Trophée des Plumes 2022 - (Souviens-toi, Ariska!))
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Trophée des Plumes 2022 - (Souviens-toi, Ariska!)) , livre ebook

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Description

Souviens-toi, Ariska ! K ¶. Des ténèbres battent en retraite devant une lueurQDLVVDQW GDQV O¶KRUL]RQ 8QH ERXJLH finit sa course sur un cadenas posé sur la table de chambre. Des restes de chikwangues trainent encore là, à même le sol, en attHQGDQW G¶rWUHjetés dans la poubelle« Ariska me réveille. Affolée, cheveux en bataille,OH F°XUbattant la chamade, elle met la chambre sensGHVVXV GHVVRXV FRPPH XQH IHPPH TXL D SHUGX VRQ EpEp j O¶hôpital. Pêchée de mes rêves les plus romantiques, convoquée par sa rage, elle me lance cette question à la figure, que je reçois comme une claque : Je ne vois pasO¶DUJHQW TXH M¶DYDLV PLV GDQV Pa valise !? - Sous la moustiquaire, le sommeil plein les yeux, je scrute les quatre coins de la pièce pour me rassurer que je suis bel et bien revenue du voyage onirique. Je ne sais que lui répondre. 'HYDQW PRQ VLOHQFH OD FROqUH G¶$ULVND DWWHLQW sonpoint culminant. Elle soulève le filet, se met à mon niveau sur le lit et me secoue pour que je retrouve mes esprits. Avec cette fois une voix inquisitrice HOOH PH UpFODPH VRQ DUJHQW O¶DLU SUHVVp: - - Sarrive, je chercheO¶! Cinq cents dollars! Réveille-toi, réveille-toiargent, mon Dieu G¶DERUG, debout ! «? Dans cette chambrecinq cents dollarssaurai même ?!? Mais comment jeToi ? Surprise, désormais assise sur le lit, les sourcils froncés, je lui réponds.

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2022
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

Souviens-toi, Ariska !
05h30’. Des ténèbres battent en retraite devant une lueurnaissant dans l’horizon. Une bougie finit sa course sur un cadenas posé sur la table de chambre. Des restes de chikwangues trainent encore là, à même le sol, en attendant d’êtrejetés dans la poubelle
Ariska me réveille. Affolée, cheveux en bataille,le cœurbattant la chamade, elle met la chambre sensdessus dessous, comme une femme qui a perdu son bébé à l’hôpital. Pêchée de mes rêves les plus romantiques, convoquée par sa rage, elle me lance cette question à la figure, que je reçois comme une claque :
Je ne vois pasl’argent que j’avais mis dans ma valise !? -Sous la moustiquaire, le sommeil plein les yeux, je scrute les quatre coins de la pièce pour me rassurer que je suis bel et bien revenue du voyage onirique. Je ne sais que lui répondre. Devant mon silence, la colère d’Ariska atteint son point culminant. Elle soulève le filet, se met à mon niveau sur le lit et me secoue pour que je retrouve mes esprits. Avec cette fois une voix inquisitrice, elle me réclame son argent, l’air pressé:
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Sarrive, je cherchel’! Cinq cents dollars ! Réveille-toi, réveille-toiargent, mon Dieu d’abord, debout ! ? Dans cette chambre cinq cents dollars saurai même ?!? Mais comment je Toi ? Surprise, désormais assise sur le lit, les sourcils froncés, je lui réponds.
Ma colère qui couvait au fond de moi commence à gagner en intensitéparce qu’elle m’a brusquement réveillé, comme on réveille notre cadet de six ans à qui on apprend la ponctualitéà l’école, alors que je suis de cinq ans son ainée et héritièreautant qu’ellede la famille, même si je suis néed’une autre mère et que je traine encore au lycée en dernière annéeet elle à l’université.J’afficheun sourire jaune.Cela m’arrive souventlorsque je tente de diluer ma colère, ma fureur.
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J’ai l’air de quelqu’un qui blague? Arrête ce jeu de cache-cash, je parle de MON AR-GENT! Je l’avais sur moi il y a deux jours. Je ne le retrouve pas.C’est où?
