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EAN13
9782924550687
Langue
Français
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1 Mo
Xavière est une jeune femme qui traverse les saisons de sa vie, comme on fend les brumes variables d’une riche expérience mentale. Elle est imprégnée de poésie, de peinture, de gastronomie fine, de cinéma, de cirque. Et elle est constamment enveloppée de cette extraordinaire musique, qu’on entendrait presque en tournant les pages. Elle aspire à découvrir les gens du cru, les rencontrer, tant dans l’environnement social de leur quotidien rustique que dans les replis des réalités qui forment l'intimité de leurs émotions. Suivons bien Xavière en son monde et en ses saisons.
Après des études en Lettres au Collège de Jonquière et en scénarisation cinématographique à l’Université du Québec à Montréal, Hélèna Courteau se spécialise en cirque aérien à l’École nationale du cirque de Paris (Fratellini) et à l’École nationale du cirque de Montréal. Elle est directrice générale du Centre des arts du cirque Forains Abyssaux ainsi que présidente de l’organisme dédié à la poésie Toulèsarts - autour de la poésie. Ses textes Une journée chez ma soeur Frédérique et Un homme particulier, du recueil de nouvelles Le Murmure des pages, sont publiés aux Éditions Le Baladin en 2021. Sa nouvelle Gala-Nouvelle ligne de partage, écrite dans le cadre de la Fierté littéraire dirigée par le journaliste et auteur Denis-Martin Chabot, a été retenue par la maison d’édition montréalaise TNT.
Hélèna Courteau : « Xavière - mes saisons, le livre que j’aurais aimé lire à dix-sept ans. Certes, c’est présomptueux de le dire, mais lorsque je me suis mise au clavier, les tribulations de la jeune femme de 17 ans à 20 ans ont coulé de source. »
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9782924550687
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Xavière - Mes saisons
Hélèna Courteau
Roman
© ÉLP éditeur, 2022 www.elpediteur.com ecrirelirepenser@gmail.com ISBN : 978-2-924550-68-7
Conception graphique : Allan E. Berger Image de la couverture : Fleur et mer , Hélèna Courteau, 2014
Les saisons du cœur Préface de Louise Dupré
J’ai rencontré Hélèna Courteau en juin 2012, lors du spectacle Trapèze pour joie qu’elle a présenté dans le cadre du Festival de la poésie de Montréal. Je savais qu’elle était une artiste du cirque et je me demandais comment elle arriverait à jumeler son art à des textes poétiques. Quand je l’ai vue se balancer dans l’espace en récitant des poèmes d’Hélène Monette et de mes poèmes à moi, j’ai été très impressionnée. Impressionnée, Hélène Monette l’était aussi après la représentation, je me souviens de son sourire radieux qui nous manque tant depuis son décès en 2015.
Ce soir-là, j’ai su qu’Hélèna Courteau ne faisait rien comme tout le monde, que son originalité la poussait à s’engager dans des terres non défrichées. Qu’elle n’avait pas fini de nous étonner. Aussi n’ai-je été qu’à moitié surprise lorsqu’elle m’a demandé récemment de préfacer le roman qu’elle avait écrit. Un roman ? L’écriture après les arts du cirque, pourquoi pas ? J’ai accepté sans hésiter, curieuse de découvrir cette incursion dans le monde des lettres.
Xavière – mes saisons n’est pas un roman traditionnel : je m’y attendais, d’ailleurs ! Le lecteur et la lectrice découvrent plusieurs moments de la vie de Xavière, la protagoniste, depuis l’enfance jusqu’à la vie adulte. La petite fille surdouée deviendra une adolescente enthousiaste, puis une femme que tout intéresse : les arts, le passé politique du Québec, la découverte du territoire québécois, la situation du monde et le militantisme pour une existence meilleure. Le roman nous entraîne même dans l’avenir, en 2031, alors que Xavière participe à des actions écologistes avec des groupes inuits. Le temps du roman, les rêves deviennent réalité.
