Trophée des plumes 2022 - (Trouver l'équilibre)

Kangue Oumarou Zeynab

Informations

• Publié par: Zeynab888
• Date de parution: 31 mai 2022
• Nombre de lectures: 51
• Langue: Français

Extrait

C’est l’histoire d’une femme meurtrie dans l’âmeet abattue par les vicissitudes de la vie. AMINA de son nom, pure peulhde la région d’Adamaoua fut tiré de ses penséespar l’appel à laprièrede Fajr de la mosquée voisine. N’ayant pas fermé l’œilde la nuit, elle revoyait une énièmefois le plan qu’elle avaitétablipour l’assassinat de son ex-conjoint et son suicide peu après.

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 Elle avait prise toute les dispositions pour mener à bien son plan. A 19h45, elle serait libre dans tous les sens duterme. Ayant choisi de s’hotterla vie après la prièred’Ishar, la dernière prière de la journée. Espérant ainsi implorer le pardon pour ses péchés. Des années auparavant, elle n’aurait jamaispensé finir ainsi. Apres 30ans d’une vie de coupleoù son conjoint représentait toute sa vie, ce dernier la répudia sans explication. Depuis lors, elle est en souffrance seule dans cette ville sans famille, ni enfant ; même ses voisins la fuyaient. A croire que personne ne voulait d’elle. Mis à partl’imam de la mosquée voisine, un vieil homme d’une grande bonté, qui vient la voir de temps en temps, personne ne se soucied’elle. Du haut de ses 41 ans, elle mené une vied’ermite solitaire. Ses journées se résument à son travail de secrétaire chez un particulier au petit marché et sa maison, s’enfermantà double tour la plus part du temps.En plein dépression depuis sa séparation d’avec ALHAJI, elle s’est noyée dans les fléaux du désespoir. Sa décision de mettrefin à ses jours, elle l’avait prise depuis des mois. Mais ayant nourri tant de haine à l’égard de son ex-conjoint, il était inenvisageable pour cette dernièrede le laisser s’en sortir aussi facilement. Ala vie, à la mort disait-on,n’est pas? Ils allaient rendre leurs comptes ensemblesdans l’au-delà. Son plan était simple, trouver n’importe quelle excuse pour le faire venir eten finir.Et pour cela, elle s’était procurée du poison. Cependant, elle ne se doutait pas du mal qu’elle aurait à leconvaincre de venir cet après-midi. Mais cela en valait la peine. Tout se passait à merveille, le repas était près. Le sourire aux lèvres, la poudre de poison en main, elle allait en fin lui faire payer pour tout le mal qu’il lui a fait subir. Mais ALHAJI avait plus d’une heure de retard, elle commençait à s’inquiéter. Où peut-il bien être ? Aurait-il changé d’avis? Elle ne cessait de regarder l’heure, se frottant les mains moites en tentant de contrôler sa respiration.Elle devait se calmer. Il n’a tout simplementpas vu l’heure passer.Tout allait bien se passer. Il fallait que tout se passe bien.

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Assalamou Aleykum ! Ahmina Aleykum Salam ALHADJI, bienvenu. Merci, comment tu vas ? Ça va bien Alhamdoulilla ALHADJI, et de ton côté ? Dieu merci, tout va bien.

Il y eu un silencegênant pendant qu’elle s’afféraità lui servir à manger et à boire. ALHADJI se contenta de la regarder, comme s’il était à la recherche d’une autre personne; une autre version d’elle. Serait-il nostalgique ? Non ! AMINA le connaissait trop bien pour savoir qu’il se portaità merveille depuis leur séparation. Lui vivant dans sa grande maison, et elle, elle était coincée dans ce taudis, dans ce quartier miteux, entourée par tous ces gens détestables. Voilà bientôtun an maintenant qu’elle vit cet enfer,il n’a même pas cherché à la

revoir. Lui arrive-t-il même de pensait à elle ? Songeait il peut être même à se remarier ? Elle ne le permettrait pas.Apres tout le mal qu’il lui avait fait? Il ne perdait rien à attendre, ne se doutant pas de ce qu’elle lui avait préparé pour finirses jours en beauté avec en bonus son plat préféré. Elle lui servit une grosse portion. Brûlant déjàd’impatience, elle sesurprit à l’imaginée à l’agonie à ses pieds.Mais avant qu’il n’ait le temps d’avalerquoi que ce soit quelqu’un toqua à la porte.

