La Chine ouverte , livre ebook

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Si l’illustration a droit d’intervenir quelque part, c’est assurément dans les récits, aujourd’hui bien rares, où le voyageur lutte contre la difficulté de peindre et d’animer aux yeux du lecteur des moeurs nouvelles et des paysages inconnus. La Chine ouverte appartient à cette classe d’ouvrages où l’illustration est de mise, où le crayon peut utilement seconder la plume. Le titre indique assez le but que se sont proposé l’écrivain et le dessinateur. Il s’agissait de retracer fidèlement les impressions d’un Européen qui se trouve initié aux mystères de la Chine. M. Old Nick avait à se transporter par l’imagination dans les lieux que M. Borget retrace de mémoire : tous deux ont bien rempli leur tâche. Les dessins de M. Borget se distinguent par une fidélité scrupuleuse, et les récits de M. Old Nick résument avec charme les plus récentes notions qu’on possède sur le Céleste Empire. On ne peut que faire bon accueil à des publications qui, sous prétexte d’amuser les yeux, atteignent un but moins frivole en donnant une forme attrayante à l’étude et à la description des pays lointains... » (Revue des Deux Mondes, 1844).


Paul-Emile Daurand-Forgues, connu sous le pseudonyme de Old Nick, est un journaliste, critique littéraire et écrivain né à Paris (1813-1883). On lui doit diverses traductions en français d’auteurs anglais ainsi qu’une Histoire de Nelson et deux récits de voyage : La Révolte des Cipayes (1861) et La Chine ouverte (1845).

