Un goût de sapotille , livre ebook

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Un goût de sapotille est un roman qui met en scène la vie quotidienne des salariés dans une entreprise fictive en Guadeloupe. À travers le prisme de la société antillaise, ce récit contemporain interpelle le lecteur sur l'ampleur des bouleversements générés par les technologies de l'information et de la communication dans le monde du travail et plus particulièrement, sur les risques de déshumanisation qui y sont liés, au détriment du bien-être quotidien des personnels. Inès, jeune quadragénaire dynamique, a quitté la Guadeloupe quand elle avait six ans pour vivre en région parisienne avec sa mère. Après le décès de cette dernière et en réponse à un profond besoin d'enracinement, elle saisit l'opportunité d'une mutation dans une grande entreprise guadeloupéenne pour retrouver sa terre natale. Passionnée par la riche culture du pays qu'elle redécouvre, la jeune cadre fait preuve d'un optimisme communicatif dans les nouvelles missions qui lui sont confiées et tisse des liens forts avec ses collègues. Pourtant un après-midi, elle reçoit un SMS menaçant en créole. C'est le début d'une spirale qui va bouleverser sa trajectoire professionnelle et personnelle. Et si son univers ensoleillé s'effondrait ? Au fond, connaît-on vraiment celles et ceux que l'on côtoie au bureau jour après jour ? Tout au long d'une intrigue finement distillée, la narration saisit des fragments d'existence de plusieurs salariés dans la diversité de leurs situations. Comme dans la vie réelle ils s'expriment sur le vif, au gré des turpitudes de la vie en entreprise et des modalités du management en Guadeloupe. S'appuyant sur sa riche expérience de l'entreprise et de ses modes de communication, l'auteure souligne la singularité de la culture antillaise en milieu professionnel. Elle interpelle le lecteur sur l'urgence de repenser les voies du bien-être et pourquoi pas, du bonheur au travail.

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Date de parution

02 mars 2018

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342159783

Langue

Français

Un goût de sapotille
Cécile Manijean
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Un goût de sapotille

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://cecile-manijean.societedesecrivains.com
 
À mes six merveilleux petits-enfants Allan, Manoah, Kanel, Johan, Samahé et Kimaï.
 
 
 
Avec tout mon amour,
Mamie
 
Ce livre est une œuvre de fiction. Les personnages, noms et lieux sont le fruit de l’imagination de l’auteure ou sont utilisés fictivement. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, des entreprises, des événements ou des lieux serait pure coïncidence.
 
