Les dessous du divan
178 pages
Français

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Les dessous du divan , livre ebook

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178 pages
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Description

L'auteur neuropsychiatre et psychanalyste a appris jour après jour que la souffrance des malades dits mentaux est pour eux un calvaire. Leur entourage et leurs soignants connaissent eux aussi un grand tourment, mais chacun reste seul au milieu des autres. Pourtant, souvent se crée un étrange état fusionnel né des avatars du transfert et du contre-transfert. L'auteur invente dans cet ouvrage les péripéties et les démêlés d'une longue histoire entre un patient et son psychiatre. Mais qui est le plus fou des deux et qui est le plus manipulateur ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296717961
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES DESSOUS DU DIVAN
Confidences « tout à trac »
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-14019-6
EAN : 9782296140196
Claude Forzy
LES DESSOUS DU DIVAN
Confidences « tout à trac »
L’Harmattan
Psychanalyse et Civilisations
Collection dirigée par Jean Nadal
L’histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d’inconscient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation.
Dans cette perspective, la collection Psychanalyse et Civilisations tend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théorie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l’enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes.
Dernières parutions
Harry STROEKEN, Rêves et rêveries , 2010
Madeleine GUIFFES, Lier, délier, la parole et l’écrit , 2010.
Prado de OLIVEIRA, Les meilleurs amis de la psychanalyse, 2010.
J.-L. SUDRES (dir.), Exclusions et art-thérapie , 2010.
Albert LE DORZE, Humanisme et psy : la rupture ?, 2010.
Édouard de PERROT, Cent milliards de neurones en quête d’auteur. Aux origines de la pensée , 2010.
Jean-Paul DESCOMBEY, Robert Schumann. Quand la musique œuvre contre la douleur. Une approche psychanalytique , 2010.
Serafino MALAGUERNA, L’Anorexie face au miroir. Le déclin de la fonction paternelle , 2010.
Larissa SOARES ORNELLAS FARIAS, La mélancolie au féminin . Les rapports mère-fille en lumière , 2009.
Alain LEFEVRE, Les lesbiennes, une bande de femmes. Réalité ou mythe ? , 2009.
Richard ABIBON, Les Toiles des rêves. Art, mythes et inconscient, 2009.
Jacy ARDITI-ALAZRAKI, Un certain savoir sur la psychose. Virginie Woolf, Herman Melville, Vincent van Gogh , 2009.
Esmat TORKGHASHGHAEI, L’univers apocalyptique des sectes. Une approche pluridisciplinaire , 2009.
Du même auteur dans la collection
« Psychanalyse et civilisation » : Psychothérapies de psychotiques : La Source. Avril 2001
Je remercie très chaudement mes voisins et amis : Catherine et Paul Martin qui m’ont encouragé à écrire cet essai romanesque, Christian Gallienne qui a tenté de me rendre familier avec le traitement de texte et, surtout, Pierrette et Claude Labasse qui ont fait de très laborieuses relectures avant la mise en pages.
PROLOGUE : PAISIBLE RETRAITE
Je vous dis tout ce qui me passe par la tête, sans réfléchir, comme vous me l’avez ordonné. Je dis « tout à trac », aimait à lui dire régulièrement, il y a bien longtemps, une de ses patientes, charmante petite dame sans malice apparente. Elle était pourtant, avec son suave sourire, une redoutable persécutée-persécutrice. Avant de le rencontrer elle avait eu bien des malheurs et bien des conflits avec certains de ses collègues. Son précédent psychiatre, sans nul doute, pour se débarrasser de son insidieuse et tenace agressivité, lui avait fait un tableau élogieux de lui. Elle avait accepté de le rencontrer, fort méfiante.
Le hasard fit qu’il fut agréé. Peut-être lui avait-elle donné d’instinct dans le scénario ressassé de sa souffrance et de sa rancune, le rôle de la victime bienveillante. Elle souhaitait – et il s’y sentait tout à fait disposé sur le plan professionnel – lui faire partager le poids de son malheur et lui démontrer la toxicité de la psychanalyse.
Le collègue lui avait conseillé d’entreprendre auprès du nouveau psychiatre une deuxième tentative de psychanalyse, une psychanalyse dans le cadre d’un dispensaire où elle n’aurait rien à payer. Cela la confirmait dans le bien fondé de son sentiment de préjudice issu des nombreux soins médicaux et psychiatriques qu’elle avait déjà connus. Les médecins l’avaient détruite. Cette proposition de soin, dans son esprit, lui était offerte en maigre réparation de nombreuses erreurs médicales. Voyant sa cordialité pour elle se dessiner, elle avait bien l’intention de s’employer à le culpabiliser puisqu’il faisait partie de la corporation de ses persécuteurs. (Là, il n’était plus de son avis mais il se garda bien de le lui dire avant qu’elle ne puisse l’entendre).
