Piste
264 pages
Français

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Description

« Quand on a 30 ans, tout paraît possible. L’aventure nous ouvre ses bras immenses et nous offre toutes les possibilités. Pour moi, le rêve, c’était le Sahara. Traverser le Sahara en voiture à cette époque relevait du défi. Ce récit de voyage, quarante ans plus tard, présente quasiment un intérêt historique. Et les mésaventures n’ont pas manqué d’être au rendez-vous. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juillet 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332767844
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-76782-0

© Edilivre, 2014
Piste


« Nous les Touaregs, nous sommes faits pour chanter des poèmes et pour parcourir le désert. Les dunes de sable et les rochers hallucinants sont notre demeure… Nous sommes faits pour respirer le soir l’odeur du sable chaud et regarder les étoiles. » (Recueilli par Douchan Gersi)
« Mais que cherchent-elles, nos âmes, à voyager ainsi… ? » (Georges Seféris)
« Ils possédaient en leur âme l’aventure qui, plus que tout, peut souder et magnifier les hommes lorsqu’elle est affrontée en commun. » (Pierre Sabbagh)
« La beauté et la solitude sont le meilleur aliment des rêves. » (J.M. Tey)
« Le désert restitue à l’homme son contenu d’humanité. » (François Vergniaud)
Préambule
A vant de commencer la lecture des pages qui vont suivre qui retracent les péripéties que nous avons connues au cours de notre traversée du SAHARA, ouvrez un atlas et regardez le continent africain : une grande partie de la zone située au nord de l’équateur est une immensité désertique : le SAHARA. Si vous voulez serrer de plus près la réalité, tracez au nord une ligne joignant AGADIR au MAROC à GABÈS en TUNISIE, et au sud SAINT-LOUIS du SÉNÉGAL à KARTHOUM au SOUDAN : vous aurez ainsi délimité approximativement un quadrilatère de 5000 kilomètres de l’est à l’ouest et de 2000 kilomètres du nord au sud, d’une superficie de plus de 8 millions de kilomètres carrés, c’est à dire environ 15 fois la France ; voilà le SAHARA, un univers à part, où les pluies sont extrêmement rares et où l’évaporation l’emporte de façon suivie sur les précipitations 1 .
Tout est extraordinaire au SAHARA et hors du commun des étendues de sable infinies édifiant de véritables montagnes, les ergs ; des déserts de pierres de plusieurs milliers de kilomètres, les regs ; et au cœur de cette contrée fantastique, une zone encore plus vide, le pays de la soif, le désert des déserts, le désert le plus absolu du monde, le TANEZROUFT. Extraordinaires aussi les températures relevées dans certaines régions : 58° à l’ombre en LYBIE en été, mais aussi des variations étonnantes entre le jour et la nuit atteignant fréquemment 36° l’été et 45° l’hiver, oscillant entre +35° et -10°.
Traversant cette immensité un mince cordon de vie : tout d’abord la route infiniment droite allant d’EL GOLÉA à IN SALAH ; et puis la piste menant à TAMANRASSET, épouvantable ; et enfin les traces dérisoires de quelques rares véhicules en direction d’AGADEZ, inscrites dans le sable et puis peu à peu effacées par l’harmattan 2 , la nature ici ne permettant plus à l’homme d’imprimer une quelconque marque indélébile.
C’est dans cet univers extraordinaire que nous allons vivre un mois durant. En allant d’ALGER à ABIDJAN en passant par le HOGGAR et d’ABIDJAN à ALGER par le TANEZROUFT, nous allons donc devoir affronter la réalité nouvelle d’une part de l’isolement, d’autre part de la chaleur diurne et du terrible froid nocturne ; et puis de la piste parfois très difficile et harassante qui nous fera souvent craindre le pire et que la fin du voyage était arrivée. À chaque instant, nous ne devrons pas perdre de vue qu’il ne nous faut compter que sur nous-mêmes ; il nous arrivera de rester deux jours sans apercevoir âme qui vive tout au long de la piste. Mais après avoir étudié la géographie, la topographie et la climatologie des régions du SAHARA que nous allons traverser, nous sommes confiants.
Nous préparons sérieusement ce voyage depuis un an et finalement, tout au long de cette préparation, chaque jour, je saisis que le plus difficile, l’essentiel en somme, est de prendre la décision de partir. Il faut tout planter là et partir. Car en cogitant trop longtemps sur les raisons valables et tout simplement sur l’aspect raisonnable d’un voyage, je suis persuadé que l’on ne découvre souvent que des raisons de ne pas agir, de ne pas partir.
« C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis entre dix et treize ans qui donne ainsi l’envie de tout planter là… Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons ; et l’on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse ; quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon. Un voyage se passe de motif. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait. » (Nicolas BOUVIER)
Je fais un voyage parce que tout de même quelque chose me pousse à l’entreprendre : il y a donc une cause et un but, celui-ci étant la cause de celui-là ! Si je crée le voyage, le voyage me fera aussi ; je découvrirai des causes subtiles et des motifs inconscients émergés à la conscience par l’action d’un révélateur, le SAHARA. Le rêve, la soif d’aventures, l’influence des lectures, ont suscité en moi un attrait irrésistible lorsque la première fois, j’ai découvert la lisière du SAHARA : c’était en 1968 au SAHARA ESPAGNOL (RIO DE ORO). Tout cela n’a connu la maturation, l’aboutissement que par l’action d’un virus qui est en moi, le besoin du voyage.
« Cette drogue, ma drogue, c’est le voyage. Le vrai. Celui dans l’espace, dans le rêve, dans les visages, dans les yeux. » Avec DOUCHAN GERSI, absorbons cette drogue à haute dose « puisqu’elle fait vivre quand on en use, et elle tue lentement quand on en est privé. » Le voyage pour le voyage, tout simplement.