Mais ce qui prédomine dans ce roman, c’est le rapport de Xavière aux autres : ses parents, sa sœur, ses ami.e.s, de même que ceux et celles qu’elle croise au fil de ses déplacements. Xavière est profondément humaine, elle cherche à comprendre ses proches, aime les fréquenter et ne refuse jamais de les aider quand elle le peut. Xavière ‑ mes saisons s’avère un livre tourné vers l’amour, l’amitié, il montre une générosité qu’on retrouve aussi chez d’autres personnages, telle Atuq, une militante inuit qui récite cette tirade touchante :
D’abord je rêve un territoire qui nous ressemble. Sans m’en rendre compte je vole vers d’autres cieux. Je ne suis ni celle qu’on invente ni un personnage de l’Histoire des vaincus Je suis ivre de rencontres Dans la rue vivre l’euphorie de la liberté Je revendique sinon de vivre chez soi de me représenter par moi-même De nous présenter tels que nous sommes Les pigments Les liants De notre bonne fortune J’embrasse les passagers de ma vie.
Ces mots, Xavière aurait pu les prononcer : voilà pourquoi ils l’ensorcellent. L’enthousiasme qu’on a pu remarquer chez Hélèna Courteau quand on l’a déjà rencontrée se répercute sur ses personnages, et tout spécialement sur sa protagoniste, qu’on suit dans son parcours personnel en enviant son énergie, sa joie de vivre et sa détermination. On se met à croire de nouveau en l’être humain, en la possibilité d’une solidarité inébranlable, en un avenir habitable. Ce n’est pas peu en cette période sombre où, en regardant le journal télévisé, il ne nous vient que des images de tristesse et de désespoir !
Mais Xavière – mes saisons est aussi un livre sur l’amour de l’art. Hélèna Courteau a étudié non seulement les arts du cirque, mais aussi la scénarisation cinématographique. Et son roman nous permet de constater l’étendue de sa culture. Elle fait référence à des poètes comme Anne Hébert, Gaston Miron et Paul Éluard, au Refus global et à Borduas, à Jean-Paul Riopelle et à Joan Mitchell, à des compositeurs aussi différents que Philip Glass, Franz Liszt et Mozart, à des paroles de chanson, à La Nuit de la poésie 1970 , à des expositions et des spectacles. Le passé et le présent se rencontrent dans un désir de former une communauté portée par la passion des arts et de la littérature, comme le sont les personnages de ce roman dans lequel on peint, chante, pratique la musique ou compose, telle Xavière, qui n’hésite pas à jouer pour son amie Léna.Ce livre, je l’ai dit, nous redonne foi et espérance en la vie. Et on le referme en se disant, comme Xavière : « Je ne fuis pas mon siècle. Mon cœur (animal) en bandoulière, depuis mes marées de printemps, je saisis la vie. » Saisir la vie, lever les yeux vers la lumière, apprendre à regarder les sarcelles, à goûter le moindre plaisir, à écouter les paroles d’un sage, à tendre la main aux autres, c’est le chemin sur lequel nous conduit ce roman, si l’on accepte de s’y engager. Chemin qui mène vers la joie du partage et de la complicité.
Prologue Mon tremblement
La finalité est de vivre selon la nature
Marc Aurèle
Néo-parents Nouvelles amours
Comme chaque vendredi soir depuis quelques mois, je faisais mes adieux àmes tante et oncle pour le long trajet du retour vers mes parents detoujours Vickieet Alfred et pour retrouverma sœur Arthémis.
Commechaque vendredi, de ma fenêtre, je surveille intensémentla route. Des prés déserts, des maisons isoléesdéfilent derrière la nuque du chauffeur de l’autobusrempli de travailleuses et travailleurs de la Mauricie.
Endépit de son air affable, je doute de la fiabilité duconducteur. Dans son uniforme bleu et coiffé de sa casquette,je ne le reconnais pas toujours, il doit rigoureusement m’amenerà bon port. Je ne peux pourtant pas me tromper, l’arrivéeest le grand terminus.
Cejour-là, j’ai une conscience soudaine de mon isolement.Assise sur le grand banc de bois, les pieds dépassant àpeine du siège, responsable de mon sac de voyage. lespassagers vont et viennent sans un regard pour l’enfant de sixans laissée seule.
Deslarmes glissent doucement, je pourrais pourtant aviser la dame auguichet…
Félix,l’ami et partenaire de travail de mon père, est prèsde moi. Je suis sauvée.
Malgréle plaisir de vivre tous ensemble, Vickieprépare ma valise le dimanche midi.
Mesgrands-parents attendent Arthémis qui étudie dans laville voisine et moi je prends la route de l’ouest pourrejoindre mon couvent spécialisé dans l’enseignementd’une nouvelle méthode pour enfants doués.
Toutva bien.
TanteAmandine ouvre ses bras, Richard me sourit de son fauteuil berçant,la grande Suzanne reviendra bientôt. Je rejoins Françoisdans la cour voisine dela maison de brique.
Dansmes yeux d’enfant, tout est différent chez les Daveluy.
Ilshabitent la ville, logent dans un appartement, mon cousin accepteavec grâce de partager sa chambre, tante Amandine ne travaillepas à l’extérieur, oncle Richard s’exprimepeu, tout en ayant un ascendant sur la maisonnée. Il n’ya pas de salle de jeu ni de piano.
Lafamille m’entoure et me cajole comme si elle se trouvait devantune enfant prodigue.
Dansce monde codifié, il est facile d’être heureuse.Calme et heureuse à l’image de mes hôtes.
J’apprivoisepeu à peu mon cousin, le petit garçon qui fait glisserson camion dans le sable. Je suis ravie de mon nouveau compagnon dejeu.
Sousle regard attentif de Suzanne, l’enfant blonde prend plaisir àmarcher main dans la main avec elle dans les rues bruyantes quimènent à l’école de pierres grises.
Premiersapprentissages de l’écriture, de la lecture, deslangues, du calcul aidé des bâtonnets.
Lentementje défriche les matières enseignées par lasavante religieuse. Premières expériences de disciplineoù j’apprends à séparer le jeu desdevoirs.
Premièresexpériences de rencontres avec une classe pleine d’enfantsde mon âge, avec les sœurs grises, avec le tourbillon deleur voile au réfectoire, avec les grandes personnes dans lesmagasins, dans les transports.
Lachambre de Suzanne est bien rangée. Tous ses jouets sont àma disposition, les poupées et leur maison de huit pièces,de même que les oursons. Un calme feutré m’entoure.Seule de faibles voix venues de la télévision se fontentendre de la cuisine servant de séjour.
o0o
Surla table en mélamine, les accessoires sont placés,Amandine enfile ses gants de caoutchouc rose, J’ai attrapédes poux.
Tanteenduit mes cheveux d’un produit froid puis massevigoureusement. Elle rit en entendant les râles de l’infestée.Elle m’informe que pour faire fuir les insectes le shampoingdoit être fort comme du solvant à peinture. J’ail’impression que ça arrache le cuir chevelu.
Parfois.
Certainesnuits, je me réveillais recroquevillée. Sortir d’unrêve pour replonger dans un autre, revoir maman, me retrouvertoute petite, revoir papa.
Tantineest penchée au-dessus de mon lit, elle me rassure de sa voixfamilière. Elle chantonne doucement jusqu’à ceque mon sommeil s’installe.
D’autresfois, François et moi chuchotons dans le noir, partageant nosattentes. Le lendemain, le soleilconsole la chambre du fils. Je le suis au lavabo, dans le petitmatin.
Tousles mardis.
Lesenfants de la maison participent au rituel de la marque decroissance.
Jeme place le long du mur de la salle de bain, les talons joints, lesgenoux tendus, je regarde droit devant moi. La dernière marqueindiquait cent douze centimètres.
o0o
Jecroyais pouvoir jouer aux voitures miniatures —camion remorque,auto-patrouille, camion de pompier, voiture sport — jour aprèsjour après jour avec François, devant l’appartement.
Commeà l’habitude, j’entre avec enthousiasme et sanspeur dans la cour d’école remplie de cris d’amiespour qui mon cœur s’emballe. Le vingt et un janvier decette année-là, tout semble normal.
Deuxvolées de marchesmènent à ma classe.Nous nous asseyons devant le regard attentif de notre institutrice,nous ouvrons nos cahiers, John and Maryplay ball en couleur sur le panneauaccroché au mur. Les bâtonnets en bois attendent devantla grande ardoise.
Àdéfaut de lever la main à la ques