Un mousse de Surcouf
132 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Un mousse de Surcouf , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
132 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Extrait : "Le 4 vendémiaire au VII, c'est-à-dire le 25 septembre 1799, le trois-mâts la Bretagne sortait du port de Brest et gagnait la mer, toutes les voiles dehors. C'était un beau navire de commerce qui transportait des émigrants vers l'Amérique. On mourait de faim en Bretagne, comme un peu partout d'ailleurs en France, et cette émigration-là ne ressemblait point à celle que les lois encore en vigueur punissaient de mort." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 20
EAN13 9782335068801
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335068801

 
©Ligaran 2015

Lady Blackwood se montra donnant le bras à son amie.
I Capturés
Le 4 vendémiaire an VII, c’est-à-dire le 25 septembre 1799, le trois-mâts la Bretagne sortait du port de Brest et gagnait la mer, toutes les voiles dehors.
C’était un beau navire de commerce qui transportait des émigrants vers l’Amérique. On mourait de faim en Bretagne, comme un peu partout d’ailleurs en France, et cette émigration-là ne ressemblait point à celle que les lois encore en vigueur punissaient de mort.
Le gouvernement accordait son consentement à tout citoyen qui, muni de son brevet de civisme, déclarait ne s’absenter que pour subvenir à son existence ou faire acte de commerce. Par malheur la navigation était très difficile. Les côtes étaient étroitement surveillées par les croisières anglaises, qui usaient de représailles dans la guerre de course.
Il devenait chaque jour plus difficile aux navigateurs français d’échapper à la poursuite des vaisseaux britanniques, dont les canons coulaient impitoyablement tout navire refusant d’amener son pavillon.
La Bretagne cependant nourrissait cette espérance de se dérober à l’œil vigilant des vigies rouges. Elle filait de huit à dix nœuds et n’avait pas craint de tenter un aussi long voyage au moment le plus défavorable de l’année, en une saison féconde en naufrages.
Elle portait dix-huit hommes d’équipage et cent vingt passagers, au nombre desquels figuraient un jeune médecin, Charles Ternant, sa femme et ses deux enfants, Anne et Guillaume. Anne avait alors sept ans, Guillaume tout près de cinq.
Ternant se dirigeait vers l’Amérique du Sud et les colonies espagnoles de la Plata. Un frère aîné y avait réussi à gagner une petite fortune, qu’il avait laissée par héritage au jeune médecin, et celui-ci espérait, avec l’aide de cet argent, se créer une position meilleure dans un pays presque vierge encore, où les Européens trouvaient à s’assurer une clientèle et des ressources.
Les premiers jours de navigation n’offrirent aucun incident fâcheux. Le ciel fut clément, la mer belle. On gagna ainsi les côtes d’Espagne. On évita le voisinage du Portugal, entièrement acquis à l’Angleterre. À la hauteur des Canaries, alors que l’on pouvait se considérer comme sauvés et se jeter hardiment dans l’ouest, on vit brusquement apparaître à l’horizon les voiles carrées d’une corvette anglaise.
Il fallut fuir et se laisser pousser vers le sud.
C’était une étrange vie que celle du bord pour ces hommes et ces femmes de conditions si différentes qui, la mort dans l’âme, s’éloignaient de la mère patrie pour chercher sous d’autres cieux le moyen de conserver une lamentable existence.
La France sortait à peine de la Révolution et le gouvernement du Directoire louchait à son terme. La famine régnait sur toute l’étendue du territoire de la République, ensanglante par les atrocités de la Terreur et les crimes de la guerre civile. Au dehors, le drapeau de la France, illustré par d’éclatantes victoires : Valmy, Jemmapes, Fleurus, Hondschoote, Montenotte, Lodi, Castiglione, Arcole, Rivoli, par la conquête des Flandres, des Pays-Bas, de la Savoie, du nord de l’Italie, venait de subir, coup sur coup, de sombres revers. Les Austro-Russes, conduits par Souvarow, nous avaient battus à Cassano, à la Trébie, à Novi. Jourdan avait dû reculer devant l’archiduc Charles, après la défaite de Bamberg, et la flotte française de Brueys, anéantie par Nelson à Aboukir, laissait notre armée à la merci des Anglais en Égypte.
Il est vrai que, guidé par son étoile, sollicité par la fortune, le jeune vainqueur d’Arcole et de Rivoli, des Pyramides et du Mont-Thabor, venait de rentrer en France. Deux mois ne s’écouleraient pas tout à fait avant que Bonaparte, par le coup d’État de brumaire, renversât un gouvernement tombé dans le mépris et inaugurât pour la France une ère de gloire sans précédent.
Pour faire face à tous les ennemis du dehors, la France avait accompli des prodiges de courage et d’activité. Dépourvue de vaisseaux et, surtout, de marins expérimentés, elle avait essayé, par la course, de tenir tête à l’Angleterre. Des combats malheureux sur mer n’avaient servi qu’à accroître les forces de l’implacable et séculaire rivale. On avait pu voir le Vengeur sombrer glorieusement en avant de Brest sous les boulets de l’ennemi.
