In Fine : La vraie vie de la Mort
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In Fine : La vraie vie de la Mort , livre ebook

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Description

La Mort est cool mais s'agace. Il veut devenir une star adulée comme John Lennon. Et si pour y parvenir, il décidait de se mettre en grève ? Ras-le-bol d'être détesté, de se dévouer chaque jour, pour libérer de la place aux nouvelles générations. Il prend une décision radicale : passé 80 ans, on ne mourra plus. L’Humanité est confrontée à un bouleversement majeur et à un dilemme insoluble : que faire des plus anciens ?
La Mort s’amuse de la situation en écoutant les Beatles, entre deux grilles de mots croisés. Mais cette grève sera-t-elle suffisante pour le faire aimer ? Et qui est cet homme qui lui propose son aide pour faire de lui une véritable vedette, adorée de tous ?
Avec « In Fine », conte philosophique contemporain, fidèle à la tradition voltairienne de légèreté mêlée de gravité, Stéphane Nolhart nous offre, avec son talent habituel et son humour corrosif, un voyage, drôle, rythmé, mordant et jubilatoire. Une grande réussite.



Né à Paris en 1966, Stéphane Nolhart est écrivain et directeur d’ouvrage. Il est l’auteur de plusieurs romans, notamment Les ailes de Giacomo (2007), Je ne vous voyais pas comme ça (2009), Blackbook (Prix Fnac, 2011), Vinc, le fils de Warhol (2013). Il se consacre désormais à l'écriture de la saga historique Les Années cristal dont le premier tome est paru en 2018.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 septembre 2021
Nombre de lectures 4
EAN13 9782491996628
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION
LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

 
 
 
 
 
 
 
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
 
Imprimé dans l’Union européenne
 
Photo de couverture : Willgard Krause - Pixabay
Composition du livre : Les éditions d’Avallon
 
ISBN papier : 9782491996611
ISBN numérique : 9782491996628
 
4 e  édition
 
© 2021 Les éditions d’Avallon

In Fine
La vraie vie de la Mort
 
 
 
 
 
 
Du même auteur
 
 
Romans
 
Les ailes de Giacomo , PLE éd., 2007
Je ne vous voyais pas comme ça – PLE éd., 2009
Blackbook , Laura Marre éd., 2011
Vinc, le fils de Warhol ., Notari éd/Les belles feuilles éd., 2012
Les années cristal , tome 1, French Pulp éd., 2018
Le projet Mpumalanga , Az éd, octobre 2021
Les années cristal , tome 2, Az éd., à paraître mars 2022
 
 
Ce roman a été publié en première édition par les éditions Rouge sang en 2015.
 


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À Maroussia Galpérine
Stéphane Nolhart
 
 
 
 
 
 
 
 
In Fine 
La vraie vie de la Mort
 
 
R O M A N
 
 
 
 
 
 
1
 
 
Ma seule évocation vous a toujours mis mal à l’aise. Elle occasionnait parfois même des grattages de nuque, des tripotages de cheveux, ou des fous rires nerveux. Vous pensiez peut-être vous retrouver face à une femme aux traits séculaires, habillée de hardes, aussi hideuse qu’une vieille tante ? Voire à un squelette tenant debout par je ne sais quel miracle sous un poncho à capuche, la faux enfermée entre carpe, métacarpe et phalanges décharnés ?
Non, je mesure 1 m 85, mon aspect est celui d’un homme de quarante ans, sportif-chic. Sans me promener sous un pourpre trop voyant, j’ai choisi d’être élégant, raffiné, doté d’un visage métamorphosable, blond ou brun, nez aquilin, grec, ou épaté, mais inspirant la confiance, à l’affût de la dernière mode vestimentaire.
J’ai rangé l’accoutrement folklorique, cape, sandalettes et le reste du costume au musée, remplacé ma faux et ma carriole par des écrans et des claviers. Des calomnies scandaleuses ont été lancées contre moi : que je tuais les canaris avec les dents, mangeais les enfants, que sais-je encore... Pourtant, j’ai exercé mon métier avec le plus noble esprit, doctement, avec zèle parfois, dans une dévotion au service public jamais prise en défaut. Vous pourriez questionner n’importe quel historien, aucun ne vous dira « La Mort a été laxiste cette année ! » Voilà pour le principal.
Ce matin-là, debout sous la douche, tout en me savonnant les doigts de pied, je chantais Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, histoire d’essayer de me donner du cœur à l’ouvrage, mais je tromperais mon monde en disant que le soleil était dans mon cœur, j’étais… Comment dit-on déjà… ? atrabilaire, c’est ça… atrabilaire ! Les nouveaux horizons offerts par la génétique tenaient toutes leurs promesses. Jadis, la gangrène, l’hémorragie, l’étouffement avec un os de mammouth, avaient eu leurs heures, mais les longues marches joyeuses dans la campagne où je fauchais allégrement de-ci de-là ceux dont le teint me semblait gris, les inutiles, les vieillards inaptes aux travaux des champs, improductifs, et les mouflets, les faibles dont la bouche à nourrir ne servirait à rien, étaient loin.
 
