Un peu avant la nuit
168 pages
Français

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Un peu avant la nuit , livre ebook

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Description


Un homme, rescapé d'un accident, qui se réveille dans une chambre d'hôpital et qui ne se souvient plus de rien, pas même de son nom. Un psychanalyste qui reçoit la visite d'un mystérieux patient au regard vif et au verbe rare. Un détenu narrant les derniers jours de son incarcération avant le grand saut dans un monde qu'il ne reconnaît plus. Ou encore un médecin urgentiste qui trouve sur les lieux d'un suicide, le journal d'un poète de la nuit.


Avec en toile de fond la ville envoutante de Marseille, une galerie de personnages tourmentés à la croisée des chemins et des destinées au point de rupture.


Un peu avant la nuit, tout est possible.


Un peu avant la nuit, les silhouettes s’estompent.


Un peu avant la nuit, les ombres réinvestissent leurs hôtes.


Un peu avant la nuit, il est souvent déjà trop tard...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 septembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414099474
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-09945-0

© Edilivre, 2017
Dédicace

À mon papa.
Exergue

« Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit. »
Khalil Gibran
Lois de la jungle
Le corps qui gisait devant lui n’avait plus grand chose à voir avec l’homme qu’il connaissait depuis toujours. Le tas de viande à ses pieds était tout simplement méconnaissable. Son visage boursouflé, écarlate, témoignait à lui seul de la violence de la scène. Ses yeux figés sur le néant avaient saisi les derniers instants d’horreur, alors que son âme, elle, avait dû foutre le camp depuis longtemps, incapable d’en voir davantage.
La bouche ouverte du cadavre, en forme de O, d’où s’était échappée une rivière de sang, voulait dire quelque chose, c’était sûr,
Quelque chose comme… Comme… Pardon… Oui, c’est ça. Pardon.
Encore essoufflé, il jeta un coup d’œil rempli de mépris pour sa victime, et sentit une dernière vague de colère le submerger. Il balaya la pièce d’un regard circulaire et remarqua immédiatement la série de bronzes sur l’étagère. Il se précipita sur la plus lourde, celle qui représentait un lion et alla se mettre à genoux, juste à hauteur du crâne de sa cible. « Il n’y a pas de pardon, tu comprends ça ? » grogna-t-il.
Et la colère du lion s’abattit et encore et encore sur le visage horriblement stupéfait, dans des saccades de haine pure. « Crève raclure. Et surtout ne me regarde pas ! »
Cette fois ci, plus aucune expression ne se manifesta du macchabée. Plus aucun mot murmuré des ténèbres. La tête n’était plus qu’une masse molle, informe et sanguinolente.
Des morceaux de cervelle étaient répandus sur le carrelage comme une annihilation des facultés intellectuelles de son ennemi du jour.
Encore haletant, il alla s’asseoir sur une chaise et posa la statuette sur la table. Le fauve paré d’une crinière rouge semblait repu, rassasié de son festin. Deux animaux sauvages face à face. Un peu tremblant, il tira une cigarette de sa poche et la brûla avec frénésie. Il aspira longuement la fumée et ferma les yeux tandis qu’il la recrachait.
Pendant que sa clope se consumait, lui se calmait. Et quand il eut fini de l’écraser au sol, il reprit ses esprits. Enfin. Des larmes de douleur le firent tressaillir quand il aperçut ses mains, ses pauvres mains, vouées à un tout autre exercice, salies de l’ignominie des hommes.
Le lion, impassible, donnait néanmoins l’impression de compatir.
Avec toute la lucidité dont il était capable, il conclut que c’en était fini pour lui aussi. Tôt ou tard, on saurait. La police le trouverait. Son destin était lié à celui du pauvre enculé ramassé sur le sol froid. Deux âmes liées par un pacte de sang.
Un flot de sueur gros comme un torrent d’amertume inonda son front, et il s’essuya le visage de ses mains rougies. Par réflexe, il tourna la tête et pût s’apercevoir dans le miroir au-dessus du buffet. Il ne pût se reconnaître tant son visage ressemblait à celui d’un fanatique du rituel sacrificiel. Un adorateur du diable.
Satan ce jour-là aura eu deux âmes pour le prix d’une. Il se dit non sans un rictus que le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Oui, tôt ou tard on saurait. Il décida que ce serait plus tôt que tard. Il alluma une autre cigarette, mais celle-là avait le goût des dernières volontés avant l’échafaud et composa le 17.
Quelle histoire !
– Allo Raphael ?
– Oui mon ami, comment vas-tu ?
– Écoute ça va super. Je suis de super bonne humeur. Tu fais quoi ce soir ? On va faire la fête ça te branche ?
– Euh… Ouais… On fête quelque chose ?
– Pardi amigo ! Devine quoi ? Je viens de terminer mon pu-tain-de-ma-nus-crit. Tu le crois ça ?
– Bordel, c’est génial tu veux dire ? Et comment qu’on va arroser ça !
– Je vais appeler quelques copains copines et on se rejoint au Crystal vers 19h00, ok ?
– Ok, parfait pour moi. Alors à ce soir et toutes mes félicitations !
– Merci, je compte sur toi. Hasta luego…
L’auteur passa tout l’après-midi de ce jour-là dans la contemplation, animé d’une douce euphorie. Assis dans son jardin, il se sentait un homme nouveau. Depuis combien de temps avait-il ce projet en tête ? Depuis l’adolescence il lui sembla. Il avait toujours écrit, mais n’avait jamais eu l’ambition de l’ouvrage. Pas le pavé, non. Juste un livre, un recueil qui concentrerait son amour des mots, du récit, du drame et des destins.
