Une Pipee d'opium pour les enfants , livre ebook

icon

64

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2018

Écrit par

Publié par

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

64

pages

icon

Français

icon

Ebook

2018

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

« J’ai conçu ce pamphlet humoristique comme une catapulte à marde. J’y plonge vingt mille lieues sous les merdes pour faire remonter à la surface les monstres qui hantent nos vies. Je suis un Claude Poirier en habit d’homme-grenouille qui s’est donné pour objectif de faire chier tout le monde et, pourquoi pas, d’être invité à une émission de radio littéraire pour répondre à la question : “Fred, si vous étiez un smoothie, de quelle couleur seriez-vous ?” Au Québec, on est pas un vrai écrivain tant qu’on a pas fait la splitte à la radio d’État sous les rires de la Staline de la culture. »
Voir icon arrow

Publié par

Date de parution

01 novembre 2018

Nombre de lectures

0

EAN13

9782895967521

Langue

Français

© Lux Éditeur, 2018
www.luxediteur.com
Dépôt légal: 4 e  trimestre 2018
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN (papier): 978-2-89596-287-8
ISBN (epub): 978-2-89596-752-1
ISBN (pdf): 978-2-89596-942-6
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada pour nos activités d’édition.

La famille Desmarais a toujours fait preuve d’une grande générosité, nous saluons ces philanthropes.
L’État islamique

P RÉFACE
— Qu’est-ce qui t’a pris de signer une préface dans le livre de Fred Dubé???
— Comment tu sais ça? J’ai même pas trois phrases d’écrites!! Je viens à peine de commencer!?
Je déteste les gens qui forcent leur entrée dans les livres. Après tout, ce n’est pas comme si vous aviez besoin d’une phrase agressante en guise d’ouverture, vous qui avez déjà posé le geste inouï de vous procurer le bouquin de ce trouble-fête professionnel.
— C’est ton ami?
— Non. Ça, des amis, ça m’étonnerait que Fred Dubé en ait des masses. Et s’il lui en restait quelques-uns, ils ne seront plus là après ce recueil de textes. Ce recueil est aux bons sentiments ce que Little Boy fut pour Hiroshima: un gros changement de programme.
— Ah! alors il ne va pas mieux, le Dubé?
— Effectivement. Il est toujours fâché. Je dirais même «révolté». Si on veut faire tuer Fred Dubé, pas besoin de dire qu’il a la rage: seulement offrir son livre. Selon une publication du ministère de la Santé et des Services sociaux, parmi les symptômes de la rage chez l’humain, on trouve l’alternance entre des périodes d’hyperexcitabilité et de lucidité. Moi, je crois que Fred ne se donne même plus la peine d’alterner: il est en permanence en période d’hyperlucidité.
Fred n’est pas heureux dans notre monde. Ma mère, cette «vieille conne raciste» comme le décréteraient les jeunes d’aujourd’hui, dirait de Fred qu’il est choqué noir.
Toute cette belle énergie que dépense Fred Dubé à se révolter contre le capitalisme, s’il la dépensait à faire de l’argent, il serait millionnaire. Focusse, Fred. Avec toute cette salive perdue à cracher sur notre monde, tu inonderais la Somalie. Focusse, Fred. Tu as de l’imagination, minou, du talent, alors écris une série pour Netflix! C’est d’ailleurs notre idéal culturel: que tout le monde ne consomme que du Netflix! Car, on l’aura remarqué, quelqu’un qui vient de passer douze heures devant une série de Netflix à se gratter le cul et à se freezer le cerveau ne passera pas une seconde à se plaindre du monde qui l’entoure, trop occupé qu’il sera à raconter la série qu’il vient de regarder en se grattant le cul et en se freezant le cerveau. Une vie à deux vitesses: regarder Netflix et raconter Netflix. Focusse, Fred! Regarde ailleurs!
— Alors pourquoi tu rédiges sa préface? Casse-toi de ce livre!! Fuis!
— Je le fais pour qu’il se sente moins seul. Au début, j’envisageais de lui écrire un petit mot pour lui signifier que je ne souhaitais pas rédiger de préface, parce qu’on est deux dans ce désert, qu’il ne crie sa colère que pour nous deux, que le spectacle de son indignation est inutile et blablabla. Après coup, je me suis dit: «Eh! Avard, tu pensais financer cette année encore le black bloc, leur payer des bus pour qu’ils aillent se faire défoncer la yeule à grands coups de strap-on de polices. Là, t’as une occasion de mettre une pierre à l’édifice de l’enragement anarchiste et d’être payé pour, alors go!» Alors nous y voilà.
— Et cette préface, tu la feras entièrement sous forme de dialogue ou tu comptes te mettre au travail pour vrai? Manquerait plus que tu cites le livre Indignez-vous! et tu toucherais le fond du sommet de la fainéantise.
— Ben là, je suis pute, mais pas tant. Néanmoins, je citerai un ami mathématicien qui me signalait récemment que Fred sert la science. Une nouvelle formule mathématique existe: Fred Dubé + Fred Dubé = beaucoup trop de Freds Dubés.
Des Freds Dubés, il n’y en a qu’un seul. Et comme on le dit dans le jargon: «Fiou!»
Un jour, j’ai fait un détour jusqu’à Fontvieille, dans les Bouches-du-Rhône, pour voir le moulin de Daudet. Si vous voulez voir où Dubé mord, crache et hurle, restez simplement assis où vous êtes et poursuivez votre lecture.
Et rappelez-vous ces mots de Stéphane Hessel: «Créer, c’est résister. Résister, c’est créer.» Je ne saurais dire mieux.
Merci, Fred, de te choquer à notre place. Ça ménage nos cœurs. Et tu le fais avec brio.
François Avard

