La mer de Barents
158 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

158 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le potentiel économique de la mer de Barents est très important. Alors qu'elles connaissent un différend juridique sur le sujet depuis 1976, la Russie et la Norvège ont adopté en septembre 2010 à Mourmansk un "Traité de délimitation maritime et de coopération en mer de Barents et dans l'océan Arctique", qui partage la zone contestée en deux parties égales. Le Canada, autre partie prenante de l'Arctique, a protesté. Quels sont les enjeux pour la Russie et la Norvège dans la partie européenne de l'Arctique ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 137
EAN13 9782296801561
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La mer de Barents
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54227-3
EAN : 9782296542273
Fabienne Costadau
La mer de Barents
Un nouvel enjeu géostratégique ?
L’Harmattan
Intelligence stratégique et géostratégie Collection dirigée par Viviane du Castel
La collection « Intelligence stratégique et géostratégie » vise à mieux comprendre les évolutions du monde découlant de la nouvelle donne géopolitique en construction. Le recours à l’Intelligence stratégique et à la géostratégie sont des incontournables du décryptage du monde.
Les éditions l’Harmattan ont souhaité éclairer les lecteurs sur les changements géostratégiques en créant cette collection « Intelligence stratégique et géostratégie ». Celle-ci se donne pour objectif de présenter des analyses et des mises en relation d’événements internationaux, ainsi que des projections de la géographie et des composantes intrinsèques des Etats, face à un contexte spécifique, dans une perspective stratégique.
Introduction
Alors qu’ils connaissaient un différend juridique important et irrésolu depuis 1976 1 sur la délimitation de leur frontière maritime dans la mer de Barents, les Russes et les Norvégiens ont trouvé de façon tout à fait inattendue un accord le 27 avril 2010 à l’occasion d’une visite d’Etat du Président russe Dimitri A. Medvedev en Norvège 2 . Cet accord a été confirmé par la signature du « Traité de délimitation maritime et de coopération en mer de Barents et dans l’océan Arctique » le 15 septembre 2010 à Mourmansk par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Jonas Gahr Støre et Sergueï Lavrov en présence de Dimitri Medvedev, le Président russe et de Jens Stoltenberg, le premier ministre norvégien 3 . Le Canada, autre partie prenante incontournable de l’Arctique, a immédiatement exprimé des protestations contre la signature de ce traité et à l’occasion de sa première et unique visite à Moscou, le 20 septembre 2010, le ministre des Affaires étrangères canadien, Lawrence Cannon a souligné la position du Canada sur l’Arctique qui est de considérer que la dorsale de Lomonossov fait partie du territoire canadien 4 . La frontière maritime partagera désormais la zone contestée en deux parties égales 5 , ce qui est une solution très pragmatique et qui montre à quel point les deux parties sont intéressées par la mise en valeur de la zone et désireuses de garder de très bonnes relations diplomatiques. Les deux Etats ne sont pas fâchés de gérer entre eux, l’essentiel des questions arctiques.
Le fait que ce différend juridique ait été résolu cette année est un signe fort de la convergence des volontés russes et norvégiennes, cela souligne également l’intérêt croissant que les deux pays accordent à la région de la mer de Barents dans un contexte économique difficile, notamment pour la Russie. Plus concrètement, il confirme le fait que la Russie et la Norvège entretiennent une relation très particulière caractérisée par beaucoup de pragmatisme. Enfin, ce fait souligne l’importance que peuvent jouer de bonnes relations inter-personnelles, comme en entretiennent Jonas Gahr Støre et Sergeï Lavrov, respectivement ministre des Affaires étrangères norvégien et russe, pour dépasser les oppositions anciennes.
Du fait du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, la banquise a perdu de 1979 à 2005, environ 25% de sa superficie essentiellement dans sa partie Ouest (côté russe). L’océan glacial Arctique est témoin de profonds changements géomorphologiques qui entraînent d’importantes conséquences politiques et juridiques. Jusqu’au début des années 2000, l’Arctique n’était pas considéré comme un espace digne d’intérêt sauf dans le domaine militaro-stratégique qui a toujours joué un rôle majeur notamment du temps de la guerre froide, où il offrait une fenêtre de contacts directs entre l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes (U.R.S.S.) et les Etats-Unis (E.U.). Aujourd’hui, l’océan glacial Arctique est un point clé des revendications des Etats circumpolaires (Russie, Canada, E.U., Norvège, Danemark) voire au-delà et le cœur de toutes les projections économiques, géopolitiques et stratégiques.