Depuis quelques mois déjà, il avait décidé qu’à la fleur de l’âge, il devait s’affranchir de tous les freins et blocages qui chantent au crépuscule d’une vie la litanie des regrets.
Il était comme une femme qui aurait attendu que l’instinct de mère se réveille, conjugué à la peur de vivre seule sans « descendance », sans laisser de traces de son passage ici-bas. Il aimait d’ailleurs appeler ses textes, ses bébés. Il y avait le premier de la lignée, mais aussi le cadet et tout le reste de la fratrie. Il avait ses préférés, mais nourrissait à l’endroit de chacun d’eux une tendresse toute maternelle, et les défendrait comme la prunelle de ses yeux au moindre irrespect. Une fois, il avait effacé par inadvertance sur le pc un de ses gamins. Il en avait perdu la trace, l’avait perdu tout court. S’en était suivie une dépression post fausse couche qui l’avait cloué au lit trois jours d’affilée.
Un oisillon vint se poser sur une branche du figuier en face de lui.
Il observa le volatile tout le temps de son repos jusqu’à son envol pour de nouveaux horizons. Il s’en ému et se dit que la gestation est un moment unique mais l’accouchement reste le plus beau jour d’une vie.
Ce jour-là, nul n’aurait pu ôter le sourire heureux de cet homme-là.
– Bonsoir Mademoiselle. Mettez nous deux bouteilles de champagne s’il vous plaît !
– Alors, raconte ! Tu es content ? demanda Isabelle, une de ses amies.
Il ferma les yeux, leva les sourcils, gonfla les joues, et expira bruyamment.
– Putain tu m’étonnes. Soulagé, ça ouais. Je me sens super bien.
– Et alors ? Tu comptes l’envoyer aux maisons ? intervint David.
– Oui, je vais essayer, même si notre ami Raphael ici présent m’a proposé dans un premier temps de l’éditer à compte auteur. C’est la formule que tu avais choisie pour tes poèmes et tes nouvelles non ?
Raphael sourit et sembla gêné qu’on parle de ses ouvrages.
– Oui. Ce qui m’intéressait c’était l’objet. Le travail d’écriture mis en forme et relié.
– Mais le problème à mon sens dans ce genre de démarche c’est que les quantités tirées sont infimes, une centaine de chaque tu m’avais dit je crois. Parce que ça coûte assez cher. Et la deuxième chose c’est qu’un auteur inconnu ne bénéficie d’aucun réseau de distribution, ce qui le « condamne » (il mima avec ses doigts les guillemets) à ne le vendre qu’à son entourage, dans le meilleur des cas. Parce que je me doute bien qu’on finit par les offrir, trop pudique pour se salir les mains à les vendre.
Il s’arrêta pour sonder l’entourage, en donnant au silence toute son importance dans le raisonnement puis repris.
– Enfin, comment peut-on évaluer notre travail, savoir si on a une fibre, si l’ouvrage n’est pas comme ça confronté au monde des professionnels ? Payer pour créer son livre n’est ce finalement pas un moyen de fuir la réalité, de flatter son ego et in fine à la portée du premier venu ? Ça peut être brillant évidemment, et je suis certain que certains auteurs le sont, j’en doute pas, mais tout autant un ramassis de merde insipide. Je ne parle pas pour toi évidemment Raphael.
Son ami sembla agacé mais conserva néanmoins son allure et son sourire discret.
– Oh, tu sais, moi, je n’ai pas réellement d’ambition. Je suis un homme simple. Mais j’aime ton travail, tes textes sont des petits bijoux. Aussi, je trouve réellement bien que tu cherches un éditeur. Fonce !
– Oui, c’est vrai que tes écrits, d’un style simple et sans fioritures, sont très beaux, dit Isabelle. Et comment vas-tu appeler ce livre ?
– Lois de la jungle, dit-il avec enthousiasme.
– Très bon titre. D’autant que tes histoires sont assez violentes et urbaines. Heureusement que tu n’es pas comme tes héros. Nous aurions du souci à nous faire conclut son amie en clignant d’un œil.
Les jours qui suivirent furent moins enthousiasmants. Il replongea rapidement dans la routine de sa vie, sans doute épuisé par l’hémorragie de mots. Le boulot, les factures en attente et tout le lot de la merde habituelle. Il se demanda même comment il avait pu croire à un quelconque talent d’écrivain. Sous prétexte qu’il avait enfin réussi à boucler un travail et que son entourage bienveillant le félicita, il s’était imaginé une paire de lunettes rondes sur le nez, écharpe au vent, s’installant dans un café de St Germain des Près. Faut pas déconner quand même !
Il était comme ça, vacillant entre certitudes fragiles et doutes envahissants. En permanence.
Il lui arrivait souvent de penser à tous ses personnages, créés dans la matière de ses errances, façonnés par l’amour de l’ordinaire qui se fait extra un jour, et habillés par la grâce de son imagination. Ces jours-là, quand il y pensait intimement, il se disait que ses personnages méritaient d’être vus, aimés ou détestés, et qu’il ne pouvait en être autrement.
Pourtant aujourd’hui, son manuscrit était là, coincé, confiné dans un ridicule fichier Word, ou posé sur la table du séjour, dans une reliure bas de gamme, dans l’indifférence des courants d’air.
Ce doute qui l’envahissait présentait les symptômes de ce qu’il pensait être une « Raphaelite » aiguë. Dans le secret de son esprit il avait imaginé ce terme en référence, en hommage même, à son ami Raphael, auteur amateur sans ambition. Comme si les rêves de conquête et de démesure n’étaient l’apanage que des

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