Collectionnisme public et conscience patrimoniale

Antoinette Maget

Description

Les institutions muséales occidentales sont confrontées à de nouvelles problématiques centrées autour de la question de la propriété des biens culturels. La relation entre l'institution muséale et la propriété des biens devient évolutive. La pérennité des institutions n'est pas fondamentalement remise en question, mais les modes de gestion des musées universels constituent le coeur des futurs changements. Les collections d'égyptologie de Paris, de Londres et de Berlin offrent à cette réflexion un terrain d'étude de choix.

Sujets

• ARts
• Afrique subsaharienne
• Esthétique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juin 2009
• Nombre de lectures: 271
• EAN13: 9782296228467
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 7 Mo

Extrait

Staatliche Ägyptologische Altertümersammlungen in Europa Ihr Aufbau und ihr Platz in der Geschichte eines Rechtsbewusstseins über die Weltkultur und ihre Denkmäler

Inaugural-Dissertation zur Erlangung des Doktorgrades der Philosophisch-Pädagogischen Fakultät der

Katholischen Universität Eichstätt-Ingolstadt

vorgelegt von

Antoinette Maget Genf / Paris

2008

Referenten:

Korreferenten:

Univ.-Prof. Dr. Michael F. Zimmermann Mme Marie Cornu

Univ.-Prof. Dr. Michael Neumann Univ.-Prof. Dr. Karsten Ruppert e M Marc-André Renold LLM Prof. Dr. iur. M.C.L. Kurt Siehr M. Jérôme Fromageau Mme Brigitte Basdevant

Tag der letzten mündlichen Prüfung: 25. April 2008

Sommaire

Introduction Première partie Musée et histoire Développement d’un patrimoine eurocentré Chapitre premier Le collectionnisme étatique européen et l’ouverture des collections d’antiquités égyptiennes à Londres, à Paris et à Berlin A. Politique et dynamisme d’un collectionnisme étatique public B. La naissance des collections publiques d’égyptologie. e État des fonds au début du XIX siècle Chapitre II Collectes, fouilles et militarisme e L’enrichissement des institutions au cours du XIX siècle A. Premières velléités de collectionnisme. Concordances entre guerre et culture, activités diplomatiques et assise scientifique B. Accroissement des collections Chapitre III Pour une nouvelle histoire de l’humanité. Weltgeschichte , politique et institutions culturelles A. Les historiens de laWeltgeschichteet l’intégration de la civilisation égyptienne à l’histoire européenne B. Histoire universelle et musées. Un mariage habile à faciès de Janus Chapitre IV Patrimoine, universalisme, conservation. Apparition de concepts eurocentrés A. Recontextualisation de l’Ailleurs par les musées B. Les retombées de l’universalisme culturel. La légitimation d’un patrimoine mondial de l’humanité à la conservation et à la gestion eurocentrées

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Deuxième partie Les nouvelles donnes de l’ordre mondial. Vers un collectionnisme adapté à de nouveaux standards Chapitre V Décolonisation des institutions et des concepts patrimoniaux. Développement de nouveaux rapports internationaux en matière de droit du patrimoine culturel A. Mouvements politiques en Égypte et prise en compte de l’héritage culturel lors de la marche vers l’indépendance B. Création et internationalisation d’une conscience du patrimoine e Chapitre VI Le collectionnisme étatique au XXI siècle. Modes et enjeux A. Standards de gestion des collections. Une vitrine pour l’éthique ? B. Mutation des enseignements dans les musées. Fluctuation des messages et des enjeux transmis par les collections publiques Chapitre VII Patrimoine et collections : nouveau dialogue ? A. Conservation et législation. Rapprochement de spécialités B. Popularisation du patrimoine Chapitre VIII Vers un patrimoine mondial revisité A. Continuité des collections. Recherche de solutions alternatives, ou de la créativité du conservateur, du juriste et des États B. Exemplarité des musées dans l’établissement d’une universalité inédite Conclusion Bibliographie Index Abréviations Glossaire Table des matières

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Introduction

« Otherwise I will have to approach them using a different strategy… 1 The artefacts stolen from Egypt must come back. »