Présentement, dans les mers de la Chine, un Breton se faisait un nom illustre parmi les grands corsaires de notre histoire. À vingt-cinq ans, Robert Surcouf, de Saint-Malo, avait déjà porté de rudes coups au commerce britannique, sans craindre même de se mesurer aux corvettes et aux frégates de l’ennemi. Un an plus tôt, il avait équipé à ses frais la corvette la Clarisse , armée de quatorze canons, sur laquelle il était devenu la terreur de l’océan Indien.
C’était lui que poursuivaient sans relâche les vaisseaux anglais, contre lui que se rassemblaient les escadres de l’île Maurice, de Madras et de Bombay. Pourtant, chaque capitaine ennemi, quelle que fût sa bravoure, redoutait le terrible Malouin et ne se lançait à sa recherche qu’avec le secret espoir de ne le point rencontrer.
La Bretagne fuyait donc vers le sud, faisant un écart considérable de sa route, mais avec l’intention arrêtée de la reprendre dès qu’elle trouverait la mer libre.
Hélas ! la surveillance était bien exercée, et l’on n’était pas encore au 15 novembre que le pavillon anglais se montrait derechef sur l’horizon du nord-ouest.
Il fallut fuir encore vers le midi.
Là, nouvelle menace. Elle surgissait du sud-ouest.
Trois vaisseaux ennemis donnaient la chasse au pauvre trois-mâts auquel une seule route restait ouverte, celle de l’est, à travers les périls du redoutable cap des Tempêtes, devenu, depuis Vasco de Gama, le cap de Bonne-Espérance.
C’était se jeter dans la gueule du léopard.
Le Cap était, en effet, la station anglaise par excellence et les vaisseaux y devient pulluler.
N’importe ! On n’avait pas le choix. Il fallait prendre ce qui s’offrait, car on savait quel sort cruel attendait les prisonniers-de guerre français sur les pontons de la Grande-Bretagne. D’ailleurs, les malheureux émigrants faisaient entendre un tel concert de plaintes et de récriminations que le capitaine Kerruon commençait à en perdre le sang-froid.
On se mit donc à fuir dans l’est, comme on avait fui dans le sud, avec le fragile espoir de se réfugier, au besoin, sous la protection des canons de Saint-Denis, dans l’île de la Réunion. Or, il y avait plus de deux mois que la Bretagne avait quitté Brest lorsqu’elle se trouvait à la hauteur du Cap. Sa course avait été favorisée par le vent, et elle pouvait espérer atteindre l’île avant la fin du troisième mois.
Comme pour stimuler sa vitesse, les voiles hostiles se laissaient voir au large, tantôt plus rapprochées, tantôt plus éloignées, selon que le navire français gagnait ou perdait du champ.
L’épouvante fut donc grande à bord de celui-ci lorsque, le 10 décembre, tandis que, après avoir franchi la zone dangereuse du Cap, il pouvait croire à un répit dans l’acharnement de la poursuite, la vigie signala une voile surgissant à l’horizon de l’est.
Il y eut un moment d’angoisse affreuse.
Le capitaine assembla l’équipage et ne trouva que des hommes résolus à vendre chèrement leur vie. Il consulta les passagers. Un tiers se prononça pour la résistance ; les deux autres, pris de pitié pour les femmes et les enfants, furent d’avis qu’il valait mieux se rendre. Peut-être les Anglais se contenteraient-ils de faire payer une contribution aux malheureux émigrants afin de leur accorder le libre passage en Amérique ?
Comment lutter, d’ailleurs ? On n’avait à bord que deux mauvais pierriers pouvant fournir douze coups chacun. En outre, en rassemblant toutes les armes à feu, on ne pouvait armer qu’une trentaine d’hommes.
Le parti de la reddition prévalut donc, et le capitaine Kerruon fit arborer les signaux indiquant sa soumission.
Les vaisseaux anglais accourant de l’ouest furent bientôt à portée de canon. Le premier, une corvette de quatre-vingt-dix hommes d’équipage, avec huit pièces, s’approcha d’assez près pour signifier à la Bretagne d’avoir à amener son pavillon.
Mais tandis que le vieux marin brestois, la rage au cœur et les yeux pleins de larmes, s’apprêtait à obéir à l’ordre humiliant, voici que, brusquement, à la grande stupeur des fugitifs, la scène changea entièrement d’aspect.
On put voir la corvette anglaise se couvrir de toile et virer de bord en courant vent arrière pour reprendre la route qu’elle venait de suivre en sens contraire.
Le second vaisseau, dont on ne pouvait encore apprécier l’importance, imita l’exemple de la corvette.
« Tonnerre de Brest&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents