Le procès Konhu en Nouvelle-Calédonie : une nouvelle affaire Outreau ?
256 pages
Français

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Le procès Konhu en Nouvelle-Calédonie : une nouvelle affaire Outreau ? , livre ebook

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Description

Les Kusama pourront-ils faire leur deuil, alors que nul ne sait qui a tué leur fille à l'île des pins début mai 2002 ? Didyme et Antoine Konhu, deux frères Kanak accusés du meurtre pendant 7 ans, mais jugés innocents en appel en avril 2009, pourront-ils surmonter leur traumatisme ? La vie peut-elle reprendre, quand le coupable reste inconnu ? L'auteur raconte le procès d'assise en appel, intervenu notamment après l'intervention de la Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen en Nouvelle-Calédonie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 396
EAN13 9782336265902
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le procès Konhu en NouvelleCalédonie : une nouvelle affaire Outreau ?
Gérard SARDA
Le procès Konhu en NouvelleCalédonie : une nouvelle affaire Outreau ? Témoignage
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Préface du Président,
Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen de Nouvelle-Calédonie
Quatre années terrifiantes pour les innocents d’Outreau accusés à tort: le calvaire d’Ambroise et Antoine Konhu, jugés finalement innocents du meurtre de Mika Kusama, aura duré près de sept ans.
L'affaire des frères Konhu a montré que l'exercice de la justice républicaine en Métropole et dans les Territoires d'Outre-Mer n'est pas chose facile. La Justice est en effet exercée par des hommes et des femmes formés pour ce métier difficile (procureurs, juges d'instruction, avocats de la défense et de la partie civile). Avec leurs propres limites, ils sont là pour apporter le plus d'informations et d'éclairages possibles pour permettre au jury populaire de se forger une intime conviction et de décider.
Avec les avocats des accusés, leur famille, le comité de soutien et des personnalités locales, nous avons eu à cœur, à la Ligue des droits de l’homme et du citoyen de Nouvelle Calédonie, de mener ce combat pour la justice et la vérité. En relatant l’essentiel du procès en appel, le narrateur suggère l’ampleur des dysfonctionnements payés au prix fort par les anciens accusés.
Il a fallu deux procès en assise pour parvenir à établir une partie de la vérité, celle de l'innocence d'Ambroise et d'Antoine Konhu; mais l'autre grande partie de la vérité, celle de l'assassinat de Mika Kusama reste à découvrir. Les Kunié se sont mobilisés fortement dans leurs témoignages pour innocenter les frères Konhu; il leur reste à faire de même pour permettre à la Justice de retrouver le véritable assassin de Mika Kusama.
Elie Poigoune.
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 AVANT PROPOS
L’histoire qui suit est dérangeante, stupéfiante, même si le verdict du 28 avril 2009 aura laissé place à l’espoir et rabiboché quelques citoyens avec la justice française. Dérangeante, cette histoire l’est parce qu’elle résulte d’un meurtre perpétré dans une île paradisiaque, Kunié, que l’occident a découvert par les yeux de James Cook, cette « île des pins » sur laquelle flotte le drapeau français depuis le milieu du dix-neuvième siècle. Stupéfiante, cette histoire l’est aussi parce qu’elle laisse deviner une ignorance abyssale du contexte culturel mélanésien et une incompréhension de l’histoire, pour ne pas parler d’une méconnaissance des réalités d’un monde insulaire longtemps isolé mais désormais soumis aux fractures d’un univers où s’exercent les influences du dieu argent. Depuis plus de sept années, les parents de Mika Kusama sont confrontés au deuil impossible d’un enfant et anéantis par d’incessantes interrogations, tant l’impossibilité de mettre un nom et un visage sur l’assassin ou les assassins de leur fille constitue une souffrance insoutenable. Tout un clan, une famille, des enfants ont été humiliés par une accusation, une instruction, une enquête, une médiatisation locale problématiques, tout un clan, une famille, des enfants ont été stigmatisés et seront longtemps encore « regardés de travers ». Aujourd’hui, dans l’attente de voir la justice démasquer avec les moyens dont elle dispose, puis juger, le ou les véritables assassins, près de 2000 insulaires restent soupçonnés par la « vox populi ». Pour les deux frères, la victoire au palais de justice ne prendra son sens dans le regard d’autrui que lorsque l’auteur ou les auteurs du crime aura ou auront été identifié(s).
Didyme et Antoine Konhu, soutenus par leurs proches, ont fait preuve d’un courage certain, d’une solidité mentale sans pareille et d’une confiance exemplaire dans le travail de la justice. Cette opiniâtreté, cette détermination, cette foi, ont été décisives.
Seize mois plus tôt, le jury avait estimé Antoine coupable et ce livre évoque une terrible épreuve humaine. Il s’appuie sur les propos tenus à l’audience pendant les onze journées du second procès et revient sur ce qui s’est produit de mai 2002 à avril 2009. Il ne fait le procès de personne. Il se garde bien de commenter les décisions de justice de 2009 ou même 2007. Certains acteurs ont eu un comportement remarquable et extrêmement professionnel, certains
