Diaby m’a tuée! Soudain, tout devint noir…On m’aspergea d’eau. Je revins à moi petit à petit. Je poussai tout d’un coup, un grand cri! J’avais mal! Je criais toute ma douleur, toute ma peine ! Je criai mon désarroi! Mais aucune larme ne sortit de mes yeux… Arriverais-je à pleurer ? Mais pleurer qui ? Yssouf ?
Je veux une feuille et un bic ! soufflai-je par une voix à peine audible. -On m’apporta du papier et un stylo. Tel un zombi, je me levai et m’assis sur la table au bord du lit. Je couchais les mots sur le papier, enfin, les larmes aux yeux. Tout le monde me dévisageait comme si j’étais folle !
Je m’appelle Aïda …
Je suis veuve avant même d’avoir été mariée. Je pleure un homme exceptionnel et amoureux des mots. J’espère juste que ses mots dont il était amoureux me permettront detrouver l’équilibretel un funambule sur la corde raide des maux qui m’assaillent…
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