J’ai envie de répliquer: « Suis-je ton portemonnaie ?C’est à peine que je reçois l’informationque tu avais cinq billets verts soigneusement cachés dans ta valise ! » Jen’ai pas finide panser la dernière blessureque sa mère ma marâtre m’a infligée.Vivre dans une famille recomposée, où on adopte, depuis le décès de ta mère, toutes les attitudes extrêmes à ton égard, ne te permet pas de garder un équilibre affectif, de trouver la paix et la sérénité. Il arrive toujours une situation qui te déstabilise et fait de toi le coupable privilégié. Alors là, tu as envied’exploser, de réagir énergiquement afin de reconquérir ton humanité en leur rendant la monnaie de leur pièce pour toutes les injusticesqu’ils t’ont fait subir. Mais quand tu te rends compte que position-là ne feraqu’attiser les flammes ette créer des problèmes supplémentaires, tu fais un effort surhumain de te retenir. Je me retrouve actrice de premier plan dans un problème très épineux, mais qui ne me concerne ni de près ni de loin. Je maitrise la rage de lui cracher tout haut ce que je rumine tout bas. Toujours sur le lit, je passe une main sur le visage afin d’y éliminer les dernières traces de sommeil.Je remonte une bretelle de l’uniquerobe de nuit dont je dispose, fatiguée autant que moi de vivre ce cauchemar depuis mes douze ans. Elle est maintenant debout, les bras croisés, les jambes en Aqui n’arrêtent pas de bouger, attendant de moi des explications.
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Je ne sais pas,ndeko! Fouille calmement tes effets et laisse-moi finir mon sommeil, je lui réponds pacifiquement.
Ariska me confie souvent de ses soucis pécuniaires. Et je lui viens en aide quand je peux. Mais avec elle,l’inverse n’estjamais possible.Et pendant que j’y pensed’ailleurs, elle ne m’a jamais confié des espèces sonnantes et trébuchantes, même pas un billet de cent francs en mauvais état. Et là, déranger mon sommeil de rêves pour une histoire dont je ne maitrise ni les tenants ni les aboutissants, me parait saugrenu.Je lui demande de s’occuper de ses oignons et de me laisser cultiver mes tomates. Les mains sur les hanches, elles’interrogeà voix haute :
Quelqu’un n’était-il pas entré ici dans la chambre ? Hein Sarrive ? Même la boîte de -sardines que j’avaislaissée là ne se voit pas ! -06h00’. Désorientée, elle se remet à fouiller.Elle ne dépose plus de l’argentà la banque. Elle a perdu confiance aux banques qui tombent en faillite sans prévenir. La trousse est passée au peigne fin. Rien. Et les chaussettes ? Le soutien ? Même à ces endroits, il n’ya rien. Elle sarcle samémoire pour éplucher ses moindres faits et gestes d’il y a deux jours, à la réception de la somme. Rien ne filtre. Récupérés via une agence de transfert, elle avait pris soin de noter les numéros de la série de chaque billet sur un papier duplicateur qu’elle avait enroulé soigneusement. Mais lessouvenirs s’estompent netà la chambre. Une grosse boule lui noue la gorge. Je décèle la peine qui la ronge, ressens la rage qui en elle remonte, lis le désespoir de l’infortunée, qui entame son visage lentement mais sûrement. Elle est au bord de l’explosion.Elle risque de ne pas être admise à la session des épreuves prévues bientôt dans son université.
Désorientée et pour préciser ses craintes, elle se tourne encore vers moi, optimiste. Elle m’affiche une mine déconfite, comme pour me signaler qu’elle ne badine pas avec l’argent.
Es-tu sûre que tu n’as pas… PRIS, je veux dire VU…ça par hasard, Sarrive ? -La question qui frise uneaccusation gratuite m’inconforte. Elle est là en train d’insulter mon honnêteté, d’exciter ma susceptibilité. Nous autres enfants des premières épouses, on est condamnées, avantd’êtreentendues, au tribunal des marâtres. J’aidéjà tout perdu dans ce foyer. Mon père, ma place, ma dignité. Laseule chose qui me reste c’est ma réputation. Grondez-moi pourn’avoir paseffectué toutes les tâchesménagères avant d’allerau lycée. Mais je n’accepterai jamais au grand jamais de subir des remontrances qui entament ma moralité et partant, crachent sur les précieuses leçons de vertuque ma mère m’a apprisespour une histoire d’argent. Non, ma sœur,amie fidèle, oublie mon que c’est moi qui rapporte toujours des cartes, des morceaux de papier importants, des billets laissés par mégarde ou par piège dans les poches des parents après la lessive, elle oublie toutes ces années passées ensemble à partager le même lit, la même nourriture, les mêmes draps, les mêmes serviettes hygiéniques, la même moustiquaire, à fêter les réussites, à essuyer les échecs pour cinq cents dollars !?Chez nous, il n’ypas de mort naturelle, de succès naturel, et en cet instant, de a disparition naturelle. Puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu,deviens coupable présumée, je voleuse camouflée, hypocrite de mauvais goût. Difficile de garder mon sang-froid.
