Cours toujours
76 pages
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Cours toujours , livre ebook

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Description

Et si la course à pied, libérée de tout esprit de compétition et de dépassement de soi, pouvait être vue comme un simple moment propice au plaisir et à l’émerveillement ? Comme une rupture sensible dans la marche des jours, une rencontre poétique avec la terre, le temps et les mots ? Déroulé à petite foulée, ce bref essai s’y emploie. Arpentant les sentiers des forêts neuchâteloises et les rayons d’une bibliothèque où voisinent Philippe Jaccottet, Marcel Proust ou encore Daniel de Roulet, Cours toujours rappelle aussi, avec légèreté, que la curiosité est une belle qualité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2023
Nombre de lectures 6
EAN13 9782889305612
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil, 2023
Rue du Tertre 10
2000 Neuchâtel
Suisse
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
ISBN 978-2-88930-544-5
ISBN epub : 978-2-88930-561-2
ISBN pdf : 978-2-88930-562-9
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024.
 
Illustration de couverture : © Michal Sanca.
 
Couverture : © Colin Nusbaumer, Nusbaumer-Graphistes Sàrl, www.nusbaumer.ch .
 
Responsable d’édition : Rachel Maeder


«  Cependant, lorsque le lapin tira bel et bien une montre de la poche de son gilet, regarda l’heure, et se mit à courir de plus belle, Alice se dressa d’un bond, car, tout à coup, l’idée lui était venue qu’elle n’avait jamais vu de lapin pourvu d’une poche de gilet, ni d’une montre à tirer de cette poche. Dévorée de curiosité, elle traversa le champ en courant à sa poursuite, et eut la chance d’arriver juste à temps pour le voir s’enfoncer comme une flèche dans un énorme terrier placé sous la haie.  »
Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles , 1865


A vant les premières foulées, avant même de s’équiper, il y a l’idée. L’attente. L’envie d’un parcours que l’on connaît par cœur et qui change à chaque fois, parce que le ciel, le vent, le sol, les saisons, les arbres, les odeurs, les bruits en font autant. Ou alors le désir d’une légère variation, d’un sentier neuf, d’une sortie plus longue que d’habitude, le plaisir n’étant pas le même à ce stade déjà selon les choix que l’on fera.
Du tracé connu – gardons l’inconnu pour plus tard, la course est un art constant de l’économie –, on ressent à l’avance les étapes, les cassures, les changements de rythme. On sait les rendez-vous : l’érable sentinelle en bord de route, la souche renversée qui se dresse telle une vigie à l’orée des bois, le petit passage tapissé à l’année de brindilles et d’aiguilles, le salut fraternel adressé de loin au sommet de la région et les moments précis auxquels celui-ci se dévoilera.
Il naît un élan, une énergie de cette projection qui relève quant à elle de l’art de se jeter en avant. Courir étant verbe, action, on ira chercher aux racines de projeter, porjeter , de quoi se jeter dehors, se jeter à terre. Beau programme.
Allons-y.


E nfin, allons-y. Inutile de courir, nous partirons à point et en restons pour l’heure à cet entrain sans lequel la course ne serait rien.
Si «  courir, écrire, c’est le même élan  » 1  – selon Daniel de Roulet, qui sur les deux plans s’y connaît –, alors nous pouvons appliquer à l’un les mots que le poète Philippe Jaccottet consacre à l’autre : «  Je ne veux pas dire que le poème soit donné ; ou même seulement facile ; je ne veux pas dire non plus qu’il puisse naître n’importe quand ; mais simplement que le travail poétique semble lui aussi exiger ce singulier équilibre entre la volonté et l’instinct, l’effort et l’abandon, la peine et le plaisir.  » 2
Tout s’y trouve, de la course qui ne naît jamais par hasard aux poids à placer dans les plateaux de la balance, qu’il conviendra sans tarder de soupeser chacun. Tout s’y trouve et rien ne manque : pas de performance ni de compétition, pas de soif de résultat ni de victoire, dont le compte est rapidement et définitivement réglé. Aucune évocation non plus de la souffrance, du dépassement de soi, motivations qui portent certains coureurs, d’autres non, pour lesquels essayer de se remplir soi-même occupe déjà une vie.


1 R OULET  Daniel de, Courir, écrire , Genève, Zoé, 2000.

2 J ACCOTTET  Philippe, La promenade sous les arbres , Lausanne, La bibliothèque des arts, 1988 [1957].


S e fût-il fié davantage à son instinct qu’à sa volonté, sinon à celle de son chef, le soldat Philippidès aurait-il évité de s’effondrer après avoir, mine de rien, il y a plus de deux mille cinq cents ans, posé les jalons du marathon ?
Selon la légende rapportée avec des pincettes par Hérodote, il lui aurait fallu aller quérir de l’aide pour son camp en déroute à Sparte, en courant de celle-ci jusqu’à Athènes, avalant ainsi deux cent quarante-six kilomètres, une centaine de moins à vol d’oiseau, ce qui, se trouvant dépourvu d’ailes, lui faisait une belle jambe.
De l’avis de Plutarque, ce même messager aurait eu pour mission d’aller annoncer, aux Athéniens toujours, la victoire des leurs sur les Perses lors de la bataille de Marathon, avalant ainsi une quarantaine de kilomètres, ce qui d’une version à l’autre semble chiche, mais suffisant toutefois pour que, mission accomplie, le gaillard y laissât sa vie. ...

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