Pour une raison demeurant assez mystérieuse, les homo sapiens commencèrent à se coller des feuilles de marronnier et tutti quanti où ils avaient mal, et se mirent à guérir. Ce fut la naissance de mon ennemi intime, Asclépios, dieu de la médecine. Tout droit venu de l’Olympe, cet adepte du gui et de la soupe aux orties, élève de Chiron le centaure — vous voyez le genre — lui-même versé dans la connaissance des plantes permettant de guérir, campé sur le sanctuaire d’Épidaure en Argolide, avait en son temps trouvé le moyen de ressusciter les macchabées. Zeus, son grand-père — considérant qu’il n’est jamais bon pour le moral des humains de voir les morts se faire la malle par la grande porte — mit fin aux expériences de l’apprenti sorcier. Il n’empêche, la médecine était née. Voilà pour le principal.

Allons aux faits ! Lorsque je me sens près de me laisser aller, une séance de gymnastique m’aide toujours à réfléchir. Le soir tombait tranquillement quand l’idée, venue des entrailles de mon esprit, parvint à mes neurones au milieu d’une série d’abdominaux. Je m’immobilisai, foudroyé en plein mouvement, à la manière des types victimes de sortilèges à Haïti. Tout bien pensé, je connaissais le dieu de la médecine et des médecins depuis haut comme ça. Nous pourrions trouver un terrain d’entente afin de partager équitablement les paillettes. Grâce à son aide, je pourrais devenir aussi célèbre et aimé que John Lennon. Doté d’un moral de diplomate allant négocier une paix des braves, je me vêtis de mes plus beaux oripeaux pour une entrevue où Asclépios pourrait m’opposer un Vade retro, Satanas des plus ferme, si je ne me présentais pas avec un mental de vainqueur.

 
 
 
 
