Un père et un fils méprisés
120 pages
Français

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Un père et un fils méprisés , livre ebook

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Description

« Le véhicule de Michel reçoit une première balle dans la portière gauche de son véhicule, il accélère pour se dégager de cet homme qui lui en veut. Il remonte la rue Tupinerie affolé. Une seconde balle troue la porte arrière gauche de son Renault Traffic. Il ne comprend plus rien et réagit à l'instinct : celui d'un homme qui se retrouve agressé avec un enfant en bas âge à côté de lui. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 août 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342011012
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un père et un fils méprisés
Michel Bourg
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Un père et un fils méprisés
 
 
 
 
 
 
 
La première fois que j’ai rencontré Michel Bourg, c’était lors d’un dîner qu’il organisait en tant que traiteur. Nous nous étions vus auparavant, mais pour ma part cela se concrétisait par un bonjour rapide à un charcutier-traiteur dont je ne m’imaginais pas la vie.
Ce soir-là, après l’avoir salué, je me suis souvenu de son passage à la télévision dans l’émission « Vie publique, vie privée » de Mireille Dumas. Il me semble qu’elle s’intitulait « Au cœur d’un incroyable fait divers ». Il avait crevé l’écran. Son naturel, son accent stéphanois si reconnaissable pour les habitués du cru et surtout son calme et sa gentillesse avaient conquis le public et l’animatrice de l’émission. Il avait été invité dans cette émission pour une incroyable histoire de méprise. On l’avait confondu pendant un bref laps de temps avec l’ennemi public numéro 1 de l’époque : Max Frérot, terroriste et artificier de la branche lyonnaise d’Action directe.
Contrairement à certains autres participants de l’émission d’où il ressortait une indéniable haine pour leur persécuteur présumé, Michel Bourg faisait ressurgir son souci de faire connaître la vraie histoire, sans mensonges et sans aucune vengeance, selon ses propres termes. C’est surtout une phrase prononcée durant l’émission qui m’avait marqué « J’ai été sauvé par mon fils, non par sa force mais par sa présence », disait-il. Je compris que c’était à son fils de deux ans qu’il devait la vie, c’était pour lui qu’il s’était battu sinon il aurait laissé tomber.
Je le félicitais pour être si bien passé à l’image à une époque où les gens ont tendance à ne plus garder leur réserve, à se transformer parce qu’ils passent à la télévision.
Il me parla aussitôt de son désir de raconter son histoire, mais pas à un plumitif qui le délesterait de quelques centaines d’euros et bâclerait l’histoire de sa vie : celle de cette aventure, à peine croyable, qu’il avait vécue vingt-trois ans plus tôt. Il préférait une personne plus attachée, plus à l’écoute de son récit. Plutôt quelqu’un de la Loire qu’il pourrait venir voir, à qui raconter son histoire. Il n’était pas pressé comme le sont souvent les gens de terroir.
Pendant la soirée, un ami commun lança :
— Tiens, Philippe, tu pourrais bien te l’écrire ce livre !
— Pourquoi pas ! répondis-je.
L’idée commença à germer chez Michel et chez moi. De la même façon que certains animaux choisissent leur demeure, Michel avait pris le parti que je serai « son écrivain ». Hormis le fait que je sois honoré qu’il m’ait désigné, il me manquait une vraie motivation pour accepter. Michel trouva les mots justes : il me proposa un challenge, une aventure. Je regretterais peut-être si je laissais passer l’affaire. Nous concrétisâmes cet accord quelques semaines plus tard. Ce fut le début de cette histoire véridique mais pas sans mensonges pour certaines personnes, parties prenantes de cette histoire.
 
 
 
 
 
