Atlantique Trip
100 pages
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Atlantique Trip , livre ebook

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Description


Tranche de vie des années 70, vue sur mer




Printemps 1976, un aviso quitte le port de Lorient pour accomplir le tour de l’Atlantique. À son bord, un jeune matelot effectue son année de service militaire obligatoire. Provincial poitevin, il découvre la vie à bord, la promiscuité, la camaraderie, les contraintes. Heureusement, les escales existent, fenêtres sur un monde ignoré et soupapes à la vie militaire.
Suivez-le, des bas-fonds de Dakar et de Recife jusqu’aux ports de l’Atlantique Nord et les glaces de l’Arctique.
Sans nostalgie, honte ou gloire, vivez son quotidien de mataf, de la dolce vita des Caraïbes aux commémorations du bicentenaire des États-Unis.Une plongée captivante dans les années soixante-dix, l’époque post-soixante-huitarde où il est interdit d’interdire.
Un voyage initiatique, léger, divertissant et instructif, il mêle insouciance, amours libres et bêtises, un espace de liberté où, à vingt ans, l’herbe est verte et tendre... l’avenir s’annonce radieux.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782381539348
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Atlantique trip
La SAS 2C4L NOMBRE7, ainsique tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Patrice ROY Atlantiquetrip
Pour Alexandre et Thibaut
Entendez ci de saint Brandan
Qui fut nez devers occident
Qui VII ans erra par la mer
Por plus douter Dieu et amer…
Kenneth White
Le dernier voyage de Brandan
1
L’Atlantique
Larguez l’amarre de pointe arrière !
L’ordrevient d’être transmis, de la passerelle, au lieutenantBreton, l’officier responsable du pont arrière, par letéléphone interne, il nous est ensuite hurlépour couvrir le bruit des moteurs et le brouhaha ambiant.
Hébien quoi ! N’est-ce pas ainsi que l’on démarreune épopée ? Le récit authentique d’unmarin d’eau douce, d’un soldat qui n’en est pasvraiment un, d’un garçon à la moustache bienclairsemée qui ne peut guère encore prétendre àêtre un homme…
J’auraispu commencer ce récit un peu plus tôt, à l’aubedu mercredi 1 er  octobre 1975. Le jour où jemontais dans le train à Châtellerault, la petite villebien provinciale la plus proche de mon domicile, et que j’arrivaisà la grande gare de Bordeaux Saint-Jean. Je tenais mon ordred’affectation à la main droite et mon très légersac à la main gauche. Je n’eus qu’à suivrele mouvement de la foule du matin pour sortir sans encombre du halld’arrivée et trouver mon chemin. À la sortieaucun de risque de me perdre, je suis happé par un type enuniforme de marin. Il me désigne, d’un impérieuxdoigt pointé, le parking tout proche.
Nousattendons là, toute une flopée d’appelés,groupés bien serrés, comme un troupeau de moutons. Nousdiscutons de nos villes d’origine et nous recherchons, si parmitous ces conscrits, ne se trouvent pas quelques « pays »sinon du même village, mais tout au moins de celui d’àcôté. La marine recrute peu, et nous venons depratiquement tout un grand quart sud-ouest de la France, je neretrouve personne de Châtellerault ou de sa région.
Nousnous ressemblons, gamins d’une vingtaine d’annéesoù ne se distinguent que quelques figures plus matures, ceuxincorporés après des études longues sont âgésde 25 à 30 ans. Rapidement, je grimpe dans l’un desbus bleu foncé de la marine, garés au fronton de lagare. Au fur et à mesure qu’un bus affiche complet, ils’ébranle, direction le centre de formation maritimed’Hourtin. J’apprécie ce transport en autobus, carsouvent les transports de bidasses se déroulent en camionsouverts à tout vent, qu’il fasse beau ou mauvais temps,assis sur des banquettes de bois dur et inconfortables au possible.
Nousrejoignons Hourtin, une caserne cachée dans la forêt depins landaise, au bord du lac éponyme. Elle est situéeà une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest deBordeaux et seulement quelques kilomètres la séparentde la côte de l’océan Atlantique.
Àla fin de la matinée, quand je passe ma main sur mon crâne,j’ai la surprise, mainte fois renouvelée, d’yheurter une brosse dure, je viens d’être impitoyablementtondu bien ras. Le bachi ,orné du bandeau « Marine Nationale »,recouvre et protège désormais ma tête. Jem’adapte aussi à l’uniforme de travail, en denimencore apprêté. J’erre dans la grande cour, un,parmi un bon millier de gamins. Maintenant, c’est sûr,j’ai bien quitté la vie civile.
Jepasse quatre semaines à Hourtin pour m’instruire aub.a.-ba du troufion de base, marcher au pas, saluer, courir dans lesbois et les dunes. J’y suis nourri d’une bouffedégueulasse un jour et immonde le lendemain, c’estselon. J’apprends à dormir dans d’immensesdortoirs bruyants, où règnent la promiscuité,les odeurs corporelles intenses, les ronflements sonores, lesgrincements ou couinements incessants des lits métalliquessuperposés, hors d’âge et branlants. Ces semainesse déroulent dans l’insouciance et les pitreries degamins de vingt ans, à la fin des années hippies.
