Y a-t-il un principal de collège dans cette galère?
147 pages
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Description

"L’institution est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît et ne mérite ni excès d’honneurs, ni excès de critiques. En démonter le fonctionnement au jour le jour, dans les menus détails, évoquer les problèmes et conflits qui s’y posent, grands ou petits, graves ou anecdotiques, importants ou dérisoires, induirait une approche plus juste et plus conforme à une réalité bien souvent méconnue ou déformée. [...] La subjectivité s’y déploie certes, mais elle ne peut être écartée ; elle éclaire parfois indirectement les blocages du système. Tout n’est pas parfait, loin de là. On y vit entre rage et désespoir, on y rit, on y pleure, on y est encore enthousiaste et dépressif, tout à la fois. On y passe parfois quarante ans de sa vie, sans rien regretter." Ce livre est le témoignage authentique et poignant d’un principal de collège à la retraite. La portée politique de cet ouvrage n’apparut certainement à son auteur qu’à la relecture de son œuvre. En effet, G. Costecalde a simplement souhaité partager avec le lecteur le quotidien d’un chef d’établissement, ses joies comme ses peines, ses difficultés comme ses succès, avec une simplicité dénuée de tout jugement de valeur. Les faits, relatés dans une langue rigoureuse, dominent ce texte, et c’est presque malgré lui que l’auteur interpelle le lecteur sur l’état de l’institution qui l’emploie. On ne peut qu’être admiratif devant l’humilité avec laquelle ce récit nous présente un métier qui demande une qualité trop peu dispensée dans la société actuelle: l’humanité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748369250
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Y a-t-il un principal de collège dans cette galère?
Georges Costecalde
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Y a-t-il un principal de collège dans cette galère?
 
 
 
À ma mère,
 
Avec mes remerciements à Nicole, Murielle et Claudie.
 
 
 
 
Préambule
 
 
 
Ceci n’est pas un ouvrage issu des recherches en Sciences de l’éducation mais une plongée dans l’univers quotidien d’un principal de collège, son vécu personnel, avec tout ce que cela comporte de subjectivité, de parti pris, de provocation, de polémique, peut-être de mauvaise fois, mais aussi de part de vérité.
À la retraite et fermement décidé à prendre du recul au regard des problèmes de l’Éducation nationale, je ne manque pas, cependant, de lire le moindre article de presse, le moindre livre ou d’écouter le moindre débat concernant cette institution à laquelle j’ai consacré quarante ans de ma vie.
Avec La fabrique de crétins qui dénonce un système dont le résultat est que nombre d’élèves ne savent pas lire en arrivant en 6ème, et nombre en sortent sans le moindre diplôme ou qualification la plupart du temps, les jugements sont sévères. Les responsabilités de cet échec sont attribuées à la lourdeur du système, à son incapacité à se réformer, au conservatisme des milieux enseignants.
Chacun se souvient de la nécessité affirmée par un ministre de « dégraisser le mammouth ».
Si la guerre scolaire semble s’être estompée entre le public et le privé malgré quelques insidieuses mesures récentes (loi Carle de septembre 2009), il n’en reste pas moins vrai que, dans les hautes sphères qui nous dirigent, certains ne verraient pas d’un mauvais œil la disparition de la maison Éducation nationale, au nom de la sacro-sainte liberté d’enseignement.
Les professeurs d’université accusent les lycées de leur envoyer des élèves qui n’ont pas le niveau, les professeurs de lycée se vengent sur ceux des collèges incapables de leur préparer des élèves dignes de réussir dans le secondaire long. Les professeurs de collège pointent du doigt les instituteurs dont les élèves sont si faibles qu’ils ne savent ni lire, ni encore maîtriser les quatre opérations, les professeurs des écoles s’en prennent à leurs collègues de maternelle et ceux-ci s’en prennent à qui ?
Je veux bien croire que l’école soit un enjeu sociétal majeur ; que, jusqu’à ces temps derniers, elle facilitait l’ascension sociale des enfants des classes moyennes ou défavorisées.
La méritocratie républicaine serait-elle devenue un mythe ? En période de crise, elle est, bien évidemment, sur la sellette. Dans un article récent du Monde , François Doubet mettait, même, en cause l’efficacité de cette méritocratie républicaine qui, dans ces temps difficiles, ne ferait qu’accroître les différences sociales et scolaires.
L’école a changé, les élèves aussi, on réfléchit à partir d’évidences sans en mesurer vraiment les causes ni leur portée réelle.
La transmission des savoirs n’est plus ce qu’elle était ! Le niveau baisse ; ne parlons pas de l’orthographe, c’est une catastrophe ! Le niveau n’en finit pas de baisser chaque année. Depuis des années, j’entends cette petite litanie.
Déjà, quand j’étais potache au lycée, nous étions moins bons que nos prédécesseurs. Et pourtant, la fabrique des élites continue, certes davantage dans les « grandes écoles » qu’à l’université.
Le système scolaire livre toujours des ingénieurs et des médecins, des chercheurs et des financiers.
La massification de l’éducation est un fait incontestable. Pensez-donc, au lycée où je terminais mes « humanités » en 1966, nous étions trois classes de terminale, maintenant, on en compte une douzaine !
À qui a-t-elle profité ? Certainement pas aux enfants des milieux défavorisés ! Une très ancienne étude des sociologues Baudelot et Establet, dans les années 1970, montrait que les élèves de lycées professionnels étaient majoritairement issus des milieux populaires ouvriers ou employés. Cinquante ans après, la situation n’a guère changé.
Cette massification a cependant bouleversé les schémas traditionnels en accroissant la pression sur l’école. L’objectif, que 80 % d’une génération arrive au bac, en est l’illustration parfaite. Était-ce une illusion, un slogan démagogique qui répondait à la demande pressante des parents ? Beaucoup le pensent.
Quid des 20 % restants ? C’est bien cette frange perdue de nos élèves qui pose problème.
Finalement, le pays a l’école qu’il mérite et parfois qu’il souhaite.
Elle reflète les changements sociaux et culturels de notre société. Elle ne peut être rendue totalement responsable de son échec, échec que l’on n’a de cesse pourtant de ressasser. Plus que de l’échec de l’école, c’est d’un échec collectif dont il faudrait parler, échec des « politiques », échec des familles, échec aussi de la structure.
Étrange discours parfois qui reconnaît le dévouement de la grande majorité des enseignants, tout en les cassant, tout en criant leur incompétence, leur absentéisme, statistiques et comparaisons avec d’autres pays à l’appui.
De plus, s’y greffent souvent d’aigres remarques concernant leurs privilèges nombreux, voire scandaleux, leurs salaires, leur liberté pédagogique, les protections dont ils disposent, l’impossibilité de les sanctionner, voire de les renvoyer, sans parler du bon vouloir et de la toute-puissance de leur syndicat majoritaire qu’il a fallu mettre au pas. Il fut longtemps le co-gestionnaire de la Maison, comme Sophie Coignard l’affirme, haut et fort, dans son ouvrage Le Pacte immoral .
 
