Trophée des plumes 2022 - (Un chemin, des rêves)

Raïs Abdoullah

Description

"Un chemin, des rêves" est une nouvelle qui aborde un problème d'une complexité abyssale à savoir l'émigration clandestine et la ruée des jeunes vers l'Europe à la recherche d'une nouvelle vie... Il serait superflu de vous en dire plus car l'œuvre s'en chargera . Bonne lecture

Informations

• Publié par: Abonne-221778671280
• Date de parution: 02 juin 2022
• Nombre de lectures: 188
• Langue: Français

Extrait

 Un nycthémère, des jours, des semaines, des mois se sont passés et qui sait peut-être, une éternité , l'écoulement du temps était illusoire dans ces circonstances qui donnaient l'impression que tout était statique.

Sur la pointe de l'embarcation, se dressait un jeune homme noiraud, sourire rebel , regard juvénile , dents Lavescents avec des muscles ressemblant à des noeuds en Ibre de carbone; jumelles à la main il guettait l'horizon dans l'espoir de repérer une bande de terre, il tenait informer le chef d'équipage. es grandes vagues s'abattaient devant lui, les passagers se débrouillent à leur façon pour éviter l'eau salée. Quinze jours, ils sont là empilés dans une sorte de paquetage à court de provisions, parfois des petites querelles internes de personnes se sentant étouFées, des visages crispés, énigmatiques; des visages de désolation . ïls étaient venus de divers pays, Sénégal; Mali; Gambie; Mauritanie; Soudan... Un écosystème identitaire typiquement subsaharien, tous sensiblement du même âge, en proie à la même misère. Au milieu, Wally tout pâle et faible la vie n'avait plus de goût pour lui. De temps en temps il grignotait les restes de pain sec qu'il avait emporté sur lui avec ses lèvres brouie par la soif. Certains, infatigables essayaient de causer vainement, la peur et le regret d'avoir pris cette alternative à leurs risques et périls était lisible sur leurs visages car des phénomènes inexplicables eurent lieu durant leur périple.

 ïls sont plus de 198 migrants, en route pour l'Espagne; ils essaient de passer via la Méditerranée Occidentale au niveau du détroit de Gibraltar malgré les complications récentes.

On est vendredi, il est approximativement 6h30mn dans la mosquée de la Divinité située aux Mamelles. Racky est intégralement en mlahfa blanche silencieuse et méditative, chapelet en ivoire à la main elle prononçait continuellement la même oraison. Elle était assise inclinant de manière modeste la tête et formulait des paroles de grâce. Ses larmes tombaient sur sa poitrine, Wally occupait ses pensées.

Tête baissée et appuyée sur sur ses genoux, Wally revisitait les méandres de ses vagues souvenirs à tendance kafkaîenne et sitôt plongé dans cet univers onirique avec le doux souvenir de l'enfance, l'apaisement que lui procurait cette voix intérieure, celle de sa mère, sa seule lumière fut interrompu par une main posée sur son épaule gauche.

— Qui a-t-il jeune homme? Tu sembles perdu dans tes songes...

— Hmmm... ronchonna Wally quelques instants avant de retourner dans son mutisme encore.

Cependant l'homme ne sembla pas être résolu à laisser le garçon qui visiblement ne voulais pas discuter.

— Tu sais le jeune, les gens cherchent souvent deux choses , tu sais lesquelles ? es choses qu'ils ont perdu ou celles qu'ils n'ont pas encore acquéri .

Malgré ces paroles le jeune Wally n'était pas toujours réactif mais le monsieur ne s'arrêta pas . " Trouves l'équilibre , Carpe Diem " , il laissa entendre et à cet instant , comme revenu à lui-même Wally répliqua .

— Comment? ïl se tus un moment et reprit comment peut-on trouver cet équilibre le mal est partout.

— le mal, dit son interlocuteur l'air amusé. e combat est bien plus complexe continue t'il, il faut savoir que tu es caché à toi par toi même et au lieu de faire face parfois tu rejettes ce qui t' arrive sur une entité autre appelé le mal. Soulages ta conscience mon ami, la colère consume celui en qui , elle vit.

Wally secoua la tête de façon perplexe et l'homme, tel qu'un mollah poursuivit son sermon.

