Les fondements du système sportif
242 pages
Français

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Les fondements du système sportif , livre ebook

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Description

Qu'est-ce que le sport ? Cet ouvrage analyse la révolution qu'a constituée l'avènement, dans la Grande-Bretagne du 19e siècle, de ce que l'on peut appeler le "système sportif". Cette nouvelle configuration introduit notamment une conception entièrement différente de l'espace et du temps de la pratique, un abandon de la référence au sacré ou au religieux, des modalités d'institutionnalisation de la pratique, une diffusion planétaire des règles du jeu, une recherche de l'égalité entre participants. Ce système s'est diffusé tout au long des XIXe et XXe siècles à l'échelle mondiale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336354903
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Sébastien Darbon









Les fondements du système sportif

Essai d’anthropologie historique
Copyright
Ouvrages du même auteur
Diffusion des sports et impérialisme anglo-saxon.
De l’histoire événementielle à l’anthropologie ,
Paris, Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2008.
Une brève histoire du rugby , Paris, L’œil neuf, 2007.
Rugby d’ici. Une manière d’être au monde , Paris, Editions Autrement, 1999.
Du rugby dans une ville de foot.
Le cas singulier du Rugby Club Marseille-ASPTT , Paris, L’Harmattan., 1997.
Rugby mode de vie. Ethnographie d’un club : Saint-Vincent-de-Tyrosse , coll. « Les Cahiers de Gradhiva », Paris, Ed. J.-M. Place, 1995.
Des jeunes filles toute simples. Une troupe de majorettes en France, coll. « Les Cahiers de Gradhiva », Paris, Ed. J.-M. Place, 1995.







© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70501-9
Remerciements
Remerciements
Ce travail n’aurait pu aboutir sans le soutien critique de divers collègues auxquels je voudrais rendre hommage. Des versions successives de ma réflexion ont été présentées lors de séminaires qui se sont tenus à l’International Centre for Sports History and Culture, De Montfort University, Leicester (UK). Je tiens particulièrement à remercier Richard Holt, dont les lectures attentives de mon texte m’ont permis d’affiner mon argumentation et d’éviter certaines impasses ou erreurs. Les échanges avec Allen Guttmann (Amherst College, USA), dont les travaux fondateurs ont été pour moi une source de continuelle stimulation, s’ils ont parfois manifesté certains désaccords, ont également été d’une aide précieuse.
J’ai également bénéficié des discussions avec mes collègues français, notamment lors de nombreuses séances de séminaire dans mon laboratoire (Institut d’Ethnologie Méditerranéenne, Européenne et Comparative, Aix-en-Provence). Je remercie tout particulièrement son directeur, Dionigi Albera, dont le soutien a été constant, ainsi que Frédéric Saumade, dont le point de vue parfois divergent m’a conduit à affiner mes propositions.
Il va néanmoins de soi que les idées défendues dans ce texte n’engagent que leur auteur.



