Le droit constitutionnel et les sciences de la nature, de Bacon à Kelsen
194 pages
Français

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Description

Les sciences de la nature sont les gardiennes du temple de l’ère moderne. Non seulement elles incarnent le savoir par excellence, celui à l’aune duquel se mesurent de façon plus ou moins avouée tous les autres savoirs ; mais leur approche quantitative et déterministe de la nature se trouve à la racine de notre représentation quotidienne et spontanée de l’univers. Cette suprématie culturelle des sciences de la nature est devenue à peu près invisible du point de vue de la science du droit, qui ne voit plus qu’elle-même depuis qu’elle a été dotée d’une « théorie pure » au début du XXe siècle. Pourtant il n’en a pas toujours été ainsi : dans les trois premiers siècles de l’ère scientifique moderne, le pouvoir de fascination exercé par les sciences de la nature fut tel que certains jurisconsultes et philosophes du droit furent tentés d’aller puiser chez elles des métaphores, des analogies, des modèles. Ce fut tout particulière­ment le cas de théoriciens du droit constitutionnel qui étaient confrontés à la tâche de penser cet objet nouveau, l’État moderne : les représentations mécanistes des XVIIe et XVIIIe siècle, comme les représentations biologisantes du XIXesiècle, inspirèrent une série de modélisations juridiques de l’État qui marquèrent les esprits – de Hobbes à Hauriou, de Montesquieu à W. Wilson. Les actes de la journée d’études qui s’est tenue à l’Université Toulouse 1 Capitole le 16 octobre 2015 visent à donner une idée de ce processus de fécondation de la théorie constitutionnelle moderne par diverses analogies tirées des sciences naturelles – processus qui, s’il appartient indubitablement au passé, n’en constitue pas moins un épisode déterminé de l’histoire des idées constitutionnelles.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 15
EAN13 9782379280665
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le droit constitutionnel et les sciences de la nature, de Bacon à Kelsen
Tristan Pouthier (dir.)



DOI : 10.4000/books.putc.3984 Éditeur : Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, LGDJ - Lextenso Editions Lieu d'édition : Toulouse Année d'édition : 2018 Date de mise en ligne : 21 janvier 2019 Collection : Actes de colloques de l’IFR ISBN électronique : 9782379280665


http://books.openedition.org


Édition imprimée Date de publication : 10 juillet 2018 ISBN : 9782361701666 Nombre de pages : 187
 

Référence électronique
POUTHIER, Tristan (dir.). Le droit constitutionnel et les sciences de la nature, de Bacon à Kelsen. Nouvelle édition [en ligne]. Toulouse : Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2018 (généré le 01 février 2019). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/putc/3984>. ISBN : 9782379280665. DOI : 10.4000/books.putc.3984.

Ce document a été généré automatiquement le 1 février 2019.

© Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2018
Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540
 Les sciences de la nature sont les gardiennes du temple de l’ère moderne. Non seulement elles incarnent le savoir par excellence, celui à l’aune duquel se mesurent de façon plus ou moins avouée tous les autres savoirs ; mais leur approche quantitative et déterministe de la nature se trouve à la racine de notre représentation quotidienne et spontanée de l’univers. Cette suprématie culturelle des sciences de la nature est devenue à peu près invisible du point de vue de la science du droit, qui ne voit plus qu’elle-même depuis qu’elle a été dotée d’une « théorie pure » au début du XX e  siècle. Pourtant il n’en a pas toujours été ainsi : dans les trois premiers siècles de l’ère scientifique moderne, le pouvoir de fascination exercé par les sciences de la nature fut tel que certains jurisconsultes et philosophes du droit furent tentés d’aller puiser chez elles des métaphores, des analogies, des modèles. Ce fut tout particulière­ment le cas de théoriciens du droit constitutionnel qui étaient confrontés à la tâche de penser cet objet nouveau, l’État moderne : les représentations mécanistes des XVII e  et XVIII e  siècle, comme les représentations biologisantes du XIX e siècle, inspirèrent une série de modélisations juridiques de l’État qui marquèrent les esprits – de Hobbes à Hauriou, de Montesquieu à W. Wilson. Les actes de la journée d’études qui s’est tenue à l’Université Toulouse 1 Capitole le 16 octobre 2015 visent à donner une idée de ce processus de fécondation de la théorie constitutionnelle moderne par diverses analogies tirées des sciences naturelles – processus qui, s’il appartient indubitablement au passé, n’en constitue pas moins un épisode déterminé de l’histoire des idées constitutionnelles. 


Tristan Pouthier
Professeur de droit public, Université d'Orléans
Sommaire
Introduction
Le moment naturalisant du droit constitutionnel
Tristan Pouthier
Francis Bacon (1561-1626) : Science et jurisprudence
Céline Roynier I – Découvrir la vérité par le droit II – Préserver les secrets par la science
Les représentations biologiques de la Constitution
Stéphane Mouton I – Les représentations biologiques de la Constitution au service de l’État II – Les représentations biologiques de la Constitution contre l’État ?
La métaphore organique dans la réflexion politique du XIX e siècle : aux origines de la coutume constitutionnelle française
Tanguy Pasquiet-Briand I – Les sources romantiques de l’organicisme constitutionnel français II – L’instrumentalisation doctrinale de l’organicisme constitutionnel en France III – La dogmatique juridique de l’organicisme français : la défense d’une conception coutumière du droit constitutionnel
Le vitalisme dans la théorie de l’État de Maurice Hauriou
Julia Schmitz I – Le vitalisme scientifique de M. Hauriou : de l’analogie scientifique à la spécificité du droit II – Le vitalisme théorique de M. Hauriou : de l’État au « régime d’État »
L’utilisation de la métaphore darwinienne par Woodrow Wilson. L’argument de l’évolutionnisme au service du réformisme constitutionnel
Maxime Tourbe I – L’affirmation de la nature évolutive du système constitutionnel des États-Unis II – Les limites de l’analogie wilsonienne entre droit constitutionnel et science du vivant
Les juges de la Cour suprême des États-Unis et le darwinisme. Darwinisme social contre darwinisme réformiste
Apostolos Vlachogiannis I – Le clivage entre darwinisme social et darwinisme réformiste, clé de compréhension de l’évolution de la jurisprudence de la Cour suprême II – Le clivage entre darwinisme social et darwinisme réformiste, clé de compréhension de la philosophie judiciaire des juges de la Cour suprême
L’analogie perdue entre la nature et le droit. L’influence sur la pensée juridique du tournant empirico-logique au début du XX e  siècle
Gregory Bligh I – Le tournant épistémologique cartésien II – La démarche rationaliste et la rigueur du système déductif au prix de sa fécondité III – Le principe de causalité face au problème de Hume IV – La culture du « naturaliste amateur » du juriste remise en contexte V – Le raisonnement hypothético-déductif comme conciliation de la nécessité apodictique et de la vérité empirique VI – Le droit libéré de l’analogie avec les sciences empiriques : l’avènement de la théorie pure du droit
Conclusion
Éric Desmons
Introduction
Le moment naturalisant du droit constitutionnel
Tristan Pouthier


En 2015, l’Association française de droit constitutionnel a proposé comme sujet de ses journées d’études décentralisées « le droit constitutionnel et les autres sciences ». Xavier Bioy, qui co-dirigeait à l’époque l’Institut Maurice Hauriou de l’Université Toulouse 1 Capitole, m’a alors proposé d’organiser à Toulouse une journée dans le cadre de ce sujet – ce dont je le remercie. Or j’avais été frappé à plusieurs reprises, notamment au cours de mon travail de doctorat, par la puissance d’évocation d’images tirées des sciences naturelles chez des théoriciens de premier plan du droit constitutionnel, tout au moins jusqu’au début du XX e siècle : c’est l’intuition qui a motivé la journée d’études qui s’est tenue à Toulouse le 16 octobre 2015, et le présent volume qui en est tiré.
L’objectif de la série de contributions qui va suivre est de mettre en évidence une certaine tendance des théories modernes du droit constitutionnel à aller puiser dans les sciences de la nature des instruments qui les aident à théoriser leur objet – aussi bien des modèles nouveaux pour penser les organisations sociopolitiques, que des métaphores et des ressources rhétoriques. La perspective adoptée est, qui plus est, une perspective historique . Le constat qui a motivé la journée d’études est que cette prédilection de la science du droit constitutionnel pour les sciences naturelles constitue un moment déterminé de cette science, qui appartient aujourd’hui au passé, et que l’on peut situer à gros traits entre le XVII e siècle et le premier quart du XX e siècle. On constate bien sur cette période une suite de tentatives théoriques – « scientifiques » serait peut-être un bien grand mot – visant à appréhender le droit constitutionnel de façon cohérente, et même systématique, à l’aide de modèles de pensée empruntés à la physique ou à la biologie. De grands théoriciens du droit constitutionnel ont pu soutenir qu’un système constitutionnel fonctionnait comme un système de forces physiques, ou qu’il fonctionnait comme un organisme vivant. Le déroulement de tentatives de cet ordre constitue la trame de ce volume. Qualifions par commodité ce moment historique de moment naturalisant du droit constitutionnel : moment où des jurisconsultes ont cru pouvoir inscrire leur objet propre, c’est-à-dire le droit organique de l’état, dans une conception fondamentalement unitaire de la nature et des sociétés humaines, dont la représentation était dictée par le paradigme scientifique du moment.
Ce moment historique est encadré par les figures du chancelier Bacon et de Hans Kelsen. Céline Roynier consacre une étude à Bacon, jurisconsulte chevronné, grand destructeur de la scolastique médiévale, et couramment considéré comme l’un des pères de

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