Un aviateur de quinze ans
1064 pages
Français

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Un aviateur de quinze ans , livre ebook

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Description

Arnould Galopin (1863-1934)



"– Voyons, petite mère, ne pleure pas... Est-ce que c’est la santé de Blanchette qui t’inquiète ?


– Non, mon Francis, non... Blanchette va mieux, le médecin a même dit qu’elle pourrait bientôt se lever... mais il faut encore des soins... surtout des médicaments... et...


Mme Dormeuil n’acheva pas... et fondit en larmes.


– Alors... si Blanchette est sauvée, pourquoi te lamenter, maman ?


– Mon Francis... Je vais te dire... Oui, il faut que tu saches tout. Depuis la mort de ton pauvre père, les quelques économies que nous avions pu réaliser, se sont épuisées... J’ai pourtant été bien économe, mais la vie est si chère... et aujourd’hui... non seulement il ne nous reste plus rien, mais encore, nous devons un terme, et le propriétaire menace de nous expulser...


– Nous expulser, dis-tu... fit le jeune garçon avec un froncement de sourcil, nous jeter à la rue, en plein hiver, par ce temps... Non, il ne fera pas cela...


– Il le fera, mon enfant... Il nous expulsera comme il a expulsé les gens du cinquième, il y a deux mois de cela.


Francis demeura silencieux, couvant sa mère d’un regard attendri... Il se rappelait en effet l’expulsion des locataires du cinquième, les Renault, de pauvres gens qui peinaient du matin au soir, sans arriver à gagner leur vie... Il revoyait leur pauvre mobilier étalé dans la rue, sous la pluie, et la mère Renault, une vieille femme de soixante-quinze ans, assise sur une borne, avec ses deux petits-enfants à ses côtés..."



Francis est un adolescent de 15 ans. Il travaille dans une usine d'avions afin de subvenir aux besoins de sa mère et de sa soeur malade. Mais l'argent manque tout de même.... Il décide de se faire embaucher comme mécanicien par deux aviateurs, M. Beaucaire et le commandant Tavernier, qui ont décidé de faire le tour du monde avec un aéroplane nouveau modèle. Francis est loin d'imaginer toutes les aventures qu'ils vont vivre !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782384420773
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0026€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un aviateur de quinze ans
Tome I


Arnould Galopin


Juin 2022
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-077-3
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 1075
Première partie
I
L’angoisse d’une mère

