Afrika Dreams
276 pages
Français

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Description

« Ce n'est pas encore la panique, mais ça va le devenir très vite, je le sens... Sylvie, dans une mixture émotionnelle empreinte tout à la fois d'interrogation innocente, de calme courroucé, de reproche à peine déguisé, s'exprime maintenant abondamment : — Oh là là ! Qu'est-ce qu'on va devenir ? Tu vois, je te l'avais dit, c'est dangereux de rester tout seuls ! T'aurais pas dû laisser le 4X4 à Déo ! Je pensais pas que c'était comme ça, mais les lions... Ils ne vont tout de même pas nous attaquer ? Si je la laisse continuer, elle va me balancer qu'elle veut retourner chez sa mère, que c'était mon idée et pas la sienne, que tout est de ma faute et que puisque je nous ai mis dans la merde, j'ai qu'à nous en sortir ! Elle ne cherche pas de solution, elle règle ses comptes... Elle enchaîne sur un ton désarmant : — Mais aujourd'hui, les lions, ils ne mangent pas les gens quand même ? En d'autres circonstances, j'aurais littéralement explosé et crié à l'écervelée ! Mais trop accaparé par une énorme trouille, je préfère ne retenir que sa touchante ingénuité. Je chie dans mon froc, or je reste stoïque et protecteur. Ma tension extrême, je ne dois pas la laisser transparaître à Sylvie, sinon... » Grand amoureux de la savane, de sa faune et de sa flore, l'auteur a décidé de partager les souvenirs de plus de vingt années de safaris : entre rencontres exceptionnelles et peurs bleues, ce témoignage passionné, immersif et débordant d'humour est une véritable invitation au voyage, un condensé d'aventures qui fait rêver.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342049305
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Afrika Dreams
Daniel Latour
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Afrika Dreams
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
 
Chapitre 1. Rugissements de lions dans le Serengeti
 
 
 
