Trophée des plumes 2022 - (Votre titre de publication)
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Trophée des plumes 2022 - (Votre titre de publication) , livre ebook

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Description

Ce document parle d'un jeune qui s'est retrouvé cisaillé entre ses obligations professionnelles et celles familiales. Il l'a découvert au moment où il avait le plus besoin de la famille. Hélas ! Les choses se sont passées autrement. Tierno ne découvrira l'ampleur de ses responsabilités que quand il fera face à la famille qui s'est constituée en tribunal.

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2022
Nombre de lectures 104
Langue Français

Extrait

Il était 9 h du matin. Quelques voisins, les sages du quartier et des collègues pressés étaient là. La nourrice se faisait pomponner le visage de poudres de toutes les couleurs, les plats couverts de feuilles aluminium posés çà et là. De passage dans la cour, un sage interpella Tierno et lui demanda ce qu’on attendait pour annoncer le prénom du nouveau-né. La belle-famille, répondit-il. Les collègues partaient un à un après avoir mangé, pour ceux qui en avaient le temps. Une heure passa, il n’eut qu’une vingtaine de personnes. Il demandaà son épouse d’appeler les parents du côté de la belle-famille. Tierno, lui, se chargea de contacter sa famille pour avoir des nouvelles. Grande déception de part et d’autre, il semblerait que ceux qui ont prévu de prendre part à ce baptême soient tous là. D’aucuns ne daignaient même pas répondre au téléphone. Ceux qui répondaient, avançaient des arguments aussi improvisés qu’incompréhensibles.Les sages qui attendaient l’autorisation de Tierno, impatientaient. Le photographe, après avoir bombardé la nourrice et son enfant de dizaines de clichés, s’ennuyait sur son téléphone à scroller sur les réseaux sociaux. L’épouse de Tierno dépeignait son visage poudré toute la matinée. La maquilleuse ne comprenant pas pourquoi la nourrice noyait soudainement son maquillage de chaudes larmes, interpella Tierno et lui expliqua la situation. Le temps pour lui de calmer son épouse, l’imam l’interpella en lui signifiant l’impatienceparoxystique des sages. Sur ce, Tierno donna un papier blanc contenant le prénom du bébé à l’imam et lui fit signe de procéder à l’annonce. Un jeune se chargea de chercher la chèvre qui broutait l’herbe en attendant son heure. Dans une ambiance morose, l’imam observa l’animal se vider de sa dernière goutte de sang avant d’annoncer timidement le prénom. Un griot de circonstance le répéta à haute voix, en cherchantl’heureux élu qui venait d’avoir un homonyme, afin que celui-ci manifeste sa joie comme il est de coutume, mais personne ne répondit. Les présents firentce qu’ils peuvent pour manifester un semblant de joie en donnant quelques billets de banque au griot. La nourrice prit quelques images plus tristes que belles, avec ceux qui étaient là. Quelques minutes après, la cour était quasiment vide. Mais les plats de nourriture, eux, étaient tous remplis à craquer. Les participants ont pris ce qu’ils veulent et peuvent prendre.Les voisins s'empressèrent de venir avec des bols et sachets plastiques pour prendre suffisamment à manger. Dans un coin de la cour, un chiense gavait tout seul d’un bol de riz au gras, de l’autre côtéla volaille pataugeait dans du couscous bien arrosé. Que s’était-il passé ? Tierno tourna la question dans tous les sens, sans réponse satisfaisante. Ce sombre jour est loin de ce qu’avait prévuTierno. Les questions fusaient dans ses neurones à lui figer le regard. Pourtant, le baptême n’est pas une surprise. C’est par césarienne que l’accouchements’est fait. Il s’est donc passé deux semaines entre la naissance et le baptême, pour permettre à la nouvelle mère de se rétablir. La famille est en conséquence largement informée de la cérémonie. La première semaine aprèsl’accouchement,dès la descente du boulot à 16 Tiernoh 45, rejoignait son épouse à l’hôpital où l’attendait sa belle-sœur qui assuraitle relai à son absence. Il en profitait pour joindre par téléphone les principaux membres de sa famille et de sa belle-famille. Dans la deuxième semaine,son épouse fut libérée de l’hôpital et rentra à la maison. La belle-sœur de Tierno aménageadonc à la maison pour aider, car lui doit travailler tous les jours du