– Voyons, petite mère, ne pleure pas... Est-ce que c’est la santé de Blanchette qui t’inquiète ?
– Non, mon Francis, non... Blanchette va mieux, le médecin a même dit qu’elle pourrait bientôt se lever... mais il faut encore des soins... surtout des médicaments... et...
Mme Dormeuil n’acheva pas... et fondit en larmes.
– Alors... si Blanchette est sauvée, pourquoi te lamenter, maman ?
– Mon Francis... Je vais te dire... Oui, il faut que tu saches tout. Depuis la mort de ton pauvre père, les quelques économies que nous avions pu réaliser, se sont épuisées... J’ai pourtant été bien économe, mais la vie est si chère... et aujourd’hui... non seulement il ne nous reste plus rien, mais encore, nous devons un terme, et le propriétaire menace de nous expulser...
– Nous expulser, dis-tu... fit le jeune garçon avec un froncement de sourcil, nous jeter à la rue, en plein hiver, par ce temps... Non, il ne fera pas cela...
– Il le fera, mon enfant... Il nous expulsera comme il a expulsé les gens du cinquième, il y a deux mois de cela.
Francis demeura silencieux, couvant sa mère d’un regard attendri... Il se rappelait en effet l’expulsion des locataires du cinquième, les Renault, de pauvres gens qui peinaient du matin au soir, sans arriver à gagner leur vie... Il revoyait leur pauvre mobilier étalé dans la rue, sous la pluie, et la mère Renault, une vieille femme de soixante-quinze ans, assise sur une borne, avec ses deux petits-enfants à ses côtés...
Oui, il se rappelait tout cela, le petit Francis, et, par une naturelle association d’idées, il se voyait avec sa mère et sa petite sœur jeté à la rue, sous la bise glaciale, et errant sans foyer, à travers Paris, à la recherche d’un abri qu’il ne trouverait peut-être pas ! Sa chère petite Blanchette en mourrait, et sa mère minée par les privations ne supporterait pas non plus cette cruelle épreuve...
Un pli barrait son petit front, et des larmes qu’il s’efforçait de retenir, mettaient comme un brouillard sur ses grands yeux bleus. Bien qu’il eût à peine quinze ans, il avait déjà l’énergie d’un homme, mais ne savait encore rien de la vie. Jusqu’alors, il avait toujours cru que sa modeste paye suffisait à entretenir le ménage, et ne se rendait pas compte des lourdes privations que s’imposait sa mère, pour équilibrer tant bien que mal leur modeste budget. Il y a dans les ménages parisiens, des femmes qui, depuis la guerre, souffrent en silence, travaillent comme quatre, et se privent parfois du nécessaire, pour donner la pâtée journalière à de pauvres petits êtres qui les paient de caresses, et qu’elles tremblent de ne pouvoir plus nourrir.
– Maman, déclara le petit Francis en embrassant tendrement sa mère, ne te désole pas... tout s’arrangera... Dès demain, j’irai trouver le propriétaire... c’est un homme... il doit avoir des enfants, je parviendrai bien à l’attendrir...
– Hélas ! mon pauvre enfant, le propriétaire n’habite pas Paris... c’est à un gérant que nous avons affaire, et cet homme est impitoyable... Mme Renault est allée le trouver, avec ses deux petits, mais il a refusé de la recevoir, et le lendemain, il la faisait jeter dehors avec sa pauvre vieille mère.
Francis comprit que tout était fini, qu’il ne réussirait pas plus auprès du gérant que la malheureuse locataire du cinquième. Cependant, il s’efforçait encore de rassurer sa mère...
– Tout s’arrangera, répéta-t-il... je ferai des heures supplémentaires à l’atelier. Tu sais bien, maman, que ce n’est pas le courage qui me manque...
– Je le sais, mon enfant, mais le temps presse... demain, après-demain au plus tard, nous recevrons un papier d’huissier, une maudite feuille bleue dans laquelle on nous accordera tout au plus un délai de trois jours... Passé ce délai, toutes les pauvres choses que nous avons ici tous les chers souvenirs que nous conservons, pieusement, seront vendus aux enchères... on ne nous laissera que nos lits... mais où aller, sans argent, par ce froid glacial ?... Si encore nous avions des parents, mais nous n’avons personne... pas même un ami.
Et Mme Dormeuil éclata en sanglots.
De la chambre voisine, une petite voix demanda :
– Maman... maman... pourquoi pleures-tu ?... Est-ce que Francis t’aurait fait de la peine ?
– Non... non, ma chérie, répondit la pauvre femme en se dirigeant vivement vers le lit où reposait la petite Blanchette, une fillette de sept ans environ, dont le visage maigre, éclairé par deux yeux de fièvre, faisait peine à voir... Non, Francis ne m’a pas fait de peine, il en est incapable, le pauvre enfant...
– Mais tu pleures, maman...
– Mais non, ma chérie, je ne pleure pas... pourquoi pleurerais-je... puisque tu vas mieux, et que le médecin affirme que tu pourras bientôt sortir...
– Oui, petite sœur, ajouta Francis, tu pourras bientôt descendre...
La malade se pencha à l’oreille de son frère, et lui dit à voix basse :
– Alors, nous irons voir la jolie poupée que je t’ai déjà montrée... tu sais, celle qui ouvre et ferme les yeux... et qui parle... car elle parle, Francis... je l’ai entendue... Elle a une belle robe de soie bleue, et des cheveux blonds comme les miens...
Et, câline, la pauvre petite ajouta :
– Oh ! si tu pouvais gagner assez d’argent pour me l’acheter... mais ça doit être cher... C’est pour les enfants de riches, ces jolies poupées-là... Des petites filles comme moi ne peuvent pas avoir de belles dames avec des robes de soie... et aussi grandes que celle-là... Mais, si tu en trouvais une plus petite... ça me serait égal qu’elle ne parle pas, pourvu qu’elle remue les yeux...
– Tu l’auras, sœurette, je te le promets.
– Oh ! merci, petit frère... et quand me l’apporteras-tu ?
– Bientôt...
Mme Dormeuil, qui avait entendu, secoua tristement la tête...
II
L’avion géant

