Trophée des plumes 2022 - (Sophia)
3 pages
Français

Trophée des plumes 2022 - (Sophia) , livre ebook

-

YouScribe est heureux de vous offrir cette publication
3 pages
Français
YouScribe est heureux de vous offrir cette publication

Description

SOPHIA Snif, snif, snif le soleil ne s'est même pas encore levé et mon nez recommence à couler, faudrait dire que ce n'est pas de sa faute, moi qui suis là dehors dans cette atmosphère si froide qu'il y'a même des gouttes d'eau qui tombent, avec ce sous vêtement qui a plus de trous qu'une passoire et ce pagne qui couvre à peine mes genoux. Vous vous demandez surement comment se fait-il qu'un si petit enfant soit dans la rue alors qu'il n'est que 5h du matin. C'est parce que je n'ai pas d'endroit où aller Je m'appelle Sophia et j'ai 15 ans, je vis dans la rue depuis deux ans car j'ai dit la vérité. Mon père a répudié ma mère et ses responsabilités envers moi en même temps, car selon sa famille maman n'était pas une bonneĨĞŵŵĞ͕ ƋƵΖĞůůĞ ĂƉƉŽƌƚĂŝƚ ůĞ ŵĂƵǀĂŝƐ ƈŝů ĚĂŶƐ ůĂ maison et qu'elle avait la poisse, et oui toutes ces bénédictions n'étaient qu'un prétexte car ma grand-mère voulait que papa épouse sa cousine qui vivait en Europe, pour sa bonne situation financière. Au fond je dirais que papa aussi n'a jamais était contre cette idée, lui qui n'avait pas de travail et qui passait ses journées dans les salles de paris pour essayer de gagner de quoi acheter des mégots, à la maison les rôles étaient inversés car c'était maman qui se démenait toujours pour la dépense quotidienne et qui assumait toutes les responsabilités de papa, sans piper un mot. Je la soupçonnais d'être une "Linguère" ces braves femmes, ces héroïnes.

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2022
Nombre de lectures 74
Langue Français

