Un goujon de la Meuse
224 pages
Français

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Un goujon de la Meuse , livre ebook

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Description

« Nul ne guérit de son enfance » chantait Jean Ferrat.
Ce recueil de textes témoigne de l’attachement de Gilles Basse à la nature et au milieu rural. Si le sujet n’est pas original, la façon de raconter ne peut laisser le lecteur indifférent, tant l’auteur aime jouer avec les mots et les situations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414058174
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05815-0

© Edilivre, 2017
Dédicace


A mon père qui, depuis qu’il a quitté ce monde, ne me quitte pas d’un pouce.
Un goujon 1 de la Meuse
Les lieux et les personnages sont totalement fictifs et toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Mais à cette formule rituelle, j’ajouterai… quoique !
Fresnes-en-Woëvre, village de sept-cent-soixante-dix âmes, s’étend sur neuf kilomètres carrés, soit neuf-cents hectares pour parler comme les paysans. Pas facile à prononcer, ce mot Woëvre, pour qui n’est pas du crû. La plaine de la Woëvre est située entre les Côtes de Meuse et les Côtes de Moselle. C’est au cœur de ce bourg de Lorraine que je vous invite à prendre connaissance de l’histoire suivante.
Autrefois, Fresnes se distinguait du village lorrain type village-rue dont les maisons sont juxtaposées pour se tenir chaud le long d’une rue principale. Fresnes était un chef-lieu de canton – il l’est toujours – au territoire assez vaste et qui ne comportait pas que des fermes, comme les petites communes. Des commerces y étaient installés : trois boulangers, deux bouchers, une quincaillerie, une modiste, des cafés, deux hôtels-restaurants, un Coopérateur, un Familistère, deux garages, la poste, des écoles et également une pharmacie et un médecin généraliste. Il y avait même une gare. Un tortillard desservait les villages de la plaine et des petites agglomérations comme Etain.
Le village a la particularité d’être traversé par un cours d’eau, le Longeau, qui aujourd’hui est canalisé et bordé de barrières mais qui, autrefois, servait d’abreuvoir aux animaux et de dépotoir. Deux lavoirs avaient été construits sur son cours et les ménagères s’y retrouvaient régulièrement. Elles emportaient le linge dans de grands baquets transportés sur une brouette. Le bruit des battoirs et les rires des femmes allaient bon train. Le linge mouillé pesant plus lourd, il arrivait qu’un mari vienne aider sa femme à rouler la brouette pour le retour et le malheureux essuyait les quolibets de toutes ces mégères. Des sourires s’échangeaient entre les laveuses qui se demandaient si la femme de Paul n’attendrait pas de la jeunesse. Le lavoir était leur domaine, on s’y faisait des confidences et les hommes y étaient à peine tolérés.
Le village comptait plusieurs fermes de tailles différentes. La plus importante était tenue par Mangin Charles et se trouvait à l’écart à un kilomètre de Fresnes, au lieudit Aulnois. Ensuite venaient les propriétés Ligier, Basse, Lévieux, Clément suivies par Delawoëvre, Liénard, Pilot… On y pratiquait la polyculture et l’élevage. La terre argileuse était difficile à travailler et demandait beaucoup d’ardeur aux hommes.
La première guerre mondiale avait laissé d’horribles traces dans cette plaine de la Woëvre. Dans la forêt des Eparges, 100 000 hommes sont tombés pendant cette tuerie. Alain Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes, était parmi eux. Il est mort à la tranchée de la Calonne, là où aujourd’hui les chasseurs de la région se retrouvent pour tirer le sanglier. Un autre écrivain sera également victime de la « grande guerre », comme fut appelé ce massacre : Louis Pergaud, mort à Marchéville, à trois kilomètres de Fresnes. Un monument est érigé à Fresnes en son honneur. Le Maire de l’époque, Bernard Lemasson, a accepté que la commune prenne en charge un square au nom de l’écrivain car le village de Marchéville n’avait pas les moyens d’une telle réalisation. Cette décision a été critiquée en son temps mais celui qui préférait « la guerre des boutons » n’est-il pas mieux dans un gros bourg pour que l’on se souvienne de lui ou pour que, tout simplement, son nom soit encore prononcé.
Léon Basse, de la ferme de La Malère, avait été appelé comme bien d’autres pour repousser « l’envahisseur teuton » et regagner l’Alsace et la Lorraine. A cette belle propagande militaire, les paysans ne souscrivaient pas. Ils constataient surtout qu’ils abandonnaient leur exploitation et que leurs femmes devaient se charger du travail. Elles se préoccupaient essentiellement des animaux, les terres restant non cultivées pour la plupart.
Le régiment de Léon avait été affecté près des Eparges, dans cette région où la quantité d’obus tombés au mètre carré fut telle que des cratères appelés « entonnoirs » subsistent encore autour de ce fameux lieu stratégique, le point X. Léon retrouva Albert Evrad de Sommedieue et au fil des jours, dans le bruit de la mitraille, les deux hommes se lièrent d’amitié avec « un Parigot ». En réalité, il venait de Villers-Cotterêts mais pour Léon, dès que tu avais passé les Côtes de Meuse, tu devenais un parigot. « Le Costaud » était le surnom d’Eugène Loigerot et il est vrai qu’il était fort et de haute stature. Les trois hommes avaient conclu une sorte de pacte d’amitié éternelle s’ils réussissaient à sortir indemnes de cette poudrière.
