Vers Compostelle par la Voie du Piémont
186 pages
Français

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Vers Compostelle par la Voie du Piémont , livre ebook

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Description

« Comme convenu, nous allons prendre notre petit déjeuner avec le pasteur vers 7 h 45. Avant de commencer, il nous demande si cela nous dérange de faire la prière ; nous lui répondons que non et il fait la prière en demandant à Dieu de prendre soin des deux pèlerins Jean-Pierre et Gaby au cours de leur périple. Je ne vous l’ai peut-être pas dit mais notre démarche pour faire le chemin de Compostelle n’était pas du tout religieuse – même si nous sommes tous les deux croyants et non pratiquants – mais plutôt spirituelle : ce périple devait nous permettre de faire le point, le bilan de nos années passées et de réfléchir sur nous-mêmes... »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342001419
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vers Compostelle par la Voie du Piémont
Gabriel Cazorla
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Vers Compostelle par la Voie du Piémont
 
 
 
 
Histoires d’un chemin
 
 
 
Au restaurant à Alzonne, la veille du grand départ, entourés de nos amis venus spécialement pour nous dire au revoir. Après un apéritif pris chez Elda la belle-mère de mon compagnon de chemin, nous nous sommes tous retrouvés autour d’une bonne table dans une ambiance très festive malgré une assez mauvaise sonorité de la salle. Cette soirée a été marquée par la remise de l’attribut du pèlerin : la coquille Saint-Jacques confectionnée par Michel et ma femme que j’appellerais la Néna. Malgré nos mines réjouies, nous étions assez stressés (la nuit suivante a été courte et agitée pour tous les deux), car nous ne savions pas où le Chemin allait nous amener et ce qu’il allait faire de nous : cela est une longue histoire que je vais m’efforcer de vous conter le plus fidèlement.
 
 
 
Chapitre 1. Mercredi 8 septembre 2010 : Fanjeaux – Mirepoix. « Je ne suis pas fini… »
 
 
 
