Antijudaïsme et influence nazie au Québec : Le cas du journal L Action catholique (1931-1939)
375 pages
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Antijudaïsme et influence nazie au Québec : Le cas du journal L'Action catholique (1931-1939) , livre ebook

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Description

Quelle fut la réaction des francophones du Québec aux premières manifestations de la diversité culturelle à l’aube du XXe siècle ? Comment, en particulier, ont-ils accueilli les immigrants irlandais, juifs est-européens et chinois dans la ville de Québec ? En ces temps de bouleversement et de conditions économiques extrêmement difficiles, la population francophone majoritaire semble pour le moins inquiète, confuse et très réticence face à la venue de ces immigrants qui doivent surmonter de nombreux obstacles pour s’intégrer à la société canadienne-française. C’est du moins ce que révèle l’étude qu’a menée l’auteur de ce livre qui, par le prisme du journal L’Action catholique – soutenu par l’Église et représentatif des opinions d’une grande partie des élites francophones conservatrices –, décrit l’apparition de commerces juifs dans la capitale provinciale, et notamment l’ouverture, en 1931, du grand magasin Pollack.
Avec une écriture limpide, et appuyé par plusieurs images d’archive et des sources écrites, l’historien trace le portrait précis d’un sujet qui donne à mieux comprendre les enjeux politiques et idéologiques de la diversité religieuse jusqu’à aujourd’hui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760644243
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pierre Anctil
ANTIJUDAÏSME ET INFLUENCE NAZIE AU QUÉBEC
Le cas du journal L’Action catholique de Québec 1931-1939
Les Presses de l’Université de Montréal


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Antijudaïsme et influence nazie au Québec: le cas du journal L’Action catholique (1939-1945) / Pierre Anctil. Noms: Anctil, Pierre, 1952- auteur. Collections: PUM. Description: Mention de collection: PUM | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210046457 | Canadiana (livre numérique) 20210046465 | ISBN 9782760644229 | ISBN 9782760644236 (PDF) | ISBN 9782760644243 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Antisémitisme dans la presse—Québec (Province)—Histoire—20 e siècle. | RVM: Nazisme—Québec (Province)—Histoire—20 e siècle. | RVM: Action catholique (Québec, Québec) | RVM: Juifs—Québec (Province)—Histoire—20e siècle. | RVM: Diversité culturelle—Québec (Province)—Histoire—20 e siècle. Classification: LCC FC2950.J5 A53 2021 | CDD 305.892/40714—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 3 e trimestre 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).





À Georges Leroux, qui nous a montré la voie à suivre.


Remerciements
Ma gratitude va en premier lieu à Zoé Cadieux, mon étudiante de maîtrise au Département d’histoire de l’Université d’Ottawa, qui a extrait patiemment des numéros du journal L’Action catholique parus dans les années trente les textes à la source des réflexions qui vont suivre dans cet ouvrage. Il s’agissait une tâche difficile et de longue haleine qui a fait apparaître pour la première fois un corpus d’une grande richesse, susceptible d’éclairer en profondeur comment était perçue la question de la présence juive au sein des milieux catholiques traditionalistes du Canada français. Je tiens aussi à souligner le rôle joué par deux archivistes dévoués qui m’ont donné accès à des documents de première importance pour le traitement de cet enjeu: Pierre Lafontaine, le responsable des Archives de l’Archidiocèse de Québec, et Janice Rosen, la directrice des Archives juives canadiennes Alex Dworkin. Grâce à l’apport très précieux de ces documents relatifs d’une part à l’administration diocésaine de M gr Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, de 1931 et 1947, et d’autre part aux prises de position des animateurs du Congrès juif canadien à partir de 1933, des pans entiers du rapport complexe entre Juifs et catholiques pratiquants dans l’entre-deux-guerres ont pu être mis en lumière. Mes remerciements vont aussi à mes collègues de l’Université d’Ottawa qui m’ont offert un soutien inestimable dans ce contexte et qui m’ont donné l’occasion d’exposer en public, au Département d’histoire et au CRCCF (Centre de recherche en civilisation canadienne-française), les conclusions préliminaires de mes recherches. Je tiens aussi à souligner l’accueil que j’ai reçu au CELAT (Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés) et au LABRRI (Laboratoire de recherche en relations interculturelles de l’Université de Montréal), qui ont constitué pour moi un espace d’accueil et d’échange d’idées inestimable dans le contexte exigeant d’un réexamen de fond en comble de l’histoire pluriethnique du Québec.


