L Ordre et la fête (l )
136 pages
Français

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Description

Véritables catalyseurs d’enjeux économiques et sociaux, les grands événements sportifs ou artistiques rythment la vie collective. Ils sont aussi au cœur des débats sur la place du risque et le partage des responsabilités. Promoteurs, politiques et forces de l’ordre, tous cherchent à réguler l’espace festif pour éviter les catastrophes, juguler les coûts exorbitants et, surtout, faire en sorte que la fête puisse se déployer dans toute sa splendeur.
Ce livre unique en son genre rend compte de l’organisation de plus de 30 événements, au Québec et en France, et met en lumière les interactions durant ce moment si particulier de la vie en société. Il intéressera tous ceux qui veulent mieux comprendre le concept de sécurité dans les grands rassemblements, qu’ils y aient ou non un rôle à jouer.
Frédéric Diaz est docteur en sociologie. Chercheur permanent au Groupe de recherche sur les espaces festifs (GREF, UQAM), il est chargé de cours à l’Université de Montréal et à l’École nationale de police du Québec. Il est aussi conseiller auprès de plusieurs organisateurs d’événements de grande envergure, ainsi qu'auprès de ministères et de municipalités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760632820
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Diaz, Frédéric L’ordre et la fête Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3280-6 1. Événements spéciaux - Sécurité - Mesures. 2. Événements spéciaux - Gestion. I. Titre. GT3405.D522 2014 394.2 C2014-942554-6 Mise en pages: Folio infographie ISBN (papier): 978-2-7606-3280-6 ISBN (pdf): 978-2-7606-3281-3 ISBN (ePub): 978-2-7606-3282-0 Dépôt légal: 1 er trimestre 2015 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2015 Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition. Elle remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
In Maât, Der Isfet
Mission du pharaon qui consiste à générer l’harmonie à partir du chaos.
Préface
Pour ouvrir un nouveau champ de connaissances, il arrive qu’on doive se risquer à des méthodes peu canoniques. Frédéric Diaz a voulu étudier la sécurité des manifestations sportives ou musicales et il a vite constaté que des démarches classiques – l’observation pure ou même les entretiens avec des acteurs de la sécurité – ne permettaient pas de dépasser une connaissance superficielle; parfois il était même malaisé de savoir où l’on aurait pu poster un observateur. Il en a conclu qu’il fallait avancer davantage dans l’arène et endosser le vêtement de certains de ces acteurs. N’était-ce pas, après tout, un retour à une observation «participante 1 » peut-être un peu en perte de vitesse de nos jours, mais qui a eu son heure de gloire dans les débuts de la sociologie, par exemple dans le Chicago des années 1920, même si, à l’époque, l’observation n’a en fait pas toujours été «participante», et en tous cas rarement dans des positions institutionnelles 2 ?
Pour autant, cette posture n’allait pas effacer toutes les difficultés. La première tient, on le conçoit aisément, au caractère très parcellaire de l’observation autorisée par la plupart des fonctions de sécurité. Aucune ne semble permettre une observation complète du dispositif de sécurité, même celle de conseil ou de direction: les manifestations de petit gabarit en sont souvent dépourvues, l’organisateur les assume lui-même; quand elles existent, elles ne sont évidemment pas accessibles au novice; enfin, elles permettent certes de prendre une vue panoramique mais trop globale pour saisir la complexité des interrelations. Pour échapper à l’unilatéralisme d’une participation confinée à une seule fonction de sécurité, M. Diaz explique qu’il les a patiemment endossées l’une après l’autre, du stadier au conseiller en sécurité, ce qui implique évidemment une entreprise de longue haleine, commencée en France et continuée au Canada, avec des dizaines d’événements. Il y a gagné de découvrir que le dispositif de sécurité peut varier du tout au tout selon l’ampleur de la manifestation et qu’il faut parcourir non seulement toute la gamme des fonctions, mais aussi toutes les sortes de manifestation, du petit concert aux épreuves sportives internationales.
À l’observateur qui se fait embaucher par l’organisateur de ces spectacles sportifs ou musicaux certaines fonctions de sécurité – policier, pompier, urgentiste, ambulancier… – échappent cependant. M. Diaz a imaginé de les faire participer aux séances de la Méthode d’analyse en groupe (MAG) qu’il a empruntée au sociologue bruxellois Luc Van Campenhoudt 3 . Ainsi pouvait-il plus facilement reconstituer les interactions et les jeux de pouvoir entre acteurs de la sécurité. Ce n’était pas le seul profit attendu de cette démarche: elle devait aussi aider à enjamber la fragmentation que crée la faible durée de chacune de ces manifestations et la médiocre capitalisation collective des expériences passées.
Le sociologue s’interroge évidemment sur le point de vue du consommateur de tels spectacles. M. Diaz a risqué, au début de ses investigations, la posture du simple observateur et conclu qu’on n’y voyait pas grand- chose du système de sécurité. C’est au fond ce qui arrive généralement au spectateur et tout est fait pour que les dispositifs ne fassent pas fuir le chaland en lui «gâchant la fête». Pour autant, ceux qui mettent en place les mécanismes de sécurité doivent bien tenir compte des attentes du public et de ses humeurs. À vrai dire, il y a autant de publics que de genres de spectacle et les problèmes de sécurité qu’ils posent peuvent varier considérablement d’une population à l’autre. Les professionnels s’en tirent en postulant des types de public dérivés de la sorte de spectacle. Le sociologue, lui, serait intéressé à confronter ces classifications de la pratique à des enquêtes – qui restent à faire – non pas tant sur ce que les consommateurs voient des dispositifs de sécurité mais plutôt sur les attitudes et leurs attentes vis-à-vis des spectacles auxquels ils se rendent. S’intéresser à ceux qui ont eu effectivement affaire aux dispositifs de sécurité constituerait aussi une piste intéressante de recherche, à l’image des monographies sur les supporters des clubs de football.
Reste une dernière catégorie d’acteurs que voit malaisément l’observateur posté dans une fonction de sécurité: ceux qui sont au-dessus, soit les organisateurs de ces manifestations sportives ou musicales, soit les autorités publiques. Dans l’ouvrage, beaucoup d’efforts sont consacrés à inférer des mesures prises en matière de sécurité les intérêts et les stratégies des premiers. Au fond, on les montre face à deux sortes de problème: d’une part, une menue monnaie de problèmes sécuritaires de basse intensité, ainsi celui des resquilleurs ou des chahuteurs, que l’on peut généralement gérer sans déployer de dispositifs spectaculaires 4 ; d’autre part, le risque rare ou rarissime mais dont l’occurrence serait désastreuse. Dans le premier cas, on peut imaginer que la sécurité ne pose pas aux organisateurs de véritables dilemmes; il peut en aller différemment dans le second: en faire trop – au risque de faire fuir le spectateur – ou en faire trop peu – au risque d’une catastrophe, il n’est toujours aisé d’échapper à ces dérives opposées. En tous cas, du point de vue de ces organisateurs, il est impératif que les précautions sécuritaires ne ruinent pas l’atmosphère du spectacle. Au total, on observe cependant souvent un surdimensionnement des dispositifs de sécurité rapportés à la ténuité des risques effectivement observés. M. Diaz se demande si cette disproportion est due à une prévision trop pessimiste – peut-être parce que les normes ont été généralement édictées après une catastrophe sérieuse – ou si elle traduit l’efficacité des mesures prises; lui-même semble pencher pour la seconde interprétation.
Analyser les politiques des autorités publiques est plus malaisé; le point de vue que leurs exécutants peuvent exprimer dans les interactions avec les agents de sécurité ou lors de leur participation à des séances de la MAG ne suffit pas à en rendre compte. Il serait intéressant de mettre ici en œuvre les méthodes de l’analyse des politiques publiques et celles de la sociologie de la création de la loi. Là s’ouvre une voie qui compléterait bien les investigations dont ce livre rend compte.
Avec tout cela, le livre de M. Diaz procure finalement au sociologue des connaissances qui vont au-delà des nombreuses monographies consacrées à une sorte de manifestation sportive ou à l’autre. Traditionnellement, la logique de sécurité reposait sur l’idée que les grands concours de population se passaient dans l’espace public de la rue et la police moderne avait été inventée, non pour courir après les délinquants, mais pour patrouiller sans cesse cet espace public. Que se passe-t-il 5 quand ce sont des espaces privés accessibles à un large public qui deviennent des lieux privilégiés de rassemblement? On a déjà bien étudié le cas des grands espaces commerciaux, mais celui des spectacles sportifs et musicaux restait dans l’ombre. Grâce à ce livre, on pénètre dans ce domaine jusqu’alors mal exploré. Sans vouloir passer en revue tous ses apports, je voudrais en pointer certains qui m’ont paru particulièrement intéressants.
D’abord ce fin démontage de la stratégie de mise en place d’un dispositif de sécurité: tout se joue avant dans une capacité d’anticipation qui doit, à la fois, appréhender l’imprévisible et arbitrer entre le trop et le trop peu pour éviter des coûts disproportionnés et pour ne pas ruiner l’atmosphère et faire fuir le client.
Ensuite, l’émergence d’une gamme de situations où la puissance publique – qui peut aller de la ville à l’Etat – s’implique de manière très variable. Si elle estime que l’ordre public n’est pas menacé, que les seuls risques éventuels sont d’ordre privé, elle peut être quasiment absente et laisser à l’organisateur tout le soin du dispositif de sécurité. A vrai dire, il serait plus exact de dire que la puissance publique se tient alors à l’arrière-plan: souvent, elle a fixé les règles générales du jeu et elle peut encore conseiller les acteurs privés, mais elle n’intervient pas dans le dispositif. À l’autre extrême, si elle juge que l’ordre public peut être mis en jeu – ne serait-ce pas que la «visibilité» d’un spectacle d’ampleur internationale ou la possibilité d’attentat terroriste – son intervention peut être dominante et elle peut reléguer les acteurs privés de la sécurité à une place subordonnée. Pour autant, cette domination n’est pas toujours très visible: la puissance publique peut «infiltrer» ses représentants dans des fonctions cruciales en les déguisant en acteurs privés pour ne pas trop endommage

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