Tuez-les.com
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Description

"J’interrompis ma lecture, refermai le livre et déposai mes lunettes sur le petit guéridon devant moi. Je savourai avec délectation cet instant magique qui séparait la fin de ma lecture des applaudissements. Bien qu’habitué depuis quelques années à cet exercice de diction de quelques chapitres de ma dernière œuvre devant un parterre de fans, je ne me lassais pas de cette courte jubilation. Cette fois, comme les autres, les applaudissements crépitèrent dans cette grande librairie située au milieu de la rue de la Convention dans le quinzième. L’auditoire, installé en arc de cercle autour de moi, était principalement féminin, leurs visages souriants me regardaient, admiratifs".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414429714
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composér Edilivre
194 avenue du président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-42970-7
 
© Edilivre, 2020
Du même auteur :
Du même auteur :
La lagune sera votre linceul : Ed. Société des Écrivains. 2016
Les souvenirs ne meurent jamais : Ed. Edilivre. 2018
Exergue
 
« Rien ne dure et pourtant rien ne passe. Et rien ne passe justement parce que rien ne dure ».
Philip Roth
 
« Sophie reposa sa brosse à cheveux sur la coiffeuse, jeta un dernier regard sur le visage qui lui faisait face dans le miroir, elle le trouva élégant bien qu’un peu fade. Elle rangea ses pots de crème et accessoires de maquillage sans entrain, se dirigea vers la porte fenêtre de sa grande chambre qui donnait sur le parc. Les cyprès qui bordaient l’allée centrale reliant le portail en fer forgé à la demeure ondulaient paresseusement au gré du souffle du vent chaud.
Une pie perchée sur le rebord du toit, éploya ses longues ailes et se dirigea paresseusement vers un des bosquets d’asphodèles qui avait pour fonction d’agrémenter une pelouse qui n’en avait plus que le nom. Elle avait les yeux désespérément fixés sur les graviers dans l’attente de voir apparaître le long capot de la Jaguar type E gris clair. La pendule en or plaqué qui trônait sur la cheminée de la chambre sonna onze coups. Ce bruit de crécelle qu’elle détestait la sortit de sa rêverie. Elle détourna la vue de cette allée immobile et se dirigea vers la salle de bain attenante à sa chambre afin de se préparer pour le repas du midi. Sa mère avait organisé une petite réception à laquelle elle avait invité la famille Giraud au grand complet. Ces notables de la région habitaient une propriété voisine dont ils avaient hérité d’un oncle éloigné, décédé dans son écurie à la suite d’une ruade d’un de ses chevaux de course. Veuf et sans enfant, il avait rédigé son testament en léguant l’intégralité de sa richesse et de ses biens à son seul et unique neveu dont il n’avait de nouvelles que lors des fêtes de fin d’année, allez donc savoir pourquoi… Le père Giraud, contremaître dans un chai sur les contreforts de Roussillon, avait quitté ses fonctions roturières pour s’adonner à la gestion de ses biens, à la suite de l’héritage. C’était un homme petit, replet, sans envergure avec un visage rougeaud en poire qui rappelait les dessins de Daumier. Il s’employait à longueur de journée, et particulièrement quand il était en compagnie, à copier les codes vestimentaires et dialectiques d’un monde qu’il ne connaissait pas. Pas avare d’aphorismes et de lieux communs, il parlait fort en finissant ses phrases, qu’il croyait drôles, par un soubresaut qui secouait son double menton. Son épouse beaucoup plus introvertie semblait vouloir compenser les fresques et maladresses de son mari en lui demandant doucement de parler moins fort, tout en s’excusant auprès de l’auditoire des écarts de son mari. Elle était son opposé, grande, fine et sans âge, elle était d’une grande discrétion et ne prenait la parole que si on la questionnait. Ses réponses donnaient toujours l’impression de s’excuser de sa présence. Ils avaient deux garçons de dix neuf et vingt et un ans qui répondaient aux doux prénoms d’Isidore et de Fernand, en souvenir de lointains aïeuls. Boutonneux, le cheveu gras, ils avaient beaucoup de mal à quitter l’adolescence d’autant que leurs tenues vestimentaires ne les aidaient pas. Les pantalons trop courts, les vestes étriquées et de gros godillots les faisaient passer pour des lycéens attardés.
Les parents de Sophie s’étaient mis en tête de présenter le grand fils à leur seule et unique fille d’un an sa cadette. Le projet d’une éventuelle union entre les deux jeunes tourtereaux n’ayant pour objet que de regrouper, protéger et développer les biens des deux familles, surtout immobiliers, en conservant un entregent qu’ils pensaient prétentieusement indispensable à leur milieu. Odette, la mère de Sophie avait présenté le jeune Fernand à sa fille comme étant un bon parti. Certes, il lui avait manqué quelques arguments flatteurs sur son physique, sa culture et sa stature de jeune adulte pour être tout à fait persuasive. Elle avait cependant enveloppé le prétendant dans un contexte général, insistant sur les biens et les revenus confortables de la famille. La vigueur supposée de ce grand jeune homme devant assurer une joyeuse progéniture.