Introduction
Même si nos connaissances ont beaucoup progressé au sujet de la présence juive au Canada français, de nombreuses zones d’ombre subsistent qui soulèvent des questions fondamentales et irrésolues. Plusieurs auteurs 1 ont ainsi remarqué que les premières formes d’antisémitisme religieux sont apparues à la fin du XIX e siècle au sein de la société canadienne-française, et que l’Église catholique semble avoir joué un rôle clé dans la diffusion de ces notions défavorables au judaïsme. De nombreux éléments souvent épars pointent en cette direction d’une intervention soutenue de la part de certains ecclésiastiques, en vue d’orienter les attitudes et les comportements face à une question qui ne faisait encore qu’émerger dans les milieux francophones 2 . Au siècle suivant, qui s’ouvre sur la grande migration est-européenne issue de l’Empire russe, l’impression se précise que l’enseignement doctrinal catholique est à la source des réticences bien palpables que soulève à Montréal, ou dans d’autres régions du Québec, l’existence de commerces et de milieux identifiés comme juifs par des observateurs extérieurs à cette réalité 3 . L’antisémitisme contemporain, contrairement à l’opinion la plus répandue, ne forme pas un courant de pensée cohérent et systématique, même au sein d’une société ou d’un groupe d’intérêt donné. S’y rencontrent des opinions et des notions provenant d’univers très disparates et qui parfois se contredisent entre elles d’un point de vue moral, philosophique ou même scientifique 4 . Or au Canada français, l’hostilité antijuive semble posséder une cohérence peu avérée dans d’autres contextes et qui lui vient des principales idées sociales véhiculées systématiquement sur de longues périodes par le clergé. Des études plus systématiques de certains journaux à grand tirage, de certains discours politiques et de certaines périodes historiques ont confirmé ce surgissement constant dans l’antisémitisme canadien-français de la parole et de l’éducation catholiques traditionnelles 5 .
Or il s’agit d’une question complexe à traiter et qu’il est difficile d’aborder de manière systématique à partir de documents associés à des institutions religieuses 6 . Les archives des principaux diocèses du Canada français et les publications de l’Église ne contiennent le plus souvent que très peu de références à la question juive 7 , et il faut parfois parcourir des fonds de grande ampleur avant d’arriver à capter des indices mineurs, sinon fragmentaires. Cela tient à ce que l’administration ecclésiastique catholique est tout entière tournée vers le salut des baptisés, et qu’elle ne s’attarde aux autres traditions religieuses que de manière circonstancielle et oblique, seulement si des événements précis ou un contexte urgent l’y obligent. En temps ordinaires – pour utiliser le langage de l’Église – la présence juive dans la société canadienne-française ne tient pas grand place dans les préoccupations relatives aux activités courantes des diocèses ou des paroisses. La même observation vaut pour les périodiques ou les publications pieuses qui sont le fait de congrégations religieuses particulières, de lieux de culte spécialisés ou de regroupements de laïcs souhaitant participer de plus près à la vie de l’Église. Dans ces organes tournés vers les manifestations plus intenses de la foi, il n’y a pas de place pour les croyances défendues par les tenants d’autres courants religieux – à plus forte raison s’ils ne sont pas chrétiens – ou pour les réalisations de leurs communautés. Pourtant, toutes ces constatations ne suffisent pas à écarter l’impression, très nette pour le chercheur, que l’enseignement catholique est au fondement même de la réaction épidermique tout autant que plus discursive des Canadiens français devant les manifestations du judaïsme moderne. On ne saurait exagérer l’importance de cette intuition récurrente alors que de nombreux indices vont dans ce sens 8 . C’est l’essentiel de la démarche que nous entreprenons dans cet ouvrage.
Le sujet est d’une importance capitale car l’hostilité au judaïsme traverse toute l’expérience historique canadienne-française à partir des rébellions de 1837-1838 ou, plus précisément, à partir du moment où le nationalisme des francophones commence à s’affirmer dans le cadre des longues négociations qui vont mener à la fondation du Canada confédéral de 1867. De manière plus générale, l’antisémitisme, ou son absence, est aussi un marqueur de l’ouverture du Canada français à la diversité culturelle sous toutes ses formes. Cela ne signifie pas que tous les francophones soient nommément hostiles à une présence juive autour d’eux, ou que l’ensemble de l’Église fasse œuvre d’hostilité déclarée à la judéité 9 ; mais que pour autant que l’on puisse en juger il existe dans les replis du Canada francophone un discours soutenu et constant de méfiance face aux Juifs, et dont l’intensité objective reste encore à préciser sur le plan historique. Nous aurons franchi une étape importante dans notre connaissance de ce courant de pensée si nous parvenons à en fixer de façon plus convaincante l’origine principale dans l’enseignement doctrinal catholique. Aussi séduisante que soit cette hypothèse aux yeux du chercheur bien au fait de l’histoire canadienne-française, elle requiert néanmoins l’apport de données recueillies à l’aide d’une méthodologie éprouvée et sur une période historique relativement longue.
La validation requise est d’autant plus difficile à obtenir que l’Église se trouve après les Rébellions dans une situation de monopole religieux et idéologique au Canada francophone et qu’elle n’a pas à défendre ouvertement sur la place publique ses positionnements doctrinaux. S’il existe dans les milieux ecclésiastiques une attitude de méfiance systématique face aux Juifs, et c’est notre postulat, celle-ci est transmise le plus souvent sous une forme latente, en l’absence d’un discours contraignant ou de manifestations d’hostilité explicite. Il peut d’ailleurs être utile ici d’expliciter la différence fondamentale entre antijudaïsme et antisémitisme. Dans ce contexte ecclésial, la distinction est capitale et elle est fondatrice dans la compréhe

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