 
2
 
 
J’aime la Grèce. Épidaure et ses ruines. La nuit, on a peur d’y croiser un fantôme. Je tremblais comme une feuille, prêt à bondir sur le premier spectre arrivé par-derrière sans s’annoncer. À la recherche d’Asclépios, j’essayai de ne pas me tordre une cheville entre les caillasses tranchantes et les colonnes millénaires. J’entendis à ma gauche un petit cri aigu. Un rat ou une sorte de rongeur local :
— Psiiiiiiissss…
— Qui est là ?
— Par ici.
Si j’avais été une moule, j’aurais refermé ma coquille et je serais resté planté là, toutefois, il ne serait pas dit que « Catule La Mort » est peureux, aussi m’avançai-je dans l’obscurité pour trouver, accroupi derrière un buisson touffu, une espèce de colosse, grand format, frisé et barbu, tout en muscles, vêtu d’un drap noué autour de la taille :
— Beau terrain, vous êtes locataire ? lançai-je, histoire d’entamer la discussion.
— Baissez-vous, La Mort.
— Pardon ?
— À plat ventre. Les journalistes.
— Les journalistes ?
— Baissez-vous, espèce de mule ! Vous savez combien vaudrait une photo de la rencontre entre La Mort et la médecine ?
Dans un mouvement circulaire, il me saisit par le pantalon pour m’obliger à entrer dans le fourré.
— Justement, je viens vous en parler, dis-je en rampant. Ça ne vous dit pas, une photo souvenir ? On la dédicace ensemble.
— Autrefois, on vous érigeait une statue dans un musée. Avoir son effigie chryséléphantine au British Museum, pardon, pour la postérité, c’est autre chose que la Une d’un journal à scandales.
— Ça se discute. Ici, la ferveur est limitée, mais vous avez votre petit public.
— La piété a été délocalisée à Jérusalem. Les égoïstes monothéistes tirent la couverture, exigent toute la lumière. La famille est propriétaire du domaine par droit divin, mais on fait visiter pour rentabiliser les frais, se faire un peu de pub. Vous êtes venu parler Beaux-Arts ? Qu’est-ce que vous voulez ?
Je pensais que nos jacasseries dureraient plus longuement, mais l’élève de Chiron n’avait pas l’air patient. J’avais lu ces histoires où les dieux se fâchaient, et statistiquement, il ne faisait pas bon se retrouver en face. Mais, c’était connu de tous les esprits évolués, lorsque « Catule L a Mort » se mettait à la tâche, ce n’était pas un courroux divin qui pouvait lui couper les pattes.
— Tout le monde voit la vie en rose grâce à vos méthodes qui tonifient le système, et à moi aussi, la vie devrait m’être douce, parce que, je vous le demande, Asclépios, qu’y a-t-il de plus précieux que l’existence ? Pourtant ce serait mentir que de me prétendre assis sur un sommet de bonheur auréolé d’un arc-en-ciel de gaieté.
— Comment ça ?
— La mise au point du sida m’a demandé un travail acharné. Les grippes asiatique, espagnole, de Hong Kong, russe, du poulet, me réclament chaque jour plus d’efforts. Même le coronavirus, ils ont trouvé le vaccin. Malgré cela, je n’obtiens jamais le moindre satisfecit.
— Comment ça ?
— Je bosse depuis des lustres comme un esclave pour l’humanité. Je retrousse mes manches. J’en sue des ronds de chapeau. J’y mets tout mon savoir-faire. Résultat des courses, tout le monde se fout de mes efforts. Je préserve un semblant de cohésion démographique, comble du comble, mon nom est exécré. Vous voulez savoir depuis quand je n’ai pas ri ? Je déprime.
— Avec le métier que vous faites, je comprends. Vous êtes tout pâle. Je vous prescris un remontant, du Prozac, ma fille m’en a laissé une boîte ?
— J’en suis à 110 milliards de cadavres depuis que l’homme est homme !
— Comment ça ?
— Admettez. Sans le boulot de bibi, les médecins ne serviraient à rien. Le prestige de la médecine ne serait pas le même. Mon activité est un art comme le vôtre.
— Comment ça ?
— On pourrait partager le gâteau, les Unes de journaux. Me faire passer de l’ombre à la lumière.
— Comment ça ?
— Soyez sympa, filez-moi un coup de main pour devenir une vedette, genre artiste bourré de talent, mais cool, altruiste, bienveillant, humaniste, avec plein d’amis.
Vous me devez bien ça.
— Comment ça ?
— Reconnaissez-le. Vous avez la vie facile là-haut, mais sans moi, vous ne seriez qu’un confort inutile. Sans La Mort, les médecins n’auraient plus personne à sauver. Fini les héros en blouse blanche aux télévisions !
— Comment ça ?
— Vous avez vu ces histoires de Beatlemania, la fin de John Lennon ? Ils chialaient tous… Et les pleurs pour la disparition de Michael Jackson ? Des fleuves de larmes ! Quelle vie formidable ont les stars ! On les adule, on les vénère, elles roulent en décapotable, elles sont aux devantures des kiosques à journaux.
— Comment ça ?
Montrez-moi un dieu grec, et je vous montrerai un imbécile. Pourtant, l’ancien élève d’un centaure, petit-fils de Zeus et fils d’Apollon, pouvait probablement dire autre chose que « Comment ça ? » ! Il continuait à me regarder avec les sourcils froncés du type cherchant dans les profondeurs de son cerveau la solution à un probl

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