Malgré tous les efforts de sa mère, Sophie ignorait ce prétendant, n’ayant des yeux de Chimène que pour Paul, un grand et beau jeune homme de vingt sept ans qu’elle avait rencontré trois mois auparavant, lors d’une réception donnée par une de ses amies à l’occasion de son anniversaire. Le coup de foudre avait été immédiat entre les deux jeunes gens. Beau comme un Dieu, beau parleur, charmeur, il avait tout de suite conquis le cœur tendre et disponible de la belle Sophie. Il avait une réputation de grand séducteur dans la région et avait fait trembler bien des cœurs et soulever bien des jupons. Il faisait briller les yeux des femmes, rendait jaloux les jeunes hommes de son âge et était détesté par les parents qui voyaient en lui un danger pour l’équilibre de leur jeune fille. Les parents de Sophie n’échappaient pas à cette règle et tentaient par tous les moyens de détourner l’attention de leur fille de ce dangereux prétendant. Peine perdue, Sophie ne voyait que lui, et se voyait déjà quitter le cercle fermé familial. Il lui avait promis de l’amener dans sa Jaguar décapotable découvrir sous le soleil estival, cheveux au vent, la grande corniche. Elle se voyait telle Grace Kelly aux côtés de Gary Grant au volant d’une Sunbeam, capote baissée, roulant sur la moyenne corniche, s’arrêtant sur le bord de la crête dominant la mer pour échanger un baiser brûlant. Scène culte de « La main au collet » qu’elle avait vue et revue.
Ce jour là, son Gary Grant avait promis de venir la chercher pour lui faire découvrir des coins reculés du Lubéron à bord de sa Jaguar.
J’interrompis ma lecture, refermai le livre et déposai mes lunettes sur le petit guéridon devant moi. Je savourai avec délectation cet instant magique qui séparait la fin de ma lecture des applaudissements. Bien qu’habitué depuis quelques années à cet exercice de diction de quelques chapitres de ma dernière œuvre devant un parterre de fans, je ne me lassais pas de cette courte jubilation. Cette fois, comme les autres, les applaudissements crépitèrent dans cette grande librairie située au milieu de la rue de la Convention dans le quinzième. L’auditoire, installé en arc de cercle autour de moi, était principalement féminin, leurs visages souriants me regardaient, admiratifs. Ils avaient entendu de la voix de l’auteur, un extrait du livre qu’ils avaient acheté et dont ils attendaient une dédicace. Je me tournai vers Madame Tournier gérante de l’établissement et son associée, une jeune femme qui répondait au doux nom de Mélanie, toutes deux assises à mes côtés. J’avais répondu à leur demande de cette lecture publique, comme je l’avais fait lors des précédentes sorties de mes livres. Je ne voyais pas vraiment l’intérêt de me prêter à cet exercice, mais leur insistance pour que je rencontre une partie de mon public fidèle avait fini de me convaincre. Leurs visages épanouis me rassurèrent. Je n’étais pas vraiment satisfait de ce dernier roman que je trouvais trop fleur bleu, avec une fin convenue, et une histoire d’amour sans grand relief. Mais mon public s’en était contenté et un prix littéraire avait couronné ce manuscrit. Les ventes étaient bien parties et devaient chatouiller, aux dires de mon éditeur, voire dépasser les vingt mille exemplaires un mois après la sortie. Cela méritait bien un investissement personnel dans les lieux de vente et les médias. Cette exposition médiatique n’était pas ma tasse de thé, mais comment y échapper sans que cela n’impacte les ventes ? Une fois les applaudissements terminés, je me levai, rajustai ma tenue et me dirigeai vers un petit bureau placé pour l’occasion sur un côté de la librairie afin de dédicacer les livres. Derrière moi, des présentoirs regorgeaient des derniers prix littéraires, certes plus prestigieux que celui que je venais de recevoir, mais était-ce un sésame pour des ventes record ? Je n’en étais pas persuadé. Les lecteurs s’étaient mis en file indienne devant mon bureau, me tendant leur livre. Chacun y allant de sa petite phrase de remerciement pour ce que leur procurait la lecture de mon roman, L’amour est à portée de main . Je rédigeais une petite dédicace où je me forçais à être original, mais au bout de la vingtième, l’imagination me faisait défaut et comme d’habitude je reprenais la formule du début et ainsi de suite jusqu’à la fin de la file. La direction de la librairie avait prévu un petit raout où des personnes influentes de l’édition, de la presse spécialisée et de certains médias étaient attendues. Je me demandais si l’attrait pour les petits fours de chez Frédéric Bastien, le champagne grand cru et les prestigieux whiskies écossais, n’avaient pas un pouvoir plus attractif que la rencontre avec l’auteur de la dernière bluette à la mode. Question sans réponse et de toute façon je ne pensais pas souhaiter le savoir. L’éclairage blafard des néons avait supplanté la lumière déclinante de cette soirée d’automne. Mes aficionados quittaient peu à peu la librairie, satisfaits de leur après-midi. Madame Tournier et Mélanie, absentes pendant la séance de dédicace, s’étaient activées pour aménager l’espace en vue de la réception. Après avoir donné les directives au personnel, elles me rejoignirent au centre de l’établissement où je papotais avec une des dernières admiratrices des suites que je pensais donner à ce roman. Leur arrivée me libéra de cette di

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