Le vieil homme dans le couloir , livre ebook

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On a beau dire, les enquêtes, dans la vraie vie, n’ont rien à voir avec celles des romans... et je sais de quoi je parle, je suis un ancien écrivain raté et un nouveau détective prestigieux !


Et, effectivement, ce n’est pas dans un bouquin que vous pourriez découvrir une histoire mêlant une femme trompée, un infirmier lubrique, un vieux en fauteuil roulant, un bon fils disparu, un Bottin à poils, un gangster homophobe, un Grec sans pain ni crudités, un nain, des diamants, des sumotoris et des flots de liquides anisés...


Quoique !

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Nombre de lectures

2

EAN13

9782385010263

Langue

Français

CHAPITRE I
CHYUFA, écrivain détective

Le monde se divise en deux catégories, ceux qui tiennent la plume et ceux qui lisent. Toi, tu lis !
Vous me direz que cette référence au film « Le Bon, la Brute et le Truand » est une drôle d'entrée en matière pour un roman.
Vous pourriez également me reprocher de vous tutoyer pour l'occasion.
Enfin, les plus tatillons d'entre vous me rétorqueront que l'on peut écrire et lire, et vous aurez entièrement raison.
Mais vous oubliez un peu vite que, de nos jours, rares sont les écrivains à se servir d'une plume pour faire vivre leur héros – tout comme moi, ils lui préfèrent le clavier d'un ordinateur.
Ceux qui lisent, mais n'écrivent pas pensent à tort que pondre un roman est un acte long et difficile.
Pas tant que cela. C'est à la portée du second venu.
Ceux qui écrivent, par contre, vous diront que le plus ardu n'est pas le premier roman, mais le deuxième, surtout si vous mettez en scène les mêmes personnages.
La similitude est valable pour les enquêtes d'un détective privé.
Et je sais de quoi je cause, je suis CHYUFA, écrivain et détective.
Pour un livre, la première fois que l'on expose la vie d'un héros – prenez, par exemple, moi – on peut se permettre de s'étendre longuement sur ce dernier – de manière littérale, seulement, je ne suis pas un homme facile – afin que le lecteur s'attache lentement à lui.
Pour le second, impossible d'en faire autant au risque de se paraphraser et de lasser les lecteurs de l'œuvre liminaire.
Si l'opus n° 1 a rencontré son public – hypothèse qui ne me concerne pas, je suis un écrivain à insuccès – l'auteur a l'obligation de faire mieux, de plaire davantage et à une foule plus imposante.
Si vous avez excellé dans votre première enquête et que celle-ci était d'importance, alors, vous espérerez une affaire encore plus retentissante et votre client aspirera à ce que vous la résolviez avec plus de génie.
Dans mon cas personnel – le seul qui m'intéresse, d'où le pléonasme – côté bouquin, la pression est inexistante depuis de nombreuses années.
Je suis ce que l'on appelle un écrivain raté – même si le terme est inexact et que je lui préfère celui de « écrivain confidentiel » – et voilà belle lurette que je n'écris plus pour mes lecteurs, mais pour moi.
Dans ma vie, écrire est un acte aussi vital que respirer, dormir, manger et quelques autres activités que personne n'a envie qu'on évoque dans un livre, raison pour laquelle tout le monde les occulte volontiers.
Par contre, force est de constater que ma carrière de détective a démarré sur les chapeaux de roues.
Pour ma première enquête, j'ai hérité d'une affaire au retentissement international mêlant une des familles les plus riches de l'univers, un mort, une tempête et une île privée en plein milieu de l'océan Atlantique – si vous ne savez pas de quoi je parle, c'est que vous n'avez pas lu « Un mort dans la tempête » et que vous êtes du genre à prendre les séries dans le désordre, ce qui pousse les auteurs à présenter, à chaque épisode, son ou ses héros au risque d'enquiquiner les fans de la première heure.
Un meurtre en chambre close pour débuter dans la profession, tout limier en rêverait, je l'ai fait. Et avec maestria, de surcroît – si l'on excepte la mort du client que j'étais censé protéger.
Vous n'en avez pas entendu parler ? – de mon travail, pas de la mort de mon client ! – Normal, la police américaine s'est adjugé tous les bénéfices de mon boulot. C'est ça, la vie, il y a ceux qui triment en suant sang et eau et ceux qui récoltent tous les profits sans rien foutre.
Dommage, cette investigation menée de main de maître aurait dû me conférer l'aura et la gloire que l'on n'accorde qu'à mes pairs de papiers – vous êtes tous capables de me citer cinq grands détectives de la littérature, mais aucun de la réalité.
Ce ne fût pas le cas, j'ai dû repartir de zéro et me lancer à la recherche de nouveaux prospects aux préoccupations toutes aussi insignifiantes que leurs existences.
Je suis CHYUFA, écrivain et détective, pour vous servir – façon de parler, car mes services vous seront facturés, je ne suis ni un philanthrope ni une buse.
Bon, maintenant, il est temps de me présenter pour ceux et celles qui s'évertuent à lire les séries dans le désordre – ce qui n'est pas sérieux, il faut bien l'avouer et après vous vous étonnez de ne rien comprendre.
J'ai toujours aimé écrire depuis que je suis en âge de le faire. J'aime conter des histoires aux gens – même si ces gens se comptent sur les doigts d'une main didactyle –, que les faits mis en avant soient fictifs ou non.
