Un innocent coupable
159 pages
Français

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Un innocent coupable , livre ebook

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Description

Dans la vie, surtout celle d’un détective, il faut toujours se méfier des évidences...


Aussi, quand un couple de voisins fraîchement installé se fout sur la gueule, j’aurais pu, comme tous les habitants du quartier, considérer qu’il ne s’agissait là que d’un exemple supplémentaire de la violence conjugale qui mine notre société.


Au pire, craindre un énième féminicide...


Mais mon sixième sens d’investigateur hors pair m’avait incité à ne jamais faire confiance ni à autrui ni aux truismes... et à démêler les monstres des victimes et les innocents des coupables même si, parfois, les coupables sont innocents et les innocents sont coupables...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 février 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385010294
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHAPITRE I
Le poing de la vengeance

« Je vais te démonter la gueule, conasse ! ».
Tiens, les voisins sont encore en train de se foutre sur la tronche. C'est la troisième fois cette semaine, me lança calmement Jeff en se resservant un pastis.
Il n'avait pas tort, Jeff. Il faut dire, qu'en tant que taiseux, il l'ouvre rarement pour raconter des conneries. C'était d'ailleurs assez étonnant qu'il daigne proclamer quelques mots à table, lui qui n'ouvre la bouche que pour engloutir de la nourriture et, surtout, pour s'abreuver de son jus favori, un nectar composé d'anis vert, de badiane, de fenouil, de réglisse et de coriandre – les spécialistes auront reconnu les ingrédients d'un bon pastis.
Effectivement, le calme n'était plus de mise dans mon quartier depuis qu'un nouveau couple s'y était installé pour cultiver leur haine réciproque à grands coups d'invectives variées et de jets de vaisselles dépareillées.
Je n'ai jamais compris mes semblables – qui me le rendent bien, d'ailleurs – et j'ai du mal à appréhender le concept de vivre avec quelqu'un qui vous insupporte au point d'avoir envie de le frapper ou l'insulter sans cesse – voire bien pire, comme nous le démontrent régulièrement les faits divers.
On est si bien seul que la vie à deux est un principe qui me dépasse.
En même temps, je dis ça, mais je vis avec quelqu'un ou, plutôt, quelqu'un vit chez moi. Et ce quelqu'un se nomme Jeff, une version délavée de la créature de Frankenstein, ancien boxeur professionnel et pickpocket amateur reconverti, depuis que j'ai fait sa connaissance, en ami-garde du corps-femme de ménage-cuisinière et, accessoirement, gouffre à liquide anisé – remplacez le mot « accessoirement » par « perpétuellement » et vous vous approcherez à grands pas de la vérité.
Jeff a un faciès à faire pâlir un tableau de Picasso, des mains de la dimension d'une planche à découper taillée dans le granit et des pieds que jalouseraient les grands basketteurs – ce qui n'est pas un pléonasme, demandez à Muggsy Bogues.
Jeff, c'est un monstre gentil – mais il ne faut pas trop l'agacer tout de même – un pote sincère et fidèle, un être entier, à la fois doux et brutal – et il vaut mieux l'éviter quand il se trouve dans la seconde phase.
Je l'avais rencontré par hasard – il m'avait volé mon portefeuille – alors que je venais d'obtenir mon diplôme de détective – oui, en vrai, il faut un diplôme pour pratiquer ce métier – et tandis que j'envisageais de créer ma propre agence d'investigateur à Perpignan – que voulez-vous, chacun ses défauts, moi, j'habite Perpignan.
Étant un grand dévoreur de romans policiers – je ne mesure pourtant qu'un mètre soixante-quinze – doublé d'un petit écrivain œuvrant exclusivement dans ce même genre, je projetais, à un moment ou un autre de ma nouvelle carrière – l'ancienne, celle d'auteur à succès, n'ayant jamais démarré faute de lecteurs – d'avoir recours, pour régler un dossier, à la force.
Problème numéro 1, j'ai la carrure d'un culbuto et j'ai toujours exécré la violence – surtout celle des autres envers ma personne.
En numéro 2, je dois confesser que je suis atteint d'un certain handicap : je suis lâche.
Lorsque l'on est un couard, on ne choisit pas un métier d'action, me rétorquerez-vous volontiers, ce en quoi je vous répondrais, d'abord, que je ne vous permets pas de m'insulter, ensuite, que je fais un peu ce que je veux.
Cependant, cette nouvelle voie s'explique aisément par le fait que, ma plume ne parvenant pas à me nourrir – et je mange beaucoup –, je devais, pour survivre, trouver un autre boulot.
Seulement, je suis fainéant – oui, j'ai beaucoup de défauts ; vous en découvrirez d'autres en cours de lecture – et les compétences acquises durant mes études souffraient d'une obsolescence programmée à court terme.
Depuis que j'ai quitté les bancs de l'école – même si mon Lycée était plus moderne et mettait à disposition des chaises à ses élèves – les seules connaissances que j'ai engrangées sont celles ayant trait aux meurtres.
J'en ai assassiné du monde ! à coup de fusils, de couteaux, de pierres, en les pendant, les égorgeant, les éventrant, les écrasant à l'aide de diverses inventions évoluées, en les empoisonnant et j'en passe et des meilleures.
Je n'ai jamais été condamné, rassurez-vous. D'ailleurs, le seul vrai délit que l'on pourrait m'imputer est une agression caractérisée et répétée de la langue française dans mes divers bouquins. Oui, tous ces meurtres ont eu lieu uniquement sur le papier – et sur l'écran des liseuses.
