Galatrat , livre ebook

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Julien Sciolla invite le lecteur à « entrer dans la magie des lieux et dans l'histoire de (son) village ». Au jour le jour, nous suivons le quotidien de Joseph, berger à Volvent dans la Drôme, rythmé par les saisons et les plaisirs simples. Sa vie de solitaire en harmonie avec la nature lui laisse la liberté de méditer et d'acquérir quantité de connaissances. Dans un style lyrique et chatoyant, l'auteur décrit le magnifique paysage dans lequel évolue cette figure de sage. Entraîné comme son entourage par une vague de reconversion, Joseph choisira la profession de gendarme. Égrenant les anecdotes impliquant d'autres habitants du village ou de la région, Julien Sciolla remonte le temps pour décrire les transformations progressivement à l'œuvre. Il ne peut s'empêcher de constater avec une certaine amertume la disparition de nombre de métiers du monde rural. S'appuyant sur la citation de textes bibliques, il tente de comprendre le sens profond des événements passés. Avec une « gratitude heureuse », il trouve grâce à l'écriture un moyen de redonner vie à une époque révolue et de rendre hommage à ce lieu qui habite sa mémoire pour toujours. Des photographies en couleurs viennent illustrer et enrichir l'ouvrage.

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Publié par

Date de parution

15 septembre 2016

Nombre de lectures

0

EAN13

9782334214605

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-21458-2

© Edilivre, 2016
Dédicace

A mon père Pierre Sciolla +
à ma mère Julia Grassot +
à René, Simone + et Thérèse +


Ma reconnaissance va à ceux qui m’ont encouragé, aidé et à ceux qui ont participé à la réalisation de cet ouvrage :
Joseph Grassot +, Pierre Grassot +,
Joseph-Gabriel Faresse, Germain Grassot +
Gabriel Grassot, Paul Faresse
Citation

