Vie posthume
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Vie posthume , livre ebook

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Description

Cet écrit anticipe l’avenir d’une vie après la mort, la mienne, avec la pensée d’un temps posthume, dans les dernières volontés d’un personnage, autre moi-même, et quelques récits, trois contes et trois nouvelles, qui ouvrent des questions et des espaces à méditer. Je formule ainsi ce qui devra suivre mes derniers instants.

Informations

Publié par
Date de parution 26 octobre 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312063294
Langue Français

Extrait

Vie posthume
Didier Straitur
Vie posthume
De la vie à la mort, et vice versa
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06329-4
« Car , penser la mort, c’est penser la vie. »
François Cheng
Avant -propos
Cet écrit anticipe l’avenir d’une vie après la mort, la mienne, avec la pensée d’un temps posthume, dans les dernières volontés d’un personnage, autre moi-même, et quelques récits, trois contes et trois nouvelles, qui ouvrent des questions et des espaces à méditer. Je formule ainsi ce qui devra suivre mes derniers instants.
Sans doute ce moment terminal est-il l’effacement simple de l’individu que je suis dans un corps en fin de course, et la dissolution d’une pensée de vie particulière, parmi toutes les autres. Mais effacement en pleine conscience.
Plus encore, c’est un passage hors des limites sensibles du présent vers un ailleurs posthume, imaginaire, et intime en chacun, à construire au gré des jours précédents. La mort prend son sens dans la vie particulière qui précède.
Cette pensée préside à l’écriture des récits de ce recueil : trois contes qui dessinent des images merveilleuses de cette vie posthume, et trois nouvelles qui posent des jalons pour le passage de la mort, non pas la mienne seulement, mais celle de chacun dans ce dépassement, peut-être vers une renaissance anonyme, qui sait ?
L’imaginaire permet en effet de franchir les limites sensibles et sociales du réel, y compris en cette occasion finale, et d’ouvrir des champs libres de tout dogme religieux ou idéologique. À chacun d’imaginer le sien dans la liberté et la clairvoyance de sa conscience !
Ces lignes enrichies par l’imagination laissent ainsi les traces à suivre pour accompagner ma vie posthume dans la pensée des autres, comme un choix vital à garder intact.
Autour d’une église
Un jour de fin septembre, au-delà de mes soixante-dix ans, je me rends à la cérémonie des obsèques d’un ami, perdu de vue depuis longtemps dans le passé. Mais des images précises sont restées dans ma mémoire. Et en recevant ce faire-part de décès, ces images ont refait surface.
Un peu étonné d’être un destinataire de cette annonce, j’ai appelé par téléphone la personne mentionnée au dos du faire-part. C’est une femme, la sœur de mon ami, qui m’a répondu : elle avait retrouvé un carnet d’adresses de son frère, et procédé à un envoi systématique à la plupart des noms inscrits. Je l’ai remerciée en envisageant de me rendre à l’église mentionnée pour les obsèques.
Depuis plusieurs années, j’ai vu disparaître autour de moi des proches de famille, des collègues de travail, des amis de rencontre. Leurs disparitions ont entamé une série de questions sans réponse.
Au fond de l’église pleine de monde, au centre d’une petite ville peu familière pour moi, je partage un recueillement général, la montée du cercueil dans la travée centrale, les couleurs vives des fleurs déposées tout autour de l’autel, et les notes de l’orgue s’égrenant au rythme d’une partita de Bach.
Un diacre prononce des paroles de consolation, destinées à apaiser la tristesse de cette disparition soudaine. Plusieurs membres de la famille passent aussi devant le micro pour évoquer la mémoire du défunt. Je ne reconnais pas beaucoup le jeune homme connu dans le passé de nos études communes. Nos choix voulus ou improvisés ont séparé nos chemins assez tôt.
Comme les autres assistants de la cérémonie, je manifeste ma reconnaissance de ce passé lointain en venant devant le cercueil faire le geste d’un signe amical, en posant la main sur le bois. Mais la présence du corps invisible dans ces planches me met mal à l’aise.