Léon avait profité d’une permission pour épouser Jeanne Frougny, native de Trésauvaux, village voisin. La guerre terminée, chacun reprit ses occupations professionnelles : Léon et Albert dans leur ferme et Eugène dans son entreprise de carreleur. Ils se promirent alors de se revoir au moins une fois l’an. C’est ainsi qu’Eugène prit l’habitude de venir passer quelques jours à Fresnes, chaque année, au moment de la fête patronale c’est-à-dire le premier week-end du mois d’août. Il était reçu à bras ouverts chez le jeune couple et n’hésitait pas à mettre la main à la pâte dans les travaux de la ferme. Comme son ami Léon, il aimait s’occuper des chevaux. Il ne tarda pas, lui non plus, à prendre épouse. Les années suivantes, c’est accompagné de Marie-Louise qu’il venait passer sa semaine de congés annuels. Eugène s’associa à son beau-frère René, carreleur lui aussi, et tous deux entreprirent des chantiers importants, allant même jusqu’à carreler des églises comme celle de Cergy Pontoise. Ne craignant pas le travail, Eugène gagnait bien sa vie.
Pour ne pas trop déranger leurs amis Léon et Jeanne, Eugène et Marie-Louise achetèrent une maison à Fresnes, dans la rue Sainte Anne où était située la ferme de La Malère. Cette acquisition devenait d’autant plus nécessaire qu’une petite Juliette gazouillait maintenant au sein du couple depuis novembre 1922. Jeanne et Léon quant à eux, avaient déjà deux enfants, Marguerite et Hubert né lui aussi en 1922, au mois de janvier.
A la ferme, un ouvrier, Eugène Legendre, venait en aide à Léon, essentiellement dans les travaux des champs. Il avait sa chambre près de la cuisine et faisait pour ainsi dire partie de la famille, ce qui était loin d’être le cas dans d’autres fermes. Des habitudes quelque peu seigneuriales subsistaient encore dans les rapports entre fermiers et ouvriers.
Léon avait la passion des chevaux et se réservait le plaisir de s’occuper de l’écurie. Les vaches laitières réclamaient beaucoup de temps et certains jours Léon ne savait plus où donner de la tête. Au fil des années, Hubert et son frère Jean né en 1924, devenaient de plus en plus capables de prêter main forte à leur père. Entre l’école, le catéchisme et les travaux de la ferme, les jeunes de cette époque n’avaient guère de loisirs. La seule distraction d’Hubert et Jean était le football qu’ils pratiquaient au sein de l’USF, l’Union sportive fresnoise. Ils avaient un bon niveau et pour rien au monde, ils n’auraient manqué un match. C’est à vélo, quel que soit le temps, qu’ils se rendaient dans les villages du canton, afin de disputer la rencontre du dimanche. A condition de ne pas rentrer trop tard, car Léon comptait sur eux pour la traite du soir !
Les distractions n’étaient pas nombreuses, c’est pourquoi la fête patronale était l’événement le plus attendu de l’année. Elle arrivait après les moissons et procurait ainsi des moments de détente à toute la population, jeunes et moins jeunes. La fête de Fresnes, chef-lieu de canton oblige, était la plus importante du secteur et nombreux étaient les habitants des villages voisins qui s’y pressaient. Les cafés ne désemplissaient pas. Quant aux attractions foraines, il fallait souvent faire la queue pour monter sur un manège. Un magnifique carrousel, manège de chevaux de bois disait-on, trônait sur la place du général Margueritte. Il était magnifiquement décoré et les jeunes se bousculaient pour monter sur le cochon rose ou le fier cheval qu’ils convoitaient. La toupie avait également du succès auprès des adolescents qui aimaient la faire tourner aussi vite que possible, occasionnant des rires et des cris chez les filles. Un manège plus lent, composé de voiturettes, de vélos et autres véhicules accueillait les petits enfants. Tous leurs regards se dirigeaient vers le pompon qu’il fallait décrocher pour gagner un ticket. Des enfants s’endormaient parfois dans la voiture du manège, alors le forain plein de gentillesse descendait le pompon jusqu’à caresser le visage du bambin. Les boutiques de friandises et les loteries attiraient beaucoup les badauds et les marchands haranguaient la foule : « qui n’a pas gagné va gagner », « à tous les coups, l’on gagne »… Les adultes s’affrontaient à la carabine en « faisant un carton », c’est-à-dire cinq balles tirées dans une cible. Léon et Eugène ne manquaient jamais de faire leur tour à la fête. Jeanne et Marie-Louise tentaient leur chance au stand loterie dans l’espoir de gagner la splendide poupée qui trouverait sa place sur un couvre-lit. Ces boutiques étaient tenues par la famille Gabès. Leur véritable nom était tombé dans l’oubli et on les appelait ainsi car le père avait fait son service militaire dans cette ville de Tunisie. L’hiver, lorsqu’il n’y avait plus de fêtes pa

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