Une fleur dans un cimetière
256 pages
Français

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Une fleur dans un cimetière , livre ebook

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Description

Alexandre a plusieurs passions : le jogging, sa femme, ses enfants et son entreprise. Une vie paisible en apparence. Un coup de téléphone et tout bascule. Quelques mois plus tard, une lettre lève le voile sur des secrets qui vont révéler la personnalité de chaque membre de la famille. Quelle est donc la teneur de cette lettre ? Ce roman qui parle de la perte d'un être aimé et de la difficulté de connaître ceux avec lesquels on vit pose aussi le problème de la vérité : est-elle toujours indispensable ? Brigitte Saint-Cricq nous transporte dans la région varoise qu'elle excelle à décrire. Une fleur dans un cimetière est son cinquième roman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342053197
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une fleur dans un cimetière
Brigitte Saint-Cricq
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Une fleur dans un cimetière
 
 
 
À Charlotte Vallée Saint-Cricq et Maguy Fache.
 
 
 
Tout se brise, tout s’assemble à nouveau ; éternellement se bâtit le même édifice de l’existence. Tout se sépare, tout se salue à nouveau…
(Le Convalescent) Ainsi parlait Zarathoustra. Nietzsche.
 
 
 
 
 
 
 
Alexandre Récher, la quarantaine encore svelte, fait son jogging sur le sentier littoral qui longe les plages et les falaises de la côte borméenne, évite les racines des pins, saute de rocher en rocher sans prendre le temps de regarder le miroitement de la mer. Le soleil est au zénith. Il transpire, a des crampes dans les jambes. Il pense alors à sa femme, Sandrine, qui lui avait déconseillé de partir : « Il fait trop chaud… Tu devrais plutôt courir en fin d’après-midi… » Une fois de plus, il aurait dû l’écouter. Elle sait ce qui lui convient. Il a de la chance de l’avoir à ses côtés. Il se rappelle que lorsqu’il la vit pour la première fois, il fut attiré non par la fantaisie de sa mise, mais par sa distinction.
Les cheveux mi-longs couleur bois de pin, yeux verts oblongs, elle a l’élégance naturelle de celles qui ont eu une enfance raffinée :
— Tu es une princesse mais une princesse se tient droite, lui a-t-on seriné depuis son plus jeune âge.
Plus tard, sa mère lui ressassera :
— Quand tu t’habilles, ne porte pas plus de trois couleurs car tu ressemblerais à un perroquet.
Elle mit donc en pratique les leçons reçues et respectera toujours la norme classique, choisit le vernis de ses ongles en harmonie avec le rouge à lèvres couleur chair de pastèque qui sied à son teint pâle. Elle porte un pantalon noir l’hiver, un blanc l’été, tous les deux ajustés aux courbes de son corps, des talons hauts et fins dont le coloris varie en fonction de la veste cintrée qu’elle porte en toute saison. En résumé, elle serait parfaite dans un magazine de publicité pour une maison de haute couture.
Une licence de droit en poche, elle a tenté d’entrer sur le marché du travail en envoyant des CV sur internet et en passant de nombreux entretiens. Sans résultats ! Découragée, elle reprit ses manuels de droit, acheta des mémentos de culture générale et d’anglais pour devenir magistrate ou inspectrice des impôts. Elle les aurait réussis, ces concours, si elle n’avait pas rencontré Alexandre et ne l’avait préféré aux livres ! car, dès qu’il lui proposait de partir en week-end ou d’aller dîner ensemble, elle en oubliait ses velléités de faire régner la loi et la justice ! Ils ont passé ainsi deux années dans l’inconscience, de sortie en sortie, de rêverie en rêverie jusqu’au jour où il s’est projeté dans l’avenir et lui a proposé de devenir Madame Récher. Elle ne réfléchit pas. Elle dit : « Je veux bien. Cela me plairait »
Le 21 juin, ils s’unirent donc à la mairie et à l’église. Dans la tradition. Avec robe blanche pour elle et jaquette pour lui. Toute la ville avait accouru à la sortie de la messe pour les voir déambuler à travers les rues assoupies et se diriger vers la propriété que leurs parents avaient louée pour la cérémonie. Au cocktail et au dîner, les jeunes étaient en minorité par rapport aux adultes malgré les contestations des mariés :
— C’est notre mariage. Nous voulons avoir près de nous nos amis mais pas les vôtres ! se rebella-t-elle.
— Puisque c’est nous qui payons, nous invitons qui nous voulons, rétorqua sa mère.
Ils durent se plier car ni l’un ni l’autre n’avait assez d’argent pour couvrir les frais des festivités et ils ne voulaient pas attendre davantage.
 
 
Alexandre s’assied pour récupérer, fait quelques exercices d’étirement mais comme il a peur d’avoir une tendinite, il décide de rentrer chez lui en marchant. Il se remémore les premières années de leur mariage : ils étaient loin d’être dans l’opulence. Sandrine multipliait les repas où alternaient omelette aux pommes de terre et saucisses-nouilles. Il achetait du vin de soif pour ne pas dire de la piquette.
Il sourit. Il a bien aimé ces années-là…
Comme il voulait monter son entreprise, il a traversé les journées et les mois comme un randonneur qui affronte les sentes mal tracées et les voies de traverse : à petits pas et sans se décourager. Il calculait tout au plus juste et Sandrine qui voulait l’aider financièrement donna des cours particuliers de français et d’anglais après ses heures de bureau comme secrétaire intérimaire auprès des services municipaux ; leur ardeur au travail et leur train de vie économe leur permirent de mettre de l’argent de côté, et d’envisager d’agrandir la famille ; ainsi naquirent Célestine et Mathieu.
 