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Si je ne te le demande pas, à qui vais-je demander? On n’est qu’à deuxici.L’argent a des jambes maintenant ? Ils’est fait des ailes? Je ne blague pasavec l’argent, même si tu es masœur.Je veux mon argent.Mon argent c’est mon argent!
Mama, depuis douze ans que je suis avec toi, rien de tel ne s’est produit. Dans les rares cas, c’est moi qui te sors de l’impasse.Tálá simà zongá moto kooooh, souviens-toi, Ariska !
Pas question ! Je vais fouiller ta valise ! -Et pourquoi donc ? -Si tu ne te reproches de rien, laisse-moi voir ! -Non, je ne te le permets pas. Tu me traites de voleuse, cest ça Ariska ? -Prouve-moi le contraire ! Çava se savoir aujourd’hui! -Elle noue avec décision son pagneavant de s’exécuter. Je suis debout. Traite-t-on pareille affaire assise ? Aidée par son poids, elle me bouscule ets’empare de ma valise. J’ai dit que tu ne fouilleras pas dans mes affaires. Nooon, arrêeeete, Ariska ! -Aprèsl’avoir éventrée, elle tombe sur une de mes trousses. Déverse le contenu sur le lit. Elle y voit un bordereau :Bafuidinsoni Sarrive 100 $ (Cent dollars américains) Frais de bac. Ariska explose comme un grain de pop-corn.
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Pourquoi ? Pourquoi ma sœur?...Pour l’amour du ciel,rends-moi-même le reste que tu n’as pas encore utilisé.
Je la regarde hébétée, pétrifiée, tétanisée.J’ai envie d’aller aux extrêmes. Mais la phrase de maman me revient à l’espritNe coupe pas à la machette tout ce que tu peux couper au: « couteau ! » Je reste donc de marbre dans mon je-ne-sais-pas-où-es-ton-argent.
--
Je te jureque ce n’est pasle tien. Tu accuses une innocente. Réfléchis-bien,ma sœur. Si tu n’avoues paston forfait, je serais obligée d’en parler à maman. Je sais que tu n’exerces aucune activité qui puisse te permettre de régler ces frais avant le retour de papa.
J’appris plus tardqu’ellem’avait justement caché cette somme, que sa mère avait reçue de notre père, pour ne pas paraitre injustes. Sa mère avait pesé de tout son poidspour qu’on lui transférât cet argent au plus vite.On s’était occupé d’elle etmoi... Je me mets à pleurer avec elle. Chaque larme qui perle sur ma joue endolorie, draine une déception inouïe.J’angoisse à cause du manque de bénéficedu doute qu’Ariska a refusé dem’accorder. Est-ce parce que je suis sa quasi-sœur?On dit que quand on n’a pasété nourri au même sein, quel que soit le degré d’intimitéentretenu, on reste à moitié étranger. Elle sort de la chambre. Pour aller chercher sa mère ?
7 heures 00’.Un soleil roux envoie ses rayons à travers les claustras de la chambre. Je me lève, les yeux larmoyants,décide de remettre de l’ordre dans cette chambre.Tour à tour, je soulève le rideau transparent, range vêtements dans la valise et documents éparpillés. Je passe un coup de balai sous le lit. Mille morceaux de papiers en sortent au premier coup. Au second, une boite de sardine et quelque chose qui ressemble à du papier blanc, bien plié. Il roule jusqu’aux pieds d’Ariska, qui est debout devant la porte de la chambre. Il est en partie déchiqueté, le papier. Ariska essaie de se soustraire à l’évidence qui se présenteà elle. Le papier ramassé dégage une odeur d’huile.Elle reconnait à peine,la mort dans l’âme, ce qui reste des numéros de la série qu’elle avait pris soin de noter: EL34331…, la calvitie de Benjamin Franklin, lebuste d’Ulysses Grant, le sommet du Capitole qui gratte un ciel nuageux, certains mots de la devise :In God we trust, une partie du ruban bleu de sécurité, ont été méticuleusement rongés par les rats.Festin à l’américaine, les dollarbivores!
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