 Un jour un groupe demandèrent à un éminent souI, Rumi ceci " qu'est ce que la colère? "ïl répondit " a non-acceptation de ce qui est hors de notre contrôle. Si nous l'acceptons, cela devient de la tolérance..."

e bien et le mal sont deux entités nécessaires à l'équilibre de l'univers cependant à toi de savoir quel camp servir, trouves ta voie et boniIe toi avec le temps...

Wally remua la tête à nouveau avant d'acquiescer avec un petit sourire.

e soleil dominical s'est réfugié dans son antre inconnu, dans la pénombre, détendu, Wally se laisse porter par le cours paisible du temps mais aussitôt ses pensées sybillines, mêlées à son humeur atrabilaire, qui rôdaient comme des spectres. En plus des symptômes aussi désagréables telles que l'anxiété et l'aversion, dont il ne parvenait pas à se libérer il est frappé d'une peine incurable aggravé par l'intensiIcation des paroles abjectes professées à l'endroit de sa personne et sur sa généalogie et il lui était impossible de trouver une issue. e voici depuis des semaines appareillé dans cette

embarcation longue et elée empruntant un sillage périlleux à la recherche d'une vie meilleure, d'une équilibre existentielle , ils sont tous là pressés les uns contre les autres comme des harengs en caque, le regard morose, partageant qu'un seul lien : leur misère commune. Si pour certains le départ est motivé par le climat politique insupportable qui persiste dans leurs pays respectifs pour d'autres éventuellement c'est pour fuir les conditions économiques aggravées par les épidémies mortelles comme en témoignent la malaria, l'Ebola et le Sida. ïls ont la connaissance intime qu'ils peuvent périr n'empêche ils empruntent la mer, comme chaque année d'ailleurs les Lux migratoires grimpe en Lèche de manière géométrique.

 À l'arrière de la péniche, le Capitaine qui avait susamment les coudées franches, Ier tel un conquistador maniait avec une habileté notoire le gouvernail, à peine on entendait les voix des quelques Coryphées s'élever, un hymne envoûtant dont l'ample incantation rappelaient à Wally les récits de son tendre enfance que lui contés sa mère . ïls lui rappelaient continuellement, comme chaque soir d'ailleurs les paroles de la bonne dame , les paroles parfois inquiétantes exprimées avec un registre fantastique , et d'une étrangeté surréelle sous ce froid polaire et glacial.

 « Nous sommes à quelques Kilomètres des les Canaries laissait entendre le capitaine et je crois qu'un autan s'approche.»

Soudainement, les vrombissements du réacteur s'arrête à ces temps de grandes précipitations dans ces gouFres amers. Une peur pyrogène se It sentir , il y'avait une violente agitation dans l'air et avec une rage brusque et chaotique, la pirogue s'enfonce de manière fâcheuse sous les coups de la tempête. Tout le monde lutte dans un esprit de corps, la pirogue se heurte à la résistance acharnée des vagues mais en vain ce fut la panique et la confusion . « Aucune raison de s'alarmer », essayait de rassurer Seydi, le chef de bord mais sans eFet considérable, conscient du danger le jeune capitaine lébou implorait au plus profond de son âme les génies protectrices, il appelait solennellement les Ndiaré et es Coumba Castel, il invoquait Allah, priait sur tous les Saints, dans la foule quelques pater noster. Cependant un orage soudain s'abbatit sur ces pauvres migrants à la peau calcinée par l'ardant soleil de misère, malgré la peur les maestros poursuivirent leurs feintes artistiques sous ces vents impétueux tentant de décanter la situation. l'eau s'empara du matériel, et avec un grand vacarme il le fend en deux. es uns luttent désespérément pour s'accrocher, les autres s'entretuent et les plus forts s'échappent tandis que les faiblards se noient plongeant dans une nuit éternelle. Avec une rage brusque et chaotique, les restes de pirogues

s'enfoncèrent lamentablement sous les coups de la tempête dans cette immensité insondable.

Dans le tohu bohu, ce chaos incontrôlable et viscéral Wally lutte, spasmodiquement, son coeur battait la chamade mais son intrepidité et son obstination inexorable lui donnèrent la force susante pour s'appuyer sur une planche. A cet instant, débattant pour sa survie le charme se rompit, ses larmes coulèrent tout semble durer un lustre son débit cardiaque s'accélère, sa force se dégrade. ïl passa en revue son existence, les yeux rivés sur sa disgrâce; au bout de ses forces; il perd sa motricité et tombe en syncope.