lundi au samedi. Il n’a de ce fait, pas le temps de rester à la maison. Son employeur ne luidonnaitqu’un jour de congé pour le baptême.Ses parents biologiques n’étant pas vivants, il était obligé de faire les démarches avec sa seule sœur de lait vivante et un oncletrèspeu disponible. Pourtant, c’est une grande famille.Chaque soir, après le travail, pour le respect des ainés, Tierno passait dans les familles pour informer de la tenue de la cérémonie en précisant la date et l’heure communément fixées comme le veut la tradition. Tous les jours de cette dernière semaine, il rentrait tardivement à la maison, éreinté par les immobilisations liées aux interminables embouteillages de Conakry et les quartiers difficiles d’accès. Le lendemain, il recommençait la même galère.Un matin, son patron lui fit la remarque selon laquelle, il y a du retard sur certains dossiers. Ce que le patron ignorait, c’est que Tierno, en plus de ses heures de travail, restait parfois volontairement une heure de plus au bureau pour prendre de l’avance sur certains dossiers. Cependant, cette semaine, vu la charge cérémonialequ’il avait, il ne pouvait pas rester une heure de plus, sans quoi, il ne rentrerait chez lui qu’à minuit, voire après.Tierno occupe un poste important dans cette entreprise. Il n’a pas d'assistant, pas d’intérimaire saufs’il est encongé. Il est donc tenu de travailler et de donner le meilleur de lui-même. Intelligent, il finit par trouver un moyen de compenser le manque, en ne prenant pas sa pause d’une heure. Il montait avec son déjeuner,à défaut, ilmettait quelqu’un à la tâche pour lui en chercher, pendant que lui, continuait son travail. Il prenait une dizaine de minutes pour manger et cinq minutes pour ses autres obligations. Ce qui lui permettait de gagner quarante-cinq minutes. Aussitôt, il se remettait dans le box qui lui servait de bureau pour taper sur son clavier, signer, scanner, classer, cacheter des documents, etc. Il faisait tout ceci dans un crépitement incessant de son téléphone fixe professionnel et de sa ligne personnelle, où sa femme l’appelait généralement pour des achats à faire au marché ou à la pharmacie en rentrant. À 16 h 45, il s’empressait de rabattre le capot de son ordinateur, enfiler son blazer, badger et sauter dans sa toute nouvelle voiture pour s'éterniser dans les monstrueux embouteillages. Ceci fut son calvaire de la semaine jusqu’à la veille de la cérémonie, où il a été obligé de laisser sa voiture en famille pour qu’un cousin accompagne les femmes au marché pour l’achat des condiments pour la cérémonie, en même temps, récupérer la chèvre. Ce jour, Tierno n’arriva chez lui qu’aux environs de minuit, alors que sa femme était en train d’allaiter le bébé qui n’arrêtait de téter que pour vagir. Les femmes du quartier étaient encore là et quelques membres de la famille, pour cuisiner. Chez nous, la cuisine commence souvent la veille pour reprendre activement très tôt le jour de la cérémonie, afin que tout soit prêt avant 10 h pour les baptêmes. Le soleil du baptême se leva donc brillamment, mais peu à peu tourna à la tristesse et à la solitude. Tierno avait pourtant fait de son mieux, deux semaines durant, pour que tout se passe bien. Le dimanche qui a suivi ce triste jour, une réunion de famille devait avoir lieu comme chaque fin du mois. Tierno y va une fois sur deux. Cette fois, c'est prévu qu’il prenne part.Silencieux, il n’intervint pas tout au long de la réunion. Cependant, il ne savait pasque dans l’ordre du jour, c'était prévu de parler de sa cérémonie et de ce qui s’était passé.Quand le débat fut ouvert sur le sujet, un oncle très attaché à la tradition, vida son sac à rancœurs.D’autresfirent de même. Tierno les écouta attentivement sans les interrompre, car c’est une personne habituée à la pression et aux réunions houleuses.
Il est reproché à son couple de ne pas prendre part aux cérémonies et aux réunions de famille. Il lui est reproché de ne pas rendre visite aux familles et d’êtresouvent absent dans les retrouvailles. On lui donna la parole. Mais,avant de dire son premier mot, il réfléchit à ce qu’il devra dire et faire pour que la famille comprennequ’il a desobligations professionnelles, tout en corrigeant ce dont on reproche à son couple. C’est d’ailleurs une question qu’il devra aborder avecson épouse, une fois sorti des griffes du tribunal familial.
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