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Date de parution

26 décembre 2016

Nombre de lectures

0

EAN13

9782366345360

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

22 Mo

978-2-36634-058-7 9HSMDQG*deafih+
OLD NICK PAUL-EMILE DAURAND-FORGUES
LaChineouverte AventuresdunFan-Kouei danslepaysdeTsin
Tous droits de traduction de reproduction et dadaptation réservés pour tous les pays. Conception, mise en page et maquette : © Éric Chaplain Pour la présente édition : © PRNG EDITIONS — 2015 PRNG Editions (Librairie des Régionalismes) : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 CRESSÉ
ISBN 978.2.36634.058.7 Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — lmerveilleux, a parfois desinformatique, outil ruses diaboliques...Nhésitez pas à nous en faire part :cela nous permettra daméliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
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OLD NICK
LA CHINE OUVERTE aventures d’un fan-koueidans le pays de tsinillustrations d’auguste borget
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Jonque de commerce.
I. CORRESPONDANCE DE MURPHY DERMOT
À PATRICK O’DONOVAN de Dunmanna-House. Hôpital ophtalmique, Quan-Tong. Mai 183…
epuis six mois entiers, pas une lettre ! — J’entends d’ici vos reproches mon cher Patrick ; ils trouvent dans mon cœur, sinon dans ma conscience, un implacable écho. Mais que voulez-vous ? Ma vie m’appartient à peine ; je la dois avant tout à l’homme admirable qui l’a, sauvée, vous savez dans quelles circonstances et par quel miracle. Maintenant qu’il me demande d’en consacrer quelques jours à son œuvre de dévouement et de philanthropie, comment hésiter ? comment distraire de ces jour-nées, de ces nuits qu’il accepte, une seule heure, une seule minute ? Vous êtes fait pour comprendre mes scrupules, et l’espèce d’avarice que m’impose la reconnaissance. Moins exclusivement occupé, croyez-le, je n’aurais pas résisté à la tentation de vous raconter en détail toutes les merveilles dont nous vivons entourés, sur cette terre qui ne ressemble à aucune autre. Je me souviendrai toute ma vie, je pense, du jour où le révérend Peter Parker, mon sauveur et mon guide, me permit pour la première fois depuis mon débarquement de monter sur la terrasse de l’hôpital. J’étais faible encore, et dans cet état de prostration physique à laquelle les impressions qui nous viennent du dehors doivent une force mys-térieuse. Ce que je vis continuait pour moi les mirages étincelants de ma longue fièvre. L’hôpital — excusez-moi d’entrer dans ces détails — occupe un ancien entrepôt de commerce, le n° 7 dans Fungtae-Hong ; et mon premier coup d’œil tomba sur ce coin de terre où la politique jalouse du Céleste-Empire tient enfermé le commerce européen. C’était le matin ; une fraîche brise agitait les quatre pavillons d’Angleterre, de France, de Hollande et d’Amérique, hissés à quatre grands mats devant la principale façade des factoreries. La rivière, aussi large en cet endroit que la Tamise devant Westminster, était couverte d’embarcations dont le nombre semblait devoir rendre toute circulation impossible ; mais l’œil s’habituait peu à peu à ce désordre apparent, et distinguait une parfaite symétrie dans ces masses agglomérées. Près de chaque rive, un espace est ménagé pour la circulation ; et les bâtiments eux-mêmes, rangés en
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longues files, laissent entre eux des canaux ouverts. Dans ces ruelles de la ville marine passaient en criant les marchands de comestibles, dont la sampane à deux rames glisse comme la gondole vénitienne sur des eaux bien autrement limpides que celles de l’Adriatique. Au milieu de l’avenue principale, une grande jonque, arrivant de Batavia, laissait voir, sous ses voiles de nattes fixées à des vergues en bambou, le pêle-mêle le plus curieux ; des hommes et des femmes entassés sur le pont avec des singes, des perroquets, des faisans dorés, des civettes et des oiseaux de paradis le tout sans préjudice des marchandises dont il était encombré. Une femme debout à la proue gourmandait à grands cris les matelots : c’était le capitaine de ce singulier navire. Elle commandait la manœuvre. Cette circonstance me fit remarquer qu’un grand nombre des bateaux voguant sur le Tigre n’étaient dirigés que par de jeunes filles, assez légèrement vêtues pour que leur sexe n’eût rien de douteux. Le rude métier qu’elles exercent développe de bonne heure leurs muscles ; et de leurs caleçons bleus sortent des jambes nues que le pinceau de Rubens lui-même ne pourrait exagérer. Leur esquif n’est quelquefois qu’une espèce de voiture de place ; quelquefois aussi la batelière en fait une boutique ambulante d’orange, et de bananes. Telle était la première que je suivis de l’œil, et qui, victime d’une mauvaise plaisanterie, essayait d’atteindre à force de rames un canot monté par six à huit marins anglais. Ceux-ci l’avaient d’abord appelée ; puis, comme elle accourait avec l’empressement de l’avidité en éveil, ils avaient repris leur course un moment suspendue. Les efforts de la pauvre enfant, qui se croyait obligée d’honneur à ne pas laisser échapper d’aussi bonnes pratiques, les divertissaient infiniment. La même manœuvre leur réussit deux ou