Le lendemain, Francis partait pour l’usine. Il travaillait à Billancourt, dans une fabrique d’aéros. Il mordait déjà bien au métier, et son contremaître, émerveillé de son adresse, l’avait pris en amitié.
Le jeune garçon n’avait pas son pareil pour démonter un moteur, le remonter, vérifier et remettre en place les rouages si compliqués d’un avion. En trois ans, Francis était devenu l’un des meilleurs ouvriers de l’usine, et le directeur, M. Bergerol, le tenait en haute estime. « Ce gaillard-là ira loin », disait-il souvent. En attendant, Francis, qui n’avait pas encore quinze ans, ne gagnait pas autant que les autres ouvriers. Sa paye était modeste, et il faut croire insuffisante, puisque sa mère, sa petite sœur et lui n’arrivaient pas à vivre.
Ce matin-là, l’enfant s’était armé de courage, et s’était décidé à demander audience à M. Bergerol, pour lui exposer sa situation. Cette démarche lui coûtait beaucoup, et il se demandait s’il aurait le courage de la faire. Cependant la misère des siens lui donnait de l’audace. Il y a des cas où les plus timides trouvent l’énergie nécessaire pour oser ce qu’ils considéraient tout d’abord comme une chose impossible. Par malheur, M. Bergerol ne vint pas à l’usine à l’heure habituelle. Force fut donc à Francis de regagner l’atelier où il arriva avec quelques minutes de retard.
– Eh ! quoi, Francis, lui dit le contremaître, on ne s’est pas réveillé, ce matin ?...
– Si, monsieur Ferrand, répondit le pauvre gosse... Je suis à l’usine depuis sept heures et demie... J’attendais le directeur, mais on m’a dit qu’il ne viendrait pas ce matin.
– Non, il ne sera ici que dans l’après-midi... Tu voulais lui demander quelque chose... un congé probablement ?
– Non, monsieur, je...
Et l’enfant éclata en sanglots.
Le contremaître était un brave homme. Il frappa amicalement sur l’épaule de Francis, en disant :
– Voyons, petiot, qu’est-ce que tu as ?... Est-ce que ta petite sœur irait plus mal ?
– Non, M. Ferrand...
– Alors ?
Francis hésitait à avouer sa détresse... Il est toujours pénible de mettre les étrangers au courant de ces drames intimes dont on n’a cependant pas à rougir, mais que l’on tient malgré tout à cacher.
Comme le contremaître insistait avec bienveillance, Francis se décida à parler. Le vieil ouvrier l’écoutait en hochant tristement la tête, de l’air d’un homme qui, lui aussi, a connu les heures douloureuses où le pain manque à la maison, par suite du chômage ou de la maladie.
Lorsque l’enfant eut terminé, il lui dit à voix basse, car les ouvriers commençaient à circuler dans l’atelier :
– M. Bergerol est un bon patron... il te tirera de là, sois-en sûr... allons, essuie tes yeux, et mets-toi au travail. Nous n’avons pas de temps à perdre aujourd’hui, car il faut que l’avion de M. Beaucaire soit prêt, cet après-midi, pour les essais.
L’avion dont parlait le contremaître était un appareil nouveau modèle, construit sur les plans d’un ingénieur français, et qui devait accomplir prochainement un raid de plusieurs milliers de kilomètres.
Cet avion, pourvu d’un moteur d’une force de six cents chevaux, devait donner une vitesse régulière de cent cinquante kilomètres à l’heure.
Il était presque terminé, seul le moteur avait encore besoin d’être revu, et c’était dans l’atelier de Francis qu’il devait être mis au point. L’admission des gaz se faisait mal, et le réglage de la distribution devait être modifié. C’était peu de chose, en somme, mais il ne fallait rien laisser au hasard.
Toute la matinée, le contremaître, Francis et un autre ouvrier nommé Morel, s’occupèrent de ce travail de révision. Un peu avant midi, tout semblait en état... il ne restait plus qu’à placer le moteur sur l’avion, et à procéder aux essais.
Quand Francis partit pour aller déjeuner, le contremaître lui dit :
– Ne te désole pas, petiot... M. Bergerol arrangera ton affaire, et s’il refusait, ce qui me surprendrait beaucoup, je tâcherais de t’aider, dans la mesure de mes moyens.
L’enfant rentra chez lui plus confi

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