Le regain d’intérêt pour l’Arctique se manifeste depuis du début du XXI° siècle et peu à peu tous les Etats directement concernés, comme la Russie, le Canada ou la Norvège, voire certains moins directement impliqués, comme la Chine 6 ou la Corée du Sud, se dotent de stratégies arctiques à savoir des stratégies programmatiques et prospectives indiquant leurs implications et leurs projets dans l’Arctique. La Commission Européenne a, par exemple, adopté un tel document en novembre 2008 7 et l’Assemblée Européenne de Sécurité et de Défense (Assemblée de l’UEO) a reçu des rapports sur la sécurité du grand Nord en juin 2007 et novembre 2008. Le 9 janvier 2009, le Président américain Barack Obama a adopté une directive sur la région Arctique 8 . Pour la Norvège, le Grand Nord est en tête de son agenda de politique nationale autant qu’internationale 9 . La vision norvégienne pour le grand Nord est de voir la mer de Barents se développer comme une « mer de coopération », qui mette en valeur autant les intérêts russes que norvégiens. Les tentatives norvégiennes pour établir une relation de coopération avec la Russie surviennent à un moment où les tensions entre la Russie et l’Occident sont au plus haut 10 . Considérant sa solide et ancienne position comme puissance arctique, la Russie a accordé une place croissante aux questions arctiques dans ses politiques étrangère et de sécurité 11 . Le discours russe sur le grand Nord est essentiellement centré sur le rôle des militaires pour sécuriser les intérêts économiques et territoriaux russes dans la région 12 . Et de la même manière, les nouveaux intérêts occidentaux dans la région incluent une volonté de renforcer leur posture défensive dans l’Arctique notamment pour les Etats circumpolaires qui sont membres de l’OTAN (à savoir la Norvège, le Canada et les E.U).
Aussi incertaine que soit la fonte des glaces, les revendications des Etats circumpolaires pour se faire reconnaître de vastes zones de souveraineté dans l’océan glacial Arctique n’en sont pas moins réelles. Le fait que l’océan glacial Arctique risque de se retrouver partiellement libre des glaces est une donnée quasi certaine qui change le paysage juridique et politique de la zone. En effet, les Etats circumpolaires entrevoient alors de nouveaux potentiels dans l’Arctique et cherchent à y exercer le maximum de leurs prérogatives souveraines. On peut souligner avec un peu d’ironie que le réchauffement climatique est une grande catastrophe mais qu’il réjouit toutefois un certain nombre d’acteurs qui ambitionnent, à cette occasion, de nouveaux profits !
Les régimes de souveraineté dans l’Arctique sont définis par la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (C.N.U.D.M.) ou Convention de Montego Bay (C.M.B.) qui a été signée en 1982 et qui codifie le droit coutumier régissant le droit de la mer. Cette codification a entraîné depuis une quarantaine d’années de la part de nombreux Etats côtiers, l’émergence de revendications et de différends juridiques pour la reconnaissance de leurs droits sur les espaces maritimes entourant ou prolongeant leurs territoires 13 . Par le biais de cette convention, les Etats circumpolaires peuvent demander à se faire reconnaître, si c’est le cas géologiquement, une extension de leurs plateaux continentaux juridiques jusqu’à 350 milles marins (M.M.). A ce jour, seules la Russie et la Norvège ont déposé de telles demandes auprès de la Commission sur les Limites du Plateau Continental (C.L.P.C.), organe juridictionnel créé par la convention et chargé de donner un avis sur de telles revendications, mais ils devraient être suivis par d’autres Etats circumpolaires à savoir le Danemark et le Canada, qui ne veulent pas rester en marge de cette vague.
L’Arctique, une zone très diverse et difficilement définissable.
« We should remember that a geographical region is in the last resort an abstraction with a history which can sometimes tell us much about the past » 14 . Denys Hay 15 .
« L’Arctique » recouvre une zone géographi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents