Un ange passe
166 pages
Français

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Un ange passe , livre ebook

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Description

Six femmes, très diverses, réunies par leur travail – obscur, exploité – dans un secrétariat. Des circonstances particulières, différentes pour chacune, vont les unir contre leurs patrons, exploiteurs corrompus. La révolution féminine est en marche, pleine de légèreté, d'humour et d'amour, et triomphera dans les rires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 août 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414078721
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-07870-7

© Edilivre, 2017
Elisa, dimanche, 16h
Diiiiis, quand reviendras-tu-u-u-u ? Diiiiis, au moins le sais-tu-u-u-u ?
Elisa vautrée en vrac sur son lit pas refait depuis la putain de nuit si on peut appeler ça une nuit et il est déjà quatre heures de l’après-midi mais qu’est-ce qu’on s’en fout c’est dimanche toute la putain de journée, Elisa pas plus refaite que le lit essuie la larme au coin de l’œil toujours le gauche allez savoir pourquoi qui perle automatiquement à chaque fois et ça en fait bien trente que douloureuse Barbara pleure le disparu envolé parti avec une autre, une blonde sûrement. Ça doit être les u qui chaque fois la mettent dans cet état, u , uuuuu …, u ça ulule c’est lugubre, ou alors c’est les tu, les tu réservés à l’amant et encore en chuchotant, les tu qu’on n’a pas le droit de galvauder, le type hier soir qui voulait coucher tout de suite c’était clair, il aurait dit vous elle aurait peut-être marché, il aurait dit vous êtes belle ce soir, non, vous êtes très belle, tout simplement, elle aurait dit quoi ? Eh bien tiens elle n’aurait rien dit elle aurait coulé le-regard-étrange-ému-profond, celui qu’elle a mis au point devant le miroir au-dessus du lavabo, ils auraient encore dansé langoureux, elle la tête un peu renversée en arrière parce que ça met en valeur la ligne de la mâchoire qu’elle a parfaite dans cette position-là, on ne voit pas le petit double menton hérité de sa mère, la vache, sa sœur ne l’a pas alors pourquoi elle ? Elle aurait coulé LE regard qui en dit long, pas besoin de parler, elle aurait esquissé juste esquissé c’est important LE sourire énigmatique, et en dansant ils se seraient approchés de la baie grande ouverte sur la nuit parfumée étoilée et côte à côte s’effleurant de la hanche et un peu de la jambe ils auraient pensé à la même chose mais sans se le dire, ils auraient pensé à leurs deux corps nus et superbes enlacés embrasés dans la pénombre d’une chambre immense avec lit à baldaquin et feu dans la cheminée qui fait danser des lueurs sur…
Mais le mec a dit tu ne veux pas qu’on aille chez moi finir la soirée ? Comme ça, brutal, et il était petit et chauve et lippu et elle a toujours peur d’avoir un fou-rire avec un chauve elle ne sait pas pourquoi, ça doit être le souvenir de l’oncle Alain qui avait la main baladeuse, elle regardait son crâne avec la peau brillante où tout se reflétait et ça la faisait rire, elle avait treize-quatorze ans ou peut-être même moins c’était un sacré cochon l’oncle Alain. Oui, voilà le mec petit chauve lippu qui dit tu comme ça comme s’ils avaient gardé les cochons ensemble (ça se garde les cochons ?) et il n’y avait pas de baie ouverte pas la moindre dans cette saloperie de boîte enfumée, pas de nuit étoilée parfumée il pleuvait froid et noir en sortant avec Martine-sa-copine et elles sont rentrées à pied, trois quarts d’heure sous la pluie, souvent le samedi soir Elisa va dormir chez Martine et de Pigalle à Bastille ça fait une trotte, en parlant des types qui les avaient draguées, Martine si on la croit elle passe sa soirée à repousser les assauts d’un bataillon de Schwartzies, mais il ne faut pas lui dire que ce n’est pas vrai parce qu’elle se vexe et s’il n’y a plus de Martine-sa-copine, alors il y a quoi qui reste ?
Ah ! Barbara longue dame noire… Elisa qui est petite et rousse et un peu ronde un peu seulement, étendue sur son lit relève la tête et tant pis pour le double menton elle est toute seule, Elisa regarde sa jambe qui émerge du peignoir éponge bleu fatigué. Comme ça, un peu repliée, ça lui fait un genou presque pointu et une jolie cuisse blanche qui s’allonge avec la perspective, une longue cuisse blanche donc avec quelques taches de rousseur, elle en a partout, qu’est-ce qu’il a dit ce type comment il s’appelait déjà ? Ah oui ! Franck. Sûrement pas son vrai nom d’ailleurs, n’empêche il était drôlement costaud un peu brutal mais costaud, et qu’est-ce qu’il a dit ? « Tu ressembles à un œuf de pluvier », voilà ce qu’il a dit et elle ne savait pas si c’était du lard ou du cochon, parce qu’elle ne savait foutre pas ce que c’est qu’un pluvier, ça ressemble à plumier et à pleuvoir, elle ne voulait pas avoir l’air d’une inculte, mais il a dit « tu sais ce que c’est qu’un pluvier ? » et elle n’a pas eu besoin de dire que non elle ne savait pas ce que c’est qu’un pluvier parce qu’il a tout de suite expliqué que c’était un joli oiseau des marais qui pond des œufs pleins de taches rouquines, joli oiseau c’était bien, un œuf c’est moins sûr, et rouquines elle n’aime pas du tout mais bon…