Le crime ne paie pas, assure l'adage populaire… En tous cas, les miens – ou plutôt ceux de mes personnages – ne m'ont guère rapporté, ce qui m'a donc obligé à me reconvertir.
Du coup, j'ai eu l'idée de mettre en pratique toute l'expérience que j'avais acquise en me renseignant durant des années sur la meilleure façon de faire passer quelqu'un de vie à trépas et, aussi, celle d'identifier le responsable de cette transition non désirée.
J'avais dès lors deux choix : chacun des côtés de la barrière de la justice.
Bien élevé par des parents morts relativement jeunes de honte et de désespoir face à mon insuccès littéraire, mais aussi, et surtout de maladies, le dilemme fut bref et je sélectionnais donc le bon versant qui est aussi, souvent, le moins rémunérateur.
Trop vieux et trop intelligent pour devenir policier – je plaisante, il existe des policiers vieux et cons, également – je décidais alors de me lancer – mais pas trop fort – dans la carrière de détective.
Et c'est en quittant ma formation, avec mon sésame en poche, que je faisais donc la rencontre qui allait bouleverser ma vie : celle de Jeff.
Je ne m'étendrai pas sur les conditions exactes de ce rapprochement, vous devriez les connaître si vous avez lu mes précédentes aventures et si ce n'est pas le cas, tant pis pour vous, je ne vais tout de même pas me fatiguer à me répéter si, de votre côté, vous ne faites pas l'effort de me lire.
Depuis, Jeff et moi nous vivons en bonne entente sous le même toit : le mien.
Je m'occupe de mon agence et Jeff, de faire le ménage, la popote, de laver le linge, et, surtout, de boire son jus de fruits à longueur de journée – c'est fou ce qu'il me coûte cher en la matière.
Et, occasionnellement, Jeff m'épaule dans mes enquêtes lorsque des coups durs sont en prévision.
Oh ! Je vous rassure, il n'y a rien d'autre que de l'amitié virile entre Jeff et moi – d'ailleurs, je ne vois pas en quoi cela vous rassure, chacun fait ce qu'il veut avec ce qu'il a dans son caleçon et je trouve qu'il manque de héros homosexuels dans les récits d'action ; mais je ne vais tout de même pas me transmuer en uraniste dans le seul but de combler cette lacune !
De toute façon, j'ai autant de libido que d'ambition ou de charisme et Jeff, lui, son cul, c'est la Cité Interdite, personne n'y pénètre.
Aussi, si vous espérez obtenir, dans mes odyssées, votre dose de sexe, d'érotisme voire de concupiscence, vous vous être trompés de boutique et il est encore temps de vous plonger dans un bon vieux « Brigade Mondaine »…
Pour ceux qui sont restés après cette précision, il est enfin temps de reprendre le cours de cette histoire…
Ah ! non, pas encore, j'oublie toujours que personne ne me connaît, ni en tant qu'écrivain ni comme détective.
Je m'appelle CHYUFA ! Oui, c'est un pseudonyme ! Nul n'est assez stupide pour appeler son enfant ainsi. Mais, mon vrai patronyme est inconnu de tous excepté de mon percepteur et mon banquier. Pour les autres, et vous ne faites pas exception à la règle, ce sera CHYUFA ! en majuscules, j'y tiens !
Un jour, ou peut-être une nuit – j'écris indépendamment du bon vouloir de l'astre solaire – je vous révélerais peut-être d'où je tire ce nom… si vous êtes sages, c'est-à-dire si vous achetez en masse mes livres…
« Va chier, conard ! Je te pisse à la raie ! ».
C'est fou ce que les gens peuvent être vulgaires, putain de bordel de chierie de merde !
Et, en la matière, nos nouveaux voisins étaient d'un niveau olympique.
Ils avaient emménagé quelques mois auparavant – trois, pour être exact –, à quelques mètres de chez moi et, depuis, régulièrement, le soir, c'était le charivari inhérent aux couples partageant à la fois le goût de l'alcool et la détestation de l'autre.
Vous ai-je déjà dit que je ne comprenais pas le concept de la vie à deux ?
Oui, parfois je me répète, que voulez-vous, je suis atteint de sénilité juvénile ou de démence précoce bien que je ne sois ni jeune, ni vieux, ni précoce…
J'ai toujours vécu seul… enfin, sauf depuis que Jeff s'est installé chez moi.
Avant cela, j'ai toujours vécu seul… à part quand je vivais chez mes parents en attendant d'avoir du succès – ce qui ferait de moi un Tanguy puissance 10 si mes géniteurs n'avaient pas eu la mauvaise idée de calancher avant de connaître les affres de la vieillesse.
Bref, je n'ai expérimenté, en vrai, la vie en solitaire que quelques mois séparant le décès de mes procréateurs et ma rencontre avec mon protecteur.
Mais, même quand quelqu'un d'autre passe son temps entre les mêmes murs que les miens, c'est comme si j'étais seulabre.
Avec mon père et ma mère, je les croisais uniquement lors des repas. Entre ces trois arrêts au stand, je m'enfermais dans ma chambre pour des activités sur lesquelles je ne m'étendrais pas ici pour ne pas choquer les esprits les plus étriqués.
En fait, je m'en fous de heurter les puritains ! Oui, cette claustration était l'occasion de me plonger dans l'écriture ou, entre deux inspirations, de mater des films asiatiques d'action, de m'évader à travers un bon roman policier ou de ne rien faire d'autre que d'écouter de la grande musique, allongé sur mon lit.
Raaa, la grande musique ! Elle est mon oxygène ! Sans elle, j'étoufferais.
Retirez-moi les basses, les batteries et les guitares électriques et je meurs.
Oui, la grande musique, pour moi, c'est du heavy métal et rien d'autre.
Peu m'importe les Beethoven, les Mozart et les Debussy, mes tympans ne vibrent qu'aux sons trépidants des ch

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