Extrait

SOPHIA Snif, snif, snif le soleil ne s'est même pas encore levé et mon nez recommence à couler, faudrait dire que ce n'est pas de sa faute, moi qui suis là dehors dans cette atmosphère si froide qu'il y'a même des gouttes d'eau qui tombent, avec ce sous vêtement qui a plus de trous qu'une passoire et ce pagne qui couvre à peine mes genoux. Vous vous demandez surement comment se fait-il qu'un si petit enfant soit dans la rue alors qu'il n'est que 5h du matin. C'est parce que je n'ai pas d'endroit où aller Je m'appelle Sophia et j'ai 15 ans, je vis dans la rue depuis deux ans car j'ai dit la vérité.
Mon père a répudié ma mère et ses responsabilités envers moi en même temps, car selon sa famille maman n'était pas une bonnefeŵŵe, Ƌu'elle appoƌtait le ŵauvais œil daŶs la maison et qu'elle avait la poisse, et oui toutes ces bénédictions n'étaient qu'un prétexte car ma grand-mère voulait que papa épouse sa cousine qui vivait en Europe, pour sa bonne situation financière. Au fond je dirais que papa aussi n'a jamais était contre cette idée, lui qui n'avait pas de travail et qui passait ses journées dans les salles de paris pour essayer de gagner de quoi acheter des mégots, à la maison les rôles étaient inversés car c'était maman qui se démenait toujours pour la dépense quotidienne et qui assumait toutes les responsabilités de papa, sans piper un mot. Je la soupçonnais d'être une "Linguère" ces braves femmes, ces héroïnes. J'ai fini par me convaincre que c'était mieux d'avoir quitté la maison pour aller livrer ce combat improbable contre la vie avec mon héroïne.
Un an de galère, maman fit la rencontre de celui qui devait être notre porte de salut, l'homme avec la belle voiture et la grande maison. Pour une femme divorcée qui plus est avec une fille, maman a eu une prestigieuse cérémonie de mariage, ce qui d'accoutumé ne se faisait pas daŶs Ŷotƌe soĐiĠtĠ Đaƌ les feŵŵes divoƌĐĠes ĠtĠ vue d'uŶ ĐeƌtaiŶ œil. Moi j'étais contente car cette brave femme méritait tout et encore plus. Comme tout nouveau couple au début tout était comme un conte de fée, et moi je venais de passer mes trois pƌeŵieƌs ŵois à l’ĠĐole, Đet eŶdƌoit Ƌue je peŶsais Ŷe jaŵais fouleƌ. Mais uŶ ďeau ŵatiŶ j'ai pris le petit déjeunéeŶ ĐoŶteŵplaŶt l'œil au ďeuƌƌe Ŷoiƌ de ŵaŵaŶ, uŶe seŵaiŶe apƌğs je lui soignait le dos qui avait des coupures laissées par une ceinture, un mois plus tard maman revenait de l'hôpital pour un bras cassé, nos moments de discussion étaient devenus de longues et éternelles séances où seul le silence prenait la parole pour dénoncer le malheur qui planait sur nous. Une nuit d'hiver, alors que le ciel s'était paré de son beau sourire et de son collier à milles diamant, l'homme à la belle voiture enferma à clé maman dans leur nid pour venir ouvrir mon cocon. Cette nuit restera gravée à jamais dans ma pauvre mémoire car cette nuit, j'ai perdu mon avenir, cette nuit-là on m'a volé mon sourire, dans cette noirceur aveuglante j'ai pu admirer la facette la plus sombre de l'être humain, dans cette douleur j'ai compris que les larmes qui coulait sur mes joues étaient loin de manifester ou de représenter la mort qui avait frappé mon âme. De ma fenêtre la lune témoin de cette atrocité me fixé avec tellement de tristesse que mes yeux noyés, ne pouvaient plus supporter son éclat.
Vous pensez que c'était la seule fois ?
Et non cette situation dura 3 ans, 3 années durant lesquels j'étais la concubine de ma mère, jusqu'au jour où je décidai de tout lui avouer. Ce jour-là, ce que j'ai vu dans les yeux de ŵaŵaŶ Đe Ŷ’Ġtait pas du dĠgout, Ŷi de la Đolğƌe eŶĐoƌe ŵoiŶs de la tƌistesse ou de la hoŶte mais de l'impuissance. Ce jour-là, maman m'a battu tellement fort, comme pour me préparer à la vie qui m'attendait, oui car ce jour-là ŵaŵaŶ ŵ’a dĠshĠƌitĠ le visage tƌeŵpĠ de laƌŵes et ŵ’a ĐhassĠ de la ŵaisoŶ eŶ ŵe tƌaitaŶt de soƌĐiğƌe et ŵe soŵŵaŶt de Ŷe plus jamais essayer de la contacter car selon elle je voulais gâcher son mariage et la replongé dans la douleur d'une vie qu'elle ne pourrait supporter une deuxième fois. Loin de la haïr, ŵoi j’Ġtais ƌeĐoŶŶaissaŶte envers cette femme car ne pouvant rien contre lui. Pour me protéger,elle ŵ’a ĠloigŶĠ de Đe ŵonstre qui lui servait de mari. Depuis ce jour-là, je vis dans la rue, j'ai dormi partout là où mon petit corps fragile et frêle me permettait de m'allonger, J'ai vu tant d'inconnus monter sur moi profitant de mon impuissance, Là, j'ai vite compris qu'il existait des choses pires que la servitude quand on vit dans ces rues, avec la cruauté des regards remplis de pitié, lancés pas ses gens indifférents de ma condition. Assimilable à un moineau tombé de son nid à la merci des innombrables prédateurs que sont la faim, la maladie ou encore la mort, j'avais plus que jamais besoin de la douce chaleur de ma mère pour me réconforter et me rassurer, mais au lieu de cela j'avais la saleté et le froid comme compagnons. Durant des