Le mercredi 8 septembre au matin, nos épouses nous amènent devant l’église de Fanjeaux afin de nous faire tamponner nos crédentials pour attester de notre départ. Il est 8 h 35 et c’est parti. Ma tête est pleine de questions auxquelles je n’ai, pour l’instant, aucune amorce de réponse : va-t-on y arriver ? Avons-nous pensé à tout ? Comment va se passer notre cohabitation ? Pourquoi faire cela ? Allons-nous rencontrer des personnes remarquables ? Comment nos épouses vont vivre cette aventure ?
Le temps est frais et nous avons un peu froid aux mains, il faudra penser à acheter des gants lorsque nous verrons un marché. Il y a pas mal de vent et cela nous rend fou, mais n’est-on pas nous-mêmes un peu fou de nous engager dans cette aventure ? Notre sac à dos est relativement lourd et les sangles grincent un peu, ce qui nous énerve et particulièrement Jean-Pierre car ça lui « pète les couilles ». Jean-Pierre pense déjà à notre retour dans nos familles. En effet, il se dit que nos amis venus nous accompagner la veille de notre départ devraient nous attendre à notre retour de notre périple. Je découvre à cet instant un côté de Jean-Pierre que je ne connaissais pas : farceur et imprévisible. Il souhaite donc les surprendre à notre arrivée en étant vêtu d’une robe de bure et même accompagné par deux jeunes filles déguisées en nonne. On ferait louer ces vêtements par nos épouses qui nous les remettraient en gare de Narbonne ; il nous suffirait de trouver deux jeunes filles acceptant de jouer le rôle de nonne à notre descente du train à Béziers. Il me dit que tout cela doit être affiné dans sa tête et qu’il faut le laisser réfléchir afin que cela mûrisse. Pris acte, mais on verra que l’on reparlera de ceci avant la fin de notre périple. Comme on peut le voir, mes questions et nos premières préoccupations tournent autour de nos personnes et c’est normal, nous en sommes au tout début de notre Chemin.
Nous sommes un peu tristes aussi car Serge, un ami commun, devait nous accompagner dans cette aventure. Ce dernier est un garçon de la nature, philosophe à ses heures et qui aime bien aller à la rencontre des gens. Pour tous les deux, nous étions persuadés que cette aventure lui correspondait à tout point. Il n’est pas venu (peur de laisser son épouse seule ? Peur de ne pas y arriver physiquement ?), c’est bien triste mais nous respectons ses raisons.
Nous arrivons vers 10 h 30 à Hounoux où nous faisons notre première rencontre avec un chien qui se prélasse au soleil.
Nous en profitons pour faire notre première pause avec nos fruits secs. Le maître du chien, Guy, une sorte de hippie qui semble avoir beaucoup fumé, mais pas que du tabac, vient nous saluer en nous demandant de ne pas laisser traîner nos papiers sur la voie publique. Il nous propose de nous offrir un café, ce que nous acceptons. Dans sa conversation, il nous indique que jusqu’à Mirepoix, le terme de notre première étape, nous ne trouverons aucun commerce ainsi que tout le long de notre traversée de l’Ariège. Tant pis, pour notre premier repas, nous nous contenterons de fruits secs et heureusement que nous en avions prévus. Il semblerait qu’en plus de n’avoir pas fumé que du tabac, Guy n’ait pas « la lumière à tous les étages » : en effet, il nous dit qu’il s’est rendu à Mirepoix par le chemin des crêtes avec ses nièces et à la vue de l’état de ses pieds, car il est pieds nus (noirs de saleté et ensanglantés), on suppose qu’il a dû le faire sans chaussures… Comme on peut le constater, en ce début de chemin, nos considérations sont subjectives et pleines d’a priori.
Je reçois deux SMS de ma sœur Sylvie et de mon frère Marc qui me souhaitent bonne chance pour mon aventure et qui semblent être fiers de ce que leur grand frère est en train de faire. Cela fait chaud au cœur ces petits messages d’amour. Ces petits messages se répéteront plusieurs fois lors de notre périple. Pause déjeuner vers 13 heures ; j’en profite pour appeler Lionel, un ancien collègue de travail mais mon téléphone est déchargé donc conversation abrégée et je le rappellerai ce soir. Au redémarrage, nos jambes sont lourdes ainsi que notre sac.
En chemin, nous nous arrêtons à l’Auberge Balesté pour prendre un café en compagnie de nos deux premiers ânes car nous en rencontrerons beaucoup lors de notre périple.
Je ne vous l’ai peut-être pas dit, mais notre « organisation financière » a été d’un commun accord basée sur un pot commun dont la gestion m’en revenait.
Nous arrivons à 15 h 15 à Larché (5 kilomètres avant Mirepoix) chez Marie R…, notre première hospitalière qui est absente ; sa voisine, une Anglaise, nous invite à prendre un thé en sa compagnie. Jean-Pierre a remarqué que cette dame cultivait du cannabis…
Je découvre que Jean-Pierre est bien un péteur invétéré surtout après les repas et je crains pour notre première nuit… En attendant, nous commençons à nous mettre à l’aise en enlevant nos chaussures de marche et Jean-Pierre se plaint d’une ampoule à son pied gauche. La pose d’un pansement Compeed après la douche est préconisée. Vers 16 heures, Marie arrive et nous montre nos « appartements » situés à l’étage de la maison : une chambre avec trois petits lits ainsi que la salle de bains. Après une douche réparatrice, je fais la lessive et j’étends le linge dehors afin de profiter du soleil. Vers 17 heures, arrivée de Francis, pèlerin strasbourgeois sur le retour. En regardant Marie préparer le repas, Francis nous indique qu’il est parti de Strasbourg le 17 mars, s’est rendu à Saint-Jacques, est revenu par le chemin côtier, puis la voie du Piémont, tout cela avec seulement six jours d’arrêt suite à des petits bobos. Ensuite, il va jusqu’à Nice et remonter à travers les Alpes jusqu’à Strasbourg pour une arrivée vers fin novembre ! En neuf mois, il avait fait plus de 3 500 kilomètres à pied, perdus 10 kilos, alors que nous, nous avions fait nos premiers 25 kilomètres, nous avions un peu mal de partout… On s’est regardé avec Jean-Pierre et on s’est dit que l’on était des fœtus par rapport à Francis !
Grande discussion avec Francis qui se terminera le soir (et on verra de quelle manière) sur le Donativo. En effet, cette pratique est basée sur le principe que le pèlerin donne ce qu’il veut ou peut aux hospitaliers. Francis souhaiterait afin que cette pratique perdure qu’un seuil minimum soit fixé afin d’écarter les tricheurs. Bien qu’en désaccord avec son analyse, nous revoyons à la hausse notre montant que nous avions initialement fixé. Vers 19 heures, Marie nous invite à prendre le repas sans attendre son mari qui devrait rentrer assez tard de Toulouse. Vers le milieu du repas, son mari Jean (un homme « noir de chez noir ») arrive et se joint à nous. Je ne suis pas du tout raciste, mais je ne m’attendais pas du tout à voir un homme de couleur au fin fond de l’Ariège et de plus marié à une femme blanche. Leur fils âgé de 17-18 ans vient lui aussi avec nous. Ses parents lui font remarquer qu’il ne leur a toujours pas donné son emploi du temps sur ordinateur, ce qu’il fera au cours de la soirée. Sans être prolifique, Jean prend part à la conversation en nous indiquant qu’ils tiennent tous les deux la Maison de la Presse à Mirepoix et que cela les amène à commencer à travailler très tôt le matin pour la reprise des invendus. Pour les laisser un peu dans leur intimité, nous décidons de rentrer notre linge étendu dehors afin d’aller nous coucher.
Nous étions partis avec nos téléphones portables afin d’être joignables à tout moment par nos épouses. La sonnerie de mon téléphone était de type classique. Après avoir rentré notre linge, nous revenons pour saluer nos hôtes et à ce moment, mon téléphone s’est mis à sonner. Je ne sais ni pourquoi ni comment mais la sonnerie avait été changée et c’est une musique avec accent antillais fortement marqué (« Dépêche-toi Marie-Thérèse, il faut vite décrocher… ») qui s’est mis à retentir devant tout le monde. Je décrochais le plus rapidement possible afin de ne pas gêner et/ou blesser notre hôte et notamment Jean qui pouvait être d’origine antillaise. Je ne sais pas ni comment ni pourquoi cela est arrivé, mais c’est arrivé et ça c’est un fait. Était-ce un signe du ciel ? Ma question restera sans réponse. Francis avait repris sa discussion sur le Donativo avec le couple. Jean écoutait les arguments donnés par Francis sans sourciller. Puis, il prit la parole en expliquant qu’il ne s’occupait pas de l’accueil des pèlerins car cela é

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