Avertissement : Le terme « football » manifeste une remarquable polysémie. Pour un Français, il semble tout naturellement désigner le sport le plus répandu dans le monde. Néanmoins, si on le considère d’un point de vue historique, il se réfère à cette catégorie de jeu athlétique pré-sportive (également qualifiée de folk-football ou de mass-football ) dont les transformations ultérieures ont donné naissance d’un côté au rugby (le Rugby football, ou football pratiqué dans le collège de Rugby) et de l’autre au Football Association . Ce dernier sport est appelé soccer aux États-Unis (il s’agit d’une contraction argotique du mot association ) afin de le distinguer du football américain ( American football , également appelé gridiron football ). En Grande-Bretagne, on utilisait football jusque vers les années 1920 pour désigner les deux types de rugby (à XV et à XIII) et le Football association . Quant aux expressions Rugby Union et Rugby League , elles font référence respectivement au rugby à XV et au rugby à XIII.
Introduction
S’il est une notion dont l’utilisation courante, depuis deux siècles environ, a connu un succès foudroyant, c’est bien celle de sport . Elle sert généralement à désigner un ensemble de pratiques qui, dans les sociétés dites « traditionnelles » comme dans les sociétés « modernes », font partie intégrante de la vie quotidienne et conditionnent profondément (et insidieusement) le langage, les comportements et les représentations. Elle plonge en outre ses racines dans une période historique depuis longtemps révolue : aux 17 e et 18 e siècles, pour un membre de la gentry ou de l’aristocratie anglaise, to have a good sport faisait référence à un ensemble d’activités souvent désignées par l’appellation shooting, hunting, fishing … dont fait partie la fameuse chasse au renard si magistralement analysée par Norbert Elias (Elias & Dunning, 1986 : 205-238).
Une conséquence de ce succès réside assez naturellement dans l’impossibilité que l’on éprouve à cerner la notion de sport et à en donner une définition acceptable. Elles ne manquent certes pas – il serait d’ailleurs fastidieux de les recenser : chaque auteur, ou presque, a la sienne. Pour l’essentiel, cependant, elles restent frustrantes et peu opératoires, dans la mesure où elles ne permettent pas de cerner avec précision un ensemble d’activités disparates et de leur donner une incontestable unité. Dès lors, il n’est pas étonnant que la plupart des spécialistes du sport (et notamment les historiens) adoptent par rapport à cette question une attitude minimaliste : puisque le sport est impossible à définir, on se contentera de l’appréhender comme un objet mouvant, dont les limites sont chaque fois redessinées en fonction des locuteurs (pratiquants, spectateurs, institutions…). La dimension positive de cette attitude est qu’elle met l’accent sur le fait qu’elle est vecteur de consensus et permet de communiquer à partir de valeurs qui semblent unanimement partagées. Elle peut paraître plus délicate à assumer si l’on se situe dans une perspective de recherche, c’est-à-dire si l’on s’impose la prise de distance nécessaire à une appréciation rigoureuse de ce qu’est le sport et de ses significations sociales et culturelles ; par exemple, comment s’intéresser – en tant qu’historien, anthropologue, sociologue… – aux processus de diffusion des sports si l’on est dans l’impossibilité d’identifier clairement ce qui est diffusé ?
Le point de vue que nous souhaitons défendre dans cet ouvrage se démarque des ces deux attitudes opposées. Refusant l’attitude minimaliste qui, à notre sens, transpose les problèmes à un autre niveau (la question « de quoi parle-t-on ? » finissant toujours par se poser à un moment ou à un autre), et prenant acte de l’impossibilité de proposer une définition indiscutable de ce qu’est le sport, nous proposons d’adopter une démarche d’anthropologie historique visant à prendre la mesure de la formidable transformation culturelle qui a vu, en l’espace d’un siècle environ, un système de jeux athlétiques céder la place à un système sportif . Autrement dit, nous souhaitons mettre l’accent sur la différence – jamais systématisée à notre sens dans la littérature – entre sports et système sportif, et montrer que contrairement au « sport » le « système sportif » peut être clairement identifié. Nous reviendrons plus loin sur le sens qu’il faut donner à cette terminologie ; pour l’instant, il s’agit d’insister sur le fait que cette transformation, bien qu’elle soit le résultat historique d’une infinité de microdécisions remarquablement peu concertées, a finalement eu pour conséquence une véritable révolution , à savoir la création d’un cadre conceptuel – celui du système sportif – qui non seulement est radicalement différent de celui dans lequel évoluaient les jeux athlétiques, mais encore constitue de nos jours, près d’un siècle et demie après son apparition, une référence quasi universelle et à prétention hégémonique.
« Sport » vs « système sportif »
Il revient à Allen Guttmann, dans son célèbre ouvrage From Ritual to Record , d’avoir décrit le premier de façon systématique les éléments d’une telle transformation (Guttmann, 1978) 1 . Dans son effort pour établir les différences fondamentales entre ce qu’il appelle le « sport moderne » et les formes sportives antérieures, Guttmann recensait sept caractéristiques principales : le remplacement du sacré par le séculier, l’introduction de critères d’égalité (à la fois pour l’accès à la compétition et dans l’exercice même de la compétition), la spécialisation des tâches, la rationalisation de l’activité, l’organisation bureaucratique, la quantification et la quête des rec

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