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trois fois encore, et c’était pitié que de voir la jeune Chinoise, dont la coiffure de fleurs tombait autour d’elle, et dont les épaules n’étaient plus défendues par les larges bords de son chapeau de paille, poursuivre avec un redoublement d’énergie sa course inutile. Elle comprit enfin ; et tout à coup, laissant tomber ses rames, je la vis accompagner d’un geste furieux les imprécations qu’elle jetait aux perfides étrangers. Le mot : fan-koueï dominait toutes les autres injures, et j’appris alors le sens de cette expression outrageante, qui mille fois depuis a frappé mes oreilles. Le fan-koueï — littéralement l’étranger-démon — c’est l’Européen, le barbare, l’ennemi commun. Lorsque passe la barque du fan-koueï au-delà des limites où l’habitude empêche qu’on ne prenne garde à elle, une foule curieuse et souvent hostile accourt sur la rive et sur les ponts ; les mères la montrent à leurs enfants, et leur apprennent à mépriser, à détester les barbares. Ces leçons précoces ne sont pas perdues, je vous l’assure. Combien de fois quelques-uns de ces marmots cuivrés, qui rampent à demi nus sur les plus infimes sampanes — tandis que je m’inquié-tais naïvement de leur sort, exposés qu’ils sont à se noyer vingt fois par jour — ne m’ont-ils pas annoncé, par une pantomime expressive, tout le bien qu’ils me souhaitaient ! D’une main prenant leur petite queue naissante, passant autour de leur cou le tranchant de l’autre, ils semblaient me promettre que ma tête ne resterait pas longtemps sur mes épaules, si je la confiais imprudemment à la loyauté chinoise. Aimables magots ! — Et cependant, comment se défendre d’un senti-ment de compassion, lorsque l’on voit — trop souvent, hélas ! — un de ces pauvres petits êtres, soutenu sur l’eau par la calebasse qu’on leur attache autour du cou, mais déjà suffoqué depuis longtemps, — les bras étendus, les yeux fermés, on dirait qu’ils dorment — descendre lentement le courant qui l’emporte ? N’admirez-vous pas, cher Patrick, avec quelle facilité je me laisse aller à mes digressions favorites ? Je vous ai quitté sur la terrasse de notre hôpital, en compagnie d’un convalescent émerveillé ; vous voici naviguant sur les canaux de l’intérieur, avec un aventureux promeneur qui brave, à ses risques et périls, les prohibitions solennelles de Tao — Kouang. Tenez-vous cependant à ce que ma description se complète ? Alors écoutez. De la ville des bateaux, mille bruits s’élèvent. Tantôt un pétard éclate — les enfants chinois sont des artificiers consommés ; — tantôt le gong, les trompettes et les cymbales retentissent — les Chinois sont d’enragés musiciens. Chaque marchand pousse son cri, chaque métier fait son tapage. Entre autres, les soldats de Sa Majesté Céleste — qui sont bien les plus plaisants soldats de la terre — gaspillent une énorme quantité de mauvaise poudre en s’exerçant au tir dans les forts voisins. Assourdi par ce tumulte, vous êtes ébloui par les couleurs brillantes
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dont tout est bariolé autour de vous. Ici c’est la petite barque dorée, sous le dais de laquelle un Chinois de qualité, un gentleman indigène, allant à ses visites du matin, est assis dans tout son orgueil et toute sa mollesse. Remarquez, — si elles sortent de ses longues manches, — ses mains potelées et ses ongles sans fin, son teint fatigué, l’éventail qu’il agite gravement, et la manière toute sensuelle dont il hume le thé servi sur une petite table à côté de son fauteuil ; tout ceci — la blancheur des mains par-dessus tout — caractérise l’homme comme il faut. Mais votre rail est appelé par ces carènes rouges et blanches rangées là-bas en ligne, comme des coursiers prêts à s’élancer : ce sont en effet des jonques récemment sorties des docks-yards, et qui vont affronter pour la première fois les périls de la mer. Avec leurs formes massives, auxquelles prêtent une espèce de vie les gros yeux ronds figurés à l’avant, vous diriez d’énormes cétacés que l’homme aurait assujettis aux besoins de la navigation. Plus loin sont les jonques de guerre, noires et rouges, étalant, sur leurs poupes élevées et sur les boucliers appendus autour d’elles, Un luxe inouï de décorations fantastiques : têtes hideuses, monstres grimaçants, démons à la gueule ouverte aux yeux de flamme, aux griffes sanglantes.
Il faudrait un génie comme celui d’Homère pour vous nommer ainsi toutes les embarcations qui se croisaient sur le grand fleuve : depuis la barque de l’officier de douanes et les chopboats destinés au trans-port des cargaisons européennes déchargées à Whampoa, jusqu’au flibot richement orné du linguiste et des commis envoyés par le hong
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Bateau — Mandarin.
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marchand pour vérifier ces cargaisons ; depuis ces grandes barges sans décorations (tsaouchuen) spécialement destinées au commerce de l’intérieur, jusqu’au bateau-mandarin qui fait la police et surveille les manœuvres de la contrebande. Le bateau-mandarin est le chef-d’œuvre de l’architecture navale en ce pays, et peut être — comme élégance du moins ne l’a-t-on surpassé dans aucun autre. De loin, sur l’eau, vous diriez un brillant insecte. Le fond de la coque est peint en blanc ; mais la partie supérieure est d’un bleu pâle, auquel on donne les teintes délicates de l’outremer ; dans cette partie de la barque s’ouvrent, de chaque côté, trente petites portes ovales bordées d’un rouge vif et donnant issue à autant de rames blanches, qui ne rentrent jamais à l’intérieur. Quand elles cessent de servir, elles s’abaissent simplement contre les flancs du navire, comme les nageoires d’un poisson fatigué. Sur le pont, d’un bois dur et ferme qui revêt à force de soins une sorte de poli naturel, les matelots indolents sont accroupis ; le man-darin lui-même, étendu sur une natte à l’arrière, aspire avec délices la fumée d’un cheroot de Manille. Sa molle attitude, ses vêtements de soie brodée et de moire, dont les plis nombreux foisonnent autour de lui, ne donnent pas une très-haute idée de sa valeur guerrière ; mais il a sous ses ordres une cinquantaine de militaires dont la tournure est plus dégagée. Nus jusqu’à la ceinture — car un soleil brûlant envahit l’horizon, — la tête couverte de bonnets de paille tressée et qui ont
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