Cette dame est l’inspiratrice de ce titre. Le trac, dans sa tête, était ce qu’elle prétendait éprouver face à son nouvel adversaire.
Il n’était pas tout à fait sûr de sa sincérité lorsqu’elle lui faisait part de cette crainte. Le trac, disait-elle, c’était aussi, car elle était fine lettrée et fort diplômée, le terme approprié pour désigner le tâcheron à la démarche intellectuelle laborieuse comme celle d’une carne ou d’un vieux baudet, celui qu’elle venait voir, par devoir ou par pitié et surtout par loyauté tenace à ce nouveau contrat.
Et pourtant, après bien des années, il peut s’autoriser à l’affirmer avec une légitime vanité, cette personne l’avait beaucoup aimé, à sa manière.
Il croyait être bien loin de la vie de son travail. Il l’avait fui dans la campagne, humide, venteuse et profonde.
Dans cette campagne, la folie n’est encore et rien d’autre que la folie. On ne la décortique pas, on l’isole. On la cache et on n’en parle pas. Il imaginait être purgé de la vie de la ville, du métier, des coups de téléphone imprévisibles et parfois angoissants.
Il était tranquillement installé dans une petite maison au fin fond de la Bretagne, mitoyenne de celle de sa propriétaire, Clémentine, veuve assez âgée mais fort alerte quand le lumbago ne la clouait pas au lit. Tout le monde dans le hameau et plus loin dans le village l’appelait « ma cousine ». Lui aussi. Ils se rendaient de nombreux petits services.
Il était loin du bruit sauf de celui du vent sur la mer et dans les pins, sauf de celui du chuintement des dames blanches dans le grenier, sauf aussi de celui, très tôt le matin, des premiers aboiements des quelques chiens du hameau. Il se sentait presque purgé des encombrements physiques et moraux de la vie parisienne et surtout de l’envahissement dans sa tête d’un trop long passé professionnel.
Les hortensias et les fuchsias occupaient sa vie depuis qu’il n’avait plus la force ni le courage de tenir un potager. Il retrouvait là l’ennui et l’apaisement de la vie campagnarde de son enfance. En plus, il n’avait plus à apprendre quand il était en vacances et à aller comme quand il était gamin chaque automne en pension.
Il retrouvait le plaisir de ne rien faire. Il n’avait plus à faire de choix ni même à obéir.
Il n’y avait plus beaucoup de vaches, presque plus de cris de coqs, plus de chevaux de trait, plus de tas de fumier à l’entrée de la petite ferme voisine. Mais le paysage et ses bosquets pouvaient lui donner à rêver que tous les animaux de son enfance étaient encore là dans la brume des hameaux.
Il vieillissait donc heureux, trop perclus pour marcher au loin comme le lui recommandait, à chacune de leurs rencontres, son ami le médecin du village, mais il était satisfait d’échanger avec les gens du pays, des bonjours très chaleureux et quelques phrases lentes et répétitives. Les propos étaient d’une courtoise prudence, car s’il ne les gênait pas, il sentait bien qu’il n’était pas de chez eux.
Lorsqu’il arrivait jusqu’au bourg à trois kilomètres de son hameau, en pénétrant dans la pharmacie, à la poste ou chez la boulangère, au milieu d’une conversation un peu vive, le ton baissait, inaudible pour lui. Quelques-uns même se mettaient à parler breton. Il n’apprenait les décès des personnes du village qu’en entendant sonner le glas. Il les aimait bien pourtant, ces personnes auprès desquelles il aurait pu se recueillir à l’église ou au cimetière. Si le vent n’était pas dans la bonne direction, il n’entendait pas le glas. Il apprenait le décès seulement le lendemain, en écoutant les conversations quand il allait acheter son pain. Le pays, d’ailleurs, celui où il avait choisi de cacher sa paresse de retraité, n’était pas la Bretagne tout entière, région bien définie, cohérente et rassemblée. La Bretagne que nous imaginons, les gens d’ailleurs.
La Bretagne de ses nouveaux voisins – la seule vraie –, était uniquement l’espace de dix kilomètres autour du petit bourg avec une infinité de hameaux, dont le sien, tout autour. Les seules personnes qui n’étaient pas du coin, et qui bénéficiaient cependant d’une confortable intégration dans la

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