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Assalamou Aleykum, retentit la voix de l’imam. Ahmina Aleykum Salam, s’entendit dire AMINA à contre cœur.

L’imam s’assit avec ALHADJI dont il était familier.En effet, ils se connaissaient depuis des années.C’est d’ailleurs lui qui les avait présentés. A l’image d’un père, il était mainte et maintes fois intervenu dans leurs querelles, allant jusqu’à rompre les liens avec ce dernier lorsqu’il là répudia du jour au lendemain. Ainsi, malgré sa surprise de les trouver ensemble, il fut heureux qu’ils aientfinalemententerré la hache de guerre. C’est pour cela qu’il acceptal’invitation d’ALHADJI de partager son repas. Aussi, ils se mirent donc a mangé avec appétitle folléré qu’elle avaitpréparé. Songeant au poison, elle remercia le ciel de ne pasl’avoir utilisé. Elle avait changéd’avis à ladernière minute, jugeantque c’était trop lâche, voulant le voir souffrir, battu à mort, à l’agonie à ses pieds implorant sa pitié.Et c’est ce qu’elle entrepritde faire, une fois que l’imam fut parti. Elle abattit un bâton de toutes ses forces sur son crânependant qu’ils’activait, assit, de dos,sur les marches de l’escalier, à faire ses ablutions pour la prière d’ishar;et le regarda s’écrouler sur le sol.Avant même qu’elle eut le temps d’exprimer sa joie, des coups tels des éclairs retentissant à la porte la firent sursauter.La voix de l’iman l’interpelaitde l’autre côté de la porte, qu’elle avait pris soin de clore après son départ. Totalement paniquer et tremblant de tous ses membres, elle réussit tant bien que mal à trainer le corps inerte d’ALHADJI dans sa chambre avant d’aller ouvrir la porte à l’imam qui s’impatientait déjà.

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Très chère, j’ai failli prendre racine. Désolée Imam, j’étais au toilette. Et ALHADJI, pourquoi n’est-il pas venu m’ouvrir? Hum, Il n’est pas là. Il est déjà parti? N’est pas ses chaussures que je vois là? Ou… Oui c’est bien ses chaussures, il en a pris d’autres pour aller à la mosquée Ah! Dans ce cas je le verrai surement là-bas, moi aussi j’y allais, mais j’arrive plus a retrouvé mon chapelet. J’ai dû surement le laisser ici.

Une fois qu’AMINA luieut rendu son chapelet qui était effectivement dans un coin, sous le canapé du salon; l’imam s’en alla aussitôt. Et peu après on entendait déjà sa voix retentir dans le haut-parleur, exhortant en arabe les fidèles à se rendre à la mosquée. Apres sa dernière prière qui lui prit plusd’une demi-heure, elle entreprit de lire quelque verset coranique et fini par réciter des invocations, espérant secrètement retarder l’inévitable. Mais elle se résolut finalement à prendre le poison, non sans sourire à l’idée d’être prise dans son propre piège, perdant aussi tôt sa gaietélors qu’elle aperçut le corps d’ALHADJI gisant sur le sol de sa chambre. Une mort indigne ! Voilà cequ’elle méritait. Une belle punition. Quoi de mieux que la mort pour une criminelle? Une meurtrière voilà ce qu’elle était désormais. Avait-elle au moins des regrets ? Bien sûr! Evidement qu’elle en avait. Elle regrettait d’avoir

écouté cette voix maléfique au fond d’elle.Cette voix qui ne cessait de lui rappeler à présent ce qu’elle était devenue. Un monstre!

Et c’esttourmenté par son ‘’moi’’ intérieur qu’elle avala le poison et fut emportée dansun abime de trou noir.

AMINA repris conscience dans un hôpital, la visionencore trouble. Que s’était-il passer ? Qui l’avait sauvé? Est-cel’imam? Ira-t-elle en prison maintenant ? Une marée de question se bousculait dans sa tête, tant bien qu’elle n’avait pas remarquéune présence à ses côtés. Et eut un sursaut en voyant la personne à son chevet.

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Ma chère, pourquoi m’avez-vous assommé ?

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AMINA fut prise en charge par un psychologue qui lui diagnostique des troubles bipolaire avec une dépression sévère. ALHADJI comprenait désormais les causes du comportement d’AMINA qui l’avait poussé à la répudier. En effet, les sauts d’humeur et l’agressivité de cette dernière avait eu raisonde lui. Elle fut alors prise en charge, retrouva son équilibre mental et sa vie conjugale.