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ont fait preuve de courage à divers égards, d’autres à divers moments. Et il y a ceux qui ont de bonnes excuses, bavards ou silencieux, bavards puis silencieux, ou silencieux puis bavards, comme souvent.
Le processus des erreurs d’appréciation et de jugement, la construction de l’aveuglement, appellent l’attention du justiciable, invité ici à porter son regard dans plusieurs directions. Ce livre présente les informations qu’ont pu recueillir quelques citoyens qui, sans être jurés, s’étaient déplacés au palais de justice pour ces deux procès, publics et sans huis clos. Le contexte dans lequel l’erreur judiciaire, si lourde de conséquences, se met en place, est abordé de manière pratique, ainsi que les facteurs aggravants. Mais on ne trouvera pas de réponse aux questions en suspens qui restent à solutionner. « Cent fois sur le métier... »: reste à l’institution judiciaire, avec enquêteurs, experts et juges, à compléter son travail. Il aura fallu près de sept années aux défenseurs des deux frères, Maîtres Marie-Laure Fauche (prononcer Fauché), Jean-Jacques Deswarte, Jean-Yves Moyart et Hélène Nanty, pour obtenir gain de cause sur toute la ligne. Ils n’ont jamais baissé la garde, pas plus que le Comité de soutien aux deux frères ou la Ligue des droits de l’Homme et du Citoyen de Nouvelle-Calédonie. Des personnalités appartenant aux sphères de la religion, de la coutume, de la science, de l’art ou de la politique, ont agi avec efficacité et dignité parce qu’ils n’ont écouté que leur conscience. Si ce livre contribue à prémunir demain d’autres justiciables, du traitement subi par les frères Konhu, il aura démontré son utilité. De nombreux exemples existent où la détermination, la patience, l’intelligence combinatoire et la perspicacité d’un juge, des validations attentionnées et des coordinations rigoureuses sont venues à bout d’une énigme. Qu’on se souvienne de Caroline Dickinson, cette anglaise violée et tuée en Bretagne il y a quelques années. En étendant l’enquête par cercles successifs, avec persévérance et professionnalisme, la vérité a fini par être dévoilée. Le crime de l’île des pins peut encore être élucidé. Une erreur judiciaire gravissime a été corrigée : c’est un premier pas.
Ecrire découle d’une ardeur partagée pour la justice, la vérité, le respect et la dignité dus à tout être humain et participe aussi du devoir de conscience. Je l’écris en hommage à mes parents, François Sarda et Andrée Pernot, ainsi qu’à quelques autres êtres d’exception, qui continuent de marquer ma vie même si plusieurs d’entre eux mangent aussi les pissenlits par la racine, selon la
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formule imagée dont, en vrai sétois de Paris et à la manière de l’auteur du « Gorille », s’amusait mon père. L’équipe de ceux qui ont agi pour un procès équitable en appel après le choc de 2007, et même avant pour certains, a rempli son devoir. Les victimes héroïques sont Mika, ses parents et les accusés sans preuve désormais innocentés et pas simplement acquittés au bénéfice du doute, en Cour d’assises d’appel : un évènement exceptionnel. Les avocats des frères, le jury et son président sont des héros.
Le livre regroupe 19 chapitres, 5 documents et diverses réflexions. Je ne saurais trop conseiller de lire d’abord le cinquième document, la lettre de Jean Guiart. Le spécialiste incontesté des sociétés océaniennes avait adressé à Madame la Procureure Générale, ce véritable appel à la raison. Il est publié ici pour la première fois. La déclaration solennelle d’Elie Poigoune, Tell Eurimindia et Etienne Zongo, cette adresse aux consciences, diffusée, à quelques jours du procès dans « Les Nouvelles Calédoniennes », sous une forme à peine réduite, figure in extenso (« Les Infos » l’avaient reprise en totalité). Le texte de Patrice Godin éclaire et alimente la réflexion. La demande de la LDH-NC à RFO (Radio France Outre-mer), classée sans suite, figure aussi. Enfin, nul besoin d’être Kanak pour comprendre que c’est au cœur de chacun d’entre nous qu’Etienne Zongo parle avec sa foi chrétienne dans sa lettre à Antoine Konhu déjà diffusée sur le sitewww.affairekonhu.com , ce site où d’autres textes importants, de Catherine Régent et du Docteur Langlet notamment, ont aussi été publiés.
Vingt huit ans plus tôt, Antoine Konhu aurait pu encourir la peine de mort, la lecture de « L’abolition », ouvrage récemment publié par Robert Badinter, le rappelle opportunément aux citoyens qui n’étaient pas nés en 1981. Et vingt-huit ans plus tôt, la cour aurait jugé en premier et dernier ressort car « l’appel » n’existe en matière criminelle que depuis le gouvernement Jospin. La poignante écriture de Dewé Gorodey (« L’agenda », « Sous la cendre des conques », « L’épave », « Graines de pin colonnaire »...) évoquant l’atroce destin d’un ancien de sa tribu, permettra à chacune et à chacun de ressentir l’enjeu qui était celui du verdict du 28 avril 2009.
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