Rires du terroir
168 pages
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Rires du terroir , livre ebook

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Description

Loin de l’effervescence urbaine, le petit village d’Agassac se glorifie d’être le premier de la Haute-Garonne, par ordre alphabétique. Pourtant, on est vite séduit par l’humour particulier de ce terroir où coexistent des jugements abrupts, imbibés de bon sens rural avec une générosité rigolarde.
Un excellent remède, sans générique autorisé, pour faire passer de la crise sociale à la crise de rires !
Avec des illustrations de Nox, enfant du pays : c’est tout dire !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332600981
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-60096-7

© Edilivre, 2013
Préface
Maladroits, tendres et désopilants : tels sont les personnages qui peuplent les sketches et monologues de Michel Saint-Raymond ! Pompiers et pêcheurs, chercheurs de champignons et cantonniers, curés et paysans, (et dans la hiérarchie des acteurs, le père !) modulent un espace scénique fleurant bon le terroir et donnant accès au vif d’une énergie aussi tonnante que tonique.
Le narrateur se plait à élucider le mystère champêtre… En fait, il décline l’humour rural à travers actions et réactions du quotidien, lorsque s’affrontent routines et ruptures, lorsque l’épais des traditions se heurte à des nouveautés immaîtrisées. Facéties et délires des carburants et des ordinateurs, des soldes et des grèves, installent avec jubilation au cœur d’une vie rustique perturbée et révèlent un homme à l’écoute des autres, du passé, du présent, des lieux et des âmes, ce qui réduit l’écart entre des moments, des coutumes, des vertus si différents et si essentiels, et fait jaillir le rire et la complicité.
Il y a toujours une pulsation profonde, dans laquelle gît ce bonheur de raconter, qui refuse sarcasme et dénigrement et s’enveloppe de nostalgie parce qu’il porte en lui la conscience d’un manque actuel et le souvenir de valeurs estompées ou disparues.
Domine, chez Michel Saint-Raymond, le goût pour la qualité de paysan qui s’associe à la saveur comme organique et séminale de son écriture lestée de force, de franchise et de santé morale, c’est-à-dire pénétrée de vivacité rurale.
Prédomine la vocation pastorale et comique de textes accordés à tous les flux de la terre, à ses tracteurs et à ses vaches.
Textes d’humour et d’amour ; textes-hommages dans un horizon émotionnel qui plonge dans l’étendue, la substance et l’essence d’une campagne de chez nous !
Ilda Tomas Université de Granada (Espagne)
I Agassac
AGASSAC
On ne le dirait pas, à me voir, mais je viens du premier village de la Haute-Garonne… Eh oui ! Je viens d’Agassac, et c’est le premier village de la Haute-Garonne… par ordre alphabétique. Au dernier recensement, il n’y avait plus que 103 habitants à Agassac, et je crois même que le Maire y a ajouté quelques bêtes à cornes, pour les subventions ! Mais on se console en se disant deux choses : d’abord que c’est l’élite qui reste, les meilleurs ! Et puis, moins il y a d’habitants, plus il y a de terre pour tout le monde ! Au point de vue culture, on n’a rien à envier à qui que ce soit ! D’ailleurs, on ne cultive que le tiers de la superficie ; le reste, on le laisse pour les seules choses qui se vendent : les mousserons, les trémoulets 1 , les cèpes, les giroles… Et puis, on vit avec les bêtes et on ne s’en porte pas plus mal ! Mais à force de vivre avec les bêtes, on devient de plus en plus comme elles : on devient de plus en plus vache, de plus en plus cochon, de plus en plus chèvre aussi !… Il y en a même, il paraît, qui commencent à avoir des cornes ! Ma femme non, hein ! Parce que, elle, elle s’occupe des dindes ! J’ai même le petit qui fait partie de l’équipe des poussins ! Bon, c’est simple ! À Agassac, lorsque quelqu’un est malade, on n’appelle plus le docteur, on appelle le vétérinaire ! Hé oui ! C’est le seul qui puisse nous donner des remèdes de cheval ! Mais c’est quand même rare lorsqu’on est malade !… À Agassac, on est des gens costauds ! On a même une cousine qui est née à Agassac, elle est montée à Paris. Vous savez ce qu’elle fait à Paris ? La grue !
Et puis, les bêtes sont un peu de la famille, vous savez ! Té, Papa il a deux vaches ; il les appelle Meulet et Bascarèth 2 , ainsi, les voisins croient qu’on a des bœufs, cela fait tout de suite plus riche ! Et Papa, de ses vaches, il s’en sert pour labourer. Le mois dernier, Papa voulait labourer la vigne ; seulement, il y avait une des vaches qui était malade. Papa a attendu un jour, deux jours… cette vache toujours malade ! Le troisième jour, Papa se lève de bonne heure, il va à l’étable : la vache est toujours malade ! Alors il va réveiller Maman et il lui dit : « Écoute, hein ! La vigne ne peut plus attendre ! La vache est malade ; eh bien, il faut qu’on s’y attelle tous les deux ! »