Tout amour semé fleurira tôt ou tard.
Raoul Follereau
 
Préface
Pourquoi ai-je écrit ce premier livre   ?
À n’en pas douter, j’ai profité de l’opportunité de cette nouvelle disponibilité, pour réaliser un rêve enfoui.
Je souhaitais m’investir dans un projet utile et positif pour la Guadeloupe. Attentive à l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication et de leurs conséquences sur les conditions de travail au quotidien des salariés, il m’a paru comme une évidence de donner chair aux risques de déshumanisation déjà identifiés. Ma génération avait eu le privilège de vivre la transition de la société traditionnelle vers le monde moderne, ses avantages et ses dangers pour l’homme. Un besoin impérieux de contribuer à l’appropriation de la culture de la région naquit en moi. Mon ambition de témoigner à ma façon de l’envers du décor a pour objectif essentiel d’encourager les jeunes à puiser dans les racines du pays, ses us et coutumes, à s’ancrer dans les réalités de l’archipel pour un épanouissement professionnel harmonieux. Et, dans une certaine mesure, contribuer à l’apaisement des relations internes en soulignant l’importance des liens sociaux.
Des résurgences d’un passé – pourtant récent – se bousculaient dans ma tête. Des confidences de collègues, de salariés d’autres organismes, des vécus d’amis remontaient dans mon esprit, comme pour me rappeler l’urgence « de ne pas oublier ». Tout prenait sens. Le cosmos entier semblait épauler cette mission : la nature, l’environnement, la faune, la flore. Les lectures, les conversations anodines, les événements les plus insignifiants me titillaient l’esprit… L’excitation qui m’habitait, lors de la conduite des projets dans ma vie active, était d’un autre ordre. Cette nouvelle page de ma trajectoire se présentait comme un ultime défi à relever tout en plaisir   ! Enfin, comme de nombreux auteurs qui avaient influencé mon existence, à mon tour, j’ai souhaité, à travers ce roman, enrichir les réflexions en cours et porter un réconfort, un soutien, une espérance, aux acteurs incompris du système.
Chapitre I
Assise à son bureau, Inès interrogeait les volutes qui s’élevaient du café noir posé sur sa table. Cette odeur caractéristique des séjours chez sa Maman Tita et son Papa Tita avait marqué sa petite enfance aux Antilles.
Son esprit s’enfuit vers la vue du ciel. Des nuages cernaient les cha înes montagneuses au loin. Les crêtes semblaient défier les baies vitrées pour s’imposer de toute leur splendeur. Puis les pensées revinrent et chutèrent sur une phrase surlignée au fluo jaune, dans un article de magazine ouvert sur son sous-main  : « C’est l’empathie qui fera la différence entre les hommes et les robots ».
Le téléphone vibrait. Mais, pour l’heure, son attention était concentrée sur cette affirmation. Inès ne put s’empêcher de pousser un profond soupir .
Depuis l’arrivée des micro-ordinateurs, à la fin des années mille neuf cent soixante-dix, puis des progrès colossaux des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, les salariés s’enthousiasmaient des potentialités des innovations qui avaient révolutionné les méthodes de travail : courriers électroniques, réseaux filaires, computers portables, tablettes, scanneurs… De toute évidence, ces matériels avaient chamboulé les habitudes, les conditions de vie dans l’entreprise et renforcé la sécurité des biens et des personnes. L’accès plus rapide à l’information, les perspectives de flexibilité, la réduction des coûts représentaient des avantages indéniables.
Par ailleurs, pour répondre à l’évolution des attentes des publics dans ce monde virtuel, les médias sociaux constituaient un nouvel outil de communication révolutionnaire. Ils permettaient d’interagir de manière efficace avec les utilisateurs dans tous les domaines. Pléthore de dispositifs, techniques et actions étaient mises en œuvre pour améliorer l’image de l’entreprise, particulièrement pour les relations publiques, la gestion de crise, les campagnes de sensibilisation et de prévention…
Cependant, dans leur quête de performance, ces incessantes innovations, conçues dans le but de développer toujours plus de compétitivité, obtenir de meilleurs résultats, exigeaient encore plus de réactivité, souvent au détriment de l’humain. Ces pilotages techniques, l’amplification des contrôles, l’augmentation du rythme et de l’intensité du travail, le brouillage des frontières entre vie privée et vie au bureau renforçaient un phénomène d’isolement dans le monde de l’entreprise. La surinformation et l’impact sur la santé affaiblissaient les relations humaines 1 .
Certains logiciels avaient pour objectif de mesurer au centième près des temps moyens pour la file d’attente au guichet par exemple ou le traitement des dossiers. Par ailleurs, les statistiques des différents départements, Martinique, Guadeloupe, Guyane, étaient consultables par toutes les régions. Ces progrès technologiques offraient aux décideurs tout un arsenal de nouveaux processus, des paramètres d’une extrême finesse, des croisements de fichiers, des possibilités exponentielles. Comptabilité analytique, contrôle de gestion, audit interne, administration optimisée des ressources humaines, pas un seul secteur n’y échappait. Tout était calculé pour gagner du temps. Les particularismes, l’état archipélagique de la Guadeloupe, les demandes de plus de personnalisation des êtres dits en situation de fragilité augmentaient parallèlement avec un sentiment de déshumanisation. Certes, les guichets automatiques, les services en ligne sur internet répondaient à un besoin indéniable.
Depuis quelques années, des salariés déclaraient se sentir aliénés par cette dépendance technologique. Du fait des possibilités de travail en réseau, tout se gérait par mail d’un immeuble à l’autre, d’un étage à l’autre, d’un bureau à l’autre. Les visioconférences par exemple présentaient des gains considérables en termes de coûts. Un constat de réduction des échanges humains et d’autonomie, un sentiment de déresponsabilisation affaiblissaient les relations sociales.
En réalité, tous ces processus prévus pour plus d’efficience rongeaient la place de l’homme. Pas une minute ne devait être perdue à la cafétéria, ou dans les couloirs. Les espaces-temps pour les échanges dans la boîte 2 ne permettaient plus une gestion suffisante de la pression qui montait, malgré la présence d’infrastructures désormais mal adaptées pour maintenir des liens sociaux. Un stress permanent culpabilisait les salariés. Pour divers agents, les tourments associés à leur activité ne laissaient guère de temps pour une existence équilibrée.
Pourtant le bien-être constituait bien un atout déterminant pour plus d’efficacité.
Inès s’effrayait des similitudes entre la robotique et l’esclavage. La jeune cadre imaginait encore ce rêve d’épanouissement personnel et de bonheur au travail.
L’arrivée de la numérisation et de l’intelligence artificielle conduisait-elle réellement au bien-être dans l’entreprise   ?
Elle observait qu’internet, comme les réseaux sociaux ne rapprochaient pas les individus autant qu’on pourrait l’espérer. L’impact de ces nouveautés et leurs conséquences sur les conditions de travail au quotidien des salariés interpellaient Inès. Téléphone mobile, iPhone, Smartphone, androïde, tablette, ces matériels toujours plus performants et de plus à un coût abordable ne cachaient point sous leur design futuriste les menaces qu’ils couvaient. De manière tangible, ces effets négatifs se vérifiaient régulièrement.
Ainsi, le harcèlement que cette femme avait dû affronter dans la boîte n’avait duré que trois mois. Trois interminables mois dans son existence. Elle avait attendu une année entière, avant de trouver la force et l’assurance nécessaires pour enfin ouvrir son cœur.
La question posée innocemment par la stagiaire Norémie, au cours d’une réunion, l’avait désorientée  : « Dis-moi, Inès, connaissais-tu Marie-Ange   ? Les collègues évoquent son nom toujours avec un certain mystère ». Inès avait éludé cette interrogation qui avait percé son crâne. Y répondre avec sincérité exigeait qu’elle calme ses émotions et aménage le temps nécessaire pour briser ce mutisme.
Elle s’accusait de continuer à passer sous silence cette tragédie humaine. Les travailleurs étaient-ils condamnés à toujours se taire dans la culpabilité   ? Elle se sentait coresponsable des souffrances des femmes en nette évolution. Les atermoiements à dénoncer ces dysfonctionnements dans le monde de l’entreprise furent balayés – dans une dynamique positive – par les gains de libéralisation d’énergies et d’optimisation des missions qu’elle pressentait   !
Le

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