1. On considère généralement qu’une zone est désertique si la pluviométrie est inférieure à 150 mm par an.
2. Vent d’est, chaud et sec, venant du désert.
Départ
L UNDI 17 décembre 1973. Nous quittons REQUISTA (Aveyron), mon ami le boucher du village, Jean-Jacques Schmidt et moi par une matinée grise et pluvieuse. La Range Rover et la 2cv se suivent de près. Le brouillard nous engloutit rapidement et nos amis silencieux nous perdent aussitôt de vue. ABIDJAN est si loin ce matin-là ! Et nombreux sont ceux qui sont persuadés de ne jamais nous revoir, « balayés par un vent de sable et enfouis à jamais sous une dune… » Un dernier regard aux quelques requistanais venus sur le pas de leur porte pour assister au grand départ… et en avant pour Marseille, première étape, pour rejoindre mon ami Dany Albar hôtelier à PARIS et mon cousin Alain Bourjault professeur à BESANCON.
Je dois avouer bien humblement que tout au long de ces 300 jours de préparation minutieuse du voyage, matériel, véhicules, équipages etc…, le moment du départ ne m’est pas venu à l’esprit. En effet, c’est un moment terriblement exaltant et angoissant tout à la fois ; la machine mise en branle pour la réalisation du voyage est le moteur du départ. Une préparation psychologique serait presque nécessaire pour affronter le moment du départ pour cette grande aventure ; c’est là en définitive que la décision prend vraiment corps et commence à montrer sa véritable dimension. On peut préparer des quantités de voyages et ne jamais partir. Mais là, nous partons vraiment ! Nous sommes en train de partir ! Terrible émotion : je laisse mon épouse et mes trois enfants…
Nous passons notre première nuit à 40 kilomètres de MARSEILLE, sur un parking, dans la cabine couchette sur le toit de la Range, qui s’avère extrêmement confortable et isolée du froid de l’hiver.
MARDI 18 décembre.
Réveil à 6 heures. Un vent glacial nous paralyse au sortir de la cabine.
À 7 heures 45, nous retrouvons Dany à la gare Saint Charles. Il est tout heureux de sentir l’aventure se profiler… À 8 heures 30, nous retrouvons Alain devant la Samaritaine ; il arrive en voiture de BESANCON. La veille, à peine sorti du cours de maths qu’il vient de donner au lycée, il est parti avec sa sacoche et les copies des élèves, avec un ami qui l’a déposé là après avoir roulé toute la nuit pour arriver à l’heure à MARSEILLE.
Ultimes vérifications : l’équipage est à présent au grand complet. Tout est prêt. Un dernier bon gueuleton au Suffren avant de partir au port.
Interminable attente de trois heures pour embarquer. L’embarquement finalement aura lieu à 14 heures. Dans ce grand port de Marseille ouvert à tous les vents, nous attendons. Des papiers et encore des papiers à remplir ! Des fiches blanches, bleues, vertes qui ne serviront à rien mais qui donnent du travail à beaucoup de monde… Le mistral souffle en rafales et vient nous chercher jusque dans le hangar où nous sommes, provisoirement parqués avec les autres voitures. Nous grelottons de froid : l’hiver est bien là ! Comment imaginer que dans quelque temps, nous aurons certainement trop chaud… Nous remontons dans la Range, espérant y trouver un peu de chaleur. Nous habituer à cette voiture, avec laquelle nous devrons vivre pendant deux mois, pour le meilleur et pour le pire… Tout dépend d’elle, finalement… Nous commençons à trouver longues les minutes qui nous séparent de l’embarquement. Mais, nous essayons de les faire durer, pour savourer pleinement ces derniers instants ; les plus difficiles du reste. Tout est encore possible : faire demi-tour par exemple, abandonner, tout laisser tomber !! Comment taire cette angoisse qui surgit du plus profond de soi-même ? Réflexe d’autodéfense ou instinct de conservation peut-être ! À chacun de mes départs pour une aventure toujours plus ou moins difficile, cette angoisse est au rendez-vous. Mais je sais parfaitement, avec l’habitude que lorsque nous serons réellement partis, elle aura complètement disparu… jusqu’au prochain voyage !
Le port de Marseille est un véritable labyrinthe. Nous traversons des hangars, longeons des quais, franchissons des barrières, toutes le

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