Les idées politiques à Toulouse à la veille de la Réforme
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Description

L’œuvre singulière de Guillaume Benoît (1455-1516), canoniste formé à l’université de Toulouse, témoigne de l’enseignement qu’il dispensa à l’université de Cahors sous le règne de Charles VIII avant d’être nommé conseiller aux parlements de Bordeaux (1499) et de Toulouse (1503). Pendant seize ans, il enseigna la décrétale Raynutius, dont le commentaire, terminé vers 1492-1493, est l’œuvre de sa vie, publiée pour la première fois en 1523 et rééditée jusqu’en 1611. Tour de force sans égal : Guillaume Benoît a réussi à comprendre, dans un gros in-folio de plus de 450 feuillets destiné au seul commentaire des onze premières lignes d’une décrétale qui traite des successions testamentaires et des substitutions, un triple et vaste exposé de droit canon, de droit romain et de « droit du royaume ». C’est dire combien l’intérêt de la Repetitio réside surtout dans les digressions dont elle est émaillée : elles portent tout à la fois sur la succession au royaume de France, la nature du pouvoir royal et les relations du roi et de l’Église. Ainsi, par l’ampleur de son information, l’œuvre donne une occasion unique de dresser un état des lieux du mouvement des idées politiques à Toulouse à la veille de la Réforme. La royauté française y est exaltée et théorisée en fonction d’une pensée qu’on ne peut qualifier que d’absolutiste. Face à elle pourtant, la communauté existe, mais le dialogue politique s’engage seulement entre le roi et le pays de Languedoc. La province a ses privilèges, reconnus par une véritable union mystique. Le roi est absolu mais il est lié par les contrats qu’il a conclus : cette articulation se fait autour d’un parti pris qui est celui du discours parlementaire. S’agissant des relations du roi et de l’Église, Benoît, prenant acte de l’intervention croissante du pouvoir royal dans les affaires ecclésiastiques, donne une interprétation nouvelle de la Pragmatique Sanction de Bourges (1438) qui en pervertit profondément le contenu. Cette attitude se comprend dans la perspective du Concordat de Bologne (1516) dont Benoît, à sa manière, discourt déjà. En somme, la lecture de la Repetitio révèle la pensée d’un maître de l’Université, et donc un peu de ce qui se disait du roi ou du pape, de la loi ou de la coutume là où étaient formés les futurs cadres de l’Église, de l’État ou des provinces ; la pensée aussi d’un représentant de l’élite dirigeante du temps, fidèle reflet, à bien des égards, de la communis opinio des milieux parlementaires sur la question du pouvoir.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782379281006
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les idées politiques à Toulouse à la veille de la Réforme
Recherches autour de l’œuvre de Guillaume Benoît (1455-1516)
Patrick Arabeyre



DOI : 10.4000/books.putc.12777 Éditeur : Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, Presses de l’Université des Sciences sociales de Toulouse Année d'édition : 2003 Date de mise en ligne : 8 janvier 2021 Collection : Études d’histoire du droit et des idées politiques ISBN électronique : 9782379281006


http://books.openedition.org


Édition imprimée ISBN : 9782909628875 Nombre de pages : 585
 

Référence électronique
ARABEYRE, Patrick. Les idées politiques à Toulouse à la veille de la Réforme : Recherches autour de l’œuvre de Guillaume Benoît (1455-1516). Nouvelle édition [en ligne]. Toulouse : Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2003 (généré le 11 janvier 2021). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/putc/12777>. ISBN : 9782379281006. DOI : https://doi.org/10.4000/books.putc.12777.

Ce document a été généré automatiquement le 11 janvier 2021. Il est issu d'une numérisation par reconnaissance optique de caractères.

© Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2003
Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540
L’œuvre singulière de Guillaume Benoît (1455-1516), canoniste formé à l’université de Toulouse, témoigne de l’enseignement qu’il dispensa à l’université de Cahors sous le règne de Charles VIII avant d’être nommé conseiller aux parlements de Bordeaux (1499) et de Toulouse (1503). Pendant seize ans, il enseigna la décrétale Raynutius , dont le commentaire, terminé vers 1492-1493, est l’œuvre de sa vie, publiée pour la première fois en 1523 et rééditée jusqu’en 1611. Tour de force sans égal : Guillaume Benoît a réussi à comprendre, dans un gros in-folio de plus de 450 feuillets destiné au seul commentaire des onze premières lignes d’une décrétale qui traite des successions testamentaires et des substitutions, un triple et vaste exposé de droit canon, de droit romain et de « droit du royaume ». C’est dire combien l’intérêt de la Repetitio réside surtout dans les digressions dont elle est émaillée : elles portent tout à la fois sur la succession au royaume de France, la nature du pouvoir royal et les relations du roi et de l’Église. Ainsi, par l’ampleur de son information, l’œuvre donne une occasion unique de dresser un état des lieux du mouvement des idées politiques à Toulouse à la veille de la Réforme. La royauté française y est exaltée et théorisée en fonction d’une pensée qu’on ne peut qualifier que d’absolutiste. Face à elle pourtant, la communauté existe, mais le dialogue politique s’engage seulement entre le roi et le pays de Languedoc. La province a ses privilèges, reconnus par une véritable union mystique. Le roi est absolu mais il est lié par les contrats qu’il a conclus : cette articulation se fait autour d’un parti pris qui est celui du discours parlementaire. S’agissant des relations du roi et de l’Église, Benoît, prenant acte de l’intervention croissante du pouvoir royal dans les affaires ecclésiastiques, donne une interprétation nouvelle de la Pragmatique Sanction de Bourges (1438) qui en pervertit profondément le contenu. Cette attitude se comprend dans la perspective du Concordat de Bologne (1516) dont Benoît, à sa manière, discourt déjà. En somme, la lecture de la Repetitio révèle la pensée d’un maître de l’Université, et donc un peu de ce qui se disait du roi ou du pape, de la loi ou de la coutume là où étaient formés les futurs cadres de l’Église, de l’État ou des provinces ; la pensée aussi d’un représentant de l’élite dirigeante du temps, fidèle reflet, à bien des égards, de la communis opinio des milieux parlementaires sur la question du pouvoir.