mois, j'ai erré dans ce labyrinthe, me nourrissant des restes que je tƌouvais daŶs les pouďelles deƌƌiğƌe les ƌestauƌaŶts et des fois ŵġŵe juste d’uŶ saĐhet d’eau pour toute une journée, en ce qui concerne mon nettoyage, je prenais mon bain grâce aux barriques d'eau que les maçons laissaient daŶs leuƌs ĐhaŶtieƌs et à l’aide de ĐaƌtoŶs dĠjà utilisés je me confectionnais un lit et des couvertures pour me protéger du froid de la nuit. Un jour je fis la rencontre d'un jeune garçon qui avait le même âge que moi, après avoir partagé son repas avec moi, il prit le soin de bien ouïr ma tragédie avant de m'inviter à rejoindre sa bergerie, un bâtiment qui n'avait pas livré toute sa splendeur et où il n'y avait ni électricité ni eau, mais de ce que je savais je n'avais pas de quoi me plaindre. Dans ce que croyais un refuge il y avait plein d'enfants dans la même situation que moi. La chose qui m'avait le plus marqué était que dans cet endroit très peux accueillant, et en dépit de la saleté, le sentiment de famine et la maladie qui te tendaient les bras. Depuis le seuil, on pouvait y ressentir la solidarité, l'amour des autres, la compassion, bref on pouvait y palper tous ces sentiments qui faisaient défaut à la rue.
Aujourd'hui ça fera une semaine depuis que j'ai suivi Souleymane et que je me suis installé dans ce splendide palace en ruine, Oui Souleymane ce garçon qui avait bien voulu partager avec moi sa nourriture, mon histoire et maintenant son toit. Les tâches que je faisais alors seule tel que mendier, ou encore faire les poubelles pour se nourrir sont devenues moins pénibles car elles se font à deux désormais. Dans nos périples à la recherche de quoi se mettre sous la dent, nous prenions des fois le temps de nous assoir devant un établissement et tout en regardant les autres aller se créer un avenir, de rêver à ce que nous aurions nous aussi eu droit si nous avions eu les mêmes armes pour vivre dans ce monde, nous rêvions parfois durant des heures chacun choisissant un personnage dont la vie est pleine de bonheur et que la maladie et la faim n'y avait de place, à la fin ces maux même qui viennent nous extirper violement de nos fantaisies pour rappeler que l'on n'avait encore rien avalé depuis deux jours et que toutes ces douleurs que l'on ressentait dans notre corps n'allaient pas s'en aller, sans la prise de médicaments dont on avait pas accès. Quant à la fin de la journée nous nous retrouvions avec seulement une miche de pain et quelques pièces pour acheter que quoi la tartiner et probablement un sachet d'eau pour aider à la faire passer, on se regardait et se disait que notre journée de dur labeur est aboutie. Et pendant que les
autres vivent, nous on survie. Nous femmes qui vivons dans la rue, nous n'avons pas de voix, nous sommes bafouées nous faisons simplement partis du décor de la ville pour certains ou aloƌs Ŷous Ŷe soŵŵes Ƌu’uŶ ŵoyeŶ pouƌ satisfaiƌe les viĐes d'autƌes Ƌui Ŷ'auƌoŶt de Đoŵpte à rendre à personne. Aujourd'hui je ne ressemble à rien, aujourd'hui j'ai plus peur de demain que de la mort.
Oh pauvƌe vie, je passe ŵes Ŷuits eŶ laƌŵes et ŵes jouƌŶĠes à essayeƌ de tƌouveƌ l’ĠƋuiliďƌe eŶtƌe la tƌistesse, la peuƌ, l’espoiƌ, le ďoŶheuƌ, la vie et la ŵoƌt.
Pouƌ toi Ƌui as volĠ ŵoŶ souƌiƌe, pouƌ toi Ƌui ŵ’as touché ce texte est pour toi
Pouƌvu de sa ĐoŶsĐieŶĐe, il ŵ’a souillĠ
DĠpouƌvu de ŵoŶ iŶŶoĐeŶĐe, il ŵ’a dĠpouillĠMoi Ƌui Ŷ’avais Ƌue ŵa fieƌtĠ Đoŵŵe ƌiĐhesseAujouƌd’hui je Ŷe ŵe ƌetƌouve Ƌue pƌopƌiĠtaiƌe de ŵa tƌistesse
DevaŶt ŵoŶ iŵpuissaŶĐe tu Ŷ’as pas hésité à profiter de ma faiblesse
Tes yeux plongés dans les miens tu as contemplé mon désarroi devant cette bassesse
Toi Ƌui devais ŵe pƌotĠgeƌ je t’ai doŶŶĠ ŵa ĐoŶfiaŶĐe et elle a ĠtĠ aďusĠe
J’auƌai voulu Ŷe jaŵais ĐoŶŶaitƌe Đette faĐette de l’ġtƌe huŵaiŶ, j’eŶ suis dĠsaďusĠeUtiliser mon pauvre et fragile corps pour assouvir tes besoins Aujouƌd’hui devaŶt Đe ŵiƌoiƌ je ŵĠpƌise Đe ƌeflet doŶt jadis je pƌeŶais soiŶDevaŶt Đette glaĐe je Ŷe vois plus Ƌue le ŵalheuƌeudž Đadavƌe d’uŶe fille aďusĠeMoi quiavais pleiŶs de ƌġves aujouƌd’hui je suis deveŶue uŶ vieudž toƌĐhoŶ usĠ
Je passe mes nuits blottis contre moi-même en sanglot et en larme
Je ŵe seŶs ŵouƌiƌ et il Ŷ’LJ a peƌsoŶŶe pouƌ tiƌeƌ la soŶŶette d’alaƌŵe
A qui pourrais-je faire part de ce qui au fond de moi me ronge et me tue ?
Si seulement il y avait une personne sur terre qui pouvait entendre mes cris, le pourrais-tu ?
Comment peut-on se miroiter après avoir fait un tel acte
Je suis sure que cette personne avec le diable il a fait un pacte.
Devant cette triste situation je ne vais pas pleurer, non pas de larme Je vais plutôt pƌeŶdƌe ŵa voidž et ŵ’eŶ seƌviƌ de feƌ de laŶĐe, oui elle seƌa ŵoŶ aƌŵeNon pas pour conscientiser ou sensibiliser mais pour dénoncer; oui Đ’est ŶoƌŵalCar quand on est capaďle de Đe geŶƌe d’atƌoĐitĠ et de ĐoŶtiŶueƌ à vivƌe oŶ Ŷ’a poiŶt de ŵoƌal
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents