Conte d apothicaire
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Conte d'apothicaire , livre ebook

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Description

« Pantalon baissé, l’escargot frigorifié, “encoquillé” sous les rires et agaceries de la cour de récré, Amédée se promet qu’un jour, Raymond la science, en bavera grave.



Et Raymond devient Maire de Ponce-lès-Piles, un village à la noix. Et Amédée, le pharmacien de tous ces “gauleurs”.



Le plan machiavélique de l’apothicaire s’ordonnance alors selon ses calculs. Potions, élixirs, opiats et onguents - concoctés avec un souci rare d’efficacité maximum, côté gonadique - distribués à la louche auprès des administrés, rendront-ils ingérable le patelin ?



Quand, “turgescés” à souhait, les élus décident dorénavant de se réunir sous la table, afin que les parties des uns s’ouvrent pleinement aux arguments des autres, Amédée sourit à l’évidence : il a le pouvoir. Quoique... »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 novembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414507948
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-50795-5
© Edilivre, 2020
SE NON E VERO, E BENE TROVATO *
DÉDIÉ À TOUS CEUX QUI RÊVENT ENCORE
*Si ce n’est pas vrai, c’est bien trouvé.
I
— L’en-tre-cuisse !
— ??? t’es sûr ?
— Comme j’t’le dis.
Au moins aussi troublé que son pastis par une goutte d’eau intrusive, l’ébaubi épongea l’invraisemblable d’un cul sec amical, écarquillant un peu plus ce qui condescendait encore à lui servir de pupilles, malgré les attaques en règle de trois : trois pour le plaisir, trois pour l’amitié, trois pour l’honneur ! Le dernier pour la route, la rincette, comme chacun sait, n’entre pas dans le livre comptable, mais s’inscrit dans la colonne bonus.
— Vingt ans que j’ai les noix dans les mains, et je savais pas que…
— L’entrecuisse !
— Tu parles bien du truc entre les cerneaux ?
— Pile poil.
— Alors, quand j’tiens ma gaule à bout de bras, en visant bien…
— Arrête tes conneries Hubert, faudrait qu’tu sois gaulé plus fin d’abord, et à leur chatouiller l’entrecuisse à toutes, adieu la récolte !
Le comptoir, plié en deux – étonnant cette facilité à la courbette malgré le tronc gorgé de liquide à ras bord – vomissait des bourrades au pauvre Hubert. « Gaulé plus fin », ça ne paraissait pas possible, certains envisageaient même un remake de perdu de vue, l’occasion de se pisser dessus à bon compte.
Ponce-Lès-Piles, un village à la noix. Enfin, comme tous les villages marqués par leur production locale, la majorité des actifs, gaullistes par affinités homophonique, gaulait, sans goût particulier pour la chose, par atavisme cocardier, peut-être, car il fallait bien se distinguer du village d’à côté qui avait depuis toujours les deux pieds dans le même sabot. On notera, avec quelques regrets toutefois, que ne figure pas, sur la liste des matériaux de construction, la pourtant fameuse, pierre ponce ! Le destin du hameau en eut été bien différent.
Et tout aurait pu continuer ainsi, noix et noyades au bar, jusqu’à la pépèrisation sénile totale, sans à-coups, sans hoquets. Que dire de plus ?
— Ah ben justement, y’aurait à redire !
Les brumeux du comptoir s’aventuraient, à l’aveuglette, dans l’analyse circonstancielle à orientation variable, selon le point de bu personnel, qui les contraignait soit à une récolte tardive de verres en grappes, soit à une moisson alignée de bulles mousseuses.
Orphelins d’Amédée, ils n’en finissaient pas de conjecturer dans l’hypothétique, de supputer dans le vaseux, retombant bien vite dans l’itératif :
— Qui l’eût cru ?
Certes, on entendit quelques téméraires se lancer dans l’audace absconse du :
— Y’a qu’à faut qu’on, c’est pas Dieu possible !
Velléité quand tu nous tiens !
Cependant, ce bel élan d’insurgés locaux rivés au comptoir depuis bien avant l’évènement, ne ramènerait au village ni l’Amédée, ni la légitime du maire, ni la vie nocturne.
***
Située au centre du village, presque adossée à l’église, avec la désinvolture d’un lieu hautement fréquenté, la pharmacie voyait régulièrement défiler un à un tous les poncepiliens et poncepiliennes.
Depuis vingt ans qu’Amédée Lebois avait racheté le fond de commerce, grâce à un gentil pécule tombé du cercueil d’une grand-tante par alliance, le nombre de ses clients avait triplé. Non pas que le patelin prît des proportions de bourg par l’éclosion irraisonnée de petites verrues disgracieuses à sa périphérie, dans lesquelles, chaque année, poussent des rejetons braillards sourds aux vermifuges, non, simplement, si l’on peut dire, chaque souffrant s’était rendu bon gré, mal gré, chez le pharmacien trois fois plus, sorte de courbe exponentielle à faire se gausser le sceptique un brin matheux.
Certes, le vieillissement d’une partie de la clientèle, avec son cortège d’arthritiques, de catarrheux, d’insuffisants cardio-respiro-rénaux, d’éthylo-cirrhosiques, que la bibine ne soulageait que temporairement, pouvait expliquer une partie du chiffre, mais une partie seulement. Le reste, autant dire le plus grand nombre, et hormis les enfants en bas-âge qui, sans imagination aucune, se refilaient à date fixe les virus empruntés à la fratrie, mais aussi, pour les moins craintifs, ceux des copines altruistes croisées sur le pot de la crèche, le reste donc du bataillon de médicamentés se comptait chez les femmes et hommes d’âge moyen, formant les forces vives de Ponce-Lès-Piles. Forces vives, bien sûr est à entendre au sens large de l’expression, presque poétique, car des forces nourries aux potions magistrales d’Amédée Lebois, se révélaient, selon les cas, extrêmement vives pour certaines, et particulièrement mises au ralenti chez d’autres.
***
Ce fut le changement radical et incompréhensible de comportement de Doudoune, la chatte bleutée de madame Dayridet, qui intrigua tout d’abord.
Pensez, une chatte ligaturée, élevée à l’intérieur exclusivement au mou, au blanc de seiche et à l’air conditionné, mariée une fois, sous la contrainte, pour éviter le coup de folie, et qui, subitement, coursait tous les matous du canton y compris le basset à poil ras de l’inspecteur des impôts, qu’elle harcelait non sans malice, exigeant peut-être un avoir sur trop perçu, ou une ristourne. Bien sûr, madame Dayridet se précipita sur le calendrier des postes, tournant et retournant pêle-mêle villages enneigés, chevaux esbaudits et niards niais, sans pouvoir établir un lien sérieux entre les agissements de sa chatte, et les cycles lunaires : pleine ou vide, même en décroissance, point de différence, le félidé revisitait son carnet d’adresses !
Doudoune ignorait bel et bien les flux et les reflux, et faisait la nique aux astrologues de tous poils. On se doit d’ajouter, afin de demeurer au plus près de la vérité des faits incongrus, qu’outre la chatte turbo-activée, Lascar, le bâtard du Bar-Tabac-Épicerie-Quincaillerie, inquiéta son propriétaire, au point qu’une réunion improvisée d’experts en dégoisements zingueux, les piliers du comptoir donc, mit en parallèle – et Dieu sait qu’il n’est pas aisé de mettre en parallèle une flopée de paramètres hasardeux après une envolée de ballons rouges, blancs, rosés – les modifications simultanées et concomitantes des habitudes sexuelles du matou et celles du corniaud.
En effet, Lascar était plutôt coutumier d’accouplements tant furtifs qu’indistincts, couvrant quotidiennement plusieurs représentantes de la gente canine qui n’avaient que rarement le loisir d’attendre les grandes chaleurs, celles-là même qui éveillent les envies ; ainsi, par précipitation sûrement, ou cataracte non dévoilée – coquetterie pardonnable – on avait dû le dissuader, à grand peine, d’embrocher Martin, un quintal de graisse au groin disgracieux, asthmatique depuis qu’il était passé, malgré lui, au-dessous de la barre des 10 secondes aux 20 mètres lancé contre la barrière ! De même qu’il était devenu impossible de convaincre Coquette, une poulette bressane, de redescendre du chêne où, à quinze pieds, dorénavant macrobiotique, glands et baies rouges, elle caquetait avec les écureuils.
Ainsi, et les experts le démontrèrent, au moment même où la tigresse s’échinait à réclamer son lot d’arriérés, le clebs du bistrotier s’aplatissait mollement sur le carrelage, à côté de la caisse, des journées entières, indifférent aux aboiements goguenards des assoiffés. Un électroencéphalogramme pratiqué impromptu aurait révélé une grande platitude des tracés, carrément rectilignes du côté hypothalamique et noyaux gris centraux, à peine ondoyants dans la région mouvements de la queue et soulèvements des paupières.
Les coups de gueule du tenancier d’abord, puis de savates dans les bat-flancs, à proximité de l’objet aspirant désormais au repos, n’y firent rien ou si peu, quelques geignements sourds plus propres à agacer l’oreille qu’à intimider le prédélinquant.
Consulté d’urgence, le vétérinaire, davantage rompu aux vêlements douloureux qu’aux affaires de cœur, évita de justesse une vilaine morsure et retira précipitamment son doigt en caoutchouc avant d’avoir pu prendre toutes les mesures rectaliennes nécessaires au diagnostic.
Ainsi, le zootechnicien laissa la mère Dayridet dans la gêne d’une chatte exhibitionniste forcenée, et le limonadier dans l’impuissance honteuse de posséder un carnassier converti à la mie de pain sans gluten et sans ordonnance.
La situation aurait pu en rester là, car après tout, elle alimentait considérablement les conversations du village – de fait, celles-ci tournaient en rond, depuis l’abolition de la peine de mort, qu’il faudrait quand même réviser pour économiser les frais de cantine des longues peines, on retombait toujours sur les noix – et rabattait sur l’estaminet chaque jour de nouveaux déshydratés. Au plus fort de la journée, à l’apéro donc, Roger devait servir, une bouteille dans chaque main, le coude sur la pompe à bière et le genou dans le verseur à glaçons, trébuchant sur son molosse avachi qui ne mouftait pas malgré les injonctions vexatoires et les écrasements locaux, au milieu d’un brouhaha qui prenait des décibels à chaque tournée supplémentaire.
Précisons qu’un client avisé et cultivé – une pièce rapportée, venue d’une vallée lointaine, qui ne buvait que dans des verres à pied, car à pied ils vont moins vite à descendre, assurait-il – déclara :
— Ma parole, on croirait les entretiens de Bi-chatte !
Plaisanterie probablement savoureuse au sein d’une urbanité hypocondriaque et médicamentée, elle fit un petit flop, écrasée aussitôt par un bel ensemble de verres vides, orchestrés synchrones.
L’humour, comme l’alcool, à ses degrés, plus ou moins bien assimilés selon ses capacités de flexibilité neuronales. Ici, on se tapait volontiers « un bar de rires »

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