Je suis également un éternel paresseux. Du moins, je n'ai jamais accepté de faire un job que je n'aimais pas – et je n'en aime aucun, puisque je suis paresseux.
Mes études terminées avec brio – et quelques camarades de classe –, au moment d'entrer dans la vie active, j'ai décidé de me lancer dans l'écriture de romans.
J'escomptais que ma plume me nourrirait. L'espoir fait vivre, paraît-il, mais il n'a jamais rempli un estomac – et le mien est conséquent, il réclame beaucoup de carburant.
Heureusement, je vivais chez papa et maman, à leur grand dam, ce qui m'assurait un toit et un couvert – je n'avais guère d'autres besoins, n'ayant de vices que la paresse, l'écriture, la musique heavy métal et le cinéma asiatique.
Pendant des années, j'ai tenté de percer, envoyant mes manuscrits aux plus grands éditeurs, ne doutant pas que tous se battraient pour m'ajouter à leur catalogue d'auteurs.
De bataille, il n'y eut ; je n'eus que refus.
Les premiers blessent, les seconds lassent, les suivants vous laissent de marbre ou vous amusent.
Un jour, un de ces professionnels du livre serait plus perspicace que ses confrères et, alors, les lecteurs du monde entier découvriraient CHYUFA, le grand écrivain.
Je ne sais pas si mes parents ont cru à cette prédiction que je ne cessais de leur tendre telle la carotte pour faire avancer l'âne et qu'ils ont eu cet espoir fou que je quitte enfin leur nid pour leur foutre la paix.
Et, la paix, ils ont fini par l'avoir, définitivement, de la façon la plus classique du monde, en mourant.
Avec eux, je perdais mon toit et mon couvert – eux, je ne les ai pas perdus, je sais où ils sont, du moins leurs cendres.
Il a bien fallu alors que je subvienne seul à mes besoins.
Ne pouvant compter sur ma plume, j'ai dû me tourner vers mes autres talents. Problème, je n'en avais guère.
Cependant, ayant passé une partie de ma vie à écrire des romans policiers – le seul genre littéraire qui ait grâce à mes yeux et à ma plume – à faire vivre sur le papier des détectives, je me suis dit que je connaissais suffisamment le métier pour pouvoir l'exercer.
Bien évidemment, monter son agence d'enquêteur privé, dans un bouquin, c'est facile. Dans la réalité, c'est une autre paire de manches – les manches ont ce point commun avec les condés, les baguettes au restaurant chinois et les Bogdanov, d'aller toujours par deux (1) .
Je vous passe les détails de toutes les étapes par lesquelles j'ai dû passer pour parvenir à ouvrir ma boutique, je l'ai déjà raconté dans « Un mort dans la tempête », si cela vous intéresse, vous n'avez qu'à l'acheter, cela me fera des droits d'auteur en plus.
Le résultat était là : j'obtenais l'autorisation de devenir le directeur de ma propre agence de détectives, je rencontrais Chapeau-Mou alias Jeff, mon meilleur ami – le seul, d'ailleurs – un acolique – mixe entre « acolyte » et « alcoolique » – ancien boxeur professionnel et pickpocket à la gueule montée façon puzzle par Picasso – le peintre, pas la bagnole.
C'est avec lui que je vis, depuis, en tout bien tout honneur – Jeff ne mange pas de ce pain-là, son corps, c'est la Cité interdite, personne n'y pénètre – et c'est avec lui que j'ai résolu ce crime sur cette île.
Jeff est mon négatif. Grand, athlétique, fort, courageux, une tronche qui fait peur alors que je suis de taille moyenne, très enrobé, un visage qui n'inspire pas la crainte, lâche.
Jeff est avant tout physique quand je suis en priorité intellectuel.
Jeff est placide alors que je suis anxieux.
J'ai trois vices – je vous l'ai déjà dit – l'écriture, le heavy métal et le cinéma asiatique.
Jeff a trois passions, également : le pastis, le pastis et une goutte d'eau pour aller dans son pastis – ne lui parlez pas de Ricard, il vous sauterait à la gorge.
Mais Jeff et moi sommes également complémentaires.
Je suis le cerveau, il est le bras armé.
Jeff est un excellent cuistot, je suis un bon mangeur.
Jeff est une fée du logis, je suis un être bordélique.
Je ne suis jamais satisfait de rien. Jeff est toujours heureux – à partir du moment où il a sa dose de pastis.
Je suis CHYUFA, écrivain détective. Pourquoi CHYUFA ? Je vous le dirais peut-être un jour, mais après, je serai obligé de vous tuer – non, je déconne, je suis incapable de faire du mal à mon prochain… surtout s'il est plus costaud que moi.
Jeff est mon homme à tout faire et, surtout, mon meilleur pote – c'est d'ailleurs le seul, ce qui lui facilite la tâche.
Tous les deux, nous sommes amenés à devenir les meilleurs limiers de Perpignan et ses alentours et, bientôt, de France, d'Europe… du monde.
Ah ! Une dernière chose avant de vous lancer dans ma nouvelle aventure. Dans vos esprits étriqués, l'image de l'écrivain détective est probablement très proche de celle de Richard Castle dans la série télévisée éponyme.
D'abord, je vous apprendrais – si vous ne le savez pas encore – que Richard Castle est un personnage de fiction. Il n'existe pas, ni en tant qu'écrivain ni comme détective.
Ensuite, ne vous attendez pas, avec moi, à découvrir un héros charismatique, charmant et charmeur, qui va tomber toutes les gonzesses en claquant des doigts, après avoir bu un whisky, en l'enlevant dans sa voiture de luxe.
Je n'ai pas plus de charme que de libido et je déteste autant l'alcool que l'ostentation – pour moi, une voiture ne me sert qu'à me déplacer d'un point A à un point B et c'est marre.
Alors, si vous co

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