O UVERTURE
Un humoriste qui écrit un livre?
Je pensais même pas que ça savait lire!
J ’ AI CONÇU CE PAMPHLET humoristique comme une catapulte à marde. J’y plonge vingt mille lieues sous les merdes pour faire remonter à la surface les monstres qui hantent nos vies. Je suis un Claude Poirier en habit d’homme-grenouille qui s’est donné pour objectif de faire chier tout le monde et, pourquoi pas, d’être invité à une émission de radio littéraire pour répondre à la question: «Fred, si vous étiez un smoothie, de quelle couleur seriez-vous?» Au Québec, on est pas un vrai écrivain tant qu’on n’a pas fait la splitte à la radio d’État sous les rires de la Staline de la culture.
Varloper tout le monde en commençant par ma maison d’édition: Lux. Ne dit-on pas: «Qui paie les violons, choisit la musique»? Commençons donc par une fausse note. Pourquoi vouloir me publier d’abord? J’imagine qu’ils ont hésité entre moi et un vieux penseur anarchiste dont tout le monde se câlisse. «On voulait réactualiser le livre de Kropotkine, La conquête du pain Gadoua, avec une préface de Lise Dion pour ceux qui aiment les “si j’aurais”, mais finalement on préférerait te signer, Fred.» Je suis sûr qu’ils ont penché en ma faveur juste parce que j’ai plus d’abonnés à ma page Facebook que Kropotkine.
D’ailleurs, message aux parents: pour l’avenir de vos enfants, c’est pas de REER dont ils ont besoin, mais de followers ! Partout, faut que ça follow : Instagram, Facebook, Twitter, YouTube, Tumblr, LinkedIn, Pornhub – sous peu les orienteurs vont leur apprendre à faire un CV, une sextape et des pitreries sur un écran! Grâce à ce savoir-faire, vos petits tarés sociaux se feront commanditer par des compagnies pour porter du linge, voyager, manger, se loger, se transporter, comme tous les sans-talents atteints de microcéphalie appelés «influenceurs», qui gagnent leur vie avec la propagande néolibérale et leur petit sourire calculé aussi alléchant et mystérieux que le secret de la Caramilk. Les plus brillants auront étudié en communication et leur examen final consistera à récupérer leur diplôme dans le rectum d’une vache avec leur bouche pour les habituer à licher des culs. «Je veux être la prochaine VÉRO!» est leur seul et unique mantra. Comment devenir influenceur? T’appelles un curé, y prend ton âme et la met dans un Tupperware qu’il va jeter dans le fond d’une grotte en Amazonie, priant le Seigneur que le contenant ne s’ouvre pas en chemin, car l’âme monte au ciel et cause des pluies acides. Ensuite, le corps sans âme se prend en photo 500 fois par jour en créant un branding cool et en développant sa mise en marché certifiée authentique: «Connaissez-vous la compagnie Dodo les bobos? Je ne suis pas payé pour vous parler de leurs matelas; si j’en vante les mérites, c’est que j’aime véritablement cette compagnie qui m’a si généreusement offert quatre matelas! Même chose pour les 66 pots de sauce ultra-piquante Ayayay! qu’on m’a fournis gratuitement: seul mon amour inconditionnel pour ce produit indispensable explique que j’en évoque la saveur cinq fois par semaine sur ma chaîne YouTube #JeSuisMoiMêmeMoiMême.»
Revenons à Lux. Cette maison d’édition existe depuis 1995 et compte maintenant plus de 250 titres à son catalogue – dont 175 de trop. Sa mission, dit-elle, serait de «nourrir l’esprit et inspirer les révoltes». Ciboire! Êtes-vous certains de votre affaire, camarades? Y’a 50 % d’analphabètes fonctionnels au Québec. Pis le 50 % restant hésite à voter pour la CAQ ou les libéraux, deux sectes où Raël armé de quéquettes de l’espace aurait des chances d’être le chef. Si c’est ce monde-là qui se révolte, c’est pas les banques qui vont brûler, mais les CPE, les cégeps, les cafés indépendants, les bibliothèques, le chien d’Amir Kadhir, Dame nature et la poésie. Tout ça m’inspire une petite devinette. Comment t’appelles ça un ministre libéral qui se pend dans son cabanon le 25 décembre au soir? La magie de Noël. C’est de mauvais goût, j’en conviens, mais trop tard, t’as acheté le livre. Bref, cette maison d’édition, qui rêve sans doute encore au Grand Soir et à la dictature du prolétariat, publie Noam Chomsky, Howard Zinn, Alain Deneault, Fred Dubé... On s’ennuie de la cohérence de La courte échelle. Les médiocres diront: «Fred, tu mords la main qui te nourrit.» La main qui me nourrit, je veux pas seulement la mordre, je veux la couper pis me crosser avec. De toute façon, la seule raison pour laquelle j’écris ce pamphlet, c’est pour faire la tournée des salons du livre du Québec afin de vandaliser les kiosques de Ricardo. Sa place est au Salon de l’auto. Crisse-nous patience, le païen, avec tes grimoires de mijoteuse! C’est de la sorcellerie, cette affaire-là. Le matin, avant de partir pour la job, tu mets une tomate, un poivron rouge pis une tête de cheval là-dedans, pis quand tu reviens le soir, t’as un chili végétarien!
Ce pamphlet n’a pas été écrit dans le calme. Je ne suis pas serein et j’emmerde ceux qui appellent au calme. Vous me faites peur, les apôtres de la tranquillité. Quand vous dites de rester calme, j’entends: «Souffre la bouche fermée, bien sagement, sans déranger.» L’actualité est une fourchette à fondue qui me perfore le cœur en passant par le globe oculaire. Y’a vraiment pas de quoi rester calme. Ce que vous tenez entre les mains, c’e

Voir icon more
Alternate Text