 
La journée du 24 novembre 1987 restera à jamais gravée dans la mémoire de Michel Bourg… Il lui aurait été difficile de prévoir que ce début de soirée allait changer sa vie. Elle va correspondre, en fait, pour lui à une course-poursuite haletante qui a commencé par une méprise incompréhensible des forces de gendarmerie de la sous-préfecture de la Loire : Montbrison. Puis, on va lui tirer dessus à plusieurs reprises et cette échappée finira dans un bar à lutter pour désarmer un homme armé. Comment en est-on arrivé là ? Comment un gendarme, de surcroît commandant de la brigade locale de gendarmerie, a-t-il pu se méprendre à ce point ?
En fait, deux destins que rien n’aurait dû faire se croiser de cette façon, vont se rencontrer cette soirée d’automne 87. D’une part celui de Michel Bourg, charcutier-traiteur de son état, d’autre part celui du commandant Thomas, chef d’escadron, commandant la compagnie de gendarmerie de Montbrison. C’est la convergence de trois séries d’acteurs involontaires qui va nouer l’action : les forces de gendarmerie, sensibles au mouvement terroriste et qui cherchent à capturer les derniers membres d’Action directe, deux personnages un peu en marge de la société, dont le comportement va alerter les forces de l’ordre et enfin Michel Bourg, étranger à toutes ces affaires.
Essayons de comprendre ce qui a permis à ces deux destinées de se croiser pendant un moment bref, mais intense.
Cette histoire pourrait commencer directement à Montbrison dans la Loire. Mais il manquerait des maillons, des éléments de compréhension pour le lecteur.
Cette violence utilisée par ce gendarme, haut gradé au demeurant, ne s’est pas exercée toute seule. Je me suis demandé comment un homme, considéré comme maître de lui dans la pratique quotidienne de son métier, avait pu sauter le pas et tirer sur un innocent. La réponse est justement dans cette réflexion : il pensait que l’individu qu’il tentait d’arrêter était dangereux et n’hésiterait pas à son tour à utiliser une arme pour tuer. Ce serait au plus rapide, à celui qui se poserait le moins de questions.
C’est pour cette raison que je me suis plongé dans l’histoire rocambolesque du groupe Action directe d’où était issu le fameux Maxime Frérot. Celui même que les gendarmes avaient pris pour Michel Bourg. Il fallut établir une lente remontée dans le temps pour identifier Frérot. Une remontée aussi de la filière d’AD à travers la branche lyonnaise dont il faisait partie. De la connaissance de son chef : André Olivier. Pour ce dernier de sa connivence avec un certain Jean-Marc Rouillan, fondateur d’AD et chef de la branche parisienne du groupe.
Après avoir eu connaissance de ces faits, le lecteur pourra mieux comprendre la fébrilité des gendarmes et le fait qu’on ait tiré aussi facilement sur un homme en pleine ville.
 
 
 
Chapitre 1. La France des années 80 et le terrorisme
 
 
 
Définition du terrorisme
Le terme « terrorisme » vient du mot « terreur ». Apporter la terreur, la peur panique au sein même d’une population. Frapper n’importe où surtout à l’endroit où l’on ne s’y attend pas. Le terrorisme peut toucher aussi bien une grande ville qu’une ville de province, même la plus petite. L’épouvante peut ainsi arriver à tout niveau. Souvent, on pense que le terrorisme n’affecte que les grandes agglomérations. Il est sûr que l’on y atteint plus de personnes, on y fait plus de victimes. Mais, sa force demeure justement dans le fait que tous peuvent être frappés à n’importe quel moment.
Le terroriste, quant à lui, n’a pas d’apparat particulier, pas de signes distinctifs qui permettent de le découvrir. Il est souvent monsieur « Tout-le-Monde », le voisin de palier qui vous tient la porte. Un monsieur bien poli, qui ne ferait pas de mal à une mouche comme on dit. Personne ne s’imagine une seconde que ce genre d’individu peut poser une bombe tout en sachant qu’elle pourra faire plusieurs dizaines de morts. Ce même personnage qui tirera à bout portant sur qui voudrait l’empêcher d’accomplir sa mission.
C’est bien là la force de ces groupuscules longtemps en sommeil qui, soudain, se réveillent. De nombreux travaux ont tenté d’apporter une réflexion pour mieux répondre au terrorisme en essayant d’analyser les membres de ces groupes et leur façon d’opérer, de vivre, de préparer leurs opérations.
Les forces de l’ordre : gendarmes ou policiers utilisent ces travaux pour affiner leurs recherches. Si le flagrant délit est la meilleure façon de coincer des malfrats, encore faut-il l’organiser. Ce genre de travail demande des mois de préparation pour les policiers. Le but est d’anticiper les mouvements des organisations terroristes et d’arriver avant elles sur le terrain de leurs futurs crimes.
Les anarchistes de la première heure et l’histoire du nom du mouvement
Le groupe qui nous intéresse plus particulièrement reste Action directe. Mouvement terroriste marxiste-léniniste de tendance anarchiste. Ses membres font remarquer qu’ils ne se définissent pas comme terroristes, mais comme combattant liés à « l’Action directe » ; l’action en direct pourrait-on dire. Au-delà des mots, ils agissent. Ils ne se considèrent donc pas comme des terroristes. Le Centre de Recherche sur les Menaces Criminelles Contemporaines 1 nous raconte l’histoire de ce groupuscule issue de l’expression « Action directe ».
L’inventeur du terme « Action directe » semble être Fernand Pelloutier (1867-1901), secrétaire de la Fédération des Bourses du travail en 1895. Il s’agit d’une reprise de la célèbre formule issue de la 1 re Internationale : « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » Beaucoup plus qu’une simple formule, l’« Action directe » sera pour les anarchistes révolutionnaires une véritable doctrine dont tout découle : une vision de l’action syndicale, sociale et de la révolution.
L’Action directe est la traduction en termes syndicaux de la tactique de la lutte des classes. Les moyens de l’Action directe sont multiples : revendications professionnelles, mutuelles, caisses de retraite. L’instrument idéal de cette Action directe fut la Bourse du travail. L’Action directe n’est pas violente par principe mais en cas de nécessité, son utilisation n’est pas écartée : piquets de grève, sabotage du travail.
La Confédération générale du travail publiera même un organe de presse dont le titre est « Action directe », revue syndicale qui paraît de juillet 1903 à févrie

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