Février 1990
Tanzanie – parc national du Serengeti – Lobo
Il est déjà tard lorsque enfin, par des pistes cahoteuses et poussiéreuses, nous arrivons à Lobo, dans le nord du parc. En langue maasaï, Serengeti peut se traduire par : « Terre dont on ne voit ni le début, ni la fin. » D’immenses plaines où serpentent de redoutables rivières. Des forêts galeries, des savanes arborées et arbustives. 40 000 kilomètres carrés d’un éden originel encore bien conservé, où vit une faune prodigieuse. Chaque jour, chaque nuit, prédateurs et proies y jouent le concert de la vie et de la mort. Pour rien au monde je n’aurais voulu mourir sans avoir un jour vécu cela ! Et aujourd’hui, j’y suis, en plein dedans, à mes risques et périls !
J’ai fini de monter la tente au milieu de nulle part ; un vieux panneau en bois gît par terre où il est inscrit : « Lobo Public Campsite ». Ça me rassure un peu, mais nous sommes tout seuls, si seuls, entourés de bêtes féroces qui se cachent encore. Je trouve un crâne de gnou avec ses cornes recourbées en points d’interrogation. Mauvais présage ? Je n’en sais rien, en tout cas je décide de l’utiliser comme oriflamme et l’installe sur le piquet central de la tente comme pour annoncer : « Attention, l’homme est là. » Et puis, en cas de fortes pluies, ça pourra servir de paratonnerre. Nous nous sommes installés au pied d’un colossal rocher gris qui ressemble étrangement à celui du dessin animé Le Roi Lion de Walt Disney ; mauvais augure ?
Déo, le chauffeur, c’est un petit malin ; depuis le départ du safari, il dort dans le 4x4. Il a la flemme de monter sa tente, paraît-il… J’ai envie de le croire mais je ressens comme un vague malaise. L’autre nuit, en allant chercher quelque chose dans le véhicule spécialement équipé, renforcé de partout comme pour parer à toute attaque éventuelle, il a sursauté, mort de trouille ! En apercevant son ombre bondir, j’ai eu très peur aussi… Que dis-je, j’ai failli avoir une crise cardiaque ! Pour sauver les apparences, nous avons mis ça sur le compte d’un malheureux concours de circonstances. Alors pourquoi je lui réponds « oui » lorsqu’il me demande d’emprunter le 4x4 pour se rendre à un village voisin, alors que je sais qu’il n’en existe pas et qu’il veut plutôt aller boire un coup au lodge aperçu dans le lointain ? La confiance… Est-ce bien raisonnable ? Il promet une absence d’une heure, deux tout au plus… Après tout, il a bien le droit de souffler un peu ; il est si jeune, si inexpérimenté. La brousse, ce n’est pas vraiment son truc !
Le 4x4 s’éloigne et je n’entends déjà plus le ronronnement familier et sécurisant du moteur. Je réalise tout à coup que ma compagne Sylvie et moi vivons un intense moment de solitude. Pas pour longtemps !
Plus de véhicule, pas d’armes, pas moyen de fuir et ce grand rocher qui offre tant de caches, peut-être une tanière… Il est devenu menaçant à surplomber dangereusement le camp. De l’Afrique sauvage, je n’ai d’expérience que mes lectures. Alors je décide de sortir ma science et explique à Sylvie que les babouins se réfugient sur ce genre de rocher la nuit venue, qu’ils dorment dans les hauteurs afin d’éviter les griffes du léopard. Cela n’a pas l’air de la perturber outre mesure. L’assurance des innocents, ignorants de tout. Il ne faut pas gamberger et je dois montrer l’exemple. Je suis censé être un spécialiste. À l’horizon, le soleil disparaît. La nuit tombe vite en Afrique !
Faire du feu, cuire du riz dans une grosse marmite, allumer les lampes tempête, disposer les sacs de couchage, le charbon de bois, rester dans l’action, ne pas trop penser. Tout est là, sur une bâche, allons-y ! Instinctivement, nous nous sommes rapprochés du bel acacia qui trône au milieu du camp et nous procédons machinalement et sans bruit aux opérations de logistique. Je suis mal à l’aise et mon ventre se serre un peu plus. Et le chauffeur qui ne revient pas ! Tout à l’heure, je me suis entendu prononcer le mot de « léopard », mais maintenant, c’est à d’autres gros chats auxquels je pense… Nous sommes si fragiles, si minuscules dans cette immensité, sans autre défense que la protection mentale de notre arbre providentiel. Mais arrête donc ! Pas de panique ! Certes, près de 2 500 lions rôdent dans le Serengeti, mais ce sont surtout des chasseurs nocturnes. D’ailleurs, ils dorment presque tout le temps, plus de dix-huit heures par jour ! Restons tranquilles et tout se passera bien. La nuit commence à tomber. Bon sang ! J’ai oublié d’allumer les lampes à pétrole ! Je m’y colle fébrilement avec une bonne dose d’anxiété que je prends pour de l’adrénaline. Dans la précipitation, je n’arrive pas à allumer les mèches. Déo m’avait pourtant bien expliqué ! Je tremble ou quoi ? Ce n’est pas le moment de déconner ! La flamme vacille puis rayonne dans la première lampe, avant de rejoindre la deuxième. Je suis un peu soulagé et tandis que mon calme revient, je les dispose autour de nous. Avec le feu, elles forment comme un cercle protecteur. Mais ce qui est embêtant avec ce type d’éclairage, c’est que l’on voit bien dans la partie éclairée et derrière, c’est le noir total ! Plus noir encore que si les lampes n’étaient pas là !
Le riz va bientôt être cuit et toujours pas de chauffeur… Tant pis, nous mangerons sans lui. Quelques mangues en plus, des gâteaux secs et du thé. La vie de brousse en bivouac a du bon, une bonne nuit étoilée par là-dessus et hop ! Enfin, nous verrons…
 
La première attaque vient du ciel. Une nuée de gros papillons de nuit, sortis on ne sait d’où. Ils s’abattent sur le camp, attirés par la lumière, voltigent et tournoient autour de nous tels de petits bombardiers, une espèce de coléoptères. Certains tombent dans les assiettes, d’autres, plus malins, s’invitent directement dans la marmite de riz. Il y en a un qui essaie, dans un battement d’ailes, d’entrer dans mon oreille droite avec son corps velu et ses ailes poudreuses. Comme pour un moustique, je lui envoie une bonne claque ! J’en ai plein les doigts maintenant ! Ça aggrave mon stress, mais comparé à ce qui va suivre…
Entre deux cuillerées de riz, lentement je me retourne vers Sylvie. Je ne lui connais pas ce genre de rire nerveux. Un ricanement plutôt, d’abord lointain, puis tout proche. Mon cœur bat plus fort. Voici que se présente Crocuta crocuta . J’en ai tellement rêvé lorsque je lisais La Faune de Félix Rodriguez de la Fuente, qu’il se passe quelques secondes avant de constater de visu que je ne suis pas victime de mon imagination. Oui, oui, ce sont bien des hyènes tachetées ! Cinq paires d’yeux jaunes qui nous scrutent dans la nuit. Ils se dandinent, s’appellent, reculent puis avancent davantage. Dans la pénombre, je devine des poitrails puissants et des cous hirsutes. Les gros mammifères ne craignent pas vraiment le feu. Ils ont l’habitude des incendies qui ravagent régulièrement plaines et forêts. Ces hyènes sont curieuses et elles ont senti la nourriture de très loin. Le riz et… nous, dont elles ne laisseraient aucune trace si d’aventure, fortes du groupe, elles se transformaient en redoutables chasseresses. Des estomacs aux sucs digestifs incroyables, des acides qui dissolvent tout, peau, chair, moelle et os compris.
Un froid glacial glisse le long de mon échine car à cet instant, une peur ancestrale me paralyse. Une peur inscrite dans le patrimoine génétique qui dévoile son jeu pour la première fois de ma vie. De celle qu’ont dû éprouver maintes et maintes fois nos grands-pères australopithèques, descendus des arbres pour s’aventurer dangereusement en terrain découvert, en quête de protéines plus ou moins avariées mais ô combien énergétiques ! Des cadavres d’animaux fraîchement tués, enjeux d’incessantes luttes où le flan est offert à la dent et à la griffe acérées. Je vis cette terreur d’être mangé tout cru, d’entendre mes os craquer broyés par d’impitoyables mâchoires, de sentir les canines sectionner ma gorge, le souffle chaud de mon tueur comme un baiser mortel. Je sens mon corps désarticulé, ensanglanté, mais toujours vivant, dans lequel les convives d’un jour croquent à belles dents, enlevant et avalant d’énormes bouchées. Certains, en se disputant, arrachent mes membres, d’autres s’emparent des parties tendres… C’est très inconfortable comme situation !
Des spécialistes affirment que les proies, au bout d’un certain temps, ne sentent plus rien. Comme si l’acceptation de la mort prochaine les immunisait contre la douleur et la souffrance. Mon œil ! Moi je crois plutôt que l’on doit gueuler jusqu’au dernier souffle, dans un gargouillis monstrueux. Une véritable horreur !
Je prends mon courage à deux mains et, avec une lampe tempête, je cours en hurlant vers les yeux jaunes qui s’évanouissent dans la nuit… pour mieux réapparaître vers la gauche, plus enhardis que jamais ! Débute alors un jeu macabre, une sorte de « un, deux, trois, soleil » sur fond de savane. Pas de cri de Tarzan, seulement des braillements d’homme de Néandertal qui, au final, arrivent quand même à me faire sourire ! Je me détends. Il faut juste montrer à nos charmantes invitées que nous sommes en bonne santé et qu’il n’y a pas asse

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