« Pradelle, dans tes prés vont des pâtres frivoles.
Des grottes de Reychas aux pentes d’Auribel,
Ils savent des secrets que nul autre mortel
Ne saurait arracher à la nature folle. »
Frédéric GRASSOT
« Si tu ne sais où tu vas,
souviens-toi d’où tu viens ».
Proverbe du Bénin
Les noms des gens et des lieux sont vrais. Ceux-ci n’ont pas changé, même s’ils vivent toujours à leur manière et donc se transforment. Ceux-là pourront se reconnaître qui vivent encore ! même s’ils ne sont pas les auteurs de tout ce qui est écrit ici. L’auteur peut assurer que ce qui est dit est au plus prés de la vérité historique, même s’il faut bien de temps à autre laisser aller son imaginaire ! ce qui permettra au lecteur d’entrer dans la magie des lieux et dans l’histoire de ce village.
Puisqu’il faut toujours une PREFACE !
Il m’arrive de retourner au pays, là où mes parents ont été paysans. Les courts passages que j’y fais, font toujours naître en moi des sentiments de gratitude heureuse. Ces « visitations » réveillent sans doute quelques souvenirs de ma petite enfance. Elles sont pour moi la rencontre multiple de tous ceux et toutes celles qui comme moi sont nés dans ce « Désert ».
Au dernier tournant de la route c’est mon cœur qui, par mes yeux, regarde VOLVENT quand le soleil couchant découpe le village qui s’endort sur son promontoire. J’arrête quelquefois ma voiture pour l’admirer et en quelque sorte m’adresser à lui, seul à seul, pour lui dire le bonheur que j’ai d’être là. Alors je crois qu’il me parle !
De nombreuses maisons sont en ruines auprès de petits enclos que des grillages éventrés ne protègent plus des chèvres. Jadis les femmes y faisaient quelques légumes. Des maisons mal réhabilitées crient d’exister ainsi avec leurs tuiles plates et leurs grands murs en aggloméré qu’on a négligé de crépir. Pourtant le clocher ajouré lève encore la tête un peu au-dessus des toits, vigilant et priant sur ce village presque éteint.
Je pourrais avoir sur ce village le regard de l’instant, admiratif de la beauté du lieu qui est réelle, quand les ombres s’affalent et le mangent lentement. Mon regard va plus loin et devine toutes ces années passées. Elles sont là encore qui se bousculent et se rejoignent les unes et les autres, avec leurs jours heureux et tragiques. L’épaisseur de l’histoire se réduit à cette image magnifique et j’ai sous les yeux, comme figé dans les pierres répandues alentour, ce temps des hommes et des femmes qui s’y sont aimés, qui y ont accueilli tant d’enfants, qui par leur travail ont tiré de ce sol ingrat tant de richesses ! Ce temps des amours et des colères, temps des rires et des larmes ! ce poids d’humanité est toujours là, c’est le trésor du village, il y restera.
Le vent, qu’il soit du Nord ou du Midi est ici contrarié dans son passage. Il heurte Servelle quand il vient du Sud et Châteauvieux le freine quand il descend du Nord. Alors ce vent se met à tourner de colère dans cette vallée, close à l’Est par le col des Roustans et il tourne tant et tant que les anciens ont donné à leur village ce nom tiré du latin : VOLVENT !
C’est du moins l’interprétation que je préfère, mais je dois à la vérité de dire qu’il y en a d’autres ! Le nom de Volvent a toujours intrigué les philologues qui hésitent entre un endroit venté, un nom d’homme romain ou un dérivé du latin « volvere » qu’ils traduisent par « rouler » ! Cette dernière hypothèse pourrait s’appliquer aux eaux tourbillonnantes du « Trou Arnaud » qui se situe au pied du Cuchet. On peut aujourd’hui entrer dans cette caverne naturelle qui conduit à des siphons par plus de mille mètres de galerie.
Chapitre 1
Où le lecteur est invité à accompagner
le berger et son chien dans la montagne.
Il voudra bien se tenir à distance
pour ne pas les déranger !
Entre buis et lavande se cachent des bergeries
dont les formes souples épousent les pentes des collines.
Se confondant avec les rochers
elles appartiennent bien davantage à la terre qu’aux hommes.
Sur les pentes rondes de Combe-Chaude comme lacérées par les traces que font les brebis à force de paître dans les mêmes landes, Joseph avance évitant les grosses pierres sur lesquelles parfois un clou de ses vieux souliers crissait. Penché en avant, son pas de faible amplitude est régulier, lent, comme on marche sur ces collines qui depuis si longtemps qu’elles voient paître les troupeaux de brebis et de chèvres, moutonnent elles aussi comme par sympathie affectueuse.
Rita, sa chienne, avance aussi mais plus allègrement, gambadant de-ci de-là, devant, derrière et reniflant soudain un caillou banal mais qui gardait encore l’odeur d’un gibier qu’elle seule savait reconnaître. En vain elle claque ses dents sur un papillon matinal qui se laissait approcher de trop près. Rita ne s’écarte guère, pas plus de cinq à dix mètres, elle sait par expérience que son maître peut avoir besoin d’elle pour partir en flèche, ramener cette jeune brebis qui toute occupée à brouter s’attarde loin des autres.
C’est pourquoi Rita après avoir tourné autour de Joseph vient devant lui, pousse quelques gémissements complices, recule et semble interroger son maître : « Alors ! que veux-tu ? Où faut-il aller ? » Gardant la main gauche dans la poche arrière de sa lourde veste, là où il serre d’ordinaire quelques grives trouvées dans ses pièges, Joseph avance l’autre main pour une caresse et Rita s’écarte vivement, rassurée, en aboyant.
Rita ! peut vous paraître un nom étrange pour une chienne, mais Joseph avait choisi ce nom parce qu’on parlait beaucoup en ces années là d’une femme vedette du cinéma américain. Ce n’était pas très fair-play pour cette illustre personne, mais « Rita » était un nom qui résonnait fort dans la montagne aussi, mais là ce n’est que pure conjecture de ma part ! Joseph se faisait un plaisir de crier ce prénom d’une femme qui lui serait à jamais inaccessible !
Joseph savait interpréter tous les cris et les comportements de sa chienne. Je crois que Rita aussi lisait dans les yeux du berger. Cette connivence s’était établie jour après jour à force de vivre ensemble. Un clin d’œil, un bras levé, un gémissement, un sifflement bref ou long, un rien suffisait pour correspondre entre eux. Ce vocabulaire quotidien permettait à Joseph et Rita de faire conversation, de dire leur joie d’être ensemble, de se rappeler leur présence, de s’inviter mutuellement au repas.
Joseph vient de quitter ce qu’il faut bien appeler une masure faite avec les pierres trouvées sur place et posées sommairement les unes sur les autres. Les murs sont larges, un peu moins près du toit qui lui, fait de quelques poutres fragiles, porte quelques tôles ondulées mal ajustées. L’épaisseur des murs brise un peu la vitesse du vent qui, certaines nuits descend du col de Jonchères en rafales. Cette baraque a un nom comme tout ce qui nous est familier et nécessaire : « GALATRAT ». Et ce nom résonnait en moi comme une réalité de misère et d’abandon.
Joseph se tenait à « Galatrat » la nuit et quelquefois le jour quand la pluie persistait. Une vieille porte fermait ce réduit. Elle était devenue grise avec les intempéries et les nervures de son bois rappelaient la peau des vieux bergers, une peau luisante et rêche marquée de l’arborescence des veines. Cette porte donnait un peu d’humanité à cette construction précaire où tout compte fait, le berger ne venait que pendant l’été et n’y passait que quelques heures entre le coucher et le lever du soleil. Et les nuits d’été sont brèves !
Une citerne dont on avait grossièrement cimenté le fond et les côtés gardait avec peine l’eau de pluie que recueillait le toit. Par un chéneau en bois cette eau arrivait à garnir le fond de l’ouvrage. Eau précieuse pour le berger et son chien, l’un pour se laver de temps en temps, l’autre pour se désaltérer. Car sur cette montagne l’eau était rare. Le sol calcaire absorbait très vite la pluie qui s’en allait à travers des labyrinthes secrets vers des lacs obscurs. A une dizaine de mètres un enclos jadis couvert pouvait rassembler le troupeau.
Cette installation très sommaire suffisait au berger en des temps où le confort n’était pas le premier souci. Joseph entretenait ce qui était utile, il se contentait d’un abri précaire et des quelques objets indispensables à sa nuit et à ses repas.
Joseph continue sa route sur un parcours que le terrain lui-même dirige, obliquant à gauche ou à droite pour progresser sur une pente plus facile. A ce train régulier, Joseph et sa chienne s’élèvent assez rapidement. Ils arrivent bientôt sur un plateau étroit où les cailloux ont été rejetés sur les côtés. Ils forment des monticules où quelques plantes s’obstinent à vivre. Ce terrain ressemble à un pré miniature avec une herbe rare et fine. Par endroit, en forme de cercle, l’herbe plus verte, plus abondante interroge sur la cause de cette anomalie. Des excréments d’animaux sauvages peuvent expliquer l’herbe plus drue en ces endroits. Certains parlent de cercles de sorcières, traces qu’elles laissent de leur passage ! Joseph connaît ces cercles qui marquent sur le sol la présence souterraine d’un rhizome d’où sortent certains champignons. Il connaît bien ces petites girolles que les premières chaleurs du printemps font timidement éclore mais les brebis les

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