Elisa rabat le peignoir sur sa jolie cuisse blanche et longue et s’étire et soupire elle soupire souvent ces temps-ci et elle en a marre de soupirer, elle décide de changer d’humeur et elle se fait une vague de rogne pour remplacer la mélancolie, pour se bouger un peu, quoi ! Sinon elle va finir comme ça le putain de dimanche déjà bien entamé, et elle s’assied au bord du lit.
Diiiis, quand reviendras-tu-u-u ? Diiiis, au moins le sais-tu-u-u ?
Il ne reviendra pas, connasse, c’est foutu-u-u, bien fait pour ton cu-u-ul. Elle arrête la mini-chaîne posée sur la table basse près du lit, un truc japonais qu’elle s’est offert à crédit aux Nouvelles Galeries, si elle ne se fait pas de cadeau qui c’est qui lui en fera ? Ils sont forts les japs, il y a cette touche repeat que Martine n’a pas, elle, ça permet de repasser le même morceau tant qu’on veut, jusqu’à plus soif, ça lui fait penser où il est le Coca ? Ah oui par terre au pied du lit, elle en boit un coup au goulot, bien sûr il est tiédasse décidément ce dimanche est vraiment pourri faut qu’elle se lève. Faudrait qu’elle prenne une douche mais ça rime à quoi une douche à cinq heures de l’après-midi quand le ouikende est presque fini et puis l’idée de la douche dans le renfoncement près du lavabo avec le plastique qui vient se coller aux fesses dès qu’on ouvre l’eau elle ne supporte pas, en plus il faut être dessous et tirer le rideau pour ouvrir les robinets sinon on en met partout et c’est froid et puis brûlant le temps qu’on ait réglé si on y arrive et ça non plus elle ne supporte pas, en tout cas pas un dimanche à cinq heures, et puis c’est pas comme si elle avait couché, là oui elle prendrait une douche, mais ça ne risquait pas dans cette boîte pourrie elle n’en est quand même pas à embarquer n’importe qui en tout cas pas un petit chauve lippu qui dit tu comme ça comme s’ils avaient gardé…
Parce que quand même, faudrait pas faire un complexe elle se dit en laissant tomber le peignoir et en allant se mettre de profil devant la porte qui n’a pas de porte de la salle d’eau puisqu’on l’appelle comme ça. La porte, il a fallu l’enlever parce que sinon on est collé le ventre contre la porcelaine froide du lavabo, faute de recul, et ça non plus elle ne supporte pas.
Donc, de profil, à un mètre de la porte, elle a pile sa tête et son buste dans le miroir, jusqu’à la taille. Et, en levant les bras, mains croisées sur sa nuque, en s’étirant, quoi, comme Jane Fonda au réveil dans Barbarella, un vieux film d’accord mais on n’a jamais fait mieux et elles peuvent toujours se rhabiller les Britney ou les Madonna, d’ailleurs elle va se payer un lecteur DVD dès qu’elle pourra rien que pour se le passer tank et plus, Martine en a un, elle, mais c’est facile quand on a une mère qui vous file du fric à Noël, et puis elle rechigne, Barbarella encore ? Qu’elle dit. Eh bien oui, quoi, c’est une inculte, Martine !
… donc, les bras levés, il faut avouer que ça lui fait une sacrée poitrine. Un peu lourde, mais juste ce qu’il faut, ça donne envie de la soutenir de la main doucement, par en dessous, mais elle ne peut pas parce qu’il faudrait baisser un bras et c’est tout de suite moins bien, mais c’est mieux d’imaginer que c’est un homme qui le fait, un grand ébloui qui s’approche par derrière et qui l’entoure de ses bras et qui ose à peine toucher, ose donc ! Ça lui fait penser à ses fesses et elle tire le tabouret et monte dessus, comme ça maintenant elle ne voit plus ses seins et c’est aussi bien parce qu’elle a baissé les bras, mais elle se voit de la taille aux genoux, et là c’est un peu préoccupant parce que les fesses ça ne remonte pas comme les seins quand on lève les bras et il faut dire qu’elles sont un peu comment dire ?
Eh bien oui, il ne faut pas reculer devant la vérité : elles sont comme celles de sa mère, quoi ! Enfin, elles sont sur le chemin. Merci Maman. Elle ne pouvait pas être grande et mince comme la mère de Martine, non ? Au lieu de ressembler à un pot à tabac avec ses toutes petites jambes en poteaux ? Elle, elle n’est quand même pas comme ça, elle n’a pas la cuisse longue d’accord, en tout cas vu comme ça c’est même un peu court et trop large de profil, de face aussi d’ailleurs mais moins, mais c’est surtout la fesse qui est préoccupante. Si encore elle était ronde, vraiment ronde. Mais non, elle est… approximative, voilà le mot. C’est bien d’avoir les mots, c’est ça l’avantage quand on n’est pas inculte, mais ça ne modèle pas les fesses pour autant. Modelez vos fesses qu’ils disent dans Femme libre qu’elle prend toutes les semaines au kiosque. Avec des exercices en body sur le tapis, elle a essayé une fois, pas vu de vraie différence après, mais il faut peut-être persévérer comme ils disent.
Bon ! Rien n’est parfait dans la vie dis-toi ça Elisa. Martine est comme sa mère, d’accord, mais elle est comment sa mère ? Elle est maigre comme une chèvre et elle commence un alsacimère, c’est même pour ça qu’elle file du fric à sa fille, c’est parce qu’elle ne se souvient jamais de ce qu’elle lui a déjà donné, d’ailleurs toute

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