Maman, elle, c’est la fée du logis : elle mène tout le monde à la baguette ! Elle tient de sa mère… Sa mère s’était mise en quatre toute sa vie pour élever trois gosses !… Oh ! C’est que, pendant la dernière guerre, ils ne faisaient pas les flambards à Agassac !… Je ne sais pas si vous, vous aviez du pain ?… Vous en aviez du pain pendant la guerre ? Hé bé ! Vous en aviez de la chance ! À Agassac, pas une miette ! On se débrouillait, va ! Une tranche de jambon, une couche de foie gras, une autre tranche de jambon, et on avait un sandwich ! Et bien contents d’avoir quelque chose à manger !… C’est comme pour s’habiller, je ne sais pas si vous trouviez du tissu ?… Vous en aviez du tissu ? Hé bé, vous en aviez de la chance ! À Agassac, pas un morceau d’étoffe ! Rien ! Qu’une voisine, une fois, la pauvre, elle s’était habillée comme elle avait pu… elle s’était habillée avec des sacs d’engrais !… Que même elle avait oublié d’enlever les inscriptions… Alors devant il y avait « Produits chimiques » et derrière « Engrais complet ». Pendant la dernière guerre, à Agassac, on était sur la paille !… Maintenant ça va, ça va ! On a du blé ! On a tous de la porcelaine en matière plastique !
Et puis, on se tient au courant des évolutions ! Mon père s’est acheté une voiture ! La seule chose qu’on se demande à Agassac, c’est s’il ne conduit pas avec le permis de chasse !
Figurez-vous que, aux dernières élections, il a vu que le gouvernement avait changé de côté, qu’il était passé de droite à gauche. Papa s’est dit : « Hé bé, la priorité, elle a dû suivre ! » Alors, premier carrefour, le type qui venait de droite, forcément, il ne l’a pas laissé passer !
Cela n’a pas été trop grave, il n’y a eu que de la tôle froissée ! Le bonhomme de l’autre voiture se précipite vers Papa et il lui demande : « Mon Dieu, Monsieur, je vous ai fait mal ? » Papa : « Oh, ce n’est pas grand chose, non, mais vous m’avez cassé le dentier ! »
Le bonhomme qui lui dit : « Ce n’est pas grave, suivez-moi, on va arranger ça ! » Et il l’amène derrière sa voiture, il ouvre le capot de la malle… plein de dentiers ! « Tenez ! Essayez celui-ci ! »
Papa : « Oh non, celui-là il est un peu trop grand !
– Alors voyons ! Essayez celui-ci !… »
Papa : « Eh, celui-là, il est trop petit !
– Alors le premier était trop grand, le second trop petit… Voyons… Là il vous manque une dent… Tenez, essayez celui-là ! »
Papa : « Mmm ! Hum ! (clap ! clap ! avec le dentier)… Il va bien, celui-là, oui ! Enfin, quand même, dans le malheur, j’ai eu la chance de tomber sur un dentiste !… »
Et l’autre qui répond : « Je ne suis pas dentiste, moi ! Je suis fossoyeur !!! »
AGASSAC les FLOPS
Depuis que je parle d’Agassac, le tourisme se développe dans la région. Aujourd’hui, on a bien le passage de trois ou quatre voitures par jour… des voitures bien, des Peugeot avec l’airbag, des Mercédès avec l’air conditionné… Nous, avec nos Simca 1000, nos vieilles 4L et nos Ami 6, on a l’air c… Ah, vous aussi, vous avez les mêmes marques ?
Les gens trouvent qu’on a l’air pur chez nous ! Forcément, on a l’air pur : on dort les fenêtres fermées… Alors ils viennent pique-niquer. On trouve des papiers gras derrière les haies, des peaux de saucisson… Parfois aussi, on trouve des seringues et des préservatifs… Preuve, peut-être, que si certains viennent pique-niquer, il y en a qui se contentent de l’une ou l’autre des deux activités !…
Les gens viennent aussi pour l’éducation des enfants… De temps en temps, on a une classe verte… Et ce n’est pas demain la veille qu’elles vont mûrir, les classes ! Une fois, il y a une classe qui est venue visiter la ferme. C’était une classe de la ville… On reconnait tout de suite les gosses de la ville à leur démarche et à leur façon de parler. Pour la démarche, les gosses de la campagne, ils sont tout timides et ils marchent comme ça 3 , parce qu’en plus, ils finissent d’user les chaussures des autres… Les gosses de la ville, ils ont des Adidas trés bandas 4 et ils marchent en balançant les épaules, comme ça 5 ! Et ils parlent comme ça 6 ! C’est ouf 7 !
Donc, une classe de la ville est venue visiter la ferme. Ces gosses de la ville, ils sont curieux de tout… Question d’un gosse de la ville : « Dites-donc, Monsieur, vos poulets, ils sifflent pas ?… »
L’instituteur a profité de la ferme pour faire une leçon sur la volaille : « Les poules, elles mangent… ? Oui, très bien ! Elles mangent du blé !
– Je sais, Monsieur, mon frère il demande toujours du blé à ma mère pour aller voir les poules ! » Puis, il faut voir comme ils écrivent mal, les gosses, aujourd’hui ! L’instituteur : « Là, ce sont des canards ! Écrivez “canards” ! Applique-toi, Kévin ! Regarde ce que tu as écrit ! Ce sont des canards ! Ce ne sont pas des connards !… »
Vous qui n’êtes pas de la ville, vous savez que l’on met des pendentifs aux oreilles de tout le bétail, que souvent, aussi, on met un anneau aux naseaux du taureau et que, pour que les cochons ne défoncent pas tout le terrain où ils sont parqués, on leur met des clous sur le bord du groin. Les gosses de la ville, ils l’avaient bien remarqué : « Monsieur, Monsieur, venez voir ! Les animaux de la ferme, ils ont des piercings !!! » Ce jour-là, il y avait aussi la truie qui s’était souillée dans une flaque de vase… « Té, Monsieur ! La truie, elle fait comme ma Mémé ! Ma Mémé aussi, elle fait des bains de boue ! »
Mais ces diables de gosses de la ville, ils ne respectent rien ! Quand ils viennent,

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