Tout à coup, l’esprit d’Alexandre, tel un bateau mal arrimé qui s’échappe de son port d’attache s’éloigne de Sandrine et file vers Juliette, la seconde femme de sa vie… Il l’a connue par hasard lors d’une réunion de chantier il y a une dizaine d’années ; étudiante, elle travaillait avec son père qui avait une entreprise de jardinage afin d’avoir un peu d’argent de poche ; elle dessinait sur un bloc-notes le paysage qui s’offrait à elle pendant que son père expliquait qu’il faudrait faire des restanques pour retenir le sol ; il nommait les fleurs et les arbres qu’il envisageait de planter. Pendant que Juliette créait sur ses feuilles blanches les restanques couvertes de lauriers blancs et roses, Alexandre ne pouvait détacher ses yeux de cette jeune fille à l’air décidé. Elle l’attirait par un je-ne-sais-quoi… Quand enfin elle leva les yeux vers lui, elle ne cacha pas sa stupeur : cet homme était vraiment plein de charme !… Ils commencèrent à discuter de leurs hobbies. Elle aima sa voix chaude et grave tandis que lui aima tout d’elle : son visage poupin, ses yeux rieurs, sa bouche sensuelle, ses formes courbes ! Le coup de foudre ! Dès qu’il apprit son goût pour le jogging, il lui donna rendez-vous le dimanche suivant pour qu’ils courent ensemble. Il passa la chercher à huit heures du matin et à peine était-elle montée dans sa voiture qu’il mit la main sur sa cuisse. Elle ne la retira pas ; après quelques minutes, elle s’en empara et la mit sur sa poitrine pour qu’il la caresse. Ils se regardèrent surpris de tant d’audace. Leurs visages se sont rapprochés et ils se sont embrassés. :
— Que dirais-tu d’une petite promenade sur les hauteurs ? demanda-t-il un tantinet inquiet de la réponse.
— Comme tu veux ! C’est une bonne idée…
Juliette s’étonna de ne pas être effarouchée. Cet homme, elle ne l’avait vu qu’une fois ; elle ne lui avait pas parlé longuement mais elle se sentait bien avec lui. D’ailleurs elle avait l’impression de le connaître depuis longtemps.
Tous les deux étaient si excités que le trajet sur la piste d’incendie leur parut interminable. La voiture qui cahotait, bringuebalait semblait s’essouffler à chaque ornière et tous les deux se demandaient s’ils arriveraient là où la vue domine les chaînons boisés et touffus du massif des Maures et plonge sur les moirures de la mer. Quand Alexandre s’arrêta au terme de leur course, ils se ruèrent l’un sur l’autre, se déshabillèrent en toute hâte, jetèrent leurs vêtements, se donnèrent avec fougue, se mordillèrent, se léchèrent, se griffèrent. Ils furent un flot impétueux qui submergea leur conscience, puis, une houle qui moutonne en paressant. Fatigués, ils se caressèrent lentement, longuement tout en se couvrant de baisers. Depuis, ils ne se sont jamais lassés l’un de l’autre.
Lorsqu’ils reprirent la route, ils prirent un air mutin en voyant les vitres couvertes de buée…
 
Il reprend sa marche en souffrant de plus en plus, comme si ses deux jambes refusent de porter sa double vie. Son esprit qui va et vient sans cesse entre Sandrine et Juliette ressemble à une mouche qui se pose sur une vitre éclairée, s’envole vers un autre point de lumière, retourne là d’où elle est venue… et cela, maintes et maintes fois.
 
 
 
 
 
 
 
Plaquiste, fils d’une institutrice et d’un artisan, Alexandre est un des rares entrepreneurs du sud-est de la France à envoyer des devis par mail, à donner des factures, à calculer avec justesse le nombre d’heures effectuées, à payer la TVA, à suivre de près ses chantiers, à respecter les rendez-vous fixés. Comme vous pouvez vous en douter, un tel homme préfère la légalité des chèques aux espèces. Ce qui lui vaut d’être la risée de sa corporation qui encaisse les billets de la main à la main pour éviter toute trace financière et les impôts qui s’ensuivent ; son honnêteté lui vaut l’appellation de tyrannosaure ! Cependant son intégrité et son sérieux lui ont apporté de la notoriété dans la région PACA et une belle réussite professionnelle. Pourtant il râle. Il râle même beaucoup, découragé que le fruit de son labeur parte en fumée sous la férule de l’État qui « prend l’argent de ceux qui n’ont pas peur de mouiller leur chemise, alors que bien d’autres reçoivent leur manne, les mains dans les poches. »
Les années passant, ils firent construire une maison spacieuse qui avait le mérite de supporter les pluies diluviennes ; ce qui est un luxe dans cette région où les ruisseaux s’enflent en dévalant les collines pour se transformer en torrents écumants qui emportent les murs en béton et ravinent les terrains les plus domestiqués comme l’aurait fait une harde de sangliers ; leur maison ne connaît pas les trombes d’eau qui s’engouffrent sous les tuiles fracassées des toits ou dans les caves qui gardent en toute saison,

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