Cette déclaration du directeur du Supreme Council of Antiquities, l’instance en charge de la protection du patrimoine en Égypte, a été faite lors du refus prononcé par le British Museum sur la question d’un éventuel retour de la Pierre de Rosette. Cette courte phrase contient trois des aspects les plus controversés en matière de circulation et de préservation d’anti- quités égyptiennes conservées dans les musées occidentaux. Le premier élé- ment est l’expression de l’état des relations entre les institutions situées hors d’Égypte et l’Égypte, le second la provenance des antiquités, et le troisième l’emplacement et la présentation des objets. La combinaison de ces trois fac- teurs illustre les enjeux auxquels doivent faire face les musées occidentaux e en ce début du XXI siècle et appelle une redéfinition de leurs missions, de leur communication et de leur gestion. Ainsi, s’interroger sur les enjeux et les évolutions du collectionnisme pu- blic au travers du prisme des collections d’égyptologie des musées de Berlin, de Londres et de Paris, sous le double aspect du droit et de l’histoire de l’art, s’inscrit dans la réflexion développée actuellement autour des transforma- tions des musées. Nous engloberons dans notre étude la dimension de l’implication étatique lors de la fondation de ces trois musées et tout au long de leur développement. S’y ajouteront la signification et l’importance de types de collections variés, le poids des interactions entre les diverses insti-

1 [Je devrais sinon les approcher en recourant à une autre stratégie… Les objets volés à l’Egypte doivent lui être rendus.] Zahi H AWASS ancient Rosetta, « Egypt demands return of stone »,The Telegraph, 21 juillet 2003.indication contraire, sont deRemarque : les traductions, sauf l’auteur.

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Introduction tutions et les théories scientifiques, les réalités des évolutions éthiques et juridiques en matière de biens culturels, et les influences de chacune sur le monde muséal. Le traitement de ces questions primordiales exige le recours à des sour- ces hétérogènes dans leur nature comme dans leur approche. L’étude des ouvrages scientifiques, des articles et de multiples contributions issues de traditions académiques différentes permet d’établir un état de la réflexion 2 actuelle . L’histoire des institutions muséales, le développement de leurs collec- tions, leurs liens avec les actions politiques, éducatives et artistiques, consti- tuent des champs de la recherche dont le traitement est bien avancé. Aussi trouve-t-on dans les rayonnages des bibliothèques de nombreux ouvrages qui abordent la fondation et le développement progressif des musées, l’enrichissement de leurs différentes collections, les biographies de certains des conservateurs les plus renommés. De plus, au-delà de ces sujets relati- vement pratiques, des travaux analytiques portent sur des points particuliè- rement précis de l’activité muséale, comme par exemple l’agencement des collections et leur relation à la recherche, le rôle du visiteur et sa prise en considération par les politiques muséales. Ces travaux demeurent cependant dans une large mesure « nationaux » et les études comparatives internatio- nales sont rares. Il apparaît ainsi que des pans entiers de l’histoire des mu- sées ont été traités de manière exclusive et non selon une approche synthé- tique et comparative. L’intérêt récent du législateur pour la question des biens culturels se re- flète dans la littérature consacrée à ce sujet. De nombreux ouvrages traitent des conventions internationales en la matière, des questions théoriques que suscitent l’application et la traduction juridique de mesures inédites. La multiplication de publications et de séries spécialisées en droit des biens culturels – compris au sens large – trahit cet intérêt. Cette abondante littéra- ture témoigne de plus de l’existence de courants de pensées véritablement antinomiques. Ce phénomène est moinsflagrant dans le domaine de l’histoire muséale et de la muséographie. Néanmoins, les études pratiques dédiées aux conséquences des modifications législatives et aux mutations des exigences en matière de circulation des biens demeurent très rares. Seuls

2 La présente version de notre thèse ne présente en bibliographie qu’une sélection de ces sources, des références supplémentaires se trouvant dans les notes de bas de page. Le lecteur souhaitant connaître l’ensemble du corpus est donc invité à consulter la biblio- graphie présente dans les exemplaires conservés dans les bibliothèques de la Faculté Jean Monnet Paris XI-Sud et de la Katholische Universität Eichstätt.

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