En fait, c’est la question de l’absence qui envahit mon esprit. La vie de cet ami perdu de vue depuis longtemps me revient en mémoire, au moment même où elle s’échappe du réel sensible. Son absence devant nous aujourd’hui n’est-elle pas le signe d’un passage éphémère qui s’accomplit depuis longtemps ?
En sortant de l’église, après le départ du corps, je m’arrête sur la place en bas des escaliers, et je regarde attentivement les sculptures qui décorent le porche en arc de cercle au-dessus du parvis. Chacune renvoie à une histoire religieuse chrétienne qui appelle à partager dans cette église la croyance en une résurrection après le jugement dernier.
Tandis que je me demande si le corps revit ou non post mortem, une main se tend devant moi, et une femme se présente en me disant être la sœur du défunt, me demandant si j’avais l’intention d’accompagner le cercueil au cimetière tout proche pour l’inhumation.
Comme je décline son invitation, elle m’avoue ne pas vouloir suivre non plus le cercueil de son frère au cimetière. Très étonné, j’ose lui en demander la raison.
Ce n’est pas le choix de mon frère, me dit-elle. En plusieurs occasions avant sa maladie, il a manifesté le souhait de donner son corps à une faculté de médecine, avant une incinération finale, sans cérémonie funéraire. Une rencontre amicale de ses proches et de ses amis aurait suffi à évoquer les souvenirs de sa vie, sans présence de son corps, sans fleur ni couronne, en un lieu de vie quotidienne.
Le reste de la famille en a décidé autrement, sous la pression d’un rituel que chacun croit nécessaire d’appliquer à tout individu, en dehors de sa volonté propre, dans une église qu’il ne fréquentait plus depuis longtemps. J’ai tenté d’intervenir au nom de mon frère, en vain. Même les pompes funèbres ont imposé leurs conditions et leur prix pour le transport et les soins du corps.
Pour compenser cette négation d’une volonté individuelle, je distribue à qui veut bien la lire, cette page rédigée par mon frère plusieurs années avant sa fin de vie. La lecture évoque une autre éventualité que celle d’aujourd’hui. C’est ma façon de lui rendre un vrai hommage !
Je saisis la page tendue avec un sourire triste, et promets de la lire sans retard, tandis que je serre la main de cette sœur éperdue.
Cet ami absent dans mon passé récent restera désormais présent en mon esprit par les mots individuels de son texte, et non par la démonstration factice d’une consolation collective.
Pour moi, c’est ainsi que s’achève une cérémonie qui échappe à tous les souhaits du défunt.
Dernières volontés
Dès mon retour à domicile, je m’installe au salon pour faire la lecture de cette page d’un ami maintenant effacé dans le temps présent.
Moi , Denis , j’inscris sur cette page, les dernières volontés de ma vie.
Non par crainte de m’évanouir dans une mort promise à tous et à chacun. Celle -ci devra venir en son temps pour moi comme pour les autres. Mais par crainte de ne pas avoir une vie posthume conforme à mes volontés.
Les choix que je fais aujourd’hui, en toute lucidité, devront prolonger les images de ma vie jusqu’à en faire partie aux yeux de tous.
En adhérant librement à l’ ADMD – Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité – je choisis d’être acteur de ma fin de vie, en restant debout jusqu’au terme choisi, conscient et apte à prendre les décisions finales qui me conviennent.
Mes directives anticipées de fin de vie en précisent les dispositions essentielles, comme suit.
En cas d’accident grave ou de pathologie incurable et irréversible, en évolution négative à court, moyen ou long terme, je demande à ne pas prolonger des traitements visant à maintenir ma vie artificiellement au-delà du raisonnable.
Le raisonnable se situe pour moi dans un fonctionnement autonome de la communication, de la mobilité, de l’alimentation et de l’hygiène corporelle.
Ainsi , si je reste conscient de choisir et apte à participer à ma fin de vie, je veux que l’on m’autorise et que l’on m’aide à accéder aux moyens de réaliser mon euthanasie active, par tout produit approprié et efficace, en un lieu et un temps choisis par moi, sans douleur, et en présence des personnes de mon choix.
En cas de perte soudaine et irréversible de conscience, ou de dégradation mentale à plus ou moins long terme, je veux que l’on procède à mon euthanasie active, par tout produit approprié et efficace, selon mon accord formulé présentement, en lien avec mes personnes de confiance, sans douleur e

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