Pourmoi, l’armée ne constitue pas un choix, mais uneobligation avec laquelle je juge préférable decomposer, à défaut de l’accepter. Je ne suis pasde taille à contester, à la lutte du pot de terrecontre le pot de fer, je perdrais à tous les coups. Le gagnantest déjà désigné et il est si simple, sirapide, pour le rebelle ou le petit caïd, juste sorti de sacampagne, de s’y faire rincer, essorer, broyer et d’enressortir annihilé. Celui-là a dû ravaler,refouler, au plus profond de lui-même, toute sa haine de lachose militaire, toute son aversion pour ceux qui marchent au pascadencé. Le traitement infligé permet même d’enretourner certains, comme une vieille carpette. Je l’ai vu demes propres yeux, vu et vécu ! Moins de quatre semainesont suffi pour transformer un jeune gars, anarchiste et récalcitrant,en un volontaire pour les commandos de fusiliers marins. Sans douteignorait-il alors sa vraie vocation ?
J’auraispu commencer ma petite histoire encore plus tôt, deux annéesauparavant, lorsque j’ai effectué mes trois jours àLimoges, au centre d’incorporation de la régionmilitaire dont dépend Poitiers. Ce centre de sélectionoù je fis le choix, délibéré, de demanderà servir dans la marine et à être embarqué,pour la durée de mon service national obligatoire d’unan. Rien dans ma courte vie passée dans la campagne poitevinene m’y prédestinait ou ne m’y destinait.
Maisrevenons à nos cordages…
Cemardi 30 mars 1976 en soirée, l’Amyotd’Inville s’est déjà légèrementécarté du quai des avisos de l’arsenal militairede Lorient, sa proue pivote lentement. La pesante aussière enpointe arrière, reliant encore la poupe au quai, vient detomber avec un grand floc, dans les eaux noires, froides et guèreragoûtantes du port. Eaux que rendent plus fangeuses ettroubles les deux puissantes hélices quadripales du navire,qui les brassent et les malaxent pour décoller la lourde massed’acier du mouillage. Je peste intérieurement.L’aussière, dégoulinante, barbouillera le pont etsouillera la soute aux cordages de toute la boue ramassée dansle Scorff, la rivière qui baigne le port, quand elle serahissée à bord et enroulée sur son touret. J’enserai quitte, encore une fois, pour nettoyer toute cette bouenauséabonde, bien après que le poste d’appareillagesoit terminé pour le reste de l’équipage.
J’émergeà mi-corps de mon cagibi par l’étroite écoutille,les pieds bien assurés sur l’échelle métallique.Ce local, exigu, situé complètement à la poupe,sert à entreposer les tourets des aussières, mais aussitous les types de filins nécessaires sur un bateau. La listeest fournie des différents modèles, des gros, despetits, des courts, des longs, des défenses et despare-battages de toutes tailles et formes, pour protéger lesflancs du bateau le long des quais et bien d’autres équipementsencore. Au moindre rayon de soleil, ce cagibi de tôle devientune véritable étuve, la chaleur exhale les odeurs dechanvre, de goudron et toutes les puanteurs des vieilles marées,remontées avec les amarres à chaque mouvement dans unport.
Maposition, au ras du pont métallique, me donne une magnifiquevue sur la forêt de jambes des marins. Vêtus de leurgrande tenue, ils s’activent sur la plage arrière, àla manœuvre d’appareillage, sous le commandement dulieutenant Breton (enseigne de vaisseau de première classe).Le seul petit avantage de mon poste d’appareillage, c’estqu’il n’exige pas de porter sa tenue de sortie et defaire attention à ne pas la souiller, pour pouvoir ensuitesortir en ville.
Àla manœuvre, uniquement des hommes, les premières femmesne seront embarquées que quelques années plus tard. Surles avisos, les premières à bord seront des officières.La modification des dortoirs et des sanitaires, pour accueillir desmatelots féminins, est difficile à concevoir dans unespace aussi exigu.
Demon trou à rats, à la poupe, je regarde notreembarcation s’éloigner, d’abord lentement puis deplus en plus rapidement des quais. L’équipage au grandcomplet se tient aligné le long du bord, impeccable dans leursuniformes d’hiver, sur tous les ponts et passavants, de laproue à la poupe, comme il est d’usage pour saluer ungrand départ. Du débarcadère, quelques familleset amis présents agitent leurs mains. Non, aucun mouchoir nes’agite, nous ne partons pas pour très longtemps ni pourune quelconque mission dangereuse, sur un théâtre deguerre, il n’en existe d’ailleurs pas, en 1976. Ledernier sifflet, ces longs coups de sifflets des gabiers qui règlentles appareillages, s’est éteint. De loin maintenant, jevois les familles regagner la sortie de l’arsenal en papotantet les officiers leurs véhicules de service, garés àproximité.
Personnene me regarde partir ce jour-là, sur le quai, Lorient est bientrop éloigné d’Archigny et Jean, mon pèreest bien trop occupé à la ferme. Nous sommes en mars, àl’époque des labours, il n’a pas de temps àperdre et ce n’est pas la première fois que je m’absentepour de nombreuses semaines. J’avoue, je ne reviens pas trèssouvent à la maison depuis mon embarquement, une fois parmois, environ. L’armée m’a notifié monappel pour effectuer mon service militaire en octobre dernier.J’avais procédé à la résiliation demon sursis, dès la fin de mes études d’électroniqueà Tours. J’ai intégré l’Amyotd’Inville en décembre et j’y suis matelotspécialisé Détecteur Anti Sous-Marin (DeASM).
Leronronnement de la machine s’accélère, le panacheque crache la cheminée s’épaissit et se noircit,quelques escarbilles retombent sur le pont arrière. Nousnaviguons maintenant au milieu du chenal, salués par lessirènes et sifflets des autres unités présentesau port. À quai, sont amarrés, ce jour-là, leDrogou, le suivant de nos sister-ship s,ainsi que la frégate de Grasse et l’aviso-escorteurProtêt. Ils sont encore en construction, mais ils naviguentdéjà pour leurs essais en mer.
DuScorff, nous accédons à l’estuaire du Blavet,

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