Patrick Arabeyre
Patrick Arabeyre, archiviste-paléographe, docteur en droit (histoire du droit), est chargé de recherche au CNRS auprès de l’UMR 5605 (« Centre Georges-Chevrier, Ordre et désordre dans l’histoire des sociétés », Dijon). Spécialiste des doctrines juridico-politiques françaises de la fin du Moyen Age et du début de la Renaissance (idées politiques des juristes français de la période 1450-1550), il s’est plus particulièrement intéressé aux juristes méridionaux de la période (Bernard de Rosier, Guillaume Benoît, Jean Montaigne, etc.), auxquels il a consacré de nombreux articles et communications.
Sommaire
Avant-propos
Gérard Giordanengo
Remerciements
Sources et Bibliographie
Introduction générale Ultramontanisme et absolutisme en France à la fin du Moyen Âge Le contexte historique
Livre premier. L’homme et l’œuvre
Chapitre I. L’homme et son temps I. Une vie d’universitaire et de parlementaire (1455-1516) II. Le milieu toulousain Conclusion
Chapitre II. L’œuvre d’une vie I. Plusieurs œuvres en une seule II. Histoire de la Repetitio III. Structure et esprit de la Repetitio IV. Sources de la Repetitio : le Droit V. Sources de la Repetitio : les Lettres Conclusion
Livre second. Les idées politiques
Chapitre préliminaire : Guillaume Benoît : un « auteur politique » ?
Chapitre I. Le statut royal Du droit privé des successions au droit public de la succession au royaume de France Conclusion
Chapitre II. L’autorité royale Section I : La fonction royale Section II : Le pouvoir royal Section III : L’État royal Conclusion générale
Chapitre III. Le roi et l’Église I. Le Midi entre ultramontanisme et gallicanisme II. Guillaume Benoît : un gallicanisme méridional ? III. Épilogue : Du concile de Pise au concordat de Bologne Conclusion
Conclusion générale Guillaume Benoît : un universitaire méridional Guillaume Benoît, un canoniste et un parlementaire
Annexe
Index des noms d’auteurs et des œuvres anonymes
Avant-propos
Gérard Giordanengo


Dans la galerie des plus célèbres jurisconsultes, Guillaume Benoît (1455-1516) n’occupe pas les premiers rangs. À son époque, la science juridique est en proie à une crise profonde et sa spécialité, le droit canonique, n’arrive pas à se remettre des remous du Grand Schisme et des querelles conciliaires. On est alors plus prédisposé aux regards nostalgiques vers un âge d’or disparu qu’aux renouvellements indispensables. Pourtant, sur la gravure qui orne la fin du prologue de son œuvre dans l’édition de 1526, des étudiants vêtus à la dernière mode, certains arborant une barbe taillée à la François I er , écoutent gravement le cours sur le chapitre Raynutius des Décrétales que leur lit le docteur in utroque Guillaume Benoît. Et l’on sait par ailleurs que les étudiants se pressaient à son cours. Leur air sérieux, voire ennuyé – mais qui a jamais prétendu qu’un cours de droit est amusant ? –, ne doit donc pas tromper, ils savaient pourquoi ils venaient. En dépit de la crise, il était donc encore des professeurs qui avaient du succès et dont les œuvres étaient imprimées. Il convient donc de s’intéresser à ces gros volumes d’abord difficile, que les jugements négatifs des historiens, ne voulant sans doute pas avouer qu’ils n’y comprenaient à peu près rien, ont contribué à faire négliger.
La thèse de Patrick Arabeyre sur l’œuvre du professeur de droit canonique et civil de l’université de Cahors ne remet pas en cause la plupart des critiques contre les productions de ce temps, mais elle montre à l’évidence qu’il faut les prendre en compte si l’on veut approfondir l’histoire des idées politiques. Il a eu le courage de lire attentivement ce gros in-folio de quatre cent soixante-trois feuillets, d’en dresser le plan (il y en a tout de même un !) et d’en donner une synthèse toute en nuances. Car c’est peu dire que la pensée de Guillaume est assénée à petites touches ; il fallait donc à la fois tout lire et tout rassembler sans trahir : on a tôt fait, par une lecture rapide, de déformer la pensée ondulante du juriste quercinois.
Rien, dans la vie de cet ancien étudiant de l’université de Toulouse, devenu professeur dans la petite université de Cahors avant de siéger comme conseiller au parlement de Bordeaux puis à celui de Toulouse, ne se prête à une biographie haute en couleurs. Onze ans d’études, dix-sept ans d’enseignement et dix-sept ans de magistrature, entrecoupés de quelques voyages à caractère administratif auprès du roi et d’un séjour à Paris où il fréquenta l’historien Robert Gaguin : une vie au rythme ternaire qui ne permet guère que l’élaboration

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