Un vol pour grandir
172 pages
Français

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Un vol pour grandir , livre ebook

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Description

« Aujourd’hui, je ne sais pas ce qui se passe,
on m’a habillé en jogging, tout le monde me
fait des bisous, il paraît que je m’en vais, que
je quitte l’orphelinat.

Je pars dans un grand oiseau tout blanc qui
fait beaucoup de bruit, et on me dit que je
vais avoir une nouvelle vie.

Il paraît que mes nouveaux parents m’at-
tendent déjà, très loin là-bas, dans un autre
pays, je ne sais pas où, je ne sais pas qui ils
sont, et en plus, ils sont d’une autre couleur
que moi, mais il faut que je parte, je suis
obligé.

Je suis triste et j’ai envie de pleurer, car je
dois laisser tous mes petits copains ici.

Je crois que j’ai un peu peur. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 décembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414006618
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-00659-5

© Edilivre, 2017
Dédicace

A ma femme
A mes fils
A ma mère
Et au souvenir de mon père
* * *
Remerciement

Merci à
Didier pour la mise en page
Merci à
Yann et Fred pour leur première lecture
Préface
La vie est une montagne que l’on gravi seul ou en cordée, chaque jour, petit à petit, et lorsqu’un membre de cette cordée décroche, il risque d’entrainer une partie ou toute la cordée dans sa chute.
Remonter la pente est très difficile, car la paroi est encore plus abrupte en partant tout en bas, et il faut resserrer les liens entre chaque membre pour les rendre plus forts, car, seul, remonter est impossible.
Les membres de ma cordée, par leur soutien, m’ont permis de gravir à nouveau la pente et de me rapprocher du sommet.
Chapitre 1
Nous y sommes, ce jour du 24 Avril 1992 qui nous paraissait si lointain est enfin arrivé.
Il est 12H55, le vol que nous attendons ne devrait pas tarder à se poser.
Nous scrutons le ciel, comme si nous espérions reconnaître notre avion de loin et peut-être même y deviner les visages des passagers avant l’atterrissage.
Nous sommes très excités et fébriles à la fois, nous ne tenons plus en place et faisons les cent pas dans ce hall de l’aéroport d’Orly.
Nous avions pourtant échafaudé ce moment dans notre esprit tant et tant de fois que maintenant que nous y sommes, tout devient confus.
C’est une sensation indéfinissable
Soudain, le haut-parleur du hall de l’aéroport retentit et annonce sans autre explication un retard d’une heure sur le vol en provenance d’Haïti, via Fort de France.
Nous nous regardons, l’anxiété monte d’un cran tant l’attente est forte.
Que se passe-il, pourquoi ce retard ?
Finalement, nous retournons nous asseoir sur les sièges de la salle de l’aéroport et essayons de nous rassurer comme nous le pouvons.
D’autres personnes semblent aussi anxieuses que nous, ce qui n’est pas de nature à nous rassurer.
Nos yeux sont rivés sur la grosse horloge du hall de l’aéroport, les aiguilles semblent tourner au ralenti, il faut vraiment regarder ailleurs, c’est trop long.
Cette journée, nous l’avions tant rêvée que le scénario était déjà tout tracé, et ce retard n’en faisait pas partie, c’est je pense ce qui nous trouble le plus et nous inquiète sur la suite de cette première rencontre.
Que fait-il en ce moment, est-il conscient de ce qui l’attend, sait-il qu’il va avoir de nouveaux parents, comment va-il réagir ?
Toutes ces questions que nous nous posons et auxquelles, nous n’avons pas de réponse font que le temps d’attente semble interminable.
Malgré ses tentatives pour tenter de rassurer ma femme, ma mère, qui a tenu à nous accompagner pour accueillir son petit-fils semble aussi anxieuse que nous.
Malgré tout, le temps finit par passer, et, les longues minutes s’écoulant, le haut-parleur se met à grésiller à nouveau avant d’annoncer enfin, l’arrivée sur la piste de l’avion nommé désir et, espérons-le, la fin de nos angoisses.
La tension monte sensiblement maintenant que le moment est enfin arrivé, ce n’est plus qu’une question de minutes, dans quelques instants, il sera là.
Nous guettons le sas d’arrivée, les portes coulissantes commencent à s’ouvrir et les premiers passagers entrent dans l’immense hall de l’aéroport, tous plus chargés les uns que les autres de valises et de sacs à dos.
Chaque passager avec un enfant attire notre attention, et nous cherchons du regard un petit black qui pourrait ressembler à la photo que nous avions reçue quelques semaines auparavant.
Cette file nous semble interminable, mais combien étaient-ils dans cet avion ?
Enfin, un visage connu arrive dans le hall, c’est celui de Jacques, l’accompagnateur que nous avions rencontré à plusieurs reprises durant les mois précédents pour monter le dossier d’adoption.
Il est entouré de deux jeunes enfants et devant lui, une poussette transportant le plus petit et visiblement le plus frêle d’entre eux.
Mes yeux se portent immédiatement sur lui, et, malgré la distance, je reconnais ce visage que nous avons regardé si souvent toutes ces semaines durant, et aussitôt, je sens la main de Charlotte, ma femme, qui serre mon bras, car elle aussi vient de reconnaître notre fils.
Nous avançons doucement vers les arrivants, sans quitter des yeux la poussette qui transporte cet enfant que nous n’espérions plus, tellement ces derniers mois avaient été longs.
Un autre couple, visiblement aussi ému a été plus rapide que nous, et ces nouveaux parents sont déjà penchés sur les deux autres enfants, essayant de leur parler et sans doute de les rassurer.
Nous approchons enfin et à notre tour, nous nous penchons sur Joseph qui deviendra Julien car c’est le prénom que nous avions donné à l’époque de la clôture du dossier d’adoption, lorsqu’on nous avait demandé de choisir un prénom, puis confirmé lors du coup de téléphone que nous avions reçu quelques jours avant son arrivée.
A ce moment, nous avions été pris au dépourvu, car bien que nous espérions cet appel tous les jours, aussi curieux que cela puisse paraître, lorsque cela était arrivé, nous avions eu du mal à y croire, à se dire qu’enfin, il allait arriver, que ce n’était maintenant plus qu’une question de jours, que le compte à rebours pouvait enfin commencer, mais comment cela allait-il se passer dans un pays ou à chaque instant, tout peut arriver.
Il nous regarde avec ses grands yeux étonnés, et, étrangement, il semble nous reconnaître, car lui aussi avait depuis quelques temps notre photo près de lui à l’orphelinat de Port au Prince, ou il avait été laissé par sa mère, qui, ne pouvant plus subvenir à ses besoins, avait préféré, non pas l’abandonner, mais le protéger d’une vie plus qu’incertaine dans un pays où tout est compliqué, entre la pauvreté, les séismes, et la dictature mise en place après son retour d’exil, par un soi-disant religieux qui, subjugué par le pouvoir, avait oublié ses préceptes religieux en suivant l’exemple de ses prédéces­seurs, pour se spécialiser dans le supplice de la roue, créant des bandes armées, « les chimères » pour décourager les opposants et causant par la même occasion, l’exil de dizaines de journalistes, d’étudiants, de juges et de militants associatifs.
Elle espérait, par cet acte d’amour, lui permettre d’être heureux dans une autre famille qui saurait l’aimer et l’élever comme son propre enfant, loin de la barbarie de tous les jours.
C’est l’engagement que nous avons pris ce jour-là.
Jacques, le responsable de l’association par qui nous étions passés pour les formalités d’adoption, devant aller récupérer ses bagages, les enfants quant à eux n’ayant pour tout vêtement que ce qu’ils avaient sur le corps, c’est-à-dire, un jogging et des baskets, me demande de l’accompagner pour l’aider, ce que je fais immédiatement en abandonnant Charlotte et ma mère, s’efforçant toutes les deux de rassurer ce petit bonhomme qui semble complétement affolé par tout le bruit et le va et vient règnant dans cet aéroport.
A notre retour, quelques instants plus tard, je trouve ma femme avec ce petit être dans les bras, le visage enfoui autour de son cou, les mains crispées derrière ses épaules, elle lui glisse des petits mots à l’oreille pour le réconforter, et en même temps, elle sent la tiédeur de ses larmes dans son cou, laissant échapper quelques sanglots.
C’est un moment très fort empreint de peine et de bonheur, mais d’une émotion indescriptible.
Ma mère, bien qu’ayant très envie de se joindre à ce moment d’émotion intense, est restée un peu à l’écart, ne voulant pas troubler cet instant de grande tendresse et tellement personnel qu’il ne peut se partager.
Nous vivons un moment qui restera à jamais gravé dans notre esprit.
Cet instant passé, julien commence à pleurer et à faire quelques caprices, sans doute en raison de la fatigue accumulée par ces heures d’avion et du stress lié à tous ces changements, et il faut la voix un peu plus forte de Jacques, l’accompagnateur, qui demande à ce « petit monsieur » comme il l’appelle, de se calmer pour qu’enfin, nous puissions nous séparer et regagner notre véhicule, le cœur léger et l’esprit tranquille de savoir que désormais, contrairement à sa vie d’avant, il ne peut plus rien lui arriver.
Regard vers une ile lointaine un été de 1992 Enfant d’Haïti
Tu es né à Cap Haïtien
Parmi ces gens qui étaient les tiens
Tu ne demandais qu’à être heureux
Et à grandir parmi eux
Pourtant, la vie en a décidé autrement
Et on t’a séparé de ta maman
Car les hommes, en vertu de leurs idées
N’ont rien fait pour qu’elle puisse te garder
Ils ne voient que leur peuple qui meurt
Et pendant ce temps, leurs enfants pleurent
Dans une crèche, pendant des mois
Sur ta tête, tu avais un toit
Et l’amour de tous ces gens
Qui ont remplacé ta maman
Ils t’ont nourri et t’ont soigné
Tu as été très bien élevé
Mais il te manquait pourtant une chose
Qui devait rendre ta vie morose
D’avoir enfin, pour tout le temps
L’amour d’un papa et d’une maman
Un jour, par un beau soir d’avril
On t’a fait traverser la ville
Sans doute, ne comprenais-tu pas
Que ta nouvelle vie était enfin là
Et quand tu es sorti de l’avion
Ta maman et moi t’attendions
Tu avais le regard étonné
Je me souviens, tu as pleuré
Pour nous, l’émotion était intense
Et notre joie immense
Enfin, tu étais là
Et nous ne te quittions plus d’un pas
L’océan n’était plus une frontière
Pour nous et pour tes grands frères
Finis, les moments de découragement
A maudire tous ces gens
Qui t’ont privé depuis leur ile
D’avoir enfin une vraie famille
Tu as quitté un Port au Prince
Pour devenir notre petit prince
Chapitre 2
Nous roulons sur l’autoroute

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