Comparaison n’est pas raison.
 
J’ai été surveillant, maître auxiliaire, j’ai enseigné comme professeur titulaire dans un lycée professionnel, puis dans un lycée dit classique ; tout le panel pour accumuler de l’expérience et pour porter un certain regard sur ce monde étrange qu’est l’Éducation nationale.
Mais que ne demande-t-on pas à l’école aujourd’hui ? Tout et son contraire : de transmettre les savoirs mais aussi d’apprendre la citoyenneté, la politesse, le respect des autres mais, aussi, la sécurité routière, l’éducation sexuelle, la pilule, le sida, les maltraitances, l’hygiène corporelle, l’équilibre alimentaire et j’en passe.
Mais que ne demande-t-on pas à l’enseignant ?
Il n’est plus un simple passeur de savoirs mais aussi l’assistante sociale, l’éducateur spécialisé, l’inspecteur de police, le juge de paix et parfois la nounou, celui qui remplace les parents déficients.
 
Puis, enfin, je me suis présenté au concours de chef d’établissement.
Être « chef », pensais-je, me permettrait une vision plus globale du fonctionnement de l’institution. Intermédiaire entre les personnels et l’inspection d’académie, il aurait une perception plus étoffée des problèmes qui se posent aux deux bouts du manche. Il serait, aussi, la dernière courroie de transmission des décisions ministérielles qu’il serait chargé de mieux mesurer et de faire appliquer. Au contact avec les parents d’élèves, avec d’autres institutions comme la justice, la police, il serait plus apte à discerner les clichés, les idées reçues, les banalités qui courent sur l’Éducation nationale.
L’institution est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît et ne mérite ni excès d’honneurs, ni excès de critiques.
En démonter le fonctionnement au jour le jour, dans les menus détails, évoquer les problèmes et conflits qui s’y posent, grands ou petits, graves ou anecdotiques, importants ou dérisoires, induirait une approche plus juste et plus conforme à une réalité bien souvent méconnue ou déformée.
Le quotidien d’un établissement vaut parfois bien des thèses volumineuses, disons qu’ils se complètent. Les analyses structurelles, sociologiques masquent parfois le ressenti de tous : professeurs, élèves et parents d’élèves.
La subjectivité s’y déploie certes, mais elle ne peut être écartée ; elle éclaire parfois indirectement les blocages du système. Tout n’est pas parfait, loin de là. On y vit entre rage et désespoir, on y rit, on y pleure, on y est encore enthousiaste et dépressif, tout à la fois. On y passe parfois quarante ans de sa vie, sans rien regretter.
 
Je suis fils d’une de ces « hussardes noires » de la République qui, dans les années trente, tenait une classe unique dans un humble village du Berry. Institutrice et secrétaire de mairie, ma mère préparait les élections, alors qu’on lui refusait encore le droit de vote. Je suis fils d’une mère Courage, qui hébergea dans sa classe dès 1942, deux élèves juives qu’elle faisait disparaitre de temps en temps.
Je suis enfant d’une profession qui fut l’honneur de la République et je voudrais bien qu’il en soit encore ainsi de nos jours.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Galère :
Italien : « galea » ; Catalan : « galera » ; ancien français : « galée »
Bâtiment de guerre à voiles et à rames
 
 
 
Locution proverbiale :
« Je me suis laissé entraîner dans une drôle de galère »
 
 
 
 
 
 
 
 
L’idée de devenir chef d’établissement m’avait effleuré, puis taraudé, peu à peu. Les collègues, avec qui je travaillais au lycée professionnel, avaient senti le vent tourner et s’éclipsaient les uns après les autres.
Patrick réussissait le concours d’inspecteur primaire et partait en stage à Paris. Jean gagnait le lycée technique, Mireille le lycée classique. La solide équipe que nous constituions, et qui faisait du bon boulot, se délitait. Moi-même, j’avais l’opportunité de rejoindre